Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je tenais tout dabord à vous remercier pour votre invitation à mexprimer devant vous, mais également pour votre présence, nombreuse, dans cette ville qui est la mienne, Laval.
Food Factory, la conférence internationale sur lusine agroalimentaire de demain, est un événement qui fait la fierté des Lavallois. Il réunit en effet tous les deux ans, alternativement à Laval et Göteborg, les acteurs scientifiques et industriels les plus en pointe, les plus avertis, les plus dynamiques de lindustrie agroalimentaire de lEurope et, sans doute, du monde.
Ce grand rassemblement dintelligences et de talents, nous le devons aux responsables de linstitut de recherche suédois SIK et de Laval Mayenne Technopole. En votre nom à tous, et pour nous avoir permis dêtre tous réunis aujourdhui, je leur adresse mes plus chaleureux remerciements.
Cest à Laval que je prononce mon premier discours de ministre. Cest une vraie émotion pour moi. Fils dagriculteur, élu dun département rural où lindustrie agroalimentaire tient une place incontournable, la Mayenne, je mexprime en effet aujourdhui devant vous dans mes nouvelles fonctions de Ministre délégué à lagroalimentaire.
Le Président de la République et le Premier Ministre ont fait le choix de créer ce nouveau ministère. Il sagit dun geste fort, qui marque la reconnaissance de limportance de ce secteur par notre pays. Qui marque aussi la volonté de le placer au coeur du pacte productif imaginé par François Hollande.
Les industries agroalimentaires constituent en effet, et cela est trop souvent méconnu, le premier secteur industriel en France. Cest une activité essentielle en termes économiques, avec plus de 10 000 entreprises, dont 97 % de Petites et Moyennes Entreprises, un chiffre daffaires de 143 milliards deuros et plus de 400 000 emplois, ancrés dans nos territoires et dans la ruralité de notre pays.
Et, à travers de grands champions et un tissu très vivace de milliers de PME et de coopératives, cest une richesse qui est une véritable locomotive pour les exportations françaises. Les industries agroalimentaires ont généré en 2011 plus de 8 milliards deuros dexcédent commercial, la plus importante contribution de léconomie française.
Constater ce très beau résultat ne doit cependant pas nous détourner dêtre vigilants et lucides. Je rappelle ici que notre part relative dans le commerce mondial est plus fragile, avec lémergence de nouvelles puissances.
Cest le signe que lexcellence française, remarquable, fondée sur une histoire, une culture, un certain art de vivre, sur la diversité des terroirs, nest pas un acquis immuable. Alors soyons conscients de notre potentiel comme de nos faiblesses. Ce doit être une source démulation pour tous les acteurs : les industriels, les organismes de recherche, les pouvoirs publics.
Pour dire les choses autrement, le premier enjeu pour nous tous est donc bien celui de la compétitivité. Et nous devons laborder sous différents angles.
Quand 97% des entreprises de lagroalimentaire sont des PME, cela pose dabord le problème de la taille et de leur capacité à se lancer à linternational. Non seulement du fait des volumes concernés et de capacités dinvestissement limitées, mais également du fait de normes sanitaires complexes à respecter.
Il faudra nous donner les moyens de la réussite et de la performance industrielle, et en particulier les moyens financiers, pour faire émerger des champions qui porteront le secteur, notamment à lexportation : nous favoriserons donc la constitution de groupes à la taille accrue et le travail collectif des entités plus petites, autour de formes nouvelles à imaginer.
Bien entendu, il existe des problèmes de fond, spécifiques aux industries agroalimentaires, qui sont ceux de la volatilité des prix des matières premières, de limportance du coût de lénergie et des relations commerciales avec la grande distribution. Ce sont des questions que nous névacuons pas et sur lesquelles nous allons travailler avec mes collègues du Ministère de lEconomie et des Finances.
Il y a également la question du coût du travail, mais qui mérite dêtre traitée à sa juste place. Il représente moins de 12% du chiffre daffaires du secteur. Dans la filière porcine, nous sommes aux alentours de 8%. Lavantage décisif ne peut donc se situer à ce niveau.
Définitivement, ce nest pas là que se fait ou se fera la différence. Ce nest pas là que se bâtit la compétitivité. Fondamentalement, je crois que la clé pour la compétitivité de nos entreprises, de nos industries, de nos produits sur les marchés national et international, la clé pour lemploi, cest la création de valeur ajoutée, ce qui passe par la qualité et linnovation.
En tant que Ministre délégué à lagroalimentaire, je favoriserai donc, aux côtés de Stéphane Le Foll, la création de signes de qualité, ainsi que les démarches collectives régionales pour promouvoir les produits locaux.
Mais au-delà, jai la conviction que lalimentation, ce nest pas seulement un processus économique et mécanique. Ce sont des données et choix culturels, produits dune histoire et dune identité, producteurs de sens collectif, fondés sur des valeurs partagées entre le producteur et le consommateur. Je pense par exemple au modèle français dont nous sommes si fiers, et dont le repas gastronomique a été inscrit au Patrimoine Mondial de lHumanité.
Vous, chercheurs et acteurs incontournables de lindustrie agroalimentaire, comptez parmi les garants de ces choix et de ces valeurs, tout en portant la modernisation et le progrès constants de vos filières.
Nous appuyer sur notre histoire, sur nos héritages culturels, est ainsi absolument nécessaire. Cest bien un levier majeur pour nos entreprises, de miser sur cette qualité, sur cette identité culturelle si forte, si française, pour mieux vendre nos produits en France comme à linternational. Dautant que cest une attente très forte des consommateurs, au coeur de la mondialisation qui menace tout duniformisation, de connaître la provenance de ce quils consomment et davoir le sentiment de manger, dune certaine façon, « un petit bout de France ».
Ensuite, pour améliorer notre compétitivité, nous devons donc soutenir linnovation, en renforçant les moyens des pépinières et pôles de compétitivité, et en facilitant le rapprochement entre les entreprises, les centres techniques et les instituts de recherche agroalimentaire.
Ce point, en particulier, est essentiel. En quelques décennies, le secteur de lindustrie agroalimentaire sest considérablement modernisé et technicisé. Pourtant, seul 0,7% du chiffre daffaires des industries agroalimentaires est consacré à la recherche et au développement, contre 2,3% pour lindustrie manufacturière.
Ce chiffre est bien trop insuffisant si nous souhaitons être en mesure de relever le défi de la concurrence. Cest pourquoi Stéphane Le Foll et moi proposerons que les industries agroalimentaires soient soutenues par les instruments que François Hollande a souhaité mettre en place, et notamment la Banque Publique dInvestissement.
Enfin, cest lun de ces défis essentiels auxquels notre société doit faire face, le défi du développement durable et des questions climatiques et cest là aussi un enjeu de compétitivité. Cest une question, bien entendu, à laquelle le secteur agroalimentaire doit apporter sa quote-part de réponses et de solutions. Cest pourquoi le Gouvernement souhaite notamment relancer la filière bois et favoriser le développement des agro-industries.
A ce sujet, il ne faut pas envisager la règlementation environnementale, et plus largement une démarche de production durable, comme une addition de contraintes, mais bien comme un investissement pour lavenir qui génère des gains de productivité. Comme la dit le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault dans sa déclaration de politique générale, les exigences croissantes en faveur de modes de production plus respectueux de lenvironnement doivent être perçues comme une chance, y-compris pour les professionnels de lagroalimentaire.
Après la compétitivité, le second enjeu, pour le secteur agroalimentaire, est celui du social, de la santé et de lemploi.
Nous ne devons pas oublier que lemploi, dans les industries agroalimentaires, peut être très dispersé et parfois, dans certaines filières, très fragilisé. Je pense évidemment à Doux, pour lequel le Gouvernement est entièrement mobilisé, avec pour objectif de sauver le maximum de salariés. Mais nous devons avoir à lesprit de créer de nouveaux emplois dans la filière.
Pour y parvenir, pour parvenir à développer cette filière agroalimentaire et ses capacités dexportation, il faut bien entendu sappuyer sur les leviers que je viens dénoncer : la performance industrielle, la qualité, linnovation.
Nous devons également produire des efforts très conséquents en matière de formation professionnelle, de valorisation des métiers, qui souffrent dune trop mauvaise image, mais également de santé au travail, pour, au-delà de la préservation des emplois, protéger les salariés.
Nous devons, tous ensemble, continuer à améliorer les conditions de travail pour améliorer limage de la filière, et redonner aux salariés comme aux sous-traitants la fierté légitime de produire le premier et le plus essentiel des biens : lalimentation.
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Au cours de ces journées, vous avez notamment choisi de poser la question de ce que sera notre assiette en 2030. La question est particulièrement intéressante : elle sera ce que nous ferons ensemble, agriculteurs, industriels, chercheurs et politiques. Je vais vous dire ce que jaimerais quon y trouve, dans cette assiette.
Je pense bien entendu à une assiette de qualité, mais également à une assiette pleine. Lalimentation, cest dabord et avant tout parvenir à nourrir chacun et tous, tous les jours. Et il est inadmissible quen 2012, il y ait encore en France tant denfants qui ne disposent pas de 3 repas par jour, tant de personnes qui doivent faire appel à laide alimentaire.
2 millions denfants vivraient sous le seuil de pauvreté en France en 2012. 2 millions ! Combien plus nombreux encore dans le monde ! Nous sommes collectivement comptables de cette situation et devons faire en sorte de trouver des solutions.
Je pense également à une assiette sûre, et je crois indispensables et essentiels vos échanges aujourdhui sur la sécurité alimentaire qui sera, bien entendu, au coeur des préoccupations du ministère de lagriculture, de lagroalimentaire et de la forêt.
Je forme le voeu également quen 2030, en France et dans le monde, nous ayons collectivement et de façon significative réduit le gaspillage. Aujourdhui, on estime que 40% de la production alimentaire mondiale est gaspillée. Cest un scandale et un chantier considérable qui doit mobiliser tous les acteurs : les producteurs et les consommateurs, pour modifier nos mauvaises habitudes, mais également les distributeurs, qui doivent repenser normes et standards demballage.
Penser lassiette de 2030, cest aussi penser lagriculture et les industries agroalimentaires du futur. Lindustrie agroalimentaire est de celles qui concernent et concerneront le quotidien de chacun. A ce titre, elle contribue puissamment à définir une société.
Mais que seront nos sociétés en 2030 ? Des sociétés qui auront poursuivi la dégradation de la diversité agricole, au service dune alimentation mondiale uniformisée ? Ou des sociétés soucieuses de leur diversité alimentaire, biologique et agricole, soucieuses de préserver un environnement durable ?
A nous de trouver les réponses et dagir.
Voici, Mesdames, Messieurs, les quelques idées que je souhaitais partager avec vous.
Au cours des mois et des années à venir, nous allons ensemble travailler à les mettre en oeuvre. Avec Stéphane Le Foll, nous lancerons à lautomne un grand processus de concertation qui doit nous permettre daboutir à lélaboration dune loi cadre sur lagriculture et lagroalimentaire en 2013. Je vous invite et je vous encourage à y prendre toute votre part, car nous aurons besoin de lintelligence et de la contribution de tous.
Sachez que je serai un ministre à lécoute, et je serai un ministre dans laction au service de lemploi, de linnovation, de la qualité, de la performance durable, et des territoires.
Merci de votre mobilisation. Merci de votre implication pour inventer ensemble le « bien-manger » pour tous, demain.
Bonne soirée à Laval.
Source http://www.food-factory.fr, le 18 juillet 2012
Chers amis,
Je tenais tout dabord à vous remercier pour votre invitation à mexprimer devant vous, mais également pour votre présence, nombreuse, dans cette ville qui est la mienne, Laval.
Food Factory, la conférence internationale sur lusine agroalimentaire de demain, est un événement qui fait la fierté des Lavallois. Il réunit en effet tous les deux ans, alternativement à Laval et Göteborg, les acteurs scientifiques et industriels les plus en pointe, les plus avertis, les plus dynamiques de lindustrie agroalimentaire de lEurope et, sans doute, du monde.
Ce grand rassemblement dintelligences et de talents, nous le devons aux responsables de linstitut de recherche suédois SIK et de Laval Mayenne Technopole. En votre nom à tous, et pour nous avoir permis dêtre tous réunis aujourdhui, je leur adresse mes plus chaleureux remerciements.
Cest à Laval que je prononce mon premier discours de ministre. Cest une vraie émotion pour moi. Fils dagriculteur, élu dun département rural où lindustrie agroalimentaire tient une place incontournable, la Mayenne, je mexprime en effet aujourdhui devant vous dans mes nouvelles fonctions de Ministre délégué à lagroalimentaire.
Le Président de la République et le Premier Ministre ont fait le choix de créer ce nouveau ministère. Il sagit dun geste fort, qui marque la reconnaissance de limportance de ce secteur par notre pays. Qui marque aussi la volonté de le placer au coeur du pacte productif imaginé par François Hollande.
Les industries agroalimentaires constituent en effet, et cela est trop souvent méconnu, le premier secteur industriel en France. Cest une activité essentielle en termes économiques, avec plus de 10 000 entreprises, dont 97 % de Petites et Moyennes Entreprises, un chiffre daffaires de 143 milliards deuros et plus de 400 000 emplois, ancrés dans nos territoires et dans la ruralité de notre pays.
Et, à travers de grands champions et un tissu très vivace de milliers de PME et de coopératives, cest une richesse qui est une véritable locomotive pour les exportations françaises. Les industries agroalimentaires ont généré en 2011 plus de 8 milliards deuros dexcédent commercial, la plus importante contribution de léconomie française.
Constater ce très beau résultat ne doit cependant pas nous détourner dêtre vigilants et lucides. Je rappelle ici que notre part relative dans le commerce mondial est plus fragile, avec lémergence de nouvelles puissances.
Cest le signe que lexcellence française, remarquable, fondée sur une histoire, une culture, un certain art de vivre, sur la diversité des terroirs, nest pas un acquis immuable. Alors soyons conscients de notre potentiel comme de nos faiblesses. Ce doit être une source démulation pour tous les acteurs : les industriels, les organismes de recherche, les pouvoirs publics.
Pour dire les choses autrement, le premier enjeu pour nous tous est donc bien celui de la compétitivité. Et nous devons laborder sous différents angles.
Quand 97% des entreprises de lagroalimentaire sont des PME, cela pose dabord le problème de la taille et de leur capacité à se lancer à linternational. Non seulement du fait des volumes concernés et de capacités dinvestissement limitées, mais également du fait de normes sanitaires complexes à respecter.
Il faudra nous donner les moyens de la réussite et de la performance industrielle, et en particulier les moyens financiers, pour faire émerger des champions qui porteront le secteur, notamment à lexportation : nous favoriserons donc la constitution de groupes à la taille accrue et le travail collectif des entités plus petites, autour de formes nouvelles à imaginer.
Bien entendu, il existe des problèmes de fond, spécifiques aux industries agroalimentaires, qui sont ceux de la volatilité des prix des matières premières, de limportance du coût de lénergie et des relations commerciales avec la grande distribution. Ce sont des questions que nous névacuons pas et sur lesquelles nous allons travailler avec mes collègues du Ministère de lEconomie et des Finances.
Il y a également la question du coût du travail, mais qui mérite dêtre traitée à sa juste place. Il représente moins de 12% du chiffre daffaires du secteur. Dans la filière porcine, nous sommes aux alentours de 8%. Lavantage décisif ne peut donc se situer à ce niveau.
Définitivement, ce nest pas là que se fait ou se fera la différence. Ce nest pas là que se bâtit la compétitivité. Fondamentalement, je crois que la clé pour la compétitivité de nos entreprises, de nos industries, de nos produits sur les marchés national et international, la clé pour lemploi, cest la création de valeur ajoutée, ce qui passe par la qualité et linnovation.
En tant que Ministre délégué à lagroalimentaire, je favoriserai donc, aux côtés de Stéphane Le Foll, la création de signes de qualité, ainsi que les démarches collectives régionales pour promouvoir les produits locaux.
Mais au-delà, jai la conviction que lalimentation, ce nest pas seulement un processus économique et mécanique. Ce sont des données et choix culturels, produits dune histoire et dune identité, producteurs de sens collectif, fondés sur des valeurs partagées entre le producteur et le consommateur. Je pense par exemple au modèle français dont nous sommes si fiers, et dont le repas gastronomique a été inscrit au Patrimoine Mondial de lHumanité.
Vous, chercheurs et acteurs incontournables de lindustrie agroalimentaire, comptez parmi les garants de ces choix et de ces valeurs, tout en portant la modernisation et le progrès constants de vos filières.
Nous appuyer sur notre histoire, sur nos héritages culturels, est ainsi absolument nécessaire. Cest bien un levier majeur pour nos entreprises, de miser sur cette qualité, sur cette identité culturelle si forte, si française, pour mieux vendre nos produits en France comme à linternational. Dautant que cest une attente très forte des consommateurs, au coeur de la mondialisation qui menace tout duniformisation, de connaître la provenance de ce quils consomment et davoir le sentiment de manger, dune certaine façon, « un petit bout de France ».
Ensuite, pour améliorer notre compétitivité, nous devons donc soutenir linnovation, en renforçant les moyens des pépinières et pôles de compétitivité, et en facilitant le rapprochement entre les entreprises, les centres techniques et les instituts de recherche agroalimentaire.
Ce point, en particulier, est essentiel. En quelques décennies, le secteur de lindustrie agroalimentaire sest considérablement modernisé et technicisé. Pourtant, seul 0,7% du chiffre daffaires des industries agroalimentaires est consacré à la recherche et au développement, contre 2,3% pour lindustrie manufacturière.
Ce chiffre est bien trop insuffisant si nous souhaitons être en mesure de relever le défi de la concurrence. Cest pourquoi Stéphane Le Foll et moi proposerons que les industries agroalimentaires soient soutenues par les instruments que François Hollande a souhaité mettre en place, et notamment la Banque Publique dInvestissement.
Enfin, cest lun de ces défis essentiels auxquels notre société doit faire face, le défi du développement durable et des questions climatiques et cest là aussi un enjeu de compétitivité. Cest une question, bien entendu, à laquelle le secteur agroalimentaire doit apporter sa quote-part de réponses et de solutions. Cest pourquoi le Gouvernement souhaite notamment relancer la filière bois et favoriser le développement des agro-industries.
A ce sujet, il ne faut pas envisager la règlementation environnementale, et plus largement une démarche de production durable, comme une addition de contraintes, mais bien comme un investissement pour lavenir qui génère des gains de productivité. Comme la dit le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault dans sa déclaration de politique générale, les exigences croissantes en faveur de modes de production plus respectueux de lenvironnement doivent être perçues comme une chance, y-compris pour les professionnels de lagroalimentaire.
Après la compétitivité, le second enjeu, pour le secteur agroalimentaire, est celui du social, de la santé et de lemploi.
Nous ne devons pas oublier que lemploi, dans les industries agroalimentaires, peut être très dispersé et parfois, dans certaines filières, très fragilisé. Je pense évidemment à Doux, pour lequel le Gouvernement est entièrement mobilisé, avec pour objectif de sauver le maximum de salariés. Mais nous devons avoir à lesprit de créer de nouveaux emplois dans la filière.
Pour y parvenir, pour parvenir à développer cette filière agroalimentaire et ses capacités dexportation, il faut bien entendu sappuyer sur les leviers que je viens dénoncer : la performance industrielle, la qualité, linnovation.
Nous devons également produire des efforts très conséquents en matière de formation professionnelle, de valorisation des métiers, qui souffrent dune trop mauvaise image, mais également de santé au travail, pour, au-delà de la préservation des emplois, protéger les salariés.
Nous devons, tous ensemble, continuer à améliorer les conditions de travail pour améliorer limage de la filière, et redonner aux salariés comme aux sous-traitants la fierté légitime de produire le premier et le plus essentiel des biens : lalimentation.
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Au cours de ces journées, vous avez notamment choisi de poser la question de ce que sera notre assiette en 2030. La question est particulièrement intéressante : elle sera ce que nous ferons ensemble, agriculteurs, industriels, chercheurs et politiques. Je vais vous dire ce que jaimerais quon y trouve, dans cette assiette.
Je pense bien entendu à une assiette de qualité, mais également à une assiette pleine. Lalimentation, cest dabord et avant tout parvenir à nourrir chacun et tous, tous les jours. Et il est inadmissible quen 2012, il y ait encore en France tant denfants qui ne disposent pas de 3 repas par jour, tant de personnes qui doivent faire appel à laide alimentaire.
2 millions denfants vivraient sous le seuil de pauvreté en France en 2012. 2 millions ! Combien plus nombreux encore dans le monde ! Nous sommes collectivement comptables de cette situation et devons faire en sorte de trouver des solutions.
Je pense également à une assiette sûre, et je crois indispensables et essentiels vos échanges aujourdhui sur la sécurité alimentaire qui sera, bien entendu, au coeur des préoccupations du ministère de lagriculture, de lagroalimentaire et de la forêt.
Je forme le voeu également quen 2030, en France et dans le monde, nous ayons collectivement et de façon significative réduit le gaspillage. Aujourdhui, on estime que 40% de la production alimentaire mondiale est gaspillée. Cest un scandale et un chantier considérable qui doit mobiliser tous les acteurs : les producteurs et les consommateurs, pour modifier nos mauvaises habitudes, mais également les distributeurs, qui doivent repenser normes et standards demballage.
Penser lassiette de 2030, cest aussi penser lagriculture et les industries agroalimentaires du futur. Lindustrie agroalimentaire est de celles qui concernent et concerneront le quotidien de chacun. A ce titre, elle contribue puissamment à définir une société.
Mais que seront nos sociétés en 2030 ? Des sociétés qui auront poursuivi la dégradation de la diversité agricole, au service dune alimentation mondiale uniformisée ? Ou des sociétés soucieuses de leur diversité alimentaire, biologique et agricole, soucieuses de préserver un environnement durable ?
A nous de trouver les réponses et dagir.
Voici, Mesdames, Messieurs, les quelques idées que je souhaitais partager avec vous.
Au cours des mois et des années à venir, nous allons ensemble travailler à les mettre en oeuvre. Avec Stéphane Le Foll, nous lancerons à lautomne un grand processus de concertation qui doit nous permettre daboutir à lélaboration dune loi cadre sur lagriculture et lagroalimentaire en 2013. Je vous invite et je vous encourage à y prendre toute votre part, car nous aurons besoin de lintelligence et de la contribution de tous.
Sachez que je serai un ministre à lécoute, et je serai un ministre dans laction au service de lemploi, de linnovation, de la qualité, de la performance durable, et des territoires.
Merci de votre mobilisation. Merci de votre implication pour inventer ensemble le « bien-manger » pour tous, demain.
Bonne soirée à Laval.
Source http://www.food-factory.fr, le 18 juillet 2012