Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, en réponse à une question sur l'agenda du gouvernement pour la rentrée, à l'Assemblée nationale le 24 juillet 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Question posée au gouvernement par M. Jean-Yves Caulet, député (PS) de l'Yonne, à l'Assemblée nationale le 24 juillet 2012

Texte intégral

Monsieur le député Jean-Yves Caulet,
Merci d’abord de votre question.
Quelle situation, Mesdames, Messieurs les députés, le Gouvernement a-t-il trouvé lors de son arrivée ? Il a trouvé une France abîmée, il a trouvé une France endettée – 1800 milliards, dont 600 dus au quinquennat précédent - ; une France désindustrialisée – 750 000 emplois supprimés en 10 ans - ; une France dépassée par la mondialisation, avec un déficit de 70 milliards du commerce extérieur. Il a trouvé aussi une France cassée en deux, moins d’impôt sur la fortune, un bouclier fiscal toujours en activité, et 12 milliards de prélèvements par la TVA sur les classes moyennes et populaires. Et nous avons trouvé une France inquiète du lendemain, avec des plans sociaux retardés et un chômage aggravé. Voilà la France que nous avons trouvée, Mesdames et Messieurs de l’opposition !
Alors, oui, c’est vrai, nous avons commencé sans tarder à redresser la France, par des mesures de pouvoir d’achat pour les classes populaires et les classes moyennes. Le coup de pouce au Smic, c’est vrai ; l’augmentation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire ; et l’abrogation que vous avez votée, Mesdames et Messieurs de la majorité de la gauche, 12 milliards d’augmentation de la TVA que vous avez supprimée.
Et puis des mesures de justice, des mesures de justice sociale. Je pense à la possibilité pour ceux qui avaient toutes leurs années de cotisation de partir enfin après avoir commencé à travailler tôt, à 60 ans, à la retraite. Et puis aussi, le rétablissement d’un effort demandé aux plus fortunés de notre pays, que vous aviez supprimé, Mesdames et Messieurs de l’opposition, c’est-à-dire, le rétablissement exceptionnel de l’Impôt sur la fortune.
Et puis, Pierre Moscovici vient de le rappeler, des mesures de redressement de nos comptes publics, avec le collectif budgétaire que la majorité et la gauche ont voté. La taxation des grands groupes, notamment pétroliers ; et un gel supplémentaire sur les dépenses de l’Etat. Nous tiendrons l’objectif qui était un engagement du président de la République, de ne pas dépasser 4,5% de déficit en 2012. Quant aux fameux 20 milliards de dépenses que vous nous répétez sans cesse, Mesdames et Messieurs de l’UMP, qui n’est qu’un pur mensonge, nous avons augmenté la dépense publique seulement de 800 millions d’euros pour préparer la rentrée scolaire et commencer à refaire ce que vous avez cassé et qui concerne l’école de la République.
Oui, Mesdames et Messieurs les députés de la majorité, je vous remercie d’avoir compris qu’il était important d’adresser à nos concitoyens un signe fort pour que, pour la rentrée scolaire, les 1000 postes soient attribués là où on en avait le plus besoin, qui viendront améliorer les conditions de la rentrée scolaire, parce que notre objectif, notre ambition à nous, ce n’est pas casser par dizaines de milliers les postes d’enseignants et de personnels de l’Éducation, c’est de faire de l’école de la République l’école, la priorité de la Nation toute entière !
Et croyez-vous qu’il soit digne, Monsieur le maire et Mesdames et Messieurs les députés de l’UMP, d’avoir cassé aussi ce que vous avez fait à Pôle Emploi ! Nous avons effectivement financé par des économies, par ailleurs créé 2000 postes à Pôle Emploi. Est-ce que c’est excessif ? Je vous pose la question, d’accompagner personnellement chaque demandeur d’emploi pour respecter sa dignité et l’aider à retrouver un parcours de confiance, c’est-à-dire, un retour vers l’emploi ? C’est ce que vous avez, Mesdames et Messieurs les députés, décidé aussi de voter.
Quant aux emplois aidés, alors qu’ils correspondent à un besoin urgent, vous les aviez arrêtés juste avant les élections présidentielles. Nous avons rétabli 80 000 postes qui sont indispensables. Je pense en particulier aux jeunes mais pas seulement à eux, pour résoudre provisoirement, parce que ça ne suffira pas, la question du chômage.
Et puis, c’est une nouvelle méthode que nous avons engagée pour réformer le pays, la méthode de la concertation sociale et du dialogue social. Tous les partenaires sociaux, et vous l’aviez oublié depuis longtemps à droite…Combien me disent : nous avons enfin retrouvé le chemin de Matignon, ça faisait cinq ans que nous n’avions pas été reçus. Eh bien aujourd’hui, avec les partenaires sociaux, nous avons établi la feuille de route qui permettra, là aussi, d’engager des réformes en profondeur.
Alors pour la rentrée prochaine, Mesdames et Messieurs les députés, les engagements du président de la République, qui sont la feuille de route du Gouvernement, seront tenus. Nous vous proposerons des mesures pour le logement, notamment à travers la mise à disposition gratuite pour les collectivités locales des milliers d’hectares possédés par l’État et qui permettront de lancer des programmes de construction de logements. Et quant aux communes qui ne respectent pas leurs engagements en matière de construction de logements sociaux, elles verront leurs pénalités aggravées. Et quant à la création des emplois d’avenir, Mesdames, Messieurs les députés, là on verra ce que vous serez capables de faire. Nous proposerons dès le mois d’octobre un projet de loi pour créer 150 000 emplois, dont une partie dès cette année en direction des jeunes dans les quartiers et les communes les plus touchés par le chômage.
Quant à la réforme fiscale, vous qui cherchez sans cesse à mentir et à caricaturer, eh bien cette réforme fiscale sera engagée, elle aura d’abord pour base la justice sociale, l’efficacité économique et écologique. Voilà le grand chantier auquel nous vous invitons.
Quant aux partenaires sociaux, ils vont être invités à deux négociations. L’une, qui portera que les emplois d’avenir, les contrats de génération, pour qu’ils soient mis en place dès le début de l’année prochaine. Et puis enfin, un autre chantier, pour que les salariés, lorsque les entreprises ont des difficultés ne soient pas les variables d’ajustement, mais que des réponses soient apportées pour qu’il n’y ait pas de rupture du contrat de travail, que soient mis en place des dispositifs pour la sécurisation des parcours professionnels.
Je vois que du côté de la droite, on n’en veut pas ! Eh bien moi je sais que je pourrai compter sur la majorité pour mettre en œuvre ces réformes !
Quant au déficit et la maîtrise des comptes publics, nous avons déjà fait l’effort en 2012, nous le poursuivrons en 2013 pour arriver à l’équilibre des comptes en 2017.
Nous avons demandé des efforts, c’est vrai, mais les efforts que nous avons demandés, nous les avons demandés aux plus riches, à ceux qui peuvent davantage contribuer, parce qu’on ne réussira pas le redressement du pays sans la justice !
Et quant à vous, Mesdames et Messieurs les députés, je sais ce que vous vous apprêtez à faire, vous êtes en train de préparer un recours au Conseil constitutionnel pour supprimer la mesure que la majorité a voté, c’est-à-dire, l’augmentation de l’Impôt sur la fortune. Eh bien entre vous et nous il y a une différence : vous, c’est toujours les mêmes qui sont privilégiés, nous, c’est la majorité des Français que nous voulons aider dans la justice pour réussir le redressement de la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 25 juillet 2012