Déclaration de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la pêche, sur la gestion de l'eau, ressource capitale à la fois pour la pêche et pour l'agriculture, Paris le 25 juin 2012.

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Circonstance : Congrès de la fédération nationale de la pêche en France, Paris le 25 juin 2012

Texte intégral

« Monsieur le Président,
Cher Jean-Louis,
Chère Odette,
Cher Daniel,
Madame la représentante de la Ministre de l’Environnement,
Messieurs et Mesdames les représentants des directions de ce ministère,
Mesdames et Messieurs les pêcheurs, puisque c’est quand même ici le lieu,
Je suis très heureux de conclure cette matinée. Je ne sais pas si vos travaux se poursuivent, mais en tout cas pour moi c’est un plaisir d’avoir été invité. J’avais répondu à l’invitation parce qu’en tant que Ministre de l’Agriculture, je sais que beaucoup de questions se posent entre l’agriculture et la pêche, qu’il y a un enjeu commun, celui de la gestion d’une ressource et pas la moindre, celle de l’eau. Cette ressource est aujourd’hui, on le sait, l’objet de beaucoup d’attentions et à juste raison. Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte.
Il y a d’abord la question des quantités. La ressource est liée, on le sait, à quelque chose qui ne dépend ni du gouvernement ni de l’Europe, mais du climat. Cela fait que quelquefois, en tout cas avec cette tendance au réchauffement climatique, on a quelques risques de voir se multiplier des phénomènes que l’on a connus, que l’on connaîtra, de sécheresse et donc de raréfaction de cette ressource en termes de quantité. Il faut donc que l’on soit vigilant pour gérer cette ressource absolument nécessaire à la vie et à toutes les activités. J’y reviendrai.
Le deuxième point est la qualité de cette ressource et les facteurs polluants. Tout un tas de mécanismes sont en cours et jouent leur rôle. Je pense en particulier aux agences de l’eau et à toutes les politiques qui sont conduites pour éviter de dégrader un milieu qui, lorsque l’on ne s’en préoccupe pas suffisamment, fait courir des risques à la fois à beaucoup d’activités, mais aussi à la vie tout court. Donc ces enjeux sont des points de confluence de nombreux intérêts. Et dans ces intérêts il y a une activité de loisir, vous l’avez évoquée, importante, qui est la pêche.
Quand j’étais un peu plus jeune, j’ai été (peu de temps d’ailleurs) pêcheur et même pêcheur d’anguille, c’est vous dire. Et je connais l’attachement que beaucoup de nos concitoyens ont pour cette activité. Je sais aussi que votre fédération fait partie des fédérations qui renouvellent aussi leurs adhérents. C’est certainement lié d’ailleurs au nouveau système « cliquer, payer, pêcher » qui va devenir très célèbre, le CPP. Vous êtes à la pointe de la modernité, nous renouvelez vos adhérents et je sais qu’il y a des jeunes qui s’intéressent à la pêche et c’est très important.
Il est très important de garder cette organisation, de favoriser le dialogue entre nous et avec votre ministère de tutelle bien entendu. Cela a été dit, je le crois, dans le discours, par la Ministre. Il y a une volonté d’écoute et de dialogue parce que vous êtes partie prenante des enjeux qui concernent cette ressource.
Et puis il y a le Ministère de l’Agriculture, bien entendu. Là, il y a des enjeux importants qui sont à la fois liés – je le disais tout à l’heure – à la question de la qualité et puis aussi à la question de la quantité.
Pour ce qui est des gestions quantitatives de l’eau, effectivement des propositions ont été faites rapidement, sans aucune concertation. Et je mesure du point de vue de l’agriculture, l’acuité de la question posée de la raréfaction de la ressource, la question des sécheresses, et l’idée qu’il faut essayer, non pas de développer au travers d’outils une agriculture qui serait grosse consommatrice d’eau, mais qu’il faut quand même que l’on adapte une partie d’un certain nombre de territoires aux conséquences du réchauffement climatique. Je pense que dans ce domaine, il y aura et j’en fais l’annonce aujourd’hui, une concertation nouvelle qui sera conduite sur cette question de la gestion quantitative de l’eau et de tout ce qui est le débat autour des réserves collinaires ou autres.
Je pense qu’il faut que l’on revoie les choses et que l’on en discute en tout cas. Cette ressource, je l’ai dit, est rare et il est hors de question de laisser penser qu’un seul des usagers pourrait prendre le pas sur les autres. Il faut que l’on soit capable d’avancer de manière collective et avec une ambition qui est la protection et la préservation du milieu aquatique. Vous y êtes attachés, j’y suis aussi attaché.
Au-delà de cette simple question de la gestion quantitative, des évolutions majeures devront être décidées à l’échelle de l’Europe pour la réforme de la Politique Agricole Commune. Là encore, ce sont des champs de discussion qui s’ouvrent et qu’il faudra suivre. Vous serez associés de manière régulière, je m’y étais engagé lors de notre rencontre, pour voir quelles sont les décisions qui seront prises, quelles sont les orientations qui seront fixées, sachant que pour l’agriculture comme pour beaucoup de domaines, pratiquement tous les domaines, le vrai défi du XXIème siècle sera effectivement de prendre en compte cette transition vers des activités beaucoup plus durables qu’elles ne l’ont été jusqu’ici. Et durables, cela veut dire moins consommatrices d’un certain nombre de molécules à la fois chimiques ou phytosanitaires qui se retrouvent aujourd’hui dans le milieu aquatique, et moins consommatrices de cette ressource en tant que telle, de cette ressource qui est l’eau, pour faire en sorte que l’on arrive à la fois à concilier la durabilité c’est-à-dire la capacité à produire, tout en préservant l’ensemble des ressources qui sont nécessaires à la production.
L’eau, comme les sols d’ailleurs, sont des ressources essentielles à l’activité de l’agriculture, et j’entends bien fixer sur ces grandes questions des objectifs qui seront à discuter à l’échelle de l’Europe. Tout le débat sur le verdissement de cette politique agricole, avec aussi toute la dimension du deuxième pilier de l’agriculture qui sera aussi nécessaire pour accompagner ce mouvement, en le faisant en somme avec cette capacité qui pour moi est essentielle, qui consiste à sortir à la fois d’indicateurs ou de normes et d’aller plutôt vers des dynamiques, un mouvement, une adhésion. C’est cela qui est aussi l’enjeu de ce défi qui est devant nous.
Et le Ministre de l’Agriculture sera là pour porter ce message. Et pour porter ce message, je crois, et c’est pourquoi je suis là ce matin avec vous, que c’est le dialogue et l’écoute, c’est la construction collective pour atteindre les objectifs qui me semblent être pour moi, l’enjeu aussi essentiel du moment que nous devons avoir ensemble, du travail que nous devons conduire, des objectifs que nous devons nous fixer. Je crois beaucoup plus à la capacité de mobiliser les acteurs sur des objectifs que de discuter de manière souvent extrêmement conflictuelle des moyens et des outils. C’est beaucoup plus fort.
Viendra le temps des outils et des moyens. Je pense qu’il y a un moment important qu’il faut que l’on passe sur les objectifs. C’est ce que vous avez indiqué, Monsieur le Président. Et comme je n’ai pas beaucoup de temps, je voudrais vous remercier de m’avoir invité. Je ne filerai pas comme une anguille mais je voudrais vous dire que l’on se retrouvera de manière régulière pour discuter et évaluer l’ensemble des solutions et des moyens qu’il faut mettre en oeuvre aujourd’hui pour préserver à la fois un beau et historique loisir de notre pays, la pêche, et en même temps préserver aussi, parce que cela va de soi, cette belle ressource qu’est l’eau.
Merci beaucoup.
(Applaudissements.) »
source http://www.fnpf.fr, le 9 août 2012