Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, au site site internet du ministère de l'agriculture, le 7 septembre 2012, sur la politique agricole commune.

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- Quelle est votre ambition pour la future politique agricole commune ?
Stéphane Le Foll : Je souhaite orienter la réforme de la PAC dans le sens d’un nouveau modèle agricole, dans lequel l’agronomie retrouvera toute sa place, fondé sur la création de valeur ajoutée et d’emplois par des agricultures diverses, durables et performantes sur l’ensemble des territoires. Cette nouvelle orientation sera à mon sens construite sur la recherche d’une efficacité à la fois économique et environnementale. La politique que nous dessinerons ensemble devra permettre d’abord d’assurer la pérennité de l’agriculture, qui s’inscrit en France au sein du pacte productif voulu par le président de la République.
L’avenir économique de nos agricultures passe par un renforcement de la création de valeur en lien avec la diversité des territoires. La diversité des agricultures est une force qu’il faut développer, car elles répondent à une demande multiple, par des circuits variés, et peuvent y répondre mieux encore. Je souhaite également que la valeur ajoutée produite soit plus équitablement répartie dans la chaîne d’approvisionnement entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Cela passera par le renforcement des logiques de filière, dans une démarche contractuelle et solidaire. Le rapport de force des producteurs dans la chaîne d’approvisionnement doit être renforcé.
- La commission européenne a rendu publique une proposition pour la réforme à venir. Quel regard portez-vous sur cette base de travail ?
SLF : Il y a dans ce projet plusieurs principes qui me semblent intéressants. D’abord, je crois qu’une répartition plus équitable des aides doit être recherchée, dans le sens du projet proposé par la Commission. Le principe de la convergence interne, avec un abandon progressif des références historiques et une nouvelle distribution plus équitable des aides agricoles afin de renforcer leur légitimité est bon. Mais cette légitimité n’implique pas qu’au final, on verse la même aide à tout le monde. Tous les systèmes de production ne sont pas dans la même situation. Je tiens aussi à ce que, d’une façon ou d’une autre, les productions qui nécessitent le plus de main d’œuvre soient privilégiées. Bien sûr, les modalités et le rythme de la réforme devront préserver la viabilité économique de nos exploitations agricoles, je pense en particulier aux systèmes en polyculture-élevage.
Pour ce qui est du verdissement, je suis persuadé là encore qu’il s’agit d’un bon principe qui a toute sa place au sein du premier pilier. Sa mise en œuvre doit être pragmatique, et prendre en compte les aspects économiques, environnementaux et agronomiques sans dénaturer l’objectif initial. Le verdissement est clairement pour moi un des éléments d’une démarche vers ce nouveau modèle agricole que j’appelle de mes vœux.
- Qu’en est-il des aides du développement rural ? Ce dispositif sera-t-il reconduit ?
SLF : Je serai très attentif à ce que ce second pilier de la PAC, les aides du développement rural, soit conforté. Ces fonds doivent permettre de soutenir notamment des investissements dans les exploitations agricoles et les entreprises agroalimentaires allant dans le sens de ce nouveau modèle, ainsi que les mesures agroenvironnementales en leur donnant une dimension incitative aussi forte que possible. Elles permettront aussi, comme aujourd’hui, de soutenir des projets qui se situent à l’interface entre les secteurs agricoles et forestiers et les autres secteurs de l’économie rurale, pour contribuer au développement des territoires ruraux.
Source http://agriculture.gouv.fr, le 19 septembre 2012