Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à "Elle" le 30 avril 2001, sur les contacts de la France avec le commandant Massoud et les Talibans d'Afghanistan.

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Média : Agence Chine nouvelle - Elle

Texte intégral

Q - Pourquoi avoir reçu le "ministre de la Santé" des Taleban ?
R - Ce sont les ONG, en particulier les ONG françaises, qui nous invitent à maintenir les contacts de ce genre. N'oublions pas que 95 % des femmes afghanes vivent dans les régions sous le contrôle des Taleban ! Les fonctionnaires de mes services qui ont reçu le mollah Abbas lui ont dit à la fois notre réprobation de la politique menée, en particulier à l'égard des femmes, et notre volonté que les ONG puissent continuer à travailler. Le commandant Massoud, que j'avais décidé de recevoir personnellement à Paris, m'a dit lui aussi qu'il comptait sur nous pour poursuivre et renforcer notre effort humanitaire, dans la région qu'il contrôle comme dans la zone talibane.
Q - Que fait notre chargé d'affaires à Kaboul ?
R - Il se rend à Kaboul comme dans les zones contrôlées par le commandant Massoud, malgré des risques importants pour sa sécurité. Il nous informe sur la situation, témoigne, rappelle à toute occasion aux Taleban que leur comportement, les violations des Droits de l'Homme qu'ils commettent sont totalement inacceptables. Sa présence et ses contacts sont essentiels, pour la population comme pour les ONG présentes.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mai 2001)