Déclaration de Mme Fleur Pellerin, ministre des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, sur la fiscalité environnementale et la démarche de concertation gouvernementale, Paris le 14 septembre 2012.

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Circonstance : Conférence environnementale - Table ronde intitulée : "Financement de la transition et fiscalité écologique", à Paris le 14 septembre 2012

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les élus et les parlementaires, Mesdames et Messieurs les représentants des syndicats, Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises, Mesdames et Messieurs les représentants des organisations non gouvernementales environnementales, Mesdames et Messieurs les experts.
Tout d’abord, je voudrais vous dire le plaisir qui est le mien d’être associée à cette Conférence environnementale et aux débats qui vont se dérouler pendant ces deux journées de réflexion.
Pourquoi ? Parce qu’étant à la tête d’un ministère dont le champ d’action est ancré dans l’économie, le soutien et la défense des intérêts de nos entreprises françaises, il me semble indispensable d’être associée aux démarches de protection de l’environnement.
La défense de l’environnement est au coeur des préoccupations de ce Gouvernement, mais nous savons tous que pour gagner les défis qui se présentent à nous, je veux parler de la protection des ressources biotiques, des ressources en eau, de l’enjeu du changement climatique, de la lutte contre la pollution de l’air ou de l’eau, mais aussi de la transition énergétique, il nous faudra gagner, petit à petit, l’adhésion de tous les acteurs concernés.
Or, dans ce grand projet environnemental que nous allons dessiner ou renforcer, la fiscalité et les solutions de financements de la transition énergétique jouent un rôle essentiel. C’est l’objet de cette table ronde.
La tenue de cette table ronde est déjà, à mes yeux, le signe que quelque chose a changé. Comme pour la conférence sociale, qui a manifesté la volonté du gouvernement d’associer les partenaires sociaux aux réflexions stratégiques sur la compétitivité, la conférence environnementale montre un souci de concertation sur des sujets aussi complexes que la fiscalité environnementale et le financement de la transition énergétique.
Alors, nous le savons tous, il y a divers moyens d’oeuvrer à la défense de l’environnement. La réglementation en est un. Mais à elle seule elle n’est pas en soi assez dynamique pour inciter à des changements de comportements et à l’exploration de solutions innovantes et alternatives. Or la fiscalité offre un éventail de moyens d’action qui a d’ores et déjà montré son intérêt.
La taxation de comportements polluants ou coûteux en termes de ressources énergétiques ou biotiques, par exemple, peut orienter les comportements des acteurs. Le renchérissement des matières premières non-renouvelables peut permettre de ralentir les consommations et de prévenir la pénurie future. Mais les prélèvements fiscaux à portée environnementale ont également un vrai rôle à jouer, de par leurs effets redistributifs en faveur de la transition énergétique.
Cela étant, ce qu’il y a de commun entre la Conférence environnementale et la Conférence sociale, ce ne doit pas seulement être la méthode. Pas seulement le format. Il faut aussi que nous veillions à la cohérence des orientations que nous choisissons de promouvoir. La Conférence sociale a exprimé une forte préoccupation quant à la compétitivité des entreprises. Il nous faut également veiller, dans ce contexte de crise, à la préservation du pouvoir d’achat des ménages.
A cet égard, la fiscalité verte peut, si elle est bien conçue, et même doit, constituer un atout aussi bien pour l’environnement que pour notre activité économique.
Elle est un atout si, par ses effets incitatifs ou dissuasifs, elle est utilisée pour faire émerger des marchés où nos entreprises peuvent se positionner.
Elle est aussi un atout lorsqu’elle sait orienter, dans la durée, les comportements des consommateurs et des producteurs vers les techniques propres de demain.
Elle est encore un atout si, en préservant les ressources rares, elle nous assure un sentier de croissance soutenable.
Elle est enfin un atout lorsqu’elle contribue à lutter contre les pollutions qui atteignent la santé de nos concitoyens, avec les coûts collectifs que cela comporte, notamment pour la Sécurité sociale.
Mais elle serait un handicap, si elle était conçue comme un simple prétexte pour prélever des ressources fiscales nouvelles.
Et elle sera un handicap si chaque nouvelle piste d’incitation fiscale au changement de comportement ne prévoit pas la solution alternative existante à un instant donné et permettant aux acteurs d’opérer un vrai choix.
C’est pourquoi je suis heureuse d’inaugurer aujourd’hui cette démarche, qui me semble devoir être une contribution, et non un frein, au redressement productif. C’est aussi pourquoi la démarche partenariale que nous entamons aujourd’hui, et qui se poursuivra dans les prochaines années, est essentielle pour assurer un recours pertinent à la fiscalité verte.
Le Gouvernement a voulu cette Conférence ouverte et sans a priori. Cela explique qu’au-delà des trois grands moments de débat qui vous sont proposés, nous souhaitons que les échanges soient les plus libres possible. Un premier moment de notre discussion aujourd’hui pourrait être consacré aux finalités et à la méthode de la réforme fiscale en matière d’environnement.
Je ne prétends pas, bien sûr, que les changements de comportement que l’on doit réaliser pour atteindre nos objectifs environnementaux sont indolores. Ce serait manquer de lucidité. Changer les pratiques en place implique toujours des reconversions, des innovations, donc des tâtonnements et des risques d’échec. C’est pourquoi ces reconversions doivent également être soutenues, lorsque cela s’avère nécessaire, par la puissance publique ou par des financements innovants. Mais cela est inhérent au processus d’innovation que mon ministère promeut et que le Président de la République a mis en avant ce matin.
Aider celles et ceux qui donnent l’exemple par leurs pratiques favorables à l’environnement par des financements innovants, ce sera le thème du deuxième temps de la discussion d’aujourd’hui, avec Pascal CANFIN.
Cette table ronde occupe une place un peu particulière, au sein de la Conférence environnementale. La fiscalité environnementale est un moyen, pas une fin en soi. Nous aurions pu imaginer traiter des sujets fiscaux ou de financement à l’occasion des autres tables rondes thématiques. Quant à moi, je pense que dédier une table ronde spécifique aux sujets de financement est le signe que le Gouvernement prend ce sujet très au sérieux et en mesure bien les enjeux comme les difficultés.
Jérôme CAHUZAC, ministre du Budget, parcourra demain avec vous les principaux axes de réflexion qui pourront être explorés, dans les prochaines années, pour le verdissement de notre fiscalité, pour lutter contre le réchauffement climatique, les pollutions et les risques environnementaux.
Je laisse à présent la parole à Pascal CANFIN.
Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 27 septembre 2012