Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la promotion du patrimoine et de la création contemporaine et l'importance du mécénat, à Lille le 6 octobre 2012.

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Circonstance : Lancement de "Fantastic 2012" et "Lille 3000" à Lille le 6 octobre 2012

Texte intégral

Madame,
Madame la maire de Lille,
Chère Martine,
Monsieur le président de "Lille 3000", cher Yves Renard,
Madame la ministre de la Culture,
Monsieur le ministre de la Ville,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Chers amis lillois,
Quand je dis "lillois", je veux dire de toute la métropole lilloise qui ne connaît pas de frontières administratives et qui est dans l’esprit du discours de Martine Aubry, c'est-à-dire un esprit d’ouverture, d’accueil, de fraternité, de solidarité et qui symbolise, je crois, votre volonté formidable ici dans cette grande métropole, à la fois métropole du Nord de la France mais aussi métropole européenne, que quelles que soient les difficultés, économiques ou sociales, vous ne vous résignez jamais et que vous vous rassemblez autour d’un projet pour relever le défi du redressement et que ceux qui doutent de la capacité de la France à réussir ce redressement qu’ils viennent justement ici à Lille et qu’ils verront ici qu’on se bat, qu’on invente, qu’on se laisse bousculer par les artistes, que l’on veut chercher toutes les réponses, toutes les voies possibles pour redonner de l’espoir, de la confiance, de la justice, de l’avenir à tous ceux qui vivent ici à Lille comme dans notre pays.
Eh bien, pour ce que vous faites ici à Lille, "Lille 3000", je suis d’abord venu vous dire non seulement "bravo, Martine", "bravo à toute votre équipe" mais surtout un grand merci parce que vous redonnez de la confiance à ceux qui l’ont perdue.
Martine, chère Martine, merci d’abord de ton accueil chaleureux, les mots que tu prononces, la solidarité que tu manifestes à l’égard du Premier ministre qui exerce, je le dis, des responsabilités difficiles mais je le fais avec le sens du service sans lequel il n’y a pas d’autre raison de s’engager, servir les Français comme vous servez ici les Lillois.
C’est notre devoir ; c’est notre responsabilité. Ce n’est que comme cela que nous pouvons être peut-être compris, en tout cas respectés pour la tâche qui est la nôtre. Mais tu posais la question "à quoi ça sert la culture ?" mais la culture, je le disais, ça sert à inventer ; ça sert à créer ; ça sert à regarder de façon différente le monde ; ça sert à se laisser bousculer : ça sert à ne pas être conformiste ; ça sert à chercher des solutions auxquelles on n’a peut-être pas pensé ; ça sert à anticiper le monde de demain et au fond, ça sert à l’humanité.
Et donc je voudrais saluer les artistes et je voudrais saluer Didier Fusillier qui travaille auprès de Martine Aubry et de toutes ses équipes, de leur dire qu’ils font un travail formidable avec la liberté qui est la leur, la liberté des créateurs, avec la capacité qu’ils ont aussi à nous étonner chaque fois mais à fédérer, à donner du plaisir d’être ensemble comme c’était déjà le cas depuis Lille 2004, capitale européenne de la culture. Ici, quelque chose s’est levé, un espoir nouveau s’est développé. Eh bien à tous ces artistes, à tous ceux qui les accompagnent, à Didier Fusillier et toutes ces équipes, encore une fois merci et bravo !
Le Nantais que je suis ne peut être que touché, touché vraiment profondément par ce que vous faites. Il y a beaucoup de choses en commun, Martine, nous en avons souvent parlé, entre la maire de Lille et l’ancien maire de Nantes, des valeurs que nous partageons, le sens du devoir mais aussi de la curiosité, votre volonté commune de ne jamais renoncer et je suis venu vous dire aussi toute l’amitié que j’ai pour Martine Aubry ici au-delà des parcours de chacun , ce n’est pas ça qui compte, ce qui compte, c’est l’essentiel, c’est encore une fois d’être au service.
Et il y a quelque temps, j’étais à Marseille où il y a beaucoup de problèmes, où l’Etat de droit doit être rétabli lorsqu’il a disparu parce qu’il n’y pas de justice, il n’y a pas d’espoir, il n’y a pas de confiance sans l’exemplarité des élites – les élites, d’abord, ceux qui reçoivent le mandat du peuple mais aussi ceux qui exercent des fonctions au nom de l’Etat et de la République. Donc l’Etat et la République seront inflexibles pour que justement la République et ses représentants puissent être respectés et on sait qu’il y a des problèmes. Mais je le dis : nous sommes là pour essayer de les résoudre mais en même temps, je veux exprimer un message d’espoir.
Et lorsque je suis allé à Marseille il n’y a pas longtemps, j’ai dit : vous avez une formidable chance, vous allez être en 2013 la capitale européenne de la culture. Regardez ce qu’ils ont fait à Lille, l’élan que cela a donné. Tout n’a pas été réglé mais ils ont ouvert une voie, un chemin. Eh bien, vous avez la possibilité à Marseille en 2013 de mobiliser tous les acteurs de la société comme ils l’ont fait à Lille, les acteurs économiques, et c’est le cas, les acteurs de la vie associative, les citoyens, les intellectuels, les artistes, les hommes et les femmes qui s’engagent, qui ont envie de donner le meilleur d’eux-mêmes. S’ils ont réussi à Lille, vous réussirez à Marseille ; c’est le défi qu’ils peuvent relever. Eh bien, je crois que vous en avez fait la preuve et ça aussi, c’est une manière de dire "on va réussir en sortant par le haut y compris à Marseille."
Martine, chère Martine, tu as expliqué tout ce qui allait se faire, je ne vais pas le reprendre. On avait préparé quelques éléments mais je veux surtout en profiter un peu. Nous aurons un parcours ensemble tout à l’heure de tous les lieux préparés par les artistes et aussi une grande parade populaire.
Ce que je voudrais dire, c’est que justement, vous avez su ici associer beaucoup de choses : d’abord, le patrimoine et la création contemporaine, la plus contemporaine qui soit. Nous sommes ici dans un lieu qui a eu une autre vie, une gare mais ça peut être aussi une usine. Et puis, vous leur donnez en quelque sorte une nouvelle vocation, une nouvelle perspective. La conception que nous avons du patrimoine, elle n’est pas que muséographique. C’est de donner aussi une nouvelle vie, c’est de donner un sens à l’histoire de la France. Nous sommes héritiers de quelque chose.
Nous avons reçu le mot "héritage". Le mot "héritage", c’est le mot anglais pour "patrimoine". Eh bien, cet héritage que nous avons reçu, nous avons la responsabilité de le faire fructifier mais pas de le faire fructifier de façon égoïste pour des profiteurs comme une rente dont on bénéficierait pour soi de façon égoïste mais pour le faire partager à tous et ce que vous faites à Lille, c’est que justement votre démarche culturelle, c’est une démarche qui ne s’adresse pas qu’à une petite partie mais qui s’adresse à tous et qui a une immense générosité populaire et c’est pour cela que vous avez ce succès populaire parce que, ici, les gens ont compris ce que vous vouliez faire et ça aussi, c’est formidable.
Eh bien, c’est le sens, la profondeur de votre démarche que je voudrais à nouveau saluer parce que vous avez su mobiliser les acteurs publics et privés et vous avez su donner la place à tous les talents, des talents parfois connus dans le monde entier mais aussi des jeunes talents qui émergent et à qui et auxquels vous voulez donner toute leur chance.
Et puis, vous avez un souci, une exigence politique qui est l’exigence éducative et c’est justement ce que vous avez fait ici à travers l’organisation d’un réseau, d’un réseau d’acteurs qui associe en particulier l’Education nationale, les enseignants, les professeurs, tous les acteurs de l’Education, de l’Etat, des communes, des quartiers.
Je pense à ce que vous faites à Lille, à Roubaix et à Tourcoing, à cet exemple de 20 classes qui ont travaillé à la création de costumes pour la parade d’ouverture à laquelle nous assisterons tout à l’heure. Voilà quelques exemples.
Mais ça va aussi dans le sens de l’action du Gouvernement. Dans ses engagements, le président de la République, François Hollande, a décidé de faire de l’éducation artistique et culturelle une priorité. Eh bien, Aurélie Filippetti et Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, travaillent ensemble à la définition d’un plan d’action dont ils dévoileront les grandes lignes dans quelques semaines et qui s’inspireront évidemment de tout ce qui se fait en France en la matière et bien sûr de ce qui se fait à Lille.
"Lille 3000" est exemplaire de toute cette mobilisation. Je le disais, les acteurs économiques : 1 euro investi d’argent public, c’est 4 à 8 euros de retombées économiques en termes d’emploi. D’ailleurs, les entreprises ne s’y sont pas trompées puisqu’elles sont partenaires de "Lille 3000" comme elles étaient déjà partenaires en 2004 et c’est vrai dans beaucoup de régions de France.
C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, Aurélie Filippetti a su me convaincre de maintenir et même d’amplifier tout ce qui peut faciliter le mécénat, ce financement privé qui permet de mobiliser encore plus l’argent public au service de la culture et de la création et la loi de finances 2013 que le Parlement va bientôt voter et qui a été adoptée par le gouvernement confirmera cette capacité là et je crois qu’elle est importante.
Chère Martine, nous avons aussi souhaité avec Aurélie Filippetti et François Lamy, ministre de la Ville, qui connaît bien Lille et qui est un de tes amis les plus proches, et qui est là à la fois comme ami mais aussi comme ministre et avec lesquels nous avons de grands projets, eh bien lui aussi, dans l’action qui est la sienne pour relever le défi de l’avenir pour nos quartiers, pour nos cités où il y a tant de talents.
Quand on parle de nos quartiers et de nos cités, on en parle toujours en problèmes. On parle toujours de ce qui ne va pas et c’est vrai qu’il y a beaucoup de choses qui ne vont pas : le chômage des jeunes, et c’est une de nos priorités, parfois des incivilités, de la délinquance, du trafic mais on oublie qu’il y a aussi de l’énergie, de l’intelligence, de la générosité et de la fraternité et de la solidarité et qu’il y a tant de talents.
Avec François Lamy justement, nous voulons bousculer les règles un peu parfois bureaucratiques de la politique de la ville pour donner à tous ces talents et en particulier aux jeunes la chance de réussir. Et "Lille 3000", ça a été justement l’occasion depuis 2004 de donner la chance à tous ces jeunes de tous ces quartiers de nos villes et pas seulement de Lille mais aussi de Lille Métropole.
Oui, la France a un avenir, la France a des atouts, c’est d’abord sa jeunesse, c’est d’abord ses habitants, ses citoyens et donc ce que je suis venu vous dire encore ici, c’est que nous ne renoncerons à rien pour réussir le redressement de la France mais que c’est en allant puiser l’énergie dans tous les territoires de nos grandes régions, de nos villes, de nos départements mais aussi des plus petits villages de notre pays où il y a une fierté, une envie de réussir, une envie de se mobiliser, eh bien, c’est important pour un Premier ministre justement d’aller partout en France là où il y a des problèmes, là où il y a aussi des solutions pour voir que nous pouvons réussir ensemble. "Lille 3000", c’est le fruit d’une volonté politique déterminée qui s’est inscrite dans la durée mais "Lille 3000", c’est d’abord un projet qui fédère, un projet qui rassemble, un projet qui mobilise. "Lille 3000", c’est un acte de confiance dans l’avenir et pour tout ça, encore merci !
Vive Lille, vive la République et vive la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 8 octobre 2012