Conférence de presse de M. Bernard Cazeneuve, ministre des affaires européennes, sur l'Union économique et monétaire et sur la mise en oeuvre des décisions du Conseil européen de juin 2012, à Luxembourg le 16 octobre 2012.

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Circonstance : Union européenne/Conseil Affaires générales, à Luxembourg le 16 octobre 2012

Texte intégral

Le Conseil des Affaires générales nous a permis de préparer le prochain Conseil européen et d'aborder deux thèmes importants que sont l'avenir de l'Union économique et monétaire et la mise en oeuvre des décisions du Conseil européen de juin.
Nous sommes particulièrement attachés à ce que soit appliquée la totalité des décisions prises en juin. De notre capacité à mettre en oeuvre, dans les délais prévus, les mesures sur lesquelles nous nous sommes accordés, dépend la crédibilité des institutions européennes et du Conseil européen. Nous sommes donc extrêmement attentifs à ce que le Pacte pour la croissance et l'emploi de 120 milliards d'euros, obtenu à l'issue du sommet de juin, soit mis en oeuvre selon les modalités et le calendrier qui ont été arrêtés.
Le Conseil européen doit consolider ces avancées et s'assurer de leur bonne mise en oeuvre. Il doit également prolonger l'ambition de croissance qu'elles traduisent. Nous considérons que certaines des propositions formulées par Herman Van Rompuy s'inscrivent tout à fait dans cette perspective ; d'autres doivent être corrigées. Nous sommes par exemple très attachés au principe de réciprocité en matière d'échanges commerciaux. Loin de constituer une mesure protectionniste, cette préoccupation traduit notre volonté d'accompagner le développement des échanges commerciaux de façon rééquilibrée.
Au-delà de ces mesures pour la croissance, d'autres initiatives sont en cours. Le principe d'une supervision bancaire, qui s'appliquerait à l'ensemble des banques de la zone euro sous l'autorité de la BCE, a été accepté. Cette décision constitue une étape importante dans la remise en ordre de la finance, dans la mesure où elle empêche les errements spéculatifs d'hier de se reproduire, et garantit que les banques puissent durablement financer l'économie réelle. Il est important que cette décision soit mise en oeuvre dans les délais prévus. La supervision des banques représente le premier volet de l'Union bancaire dont la mise en place appelle deux autres dispositifs : la garantie des dépôts et un dispositif de résolution des crises bancaires. Le Conseil des Affaires générales nous a permis de réaffirmer notre volonté que cette Union bancaire figure dans les perspectives du Conseil européen en tant qu'expression d'un voeu commun des pays de l'UE. Nous souhaitons la voir appliquée conformément au calendrier établi.
À cela doit par ailleurs venir s'ajouter un principe de solidarité. La mise en place de mesures de responsabilité budgétaire - de fait déjà présentes à travers le «six-pack», la négociation en cours du «two-pack» et le processus de ratification du traité SCG - doivent aller de pair avec une solidarité accrue entre États membres. C'est ce que le président de la République a appelé l'intégration solidaire, et c'est la raison pour laquelle nous avons rappelé notre volonté de voir ce principe de solidarité figurer en bonne place dans les objectifs de l'UE.
Q - Votre collègue allemand est arrivé ce matin en disant «appelez ça comme vous voulez, pour nous, c'est niet !».
R - Pour nous, c'est oui, tout aussi clairement. Il est tout à fait normal que la France et l'Allemagne expriment leurs positions au début d'une discussion. Les compromis entre nos deux pays ne sont jamais aussi forts que lorsqu'ils se parlent avec franchise. La relation franco-allemande est une relation approfondie et solide.
Nous partageons la conviction que renforcer les liens au sein de l'UE, réengager l'Europe sur le chemin de la prospérité, ne peut se faire qu'avec une étroite relation franco-allemande. La formule du Cardinal de Retz selon laquelle «on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment», ne s'applique pas à la relation franco-allemande. Les compromis ne sont jamais aussi solides que lorsque les parties expriment leurs positions d'emblée. Il est normal qu'il y ait un débat ; il est d'ailleurs tout à fait riche et positif, et contribue à l'équilibre de la relation entre la France et l'Allemagne, dans le respect mutuel.
Q - Mais est-ce que vous êtes en contact avec les Britanniques, quid de leur avenir dans l'UE ? Est ce qu'il va falloir faire beaucoup d'efforts pour les retenir ?
R - Nous sommes en dialogue constant avec nos partenaires britanniques. Ces derniers sont très attachés au marché intérieur. Ils connaissent parfaitement la dynamique que cela donne à leur économie.
Q - (inaudible) sur les risques d'une sortie de l'UE de la part du RU.
R - Au-delà des différentes sensibilités qui s'expriment au cours des discussions à 27, c'est la conscience de ce qui nous unit qui prime sur nos sujets de désaccord. Nous sommes tous conscients de nos intérêts communs.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 octobre 2012