Texte intégral
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur lambassadeur de France,
Monsieur lambassadeur de Singapour en France,
Mesdames les déléguées des représentants des Français de létranger, que je suis heureux de saluer particulièrement,
Mesdames, Messieurs les conseillers du commerce extérieur,
Monsieur le président de la chambre de commerce française à Singapour,
Mesdames, Messieurs,
Chers compatriotes.
Je sais que tous les Français qui sont à Singapour ne sont pas là aujourd'hui, mais ce nest pas la faute de Monsieur lambassadeur que je remercie de son accueil, parce que vous êtes très nombreux. On aurait pu inviter tout le monde. Vous auriez pu inviter tout le monde, mais il aurait fallu beaucoup de place et puis aujourd'hui jai vu quil pleuvait, ça arrive de temps en temps. Donc nous sommes ensemble ici, vous êtes les représentants de tous les Français qui vivent ici, qui ont choisi de vivre et de travailler ici, avec vos familles souvent. Donc je voudrais vous dire le plaisir qui est le mien de vous rencontrer après ces quelques mots et de pouvoir échanger avec vous. Vous êtes les représentants dune communauté française particulièrement dynamique, lune des plus importantes en Asie. Le choix de Singapour pour ma première visite officielle en tant que Premier ministre hors dEurope, nest pas dû au hasard. Singapour, ce nest pas à vous que je vais lapprendre, est un pont entre lEurope et lAsie. Je lai expliqué à ceux qui me le demandaient : "pourquoi allez-vous à Singapour ?". Parce quon ne le sait pas toujours en France, Singapour est un modèle de dynamisme, un modèle douverture aussi. Et ce qui est très important, ce sont les liens que nous entretenons avec Singapour et qui illustrent le type de relations que nous voulons développer avec lensemble du continent asiatique.
LAsie est aujourd'hui au cur des grands équilibres qui se dessinent sur le plan international. La dernière décennie du 20e siècle avait créé lillusion dun monde unipolaire, dominé par une seule puissance. Aujourd'hui ce monde est en train de changer profondément. La première décennie du 21e siècle a révélé une réalité très différente. Ce sont de nouvelles forces économiques qui se font jour et qui ont vu ces forces saccélérer, se renforcer à partir de la grande crise financière de 2008, qui est née aux Etats-Unis, qui étaient jusquà présent la grande puissance mondiale quasiment unique, et qui a finalement contaminé le reste du monde et a contribué involontairement à rebattre les cartes au profit de puissances émergentes qui deviennent des acteurs à part entière sur la scène mondiale. Cest dans ce contexte que je suis venu ici vous apporter un message, qui est un message à la fois de responsabilité, mais aussi un message de confiance et douverture sur la manière dont la France voit les choses aujourd'hui, dans ce monde qui se construit, dans lequel elle entend prendre toute sa place, à la fois en tant que nation, mais aussi au sein du continent européen dans lUnion européenne.
En ce qui concerne la responsabilité que je revendique, je voudrais vous dire seulement une chose. Le gouvernement est engagé dans un vaste chantier de redressement du pays. Cest une tâche difficile et si je dis "redressement", cest parce quil y a nécessité de le faire. Quand on vit loin de France, on a encore plus que dautres une passion pour la France, un amour du pays dont on vient, et on retient de ce quil y a du pays le meilleur. On a aussi envie dêtre fier de ce quil est, de ses valeurs, et on a envie quil réussisse aussi comme vous vous avez envie de réussir là où vous êtes dans vos projets personnels, dans le pays où vous avez décidé de vous installer.
Et bien la France revendique cette volonté de jouer à nouveau pleinement son rôle de puissance économique et politique, et cela passe bien sûr par des choix. Le premier choix qua fait le gouvernement, cest de redresser nos comptes publics. Nous ne pouvons pas continuer avec un déficit et une dette aussi importante. Cest notre indépendance, notre souveraineté qui est en cause. Si le premier budget de la nation est le remboursement de la dette, ce ne sera pas linvestissement, ce ne sera pas la recherche, ce ne sera pas léducation, ce ne sera pas les infrastructures nécessaires au développement du pays. Il faut donc changer cette donne et surtout refuser cette fatalité. Cela demande en effet un choix, des efforts et cest ce que le gouvernement a entrepris dans le budget 2013, quexamine actuellement lAssemblée nationale. Je ne dis pas que tout le monde est daccord avec les choix qui sont proposés, mais il est difficile de contester la nécessité de cet effort pour maitriser nos comptes publics.
Un effort partagé. Dabord les économies qui sont faites sur le budget du pays et de lEtat, un effort qui est demandé aux ménages, mais essentiellement aux plus aisés, un effort qui est demandé aux entreprises, essentiellement les plus grandes. Et en même temps, le gouvernement a décidé, avec cet objectif datteindre les 3 % de déficit en 2013, de financer ces priorités. Parmi les priorités il y a bien sûr léducation, la refondation de notre école qui est la base de la reconquête, mais aussi la volonté de soutenir linnovation, linvestissement et aussi la volonté dassurer la sécurité des Français, et aussi la volonté de faire fonctionner nos services publics dans de bonnes conditions. Tout cela avec les contraintes qui nécessitent un effort mais dont le but est de redonner une perspective à la France. Cet effort doit être juste, mais il doit surtout être utile. Quel est lenjeu ? Cest en effet de préparer la France à sa place dans le monde du 21e siècle. Je nai pas, avec le Gouvernement, le regard tourné uniquement vers le passé. Le passé ce sont nos valeurs, cest ce que nous avons en commun, cest notre force, cest ce pacte républicain que nous revendiquons. Lessentiel est quà partir de ce pacte-là, de ce socle-là, cest vers le 21e siècle que nous devons être tendus en permanence. Donc pour que la France retrouve son rang et son influence. Elle le peut. Ici elle est considérée comme telle et je men réjouis.
Alors concernant la méthode, dans la justice, cest aussi une nouvelle méthode de gouvernement. Plutôt que dinformer, de décider de tout en haut et dannoncer de façon péremptoire il faut aussi trouver les moyens de dialoguer, de négocier et dentraîner toutes les forces de la société. Ce sont les grandes négociations qui sont actuellement en cours, sur lesquelles je ne métendrai pas davantage aujourdhui, mais je crois que cest important. Aucun chantier ne sera négligé. Je pense notamment au chantier de la compétitivité. Beaucoup dentre vous travaillent dans des entreprises, et vous connaissez bien la nécessité dêtre performant. Les chefs dentreprises qui maccompagnent, et je les en remercie, soit sont déjà implantés ici depuis longtemps, soit veulent le faire, ici à Singapour et nous rendrons dans quelques jours dans les Philippines. Je crois que la question de la compétitivité est une question cruciale. Jarrive de Paris et hier le conseil des ministres a adopté le projet de Banque Publique dInvestissement. Un outil que nous voulons justement mettre au service de la compétitivité en particulier de nos PME. Celles qui ont besoin daccéder aux crédits, pour financer leurs investissements, linnovation, les transferts de technologies, mais aussi augmenter leurs fonds propres, qui sont souvent une vraie difficulté pour pouvoir se développer. Donc cet outil va se mettre en uvre.
Je suis aussi venu à Singapour, pour dialoguer, écouter, comprendre et ce nest certainement pas en succombant à la tentation du repli que nous engagerons à nouveau notre pays sur la voie de la croissance. Vous le savez mieux que quiconque, ce quil faut faire au contraire, cest nous ouvrir davantage au monde. Rechercher de nouveaux partenariats. Non pas dans la naïveté, en souhaitant bien sûr la réciprocité, mais offrir à nos entreprises de nouvelles perspectives internationales. Pour cela, il importe dabord davoir confiance dans nos propres atouts, les atouts de la France. Jai parlé de redressement, mais il faut aussi parler de ce qui marche. Ils sont nombreux ces atouts. La France nest pas nimporte quel pays. Cest un pays dynamique. Cest un pays avec des formations de référence, une recherche de pointe, des filières dexcellence. Un pays qui attire des capitaux. Un pays où des savoir-faire étrangers viennent simplanter en France. Un pays qui sait exporter ses compétences et ses capacités à travers toutes les régions du monde. Cest un pays dont les entreprises, les salariés, les citoyens, savent prendre des risques et sadapter aux transformations du monde. Vous en êtes un bon exemple. LAsie du sud-est est une terre dopportunité pour nos entreprises. A Singapour même, plus de 600 entreprises ou filiales dentreprises françaises sont implantées. Elles représentent la moitié de nos investissements dans la région. A rebours des discours défaitistes quon en entend trop souvent ! Nos échanges commerciaux bilatéraux atteignent 9 milliards deuros avec une progression supérieure à 30 % au cours du premier semestre 2012 et un excédent commercial pour la France qui est en progression. A loccasion de mon séjour, je pourrai mesurer la qualité de cette présence française en visitant le chantier du Sportop que nos entreprises sont en train de construire et qui sera un équipement spectaculaire ! Ce sont des entreprises françaises qui le font. Elles ont su aussi sallier, avec des petites et des moyennes entreprises, au service dune équipe, on pourrait dire léquipe France, qui porte nos couleurs et ce quil y a de meilleur ici à Singapour. Un autre motif de satisfaction, cest le travail qua fait ici, avec son partenaire de Singapour, Jean-François Milou, que je viens de saluer et qui vient de présenter son projet, la maquette et le petit montage vidéo de la future galerie nationale dart. Cela sinscrit dans le cadre dun projet très important pour Singapour qui va symboliser la dimension culturelle de la réussite de Singapour. Je crois quil est très important de saluer cette décision du gouvernement de Singapour de placer la culture comme un élément de lien entre les habitants, les populations, et toutes les couches de la société. Mais aussi comme un moyen dattractivité, pour toute cette région. Ce pays a compris limportance de la culture. Nous Français, nous sommes particulièrement sensibles à la manière daborder les choses ainsi. Et je voudrais profiter de cet instant pour rendre hommage à lénorme effort que Singapour a fait, après la seconde guerre mondiale, après lindépendance de 1965, lorsque ses dirigeants ont dit : on va relever le défi du redressement et faire de Singapour un pays dynamique, un pays puissant. En 30 ans, ils ont réussi, ils se sont fixé un objectif, une stratégie, des moyens, une volonté. Et si vous êtes là, cest aussi à cause de cela. Nous voulons accompagner, en partenaire, en amis, ce qui se passe ici. Et donc que des entreprises françaises, que des architectes comme Jean-François Milou, soient là ! Je crois que cest un moment extrêmement important. Je parlais de la culture. Pour nous, Français, la culture est au cur de notre identité, de notre influence, de notre rayonnement, au moment où le Fiac souvre à Paris. Cela montre bien que linfluence de la France est parfois beaucoup plus importante que son seul PIB. Et la culture, la francophonie, la langue française, la qualité française, lart de vivre français, sont des atouts extraordinaires. Je discutais dans lavion avec un chef dentreprise qui me disait : jorganise des salons de lart de vivre français et cela permet de vendre des Airbus et bien dautres choses encore. Je crois que cest juste. Soyons fiers de cela, de cette qualité, de cette capacité, de cette beauté et cette valeur ajoutée que nous apportons à ce que nous sommes capables de produire et y compris dans le luxe. Je pense quil est important de le dire ici.
Notre rayonnement y est aussi scientifique. Grâce à la présence ici de chercheurs français qui confortent lambition dasseoir son développement sur linnovation, sur la recherche, nos écoles de commerces et de management, ici, sont aussi très actives. Elles ont fait le choix dimplanter des campus, et je souhaite renforcer les partenariats entre les institutions françaises et singapouriennes denseignement et de recherche. Nous offrirons ainsi des nouvelles perspectives aux étudiants de nos deux pays. Mes chers compatriotes, ce rayonnement de la France, cest dabord vous qui en êtes les acteurs. Je le disais, avec plus de 10 000 personnes, sans doute plus, inscrites au registre des Français de létranger, Singapour est le pays dAsie où la proportion de Français dans la population totale est la plus forte. Cest un atout essentiel pour nos relations bilatérales, mais aussi crucial pour la France, crucial pour son redressement. Parce que votre action, votre mobilisation, votre énergie, vous lapportez aussi, comme une contribution déterminante, à leffort de redressement du pays. Limportance de cette communauté, cest aussi, un défi pour les services de lEtat. Notre volonté est en effet de fournir un service public de qualité à tous nos compatriotes expatriés, où quils se trouvent. Et jy suis personnellement très attentif, jai eu loccasion de recevoir, il y a quelques semaines à Matignon, lensemble des parlementaires de toutes sensibilités politiques, qui représentent les Français de létranger.
La France est je crois un des rares pays à accompagner de cette façon ses ressortissants qui choisissent de vivre à létranger. Et pour poursuivre dans cette voie, la France doit continuer à adapter son réseau consulaire et son réseau scolaire à létranger. Car en effet, lécole est au premier rang de vos préoccupations. Votre communauté je le sais est jeune, très jeune. Il y a beaucoup de familles, beaucoup denfants, et la France a la chance de pouvoir compter sur un réseau exceptionnel détablissements scolaires à létranger, qui est le fruit dune attention constante de lEtat, mais aussi de limplication des entreprises qui sont souvent à lorigine de la fondation de ces établissements, et cest le cas ici, à Singapour.
Le lycée français de Singapour jouit dune très bonne réputation, et cest justifié. Léquipe pédagogique et la direction sont de qualité. Les infrastructures sont de premier ordre. Je sais que le conseil dadministration du lycée a fait cette année des choix importants en lançant un projet ambitieux dextension pour faire face aux augmentations des effectifs, il est difficile parfois de refuser linscription de jeunes. Cest à cette demande que vous voulez répondre, et je vous en remercie.
Je suis accompagné par deux ministres, Madame Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, et Madame Hélène Conway, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de létranger, qui se rendra demain sur place, au lycée, pour confirmer limportance que le Gouvernement accorde à la réalisation de ce projet dextension.
La question de laccès à lenseignement des Français à létranger, cest une question qui vous préoccupe, à juste titre. Elle est au cur de notre politique. Le Gouvernement a décidé de supprimer la prise en charge automatique des frais de scolarité pour certaines classes, parce que cette mesure était détachée de toutes conditions de ressources, et dune certaine façon, on sest vite rendu compte, cétait bien perçu, et puis, on sest vite rendu compte que cétait inéquitable, que ce nétait pas une bonne solution. En la supprimant, nous avons veillé à mettre en place des mesures transitoires, destinées à accompagner les familles que cette suppression aurait pu mettre en difficulté.
Mais nous avons surtout engagé, en concertation avec vos élus, une réforme de la politique dattribution des bourses, qui est destinée à améliorer et à pérenniser laccès à un enseignement de qualité. Les principes du nouveau système ont fait lobjet dune présentation à la Commission nationale des bourses, le dialogue va se poursuivre, et pour que cette réforme soit un succès, je remercie les parlementaires, Messieurs les Députés et Sénateurs, de vous associer à cette préparation de solution, et dapporter votre expérience en étant aussi le relais des Français, que vous représentez à lAssemblée nationale comme au Sénat.
Je souhaite aussi rendre hommage justement à tous ces représentants des Français de létranger, dans la prise en compte de vos préoccupations quotidiennes. Cest pourquoi je remercie les parlementaires de mavoir accompagné, même si le député de votre grande circonscription na pas pu venir, il était invité, bien sûr, Monsieur Mariani. Il avait un autre engagement international, et il regrette de ne pas être des nôtres. Je voudrais associer à cet hommage le nombre de structures représentatives et associatives de la communauté française de Singapour.
Nous sommes à votre écoute. Nous savons que toutes ces instances contribuent au rayonnement de la France à Singapour. Jexprime enfin toute ma gratitude, Monsieur lambassadeur de France, à vous-même et à votre équipe, qui assument avec talent et efficacité. Javais eu loccasion de vous rencontrer avec mon épouse, qui maccompagne, il y a au moins deux ans, lors dune visite privée à loccasion de vacances. Vous nous aviez fait visiter quelques lieux magnifiques de Singapour. Dans votre mission, je sais que vous travaillez à la défense des intérêts de la France, à la promotion de la France, avec lattention qui convient à nos compatriotes qui vivent et travaillent ici.
Mes chers compatriotes, pour conclure, je souhaite vous dire encore limportance que jaccorde à votre présence ici. Votre communauté je le sais est bien intégrée dans le tissu singapourien. Vous représentez le meilleur de la France, une France innovante, une France entreprenante, qui sait tirer parti des opportunités de la croissance, de linvention, de laudace. Je veux donc saluer votre engagement, quel que soit le domaine où il se concrétise, dans celui de lentreprise, dans celui de la culture, dans celui de lenseignement, dans votre sphère familiale, dans toutes vos formes dengagements associatifs, dans les liens que vous créez ici, avec la population de Singapour.
Je tenais à partager avec vous le sens de leffort que nous avons engagé pour redresser notre pays, cest un choix je vous lai dit stratégique pour la France. Cest un combat. Il demande des efforts. Mais cest nécessaire, cest un devoir. Jassume cette responsabilité, même si parfois, on peut sinterroger : pourquoi ont-ils proposé cette mesure, pourquoi ont-ils fait tel ou tel choix ? Mais ne doutez pas un seul instant de la volonté de la réussite, non pas pour moi ni pour les membres de mon gouvernement, mais pour la France.
En ce moment, le président de la République est à Bruxelles pour le Conseil européen, les discussions se poursuivent. Les efforts qui ont été faits, le choix qui a été fait par le Parlement français de ratifier le traité européen, après les négociations qui ont eu lieu depuis lélection présidentielle, pour réorienter lEurope dans le sens de la croissance, stabiliser la situation de leuro. Cela intéresse non seulement les Français et les Européens, mais ici aussi, à Singapour, on me demande : alors, où en êtes-vous en Europe ? Parce que lAsie et lEurope sont étroitement liées.
Le monde nest plus séparé. Cest cela que je suis venu vous dire, la détermination, la volonté de réussite, mais aussi avec vous. Ici, en Asie, vous représentez la France, vous êtes des ambassadeurs, en quelque sorte, de France. Et pour tout ce que vous ferez encore, je tiens à vous remercier et partager avec vous cette fierté dêtre Français, cette chance formidable que nous avons de vivre, en métropole ou ailleurs, avec cet attachement à lhistoire qui est la nôtre, à lidentité qui est la nôtre, de toutes ces valeurs qui rayonnent à travers le monde, qui ont une vocation universelle, et dont nous sommes porteurs, parce que nous devons aussi en être les garants. Vive la République, vive la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 octobre 2011
Monsieur lambassadeur de France,
Monsieur lambassadeur de Singapour en France,
Mesdames les déléguées des représentants des Français de létranger, que je suis heureux de saluer particulièrement,
Mesdames, Messieurs les conseillers du commerce extérieur,
Monsieur le président de la chambre de commerce française à Singapour,
Mesdames, Messieurs,
Chers compatriotes.
Je sais que tous les Français qui sont à Singapour ne sont pas là aujourd'hui, mais ce nest pas la faute de Monsieur lambassadeur que je remercie de son accueil, parce que vous êtes très nombreux. On aurait pu inviter tout le monde. Vous auriez pu inviter tout le monde, mais il aurait fallu beaucoup de place et puis aujourd'hui jai vu quil pleuvait, ça arrive de temps en temps. Donc nous sommes ensemble ici, vous êtes les représentants de tous les Français qui vivent ici, qui ont choisi de vivre et de travailler ici, avec vos familles souvent. Donc je voudrais vous dire le plaisir qui est le mien de vous rencontrer après ces quelques mots et de pouvoir échanger avec vous. Vous êtes les représentants dune communauté française particulièrement dynamique, lune des plus importantes en Asie. Le choix de Singapour pour ma première visite officielle en tant que Premier ministre hors dEurope, nest pas dû au hasard. Singapour, ce nest pas à vous que je vais lapprendre, est un pont entre lEurope et lAsie. Je lai expliqué à ceux qui me le demandaient : "pourquoi allez-vous à Singapour ?". Parce quon ne le sait pas toujours en France, Singapour est un modèle de dynamisme, un modèle douverture aussi. Et ce qui est très important, ce sont les liens que nous entretenons avec Singapour et qui illustrent le type de relations que nous voulons développer avec lensemble du continent asiatique.
LAsie est aujourd'hui au cur des grands équilibres qui se dessinent sur le plan international. La dernière décennie du 20e siècle avait créé lillusion dun monde unipolaire, dominé par une seule puissance. Aujourd'hui ce monde est en train de changer profondément. La première décennie du 21e siècle a révélé une réalité très différente. Ce sont de nouvelles forces économiques qui se font jour et qui ont vu ces forces saccélérer, se renforcer à partir de la grande crise financière de 2008, qui est née aux Etats-Unis, qui étaient jusquà présent la grande puissance mondiale quasiment unique, et qui a finalement contaminé le reste du monde et a contribué involontairement à rebattre les cartes au profit de puissances émergentes qui deviennent des acteurs à part entière sur la scène mondiale. Cest dans ce contexte que je suis venu ici vous apporter un message, qui est un message à la fois de responsabilité, mais aussi un message de confiance et douverture sur la manière dont la France voit les choses aujourd'hui, dans ce monde qui se construit, dans lequel elle entend prendre toute sa place, à la fois en tant que nation, mais aussi au sein du continent européen dans lUnion européenne.
En ce qui concerne la responsabilité que je revendique, je voudrais vous dire seulement une chose. Le gouvernement est engagé dans un vaste chantier de redressement du pays. Cest une tâche difficile et si je dis "redressement", cest parce quil y a nécessité de le faire. Quand on vit loin de France, on a encore plus que dautres une passion pour la France, un amour du pays dont on vient, et on retient de ce quil y a du pays le meilleur. On a aussi envie dêtre fier de ce quil est, de ses valeurs, et on a envie quil réussisse aussi comme vous vous avez envie de réussir là où vous êtes dans vos projets personnels, dans le pays où vous avez décidé de vous installer.
Et bien la France revendique cette volonté de jouer à nouveau pleinement son rôle de puissance économique et politique, et cela passe bien sûr par des choix. Le premier choix qua fait le gouvernement, cest de redresser nos comptes publics. Nous ne pouvons pas continuer avec un déficit et une dette aussi importante. Cest notre indépendance, notre souveraineté qui est en cause. Si le premier budget de la nation est le remboursement de la dette, ce ne sera pas linvestissement, ce ne sera pas la recherche, ce ne sera pas léducation, ce ne sera pas les infrastructures nécessaires au développement du pays. Il faut donc changer cette donne et surtout refuser cette fatalité. Cela demande en effet un choix, des efforts et cest ce que le gouvernement a entrepris dans le budget 2013, quexamine actuellement lAssemblée nationale. Je ne dis pas que tout le monde est daccord avec les choix qui sont proposés, mais il est difficile de contester la nécessité de cet effort pour maitriser nos comptes publics.
Un effort partagé. Dabord les économies qui sont faites sur le budget du pays et de lEtat, un effort qui est demandé aux ménages, mais essentiellement aux plus aisés, un effort qui est demandé aux entreprises, essentiellement les plus grandes. Et en même temps, le gouvernement a décidé, avec cet objectif datteindre les 3 % de déficit en 2013, de financer ces priorités. Parmi les priorités il y a bien sûr léducation, la refondation de notre école qui est la base de la reconquête, mais aussi la volonté de soutenir linnovation, linvestissement et aussi la volonté dassurer la sécurité des Français, et aussi la volonté de faire fonctionner nos services publics dans de bonnes conditions. Tout cela avec les contraintes qui nécessitent un effort mais dont le but est de redonner une perspective à la France. Cet effort doit être juste, mais il doit surtout être utile. Quel est lenjeu ? Cest en effet de préparer la France à sa place dans le monde du 21e siècle. Je nai pas, avec le Gouvernement, le regard tourné uniquement vers le passé. Le passé ce sont nos valeurs, cest ce que nous avons en commun, cest notre force, cest ce pacte républicain que nous revendiquons. Lessentiel est quà partir de ce pacte-là, de ce socle-là, cest vers le 21e siècle que nous devons être tendus en permanence. Donc pour que la France retrouve son rang et son influence. Elle le peut. Ici elle est considérée comme telle et je men réjouis.
Alors concernant la méthode, dans la justice, cest aussi une nouvelle méthode de gouvernement. Plutôt que dinformer, de décider de tout en haut et dannoncer de façon péremptoire il faut aussi trouver les moyens de dialoguer, de négocier et dentraîner toutes les forces de la société. Ce sont les grandes négociations qui sont actuellement en cours, sur lesquelles je ne métendrai pas davantage aujourdhui, mais je crois que cest important. Aucun chantier ne sera négligé. Je pense notamment au chantier de la compétitivité. Beaucoup dentre vous travaillent dans des entreprises, et vous connaissez bien la nécessité dêtre performant. Les chefs dentreprises qui maccompagnent, et je les en remercie, soit sont déjà implantés ici depuis longtemps, soit veulent le faire, ici à Singapour et nous rendrons dans quelques jours dans les Philippines. Je crois que la question de la compétitivité est une question cruciale. Jarrive de Paris et hier le conseil des ministres a adopté le projet de Banque Publique dInvestissement. Un outil que nous voulons justement mettre au service de la compétitivité en particulier de nos PME. Celles qui ont besoin daccéder aux crédits, pour financer leurs investissements, linnovation, les transferts de technologies, mais aussi augmenter leurs fonds propres, qui sont souvent une vraie difficulté pour pouvoir se développer. Donc cet outil va se mettre en uvre.
Je suis aussi venu à Singapour, pour dialoguer, écouter, comprendre et ce nest certainement pas en succombant à la tentation du repli que nous engagerons à nouveau notre pays sur la voie de la croissance. Vous le savez mieux que quiconque, ce quil faut faire au contraire, cest nous ouvrir davantage au monde. Rechercher de nouveaux partenariats. Non pas dans la naïveté, en souhaitant bien sûr la réciprocité, mais offrir à nos entreprises de nouvelles perspectives internationales. Pour cela, il importe dabord davoir confiance dans nos propres atouts, les atouts de la France. Jai parlé de redressement, mais il faut aussi parler de ce qui marche. Ils sont nombreux ces atouts. La France nest pas nimporte quel pays. Cest un pays dynamique. Cest un pays avec des formations de référence, une recherche de pointe, des filières dexcellence. Un pays qui attire des capitaux. Un pays où des savoir-faire étrangers viennent simplanter en France. Un pays qui sait exporter ses compétences et ses capacités à travers toutes les régions du monde. Cest un pays dont les entreprises, les salariés, les citoyens, savent prendre des risques et sadapter aux transformations du monde. Vous en êtes un bon exemple. LAsie du sud-est est une terre dopportunité pour nos entreprises. A Singapour même, plus de 600 entreprises ou filiales dentreprises françaises sont implantées. Elles représentent la moitié de nos investissements dans la région. A rebours des discours défaitistes quon en entend trop souvent ! Nos échanges commerciaux bilatéraux atteignent 9 milliards deuros avec une progression supérieure à 30 % au cours du premier semestre 2012 et un excédent commercial pour la France qui est en progression. A loccasion de mon séjour, je pourrai mesurer la qualité de cette présence française en visitant le chantier du Sportop que nos entreprises sont en train de construire et qui sera un équipement spectaculaire ! Ce sont des entreprises françaises qui le font. Elles ont su aussi sallier, avec des petites et des moyennes entreprises, au service dune équipe, on pourrait dire léquipe France, qui porte nos couleurs et ce quil y a de meilleur ici à Singapour. Un autre motif de satisfaction, cest le travail qua fait ici, avec son partenaire de Singapour, Jean-François Milou, que je viens de saluer et qui vient de présenter son projet, la maquette et le petit montage vidéo de la future galerie nationale dart. Cela sinscrit dans le cadre dun projet très important pour Singapour qui va symboliser la dimension culturelle de la réussite de Singapour. Je crois quil est très important de saluer cette décision du gouvernement de Singapour de placer la culture comme un élément de lien entre les habitants, les populations, et toutes les couches de la société. Mais aussi comme un moyen dattractivité, pour toute cette région. Ce pays a compris limportance de la culture. Nous Français, nous sommes particulièrement sensibles à la manière daborder les choses ainsi. Et je voudrais profiter de cet instant pour rendre hommage à lénorme effort que Singapour a fait, après la seconde guerre mondiale, après lindépendance de 1965, lorsque ses dirigeants ont dit : on va relever le défi du redressement et faire de Singapour un pays dynamique, un pays puissant. En 30 ans, ils ont réussi, ils se sont fixé un objectif, une stratégie, des moyens, une volonté. Et si vous êtes là, cest aussi à cause de cela. Nous voulons accompagner, en partenaire, en amis, ce qui se passe ici. Et donc que des entreprises françaises, que des architectes comme Jean-François Milou, soient là ! Je crois que cest un moment extrêmement important. Je parlais de la culture. Pour nous, Français, la culture est au cur de notre identité, de notre influence, de notre rayonnement, au moment où le Fiac souvre à Paris. Cela montre bien que linfluence de la France est parfois beaucoup plus importante que son seul PIB. Et la culture, la francophonie, la langue française, la qualité française, lart de vivre français, sont des atouts extraordinaires. Je discutais dans lavion avec un chef dentreprise qui me disait : jorganise des salons de lart de vivre français et cela permet de vendre des Airbus et bien dautres choses encore. Je crois que cest juste. Soyons fiers de cela, de cette qualité, de cette capacité, de cette beauté et cette valeur ajoutée que nous apportons à ce que nous sommes capables de produire et y compris dans le luxe. Je pense quil est important de le dire ici.
Notre rayonnement y est aussi scientifique. Grâce à la présence ici de chercheurs français qui confortent lambition dasseoir son développement sur linnovation, sur la recherche, nos écoles de commerces et de management, ici, sont aussi très actives. Elles ont fait le choix dimplanter des campus, et je souhaite renforcer les partenariats entre les institutions françaises et singapouriennes denseignement et de recherche. Nous offrirons ainsi des nouvelles perspectives aux étudiants de nos deux pays. Mes chers compatriotes, ce rayonnement de la France, cest dabord vous qui en êtes les acteurs. Je le disais, avec plus de 10 000 personnes, sans doute plus, inscrites au registre des Français de létranger, Singapour est le pays dAsie où la proportion de Français dans la population totale est la plus forte. Cest un atout essentiel pour nos relations bilatérales, mais aussi crucial pour la France, crucial pour son redressement. Parce que votre action, votre mobilisation, votre énergie, vous lapportez aussi, comme une contribution déterminante, à leffort de redressement du pays. Limportance de cette communauté, cest aussi, un défi pour les services de lEtat. Notre volonté est en effet de fournir un service public de qualité à tous nos compatriotes expatriés, où quils se trouvent. Et jy suis personnellement très attentif, jai eu loccasion de recevoir, il y a quelques semaines à Matignon, lensemble des parlementaires de toutes sensibilités politiques, qui représentent les Français de létranger.
La France est je crois un des rares pays à accompagner de cette façon ses ressortissants qui choisissent de vivre à létranger. Et pour poursuivre dans cette voie, la France doit continuer à adapter son réseau consulaire et son réseau scolaire à létranger. Car en effet, lécole est au premier rang de vos préoccupations. Votre communauté je le sais est jeune, très jeune. Il y a beaucoup de familles, beaucoup denfants, et la France a la chance de pouvoir compter sur un réseau exceptionnel détablissements scolaires à létranger, qui est le fruit dune attention constante de lEtat, mais aussi de limplication des entreprises qui sont souvent à lorigine de la fondation de ces établissements, et cest le cas ici, à Singapour.
Le lycée français de Singapour jouit dune très bonne réputation, et cest justifié. Léquipe pédagogique et la direction sont de qualité. Les infrastructures sont de premier ordre. Je sais que le conseil dadministration du lycée a fait cette année des choix importants en lançant un projet ambitieux dextension pour faire face aux augmentations des effectifs, il est difficile parfois de refuser linscription de jeunes. Cest à cette demande que vous voulez répondre, et je vous en remercie.
Je suis accompagné par deux ministres, Madame Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, et Madame Hélène Conway, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de létranger, qui se rendra demain sur place, au lycée, pour confirmer limportance que le Gouvernement accorde à la réalisation de ce projet dextension.
La question de laccès à lenseignement des Français à létranger, cest une question qui vous préoccupe, à juste titre. Elle est au cur de notre politique. Le Gouvernement a décidé de supprimer la prise en charge automatique des frais de scolarité pour certaines classes, parce que cette mesure était détachée de toutes conditions de ressources, et dune certaine façon, on sest vite rendu compte, cétait bien perçu, et puis, on sest vite rendu compte que cétait inéquitable, que ce nétait pas une bonne solution. En la supprimant, nous avons veillé à mettre en place des mesures transitoires, destinées à accompagner les familles que cette suppression aurait pu mettre en difficulté.
Mais nous avons surtout engagé, en concertation avec vos élus, une réforme de la politique dattribution des bourses, qui est destinée à améliorer et à pérenniser laccès à un enseignement de qualité. Les principes du nouveau système ont fait lobjet dune présentation à la Commission nationale des bourses, le dialogue va se poursuivre, et pour que cette réforme soit un succès, je remercie les parlementaires, Messieurs les Députés et Sénateurs, de vous associer à cette préparation de solution, et dapporter votre expérience en étant aussi le relais des Français, que vous représentez à lAssemblée nationale comme au Sénat.
Je souhaite aussi rendre hommage justement à tous ces représentants des Français de létranger, dans la prise en compte de vos préoccupations quotidiennes. Cest pourquoi je remercie les parlementaires de mavoir accompagné, même si le député de votre grande circonscription na pas pu venir, il était invité, bien sûr, Monsieur Mariani. Il avait un autre engagement international, et il regrette de ne pas être des nôtres. Je voudrais associer à cet hommage le nombre de structures représentatives et associatives de la communauté française de Singapour.
Nous sommes à votre écoute. Nous savons que toutes ces instances contribuent au rayonnement de la France à Singapour. Jexprime enfin toute ma gratitude, Monsieur lambassadeur de France, à vous-même et à votre équipe, qui assument avec talent et efficacité. Javais eu loccasion de vous rencontrer avec mon épouse, qui maccompagne, il y a au moins deux ans, lors dune visite privée à loccasion de vacances. Vous nous aviez fait visiter quelques lieux magnifiques de Singapour. Dans votre mission, je sais que vous travaillez à la défense des intérêts de la France, à la promotion de la France, avec lattention qui convient à nos compatriotes qui vivent et travaillent ici.
Mes chers compatriotes, pour conclure, je souhaite vous dire encore limportance que jaccorde à votre présence ici. Votre communauté je le sais est bien intégrée dans le tissu singapourien. Vous représentez le meilleur de la France, une France innovante, une France entreprenante, qui sait tirer parti des opportunités de la croissance, de linvention, de laudace. Je veux donc saluer votre engagement, quel que soit le domaine où il se concrétise, dans celui de lentreprise, dans celui de la culture, dans celui de lenseignement, dans votre sphère familiale, dans toutes vos formes dengagements associatifs, dans les liens que vous créez ici, avec la population de Singapour.
Je tenais à partager avec vous le sens de leffort que nous avons engagé pour redresser notre pays, cest un choix je vous lai dit stratégique pour la France. Cest un combat. Il demande des efforts. Mais cest nécessaire, cest un devoir. Jassume cette responsabilité, même si parfois, on peut sinterroger : pourquoi ont-ils proposé cette mesure, pourquoi ont-ils fait tel ou tel choix ? Mais ne doutez pas un seul instant de la volonté de la réussite, non pas pour moi ni pour les membres de mon gouvernement, mais pour la France.
En ce moment, le président de la République est à Bruxelles pour le Conseil européen, les discussions se poursuivent. Les efforts qui ont été faits, le choix qui a été fait par le Parlement français de ratifier le traité européen, après les négociations qui ont eu lieu depuis lélection présidentielle, pour réorienter lEurope dans le sens de la croissance, stabiliser la situation de leuro. Cela intéresse non seulement les Français et les Européens, mais ici aussi, à Singapour, on me demande : alors, où en êtes-vous en Europe ? Parce que lAsie et lEurope sont étroitement liées.
Le monde nest plus séparé. Cest cela que je suis venu vous dire, la détermination, la volonté de réussite, mais aussi avec vous. Ici, en Asie, vous représentez la France, vous êtes des ambassadeurs, en quelque sorte, de France. Et pour tout ce que vous ferez encore, je tiens à vous remercier et partager avec vous cette fierté dêtre Français, cette chance formidable que nous avons de vivre, en métropole ou ailleurs, avec cet attachement à lhistoire qui est la nôtre, à lidentité qui est la nôtre, de toutes ces valeurs qui rayonnent à travers le monde, qui ont une vocation universelle, et dont nous sommes porteurs, parce que nous devons aussi en être les garants. Vive la République, vive la France !
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 octobre 2011