Texte intégral
Merci monsieur le président Simon de mavoir invité.
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président,
Mesdames les Ministres et Monsieur le Ministre pardon
Monsieur le Président de la région Ile de France Jean-Paul Huchon, mon cher Jean-Paul. Mesdames, messieurs, merci, je le répète de mavoir invité monsieur le Président Simon.
En plein débat sur la compétitivité, avant que le gouvernement la semaine prochaine annonce des décisions importantes, lorsque me sera remis le rapport que jai demandé à Louis Gallois, je trouve quil y a une certaine coïncidence et qui nest pas complètement due à un hasard en effet. Je crois que ce que vous avez choisi de faire et dont Augustin De Romanet vient de donner la synthèse, je le remercie, cinq points essentiels et stratégiques. Vous avez choisi de consacrer en effet beaucoup de temps et dénergie à lémergence du pôle scientifique et économique de Paris-Saclay, et à son impact sur lattractivité internationale de la métropole parisienne, mais je dirais même au-delà de notre pays.
Pour moi cest une question essentielle. Dabord pour lIle-de-France et la capitale. Je le disais, pour notre pays tout entier, mais aussi pour le modèle de développement économique, social et environnemental que nous voulons promouvoir pour la place de la France dans la compétition mondiale.
Et je pense quen sy prenant bien, et jaborderai plusieurs points, nous pouvons constituer là les bases de ce que jappelle et que je rappellerai "le nouveau modèle français". Cest un modèle qui ne se résigne pas, qui ne se contente pas dêtre nostalgique, mais qui part de nos valeurs, de nos capacités, de ce que nous avons de meilleur en commun et qui corrige ce qui ne marche pas, ou ce qui sest affaibli mais surtout qui se projette dans lavenir avec la volonté de prendre à bras le corps le défi de linnovation et de lavant-garde.
Alors Paris-Saclay, cest justement un projet qui sinscrit dans cette dynamique que je souhaite conforter et amplifier.
Cest dabord un projet scientifique et économique exceptionnel. Sur le plan scientifique, cest inédit en France, en tout cas à cette échelle, cest le regroupement de 2 universités, de 11 grandes écoles et 6 organismes de recherche. Soit plus de 10 000 chercheurs et enseignants-chercheurs, près de 50 000 étudiants, dont 30 000 en master et en doctorat. Cest remarquable comme regroupement, cest remarquable sur le plan quantitatif mais bien sûr vous le voyez sur le plan qualitatif. Lune des deux universités, Paris Sud, est celle dont la notoriété internationale est la plus forte ; les grandes écoles concernées sont considérées comme les meilleures, et quasiment tous les grands organismes y sont implantés.
Mais le projet ne se contente pas de rapprocher des établissements aujourdhui éloignés les uns des autres. Cest un regroupement qui sopère autour dun projet scientifique commun, porté aujourdhui par une fondation de coopération scientifique dont je salue le directeur, Dominique Vernay. Mais cette fondation nest quune étape, une étape vers la transformation de Paris-Saclay en une grande université dun type nouveau. Car lobjectif cest de donner au formidable potentiel qui est rassemblé ici une capacité daction, une reconnaissance, une attractivité au plus haut niveau mondial.
Mon gouvernement est dautant plus déterminé à soutenir ce projet quil est le fruit dune longue maturation, longue maturation puisquil a débuté dans les années 50, cest pour dire !!
Soutenir Paris-Saclay cest dabord commencer par concrétiser des engagements forts. Je confirme donc la dotation exceptionnelle dun milliard deuros destinée aux opérations immobilières prévues pour rapprocher les établissements ; je confirme la dotation en capital du Plan Campus, pour un montant de 850 millions deuros ; je confirme enfin la dotation supplémentaire de près dun milliard deuros au titre des investissements davenir.
Mais soutenir Paris-Saclay, cest aussi accompagner le projet face aux défis quil doit relever.
Il faut inventer une organisation nouvelle, qui permette aux différents établissements de créer une synergie à partir de leurs atouts et de leurs identités spécifiques. Et pour aller, et cest essentiel, au-delà de la simple juxtaposition de leurs compétences, cela implique que la fondation de coopération scientifique se situe sans attendre dans la perspective dune optimisation scientifique et logistique ambitieuse.
Cest lun des enjeux débattus dans le cadre des Assises nationales de lEnseignement supérieur et la Recherche. Madame la ministre Geneviève Fioraso y prend un part particulièrement active, jaurais loccasion dy revenir.
Je souhaite en tout cas que les propositions qui en sortiront permettent de donner une forme adaptée à de tels regroupements entre universités, organismes de recherche et grandes écoles, parce que dautres initiatives, peut-être de moindre ampleur, mais pas avec moins de volonté, existent dans dautres régions de France. Et il faut les soutenir absolument. Je sais en tout cas que la ministre y veille et je la remercie de son engagement.
Au-delà des questions dorganisation, la dynamique de formation et de recherche doit être à la hauteur des ambitions de ce "cluster", qui a vocation à jouer les premiers rôles sur la scène internationale. Si la taille cumulée des établissements denseignement supérieur de Paris-Saclay est comparable à celle des plus grandes universités, la proportion de doctorants est moindre, ce qui constitue une relative faiblesse. Il faudra notamment accroitre le nombre de doctorants étrangers qui participent de lattractivité du site.
Cette dynamique doit permettre le développement de relations nouvelles entre universités et grandes écoles. Dans le même esprit, des relations nouvelles se développeront entre les universités de Paris-Sud et de Versailles Saint-Quentin, monsieur le président Huchon, des universités proches comme celle dEvry qui tireront profit, jen suis sûr, de cette dynamique et Paris-Saclay devra développer absolument une coopération de qualité avec les établissements de Paris intra-muros.
Cest une dynamique densemble quil faut absolument lancer. Et il ne faut pas du tout hésiter et je voudrais insister sur ce projet, car il serait absurde mais ça peut arriver, en tout cas ce sentiment peut exister -dopposer Saclay à Paris. Et dans la période passée je dois dire que ce qui a été dit ou fait a pu donner cette impression. Il faut tourner cette page.
La future université Paris-Saclay doit aussi se tourner vers les acteurs économiques. Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et dIndustrie de Paris, vous êtes lun des porte-parole de cette exigence et vous avez raison. On ne peut en effet imaginer que ce potentiel considérable, qui représente environ 13 % de la recherche française, ne soit pas mobilisé hardiment au bénéfice des entreprises, petites ou grandes, qui ont tant besoin de ressorts nouveaux pour se développer et créer des emplois. Là aussi on est au cur de la question de la compétitivité.
Grande université scientifique, Paris-Saclay le sera dautant plus quelle sera aussi une grande université de linnovation, suscitant la création de nouvelles entreprises, partageant, avec les groupes industriels installés sur le site, de nouvelles interfaces recherche-industrie. Et au-delà, ce sont les entreprises des villes environnantes qui bénéficieront dune dynamique nouvelle. Lobjectif, ambitieux, est de susciter la création de 4 à 6 000 emplois chaque année.
Si nous y mettons les moyens mais aussi lénergie, la conviction nécessaire, Paris-Saclay sera à la fois un grand centre scientifique de rayonnement mondial, et le ferment local, et un exemple national du redressement de notre compétitivité et de notre appareil industriel. Mais Paris-Saclay, vous lavez évoqué, plusieurs dentre vous mais particulièrement le président Huchon, cest aussi un projet majeur daménagement du territoire.
Comme pour tous les "clusters" de cette ambition, qui ont fait la preuve de leur efficacité, et nous en connaissons, la réussite dépend dun facteur essentiel : la volonté de coopération entre les acteurs du projet ne doit pas être entravée par les contraintes de mobilité excessives. Mais elles existent : lattractivité du site, sur le plan professionnel, ne doit pas être amoindrie par une qualité de vie médiocre et pas seulement la question des transports, mais la question des transports est centrale. Et Saclay doit sinscrire dans la démarche que je porte pour lamélioration des transports en Ile-de-France.
Les Ministres qui maccompagnent connaissent bien ce dossier ; Cécile Duflot, François Lamy mais aussi Geneviève Fioraso, bien sûr. Ce nest pas déshonorant messieurs les ministres, mais dès ma nomination jai voulu prendre à bras le corps le dossier du Grand Paris, parce que je vois que cest à la fois une question de respect pour les gens qui y habitent, qui y travaillent, cest aussi une question de justice mais cest parce que cest une question qui concerne toute la France et donc il est parfaitement normal que le Premier ministre sy investisse personnellement avec bien sûr les Ministres mais avec les élus. Et jai eu plusieurs rencontres déjà et jen aurais dautres. Parce quil faut changer les choses. Il ne faut pas simplement porter un constat. Donc cest ma volonté. Et partir de ce qui doit être amélioré dabord sinon personne naura confiance.
Les lignes existantes de RER, de métro et de bus fonctionnement trop souvent mal. Pas partout, heureusement. Mais pendant la campagne électorale, je vais vous faire un aveu, je nai pas cette pratique effectivement, monsieur Augustin De Romanet, demprunter le RER pour mon déplacement domicile-travail tous les jours, mais je lai fait volontairement, avant dêtre nommé aussi, et jai parlé avec les gens, jai parlé de leurs conditions de vie, leurs conditions de travail, la fatigue, lépuisement, le découragement, le sentiment dabandon parfois. Eh bien il faut répondre à cette exigence de la vie quotidienne de millions de Franciliens. Cest un devoir national, parce que nos transports publics dans cette région doivent être rendus plus fiables, sans attendre.
Cest vrai que cest moins impressionnant, moins spectaculaire peut-être, moins vendeur, dirons certains, quun nouveau réseau de métro automatique, mais moi je noppose pas lun à lautre. Mais il faut quand même commencé par là. Et vite. Si nous ne faisons pas un effort important pour nos lignes actuelles, les futures lignes de métro automatique ne seront pas perçues comme elles devraient. Elles se trouveront connectées à un réseau erratique et vieillissant.
Il faut que les collectivités, et notamment le STIF, puissent avoir la responsabilité pleine et entière, et la reconnaissance pour déterminer avec lEtat et les opérateurs les travaux ce qui doit être lancé et accéléré, et sans tarder. Cest le sens des échanges que nous avons eu avec Jean-Paul Huchon ces derniers mois.
Les principales urgences, vous les connaissez, ce sont les RER, notamment le B, qui dessert à partir de Massy la zone de Saclay. Les travaux du RER B Nord sont lancés et ils seront livrés lannée prochaine. Le matériel roulant de la ligne est en cours de rénovation. Il faut maintenant traiter le Sud. Et cest un enjeu immédiat pour Saclay et pour le démarrage de ce « cluster ».
Bien sûr, le réseau existant ne pourra pas répondre à lui seul aux perspectives ambitieuses du développement que nous partageons pour la Métropole capitale. La réalisation de la ligne de métro automatique du Grand Paris Express est nécessaire, et elle devrait donc être réalisée pour apporter une réponse efficace, globale à la saturation du réseau actuel et pour le développement de toute la région.
Mais je veux vous le dire franchement, lexercice dactualisation des coûts et de priorisation des travaux du futur métro automatique, a été engagé par Cécile Duflot à ma demande, mais cest indispensable.
Je veux savoir exactement quel est le cout, pour linstant nous ne lavons pas précisément. Des chiffres qui ont été annoncés, ils sont sous-estimés ; par ailleurs, il faudra décider dans quel ordre nous faisons, mais nous ferons. Et ça, ça ne pourra pas se faire sans votre codécision.
En tout cas ce travail il est engagé, il est indispensable si on veut tenir un discours de vérité aux habitants, aux élus, aux chercheurs, aux entrepreneurs. Et il était illusoire de penser que tout serait fait tout de suite.
Nous disposerons de tous les éléments en début de lannée prochaine. Et sur ces bases, dès que cela sera nécessaire, et en 2015, et dès 2015 sil le faut, nous mettrons en place la dotation du milliard au capital de la société du Grand Paris.
La liaison jusquà Saclay trouvera naturellement sa place dans ce cadre. Car le développement urbain, universitaire et économique de Paris-Saclay ne peut se concevoir sans quun moyen de transport adapté ne desserve le plateau et laccompagne dans sa montée en puissance.
Et parmi les conditions de la réussite du projet, je veux mettre également laccent sur la qualité de lurbanisme et la qualité de vie sur le plateau. Vous lavez aussi évoqué monsieur Augustin De Romanet Parce que jattache une grande importance à la mixité des fonctions, qui forge lurbanité.
La ville doit mêler les bâtiments tertiaires à lhabitat, aux commerces, aux équipements, aux espaces publics, aux services. Cette mixité conditionnera la qualité de vie des habitants du plateau ; et la qualité de vie constituera elle-même un facteur dattractivité déterminant. De ce point de vue, un changement de modèle simpose : à la juxtaposition de territoires spécialisés et fermés sur eux-mêmes universités et grandes écoles dun côté, lotissements pavillonnaires de lautre, zones commerciales un peu plus loin doit se substituer une ville. Une vraie ville. Cest-à-dire un tissu urbain continu et dense qui rassemble et qui décloisonne et qui donne de la qualité, et qui donne lenvie dy vivre, dy venir travailler. Et je pense que vous savez tous, et vous lavez évoqué monsieur Augustin De Romanetla politique de marques - vous avez raison ou un emblème qui pourrait symboliser vous avez raison. Mais vous quand vous dites ça, il faut ajouter que toutes les villes qui se sont rénovées, qui ont retrouvé un élan, ont joué aussi la qualité.
Et vous évoquiez Bilbao. Cest vrai quavant on contournait Bilbao, on sarrêtait à San Sébastian, et maintenant à San Sébastian on nous dit "vous savez on est à côté de Bilbao". Parce quà Bilbao on a plaisir de la ville et pas seulement à un bâtiment emblématique. Donc cest une clé de lattractivité. Et je peux vous en parler avec ma propre expérience personnelle, mais je ne suis pas venu là pour ça. Mais je suis convaincu de cela.
Un urbanisme de qualité, cela suppose aussi une action déterminée en faveur du logement. Avec 6 à 8 000 logements neufs par an, le site de Paris-Saclay contribuera à un vaste effort, cest vrai, mais une contribution essentielle et mon gouvernement est prêt à soutenir ce projet.
Dailleurs je crois que la question de laccès au logement cest tout le projet métropolitain qui est concerné. Nous en avons parlé avec le maire de Paris, avec le président Huchon, mais aussi avec les présidents des Conseils généraux, que je salue, qui sont là aussi. La question du logement et de laccès du logement pour tous est essentielle. Quand je vois que chaque année plusieurs centaines de milliers demplois sont refusés alors que les personnes y ont accédé, mais refusent parce quil ny a pas de solution de logement, parce que le logement est trop cher et inabordable, donc la compétitivité cest aussi ça. Donc cest la cohérence que je veux souligner devant vous, mais pour ça il faut un engagement de tous et de toutes.
Je lai dit pour les acteurs scientifiques et économiques, mais il importe aussi que les collectivités locales soient pleinement impliquées dans ce projet daménagement majeur. Sous lautorité de la ministre de lEgalité des territoires et du Logement et du préfet de région, lEtat veillera à ce que les deux contrats de développement territorial de Paris-Saclay traduisent lensemble des engagements. Jinvite dailleurs la région et les Conseils généraux de lEssonne et des Yvelines à se joindre à ces contrats, sils le souhaitent bien sûr et sils le décident. La loi leur en ouvrira de toute façon rapidement la possibilité, puisque les nouveaux contrats que nous allons élaborer permettront beaucoup plus de souplesse.
Jai, avec le président de la République, depuis plusieurs semaines rencontré les présidents des Conseils régionaux, les présidents des Conseils généraux, et ce matin les présidents des villes et des grandes agglomérations françaises. Nous avons ressenti la même volonté, le même désir de participer, de contractualiser aussi sur des objectifs, sur des projets ambitieux.
Donc lEtat veillera, là comme ailleurs, à ce que létablissement public de Paris-Saclay, qui pilote le projet daménagement urbain, respecte la feuille de route fixée - jen profite dailleurs pour saluer le travail de Pierre Veltz, et lEtat aménageur sera un Etat partenaire.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ma volonté, vous lavez je crois ressentie, cest que Paris-Saclay ait un rôle structurant dans le cadre de la Métropole Capitale que jappelle de mes vux.
Métropole à rayonnement mondial, atout pour la compétitivité, lattractivité de notre pays. Oui, Paris-Saclay peut être demain, mais si nous le voulons tous ensemble, devenir une référence internationale non seulement en matière dinnovation scientifique, technologique et économique, mais également en matière dinnovation urbaine, sociale et culturelle. Cest latout de la France que nous estimons trop souvent. Quand je parle de "nouveau modèle français" eh bien cest de ça dont je parle. Eh bien nous pouvons le réussir ensemble, je vous y invite. Mais nous pouvons faire de la métropole, la métropole capitale la métropole de lexcellence, de lambition mais aussi de la solidarité. Alors bon courage pour tout ce qui reste à faire, mais vous pouvez compter sur mon gouvernement et mon engagement personnel.
Source http://www.gouvernement.fr, le 31 octobre 2012
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président,
Mesdames les Ministres et Monsieur le Ministre pardon
Monsieur le Président de la région Ile de France Jean-Paul Huchon, mon cher Jean-Paul. Mesdames, messieurs, merci, je le répète de mavoir invité monsieur le Président Simon.
En plein débat sur la compétitivité, avant que le gouvernement la semaine prochaine annonce des décisions importantes, lorsque me sera remis le rapport que jai demandé à Louis Gallois, je trouve quil y a une certaine coïncidence et qui nest pas complètement due à un hasard en effet. Je crois que ce que vous avez choisi de faire et dont Augustin De Romanet vient de donner la synthèse, je le remercie, cinq points essentiels et stratégiques. Vous avez choisi de consacrer en effet beaucoup de temps et dénergie à lémergence du pôle scientifique et économique de Paris-Saclay, et à son impact sur lattractivité internationale de la métropole parisienne, mais je dirais même au-delà de notre pays.
Pour moi cest une question essentielle. Dabord pour lIle-de-France et la capitale. Je le disais, pour notre pays tout entier, mais aussi pour le modèle de développement économique, social et environnemental que nous voulons promouvoir pour la place de la France dans la compétition mondiale.
Et je pense quen sy prenant bien, et jaborderai plusieurs points, nous pouvons constituer là les bases de ce que jappelle et que je rappellerai "le nouveau modèle français". Cest un modèle qui ne se résigne pas, qui ne se contente pas dêtre nostalgique, mais qui part de nos valeurs, de nos capacités, de ce que nous avons de meilleur en commun et qui corrige ce qui ne marche pas, ou ce qui sest affaibli mais surtout qui se projette dans lavenir avec la volonté de prendre à bras le corps le défi de linnovation et de lavant-garde.
Alors Paris-Saclay, cest justement un projet qui sinscrit dans cette dynamique que je souhaite conforter et amplifier.
Cest dabord un projet scientifique et économique exceptionnel. Sur le plan scientifique, cest inédit en France, en tout cas à cette échelle, cest le regroupement de 2 universités, de 11 grandes écoles et 6 organismes de recherche. Soit plus de 10 000 chercheurs et enseignants-chercheurs, près de 50 000 étudiants, dont 30 000 en master et en doctorat. Cest remarquable comme regroupement, cest remarquable sur le plan quantitatif mais bien sûr vous le voyez sur le plan qualitatif. Lune des deux universités, Paris Sud, est celle dont la notoriété internationale est la plus forte ; les grandes écoles concernées sont considérées comme les meilleures, et quasiment tous les grands organismes y sont implantés.
Mais le projet ne se contente pas de rapprocher des établissements aujourdhui éloignés les uns des autres. Cest un regroupement qui sopère autour dun projet scientifique commun, porté aujourdhui par une fondation de coopération scientifique dont je salue le directeur, Dominique Vernay. Mais cette fondation nest quune étape, une étape vers la transformation de Paris-Saclay en une grande université dun type nouveau. Car lobjectif cest de donner au formidable potentiel qui est rassemblé ici une capacité daction, une reconnaissance, une attractivité au plus haut niveau mondial.
Mon gouvernement est dautant plus déterminé à soutenir ce projet quil est le fruit dune longue maturation, longue maturation puisquil a débuté dans les années 50, cest pour dire !!
Soutenir Paris-Saclay cest dabord commencer par concrétiser des engagements forts. Je confirme donc la dotation exceptionnelle dun milliard deuros destinée aux opérations immobilières prévues pour rapprocher les établissements ; je confirme la dotation en capital du Plan Campus, pour un montant de 850 millions deuros ; je confirme enfin la dotation supplémentaire de près dun milliard deuros au titre des investissements davenir.
Mais soutenir Paris-Saclay, cest aussi accompagner le projet face aux défis quil doit relever.
Il faut inventer une organisation nouvelle, qui permette aux différents établissements de créer une synergie à partir de leurs atouts et de leurs identités spécifiques. Et pour aller, et cest essentiel, au-delà de la simple juxtaposition de leurs compétences, cela implique que la fondation de coopération scientifique se situe sans attendre dans la perspective dune optimisation scientifique et logistique ambitieuse.
Cest lun des enjeux débattus dans le cadre des Assises nationales de lEnseignement supérieur et la Recherche. Madame la ministre Geneviève Fioraso y prend un part particulièrement active, jaurais loccasion dy revenir.
Je souhaite en tout cas que les propositions qui en sortiront permettent de donner une forme adaptée à de tels regroupements entre universités, organismes de recherche et grandes écoles, parce que dautres initiatives, peut-être de moindre ampleur, mais pas avec moins de volonté, existent dans dautres régions de France. Et il faut les soutenir absolument. Je sais en tout cas que la ministre y veille et je la remercie de son engagement.
Au-delà des questions dorganisation, la dynamique de formation et de recherche doit être à la hauteur des ambitions de ce "cluster", qui a vocation à jouer les premiers rôles sur la scène internationale. Si la taille cumulée des établissements denseignement supérieur de Paris-Saclay est comparable à celle des plus grandes universités, la proportion de doctorants est moindre, ce qui constitue une relative faiblesse. Il faudra notamment accroitre le nombre de doctorants étrangers qui participent de lattractivité du site.
Cette dynamique doit permettre le développement de relations nouvelles entre universités et grandes écoles. Dans le même esprit, des relations nouvelles se développeront entre les universités de Paris-Sud et de Versailles Saint-Quentin, monsieur le président Huchon, des universités proches comme celle dEvry qui tireront profit, jen suis sûr, de cette dynamique et Paris-Saclay devra développer absolument une coopération de qualité avec les établissements de Paris intra-muros.
Cest une dynamique densemble quil faut absolument lancer. Et il ne faut pas du tout hésiter et je voudrais insister sur ce projet, car il serait absurde mais ça peut arriver, en tout cas ce sentiment peut exister -dopposer Saclay à Paris. Et dans la période passée je dois dire que ce qui a été dit ou fait a pu donner cette impression. Il faut tourner cette page.
La future université Paris-Saclay doit aussi se tourner vers les acteurs économiques. Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et dIndustrie de Paris, vous êtes lun des porte-parole de cette exigence et vous avez raison. On ne peut en effet imaginer que ce potentiel considérable, qui représente environ 13 % de la recherche française, ne soit pas mobilisé hardiment au bénéfice des entreprises, petites ou grandes, qui ont tant besoin de ressorts nouveaux pour se développer et créer des emplois. Là aussi on est au cur de la question de la compétitivité.
Grande université scientifique, Paris-Saclay le sera dautant plus quelle sera aussi une grande université de linnovation, suscitant la création de nouvelles entreprises, partageant, avec les groupes industriels installés sur le site, de nouvelles interfaces recherche-industrie. Et au-delà, ce sont les entreprises des villes environnantes qui bénéficieront dune dynamique nouvelle. Lobjectif, ambitieux, est de susciter la création de 4 à 6 000 emplois chaque année.
Si nous y mettons les moyens mais aussi lénergie, la conviction nécessaire, Paris-Saclay sera à la fois un grand centre scientifique de rayonnement mondial, et le ferment local, et un exemple national du redressement de notre compétitivité et de notre appareil industriel. Mais Paris-Saclay, vous lavez évoqué, plusieurs dentre vous mais particulièrement le président Huchon, cest aussi un projet majeur daménagement du territoire.
Comme pour tous les "clusters" de cette ambition, qui ont fait la preuve de leur efficacité, et nous en connaissons, la réussite dépend dun facteur essentiel : la volonté de coopération entre les acteurs du projet ne doit pas être entravée par les contraintes de mobilité excessives. Mais elles existent : lattractivité du site, sur le plan professionnel, ne doit pas être amoindrie par une qualité de vie médiocre et pas seulement la question des transports, mais la question des transports est centrale. Et Saclay doit sinscrire dans la démarche que je porte pour lamélioration des transports en Ile-de-France.
Les Ministres qui maccompagnent connaissent bien ce dossier ; Cécile Duflot, François Lamy mais aussi Geneviève Fioraso, bien sûr. Ce nest pas déshonorant messieurs les ministres, mais dès ma nomination jai voulu prendre à bras le corps le dossier du Grand Paris, parce que je vois que cest à la fois une question de respect pour les gens qui y habitent, qui y travaillent, cest aussi une question de justice mais cest parce que cest une question qui concerne toute la France et donc il est parfaitement normal que le Premier ministre sy investisse personnellement avec bien sûr les Ministres mais avec les élus. Et jai eu plusieurs rencontres déjà et jen aurais dautres. Parce quil faut changer les choses. Il ne faut pas simplement porter un constat. Donc cest ma volonté. Et partir de ce qui doit être amélioré dabord sinon personne naura confiance.
Les lignes existantes de RER, de métro et de bus fonctionnement trop souvent mal. Pas partout, heureusement. Mais pendant la campagne électorale, je vais vous faire un aveu, je nai pas cette pratique effectivement, monsieur Augustin De Romanet, demprunter le RER pour mon déplacement domicile-travail tous les jours, mais je lai fait volontairement, avant dêtre nommé aussi, et jai parlé avec les gens, jai parlé de leurs conditions de vie, leurs conditions de travail, la fatigue, lépuisement, le découragement, le sentiment dabandon parfois. Eh bien il faut répondre à cette exigence de la vie quotidienne de millions de Franciliens. Cest un devoir national, parce que nos transports publics dans cette région doivent être rendus plus fiables, sans attendre.
Cest vrai que cest moins impressionnant, moins spectaculaire peut-être, moins vendeur, dirons certains, quun nouveau réseau de métro automatique, mais moi je noppose pas lun à lautre. Mais il faut quand même commencé par là. Et vite. Si nous ne faisons pas un effort important pour nos lignes actuelles, les futures lignes de métro automatique ne seront pas perçues comme elles devraient. Elles se trouveront connectées à un réseau erratique et vieillissant.
Il faut que les collectivités, et notamment le STIF, puissent avoir la responsabilité pleine et entière, et la reconnaissance pour déterminer avec lEtat et les opérateurs les travaux ce qui doit être lancé et accéléré, et sans tarder. Cest le sens des échanges que nous avons eu avec Jean-Paul Huchon ces derniers mois.
Les principales urgences, vous les connaissez, ce sont les RER, notamment le B, qui dessert à partir de Massy la zone de Saclay. Les travaux du RER B Nord sont lancés et ils seront livrés lannée prochaine. Le matériel roulant de la ligne est en cours de rénovation. Il faut maintenant traiter le Sud. Et cest un enjeu immédiat pour Saclay et pour le démarrage de ce « cluster ».
Bien sûr, le réseau existant ne pourra pas répondre à lui seul aux perspectives ambitieuses du développement que nous partageons pour la Métropole capitale. La réalisation de la ligne de métro automatique du Grand Paris Express est nécessaire, et elle devrait donc être réalisée pour apporter une réponse efficace, globale à la saturation du réseau actuel et pour le développement de toute la région.
Mais je veux vous le dire franchement, lexercice dactualisation des coûts et de priorisation des travaux du futur métro automatique, a été engagé par Cécile Duflot à ma demande, mais cest indispensable.
Je veux savoir exactement quel est le cout, pour linstant nous ne lavons pas précisément. Des chiffres qui ont été annoncés, ils sont sous-estimés ; par ailleurs, il faudra décider dans quel ordre nous faisons, mais nous ferons. Et ça, ça ne pourra pas se faire sans votre codécision.
En tout cas ce travail il est engagé, il est indispensable si on veut tenir un discours de vérité aux habitants, aux élus, aux chercheurs, aux entrepreneurs. Et il était illusoire de penser que tout serait fait tout de suite.
Nous disposerons de tous les éléments en début de lannée prochaine. Et sur ces bases, dès que cela sera nécessaire, et en 2015, et dès 2015 sil le faut, nous mettrons en place la dotation du milliard au capital de la société du Grand Paris.
La liaison jusquà Saclay trouvera naturellement sa place dans ce cadre. Car le développement urbain, universitaire et économique de Paris-Saclay ne peut se concevoir sans quun moyen de transport adapté ne desserve le plateau et laccompagne dans sa montée en puissance.
Et parmi les conditions de la réussite du projet, je veux mettre également laccent sur la qualité de lurbanisme et la qualité de vie sur le plateau. Vous lavez aussi évoqué monsieur Augustin De Romanet Parce que jattache une grande importance à la mixité des fonctions, qui forge lurbanité.
La ville doit mêler les bâtiments tertiaires à lhabitat, aux commerces, aux équipements, aux espaces publics, aux services. Cette mixité conditionnera la qualité de vie des habitants du plateau ; et la qualité de vie constituera elle-même un facteur dattractivité déterminant. De ce point de vue, un changement de modèle simpose : à la juxtaposition de territoires spécialisés et fermés sur eux-mêmes universités et grandes écoles dun côté, lotissements pavillonnaires de lautre, zones commerciales un peu plus loin doit se substituer une ville. Une vraie ville. Cest-à-dire un tissu urbain continu et dense qui rassemble et qui décloisonne et qui donne de la qualité, et qui donne lenvie dy vivre, dy venir travailler. Et je pense que vous savez tous, et vous lavez évoqué monsieur Augustin De Romanetla politique de marques - vous avez raison ou un emblème qui pourrait symboliser vous avez raison. Mais vous quand vous dites ça, il faut ajouter que toutes les villes qui se sont rénovées, qui ont retrouvé un élan, ont joué aussi la qualité.
Et vous évoquiez Bilbao. Cest vrai quavant on contournait Bilbao, on sarrêtait à San Sébastian, et maintenant à San Sébastian on nous dit "vous savez on est à côté de Bilbao". Parce quà Bilbao on a plaisir de la ville et pas seulement à un bâtiment emblématique. Donc cest une clé de lattractivité. Et je peux vous en parler avec ma propre expérience personnelle, mais je ne suis pas venu là pour ça. Mais je suis convaincu de cela.
Un urbanisme de qualité, cela suppose aussi une action déterminée en faveur du logement. Avec 6 à 8 000 logements neufs par an, le site de Paris-Saclay contribuera à un vaste effort, cest vrai, mais une contribution essentielle et mon gouvernement est prêt à soutenir ce projet.
Dailleurs je crois que la question de laccès au logement cest tout le projet métropolitain qui est concerné. Nous en avons parlé avec le maire de Paris, avec le président Huchon, mais aussi avec les présidents des Conseils généraux, que je salue, qui sont là aussi. La question du logement et de laccès du logement pour tous est essentielle. Quand je vois que chaque année plusieurs centaines de milliers demplois sont refusés alors que les personnes y ont accédé, mais refusent parce quil ny a pas de solution de logement, parce que le logement est trop cher et inabordable, donc la compétitivité cest aussi ça. Donc cest la cohérence que je veux souligner devant vous, mais pour ça il faut un engagement de tous et de toutes.
Je lai dit pour les acteurs scientifiques et économiques, mais il importe aussi que les collectivités locales soient pleinement impliquées dans ce projet daménagement majeur. Sous lautorité de la ministre de lEgalité des territoires et du Logement et du préfet de région, lEtat veillera à ce que les deux contrats de développement territorial de Paris-Saclay traduisent lensemble des engagements. Jinvite dailleurs la région et les Conseils généraux de lEssonne et des Yvelines à se joindre à ces contrats, sils le souhaitent bien sûr et sils le décident. La loi leur en ouvrira de toute façon rapidement la possibilité, puisque les nouveaux contrats que nous allons élaborer permettront beaucoup plus de souplesse.
Jai, avec le président de la République, depuis plusieurs semaines rencontré les présidents des Conseils régionaux, les présidents des Conseils généraux, et ce matin les présidents des villes et des grandes agglomérations françaises. Nous avons ressenti la même volonté, le même désir de participer, de contractualiser aussi sur des objectifs, sur des projets ambitieux.
Donc lEtat veillera, là comme ailleurs, à ce que létablissement public de Paris-Saclay, qui pilote le projet daménagement urbain, respecte la feuille de route fixée - jen profite dailleurs pour saluer le travail de Pierre Veltz, et lEtat aménageur sera un Etat partenaire.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ma volonté, vous lavez je crois ressentie, cest que Paris-Saclay ait un rôle structurant dans le cadre de la Métropole Capitale que jappelle de mes vux.
Métropole à rayonnement mondial, atout pour la compétitivité, lattractivité de notre pays. Oui, Paris-Saclay peut être demain, mais si nous le voulons tous ensemble, devenir une référence internationale non seulement en matière dinnovation scientifique, technologique et économique, mais également en matière dinnovation urbaine, sociale et culturelle. Cest latout de la France que nous estimons trop souvent. Quand je parle de "nouveau modèle français" eh bien cest de ça dont je parle. Eh bien nous pouvons le réussir ensemble, je vous y invite. Mais nous pouvons faire de la métropole, la métropole capitale la métropole de lexcellence, de lambition mais aussi de la solidarité. Alors bon courage pour tout ce qui reste à faire, mais vous pouvez compter sur mon gouvernement et mon engagement personnel.
Source http://www.gouvernement.fr, le 31 octobre 2012