Déclaration de M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, sur le dialogue social dans l'entreprise et le management collaboratif, Paris le 23 octobre 2012.

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Circonstance : Remise des trophées des CODIR à Paris le 23 octobre 2012

Texte intégral


23 octobre 2012
Je voudrais commencer mon propos par un constat d’évidence mais un peu troublant : les deux des choses les plus importantes d’une entreprise n’apparaissent pas à son bilan. Ce sont ses hommes –ses hommes et ses femmes- et sa réputation. Les Comités de Direction des entreprises portent ces deux dimensions, plus encore que les indicateurs et les ratios de résultats.
Cinq mots brièvement pour illustrer ce qui à mes yeux font leur succès : humanité, exemplarité, diversité, engagement, responsabilité
Décerner les trophées des CODIR, c’est attirer l’attention sur le travail d’équipe, sur l’épaisseur humaine de la vie économique. L’entreprise n’est pas dirigée par des machines, et cette dimension humaine est évidement celle qui plait particulièrement au ministre du travail c’est-à-dire de l’humain. Je sais que vous en êtes convaincus et que, chacun dans vos entreprises, vous êtes les ambassadeurs d’un management collaboratif, collectif, humain, gage d’une efficacité plus grande.
Comme vous je crois à la valeur de l’exemplarité –elle s’applique à un Gouvernement comme à un CODIR de grande entreprise – et l’exemplarité dans le travail d’équipe, collégial, ordonné, cohérent, est une clé de l’efficacité du management. Les trophées qui ont été décernés ce soir sont la preuve de la réussite de cette approche d’exemplarité que les équipes de direction distinguées ont su insuffler.
Faire travailler ensemble des hommes et femmes aux profils divers, aux ambitions différentes, aux motivations multiples, est quelque chose de décisif, le ressort d’une productivité souvent insoupçonnée. Les CODIR eux-mêmes doivent être l’expression de cette diversité. Ce n’est pas toujours le cas, je veux parler en particulier bien sûr de la trop faible place faite aux femmes dans les CODIR en général. Il y a là une situation d’archaïsme qu’il faut changer, et qu’il faut changer vite. Ce n’est pas simple mais –une fois n’est pas coutume- le Gouvernement est en avance sur le management des entreprises et les CODIR car paritaire !
Enfin l’engagement et la responsabilité
Les entreprises sont des acteurs économiques, mais au-delà, puisque des millions de travailleurs y consacrent plusieurs décennies de leur vies, elles sont aussi des institutions sociales et je dirais même plus, des institutions de sens, c’est-à-dire qu’elles conditionnent largement la manière dont l’individu existe dans la société.
C’est pour cela, mesdames et messieurs les entrepreneurs et les managers ici présents, que vous avez une responsabilité particulière. Vis-à-vis de vos actionnaires sans doute, de vos collaborateurs assurément, mais aussi vis-à-vis de la nation ; qui en a aussi une à votre égard.
Vous êtes, ce soir, lauréats de trophées au nom des CODIR que vous présidez et animez. Recevez mes félicitations. Vous qui savez fédérer des hommes et des femmes, en tirer le meilleur, vous savez quelle est la valeur du travail. Et naturellement je voudrais profiter de l’occasion qui m’est donnée pour lancer un appel à cette engagement et cette responsabilité.
La situation que nous traversons est difficile, nul ne l’ignore. Le Gouvernement, le Parlement, les collectivités territoriales, les syndicats, les organisations professionnelles, chacun a un rôle à jouer et une part de responsabilité à prendre dans la tache de redressement qui doit nous uni :
* Compétitivité de l’économie française, tant pour ce qui est de la compétitivité « coût », que de la compétitivité « hors coût ». Un agenda de la compétitivité et des réformes à venir sera annoncé le 6 novembre
* négociation sur la sécurisation de l’emploi, qui doit permettre, pour ce qui est de la contribution de l’organisation du marché du travail à la compétitivité de notre économie, des progrès significatifs. Je pense notamment à la meilleure anticipation des évolutions de l’activité, de l’emploi et des compétences. Je pense aussi à la sécurisation juridique, pour le salarié comme pour l’entreprise, du licenciement collectif.
* contrat de génération, avec maintenant un projet d’accord qui montre le succès d’une méthode, celle d’un dialogue social responsable.
Tout cela, pour ne prendre que ces seuls exemples, au bout du bout, ce sont vos CODIR qui aurez à vous en saisir, à transformer ces accords, ces lois, ces mesures en changement véritable pour votre entreprise, en opportunité pour l’emploi, pour la compétitivité, pour la cohésion sociale.
En acteurs engagés et responsables, en vrais CODIR
Je vous remercie
source http://travail-emploi.gouv.fr, le 31 octobre 2012