Texte intégral
Je suis très heureuse que les organisateurs du Forum des associations et des fondations me donnent lopportunité, en conclusion de vos travaux, dexprimer mon attachement au monde associatif, et de vous livrer les premières orientations politiques du ministère dont jai la responsabilité, en matière de soutien à la vie associative.
Le Premier ministre, dans son discours de politique générale devant le Parlement, en juillet dernier, a lancé au monde associatif un signal fort de reconnaissance qui tranche avec ces dernières années.
Le monde associatif, expression de la vitalité de notre corps social doit être reconnu, au même titre que les partenaires sociaux, pour son rôle et son action en faveur de la cohésion sociale, de lapprentissage, de la citoyenneté et du « vivre ensemble ». Cette reconnaissance marque la considération politique du gouvernement pour le secteur associatif.
Lassociation fonde sa légitimité sur sa contribution à lintérêt général, sa capacité à créer des espaces dengagement citoyen et dinnovation sociale, mais aussi dans son rôle de vigie, dinterpellation et dalerte de la puissance publique. La place du secteur associatif est singulière car elle se situe au cur de la vie quotidienne des habitants dans tous les territoires quelle que soit leur taille.
Cette reconnaissance sinscrit dans la continuité de lengagement pris par lEtat en 2001, dans la Charte des engagements réciproques conclue avec la Conférence permanente des coordinations associatives.
Cette charte, signée à loccasion du 100ème anniversaire de la loi fondatrice de 1901, souligne la contribution des associations à lintérêt général par leur caractère reconnu dutilité civique et sociale. Elle à lambition dintensifier la coopération entre lEtat et lensemble du monde associatif pour enrichir la vie démocratique et le dialogue civil. Cette charte affirme le caractère partenarial des relations fondées dans une confiance mutuelle entre lEtat et les associations mais aussi le respect, par lEtat, de lindépendance des associations.
Cette charte reste dactualité, alors que nous mesurons tous, chaque jour, limportance du travail accompli par les millions de bénévoles et de salariés associatifs au service de la cohésion de notre société, alors que nous traversons une période particulièrement difficile.
Cette charte doit être notre boussole. Nous devons lactualiser, lenrichir, la partager pour favoriser lactivité des associations au service de la vie sociale. Cette charte, rénovée, est un outil indispensable pour fixer le cadre dune politique publique de soutien à la vie associative. Je my emploie et je my emploierai.
Le secteur associatif est traversé par de profonds bouleversements. Lévolution des formes dengagement, de la professionnalisation, la modification de lenvironnement institutionnel, limpact de la crise socio-économique et la raréfaction des ressources. Autant déléments qui peuvent déstabiliser et mettre en péril la vie associative.
Face à ces évolutions, nous devons agir. Je vous propose de répondre déjà par trois engagements que je veux partager avec vous.
Le premier engagement, cest lamélioration de la connaissance du secteur associatif.
Nous avons besoin dune connaissance précise de la réalité du tissu associatif local, de ses besoins et de ses caractéristiques spécifiques, pour mesurer la plus-value associative, pour en valoriser au mieux limpact social sur les territoires et mobiliser ainsi le soutien des pouvoirs publics.
Notre connaissance est souvent fragmentaire et parcellaire. Un renforcement des outils et des instances de connaissance est donc nécessaire.
Des avancées doivent être poursuivies. Le gouvernement dispose, depuis la création du Haut Conseil à la vie associative, dune instance dexpertise, quil faut faire vivre et qui nous donnera, par lélaboration davis étayés, des éléments pour adapter notre politique publique de soutien à la vie associative.
A deux reprises, jai souhaité saisir le HCVA, dune part, sur lopportunité de créer un congé dengagement bénévole et, dautre part, sur les financements privés aux associations. Deux saisines sont donc en cours. La deuxième a pour objectif, entre autres, de mieux mesurer la portée des dispositifs dincitation fiscale au mécénat et dévaluer lévolution du régime fiscal des associations.
Nous manquons de données statistiques solides sur le secteur associatif. Le rapport du conseil national de linformation statistique (CNIS), de janvier 2011, a émis deux préconisations prioritaires : la mise en place dun pôle public en charge de la statistique des associations, et la réalisation dune enquête périodique auprès des associations.
Cette deuxième préconisation deviendra effective en 2014, lINSEE réalisera alors une enquête pour contribuer à une meilleure connaissance des ressources publiques et privées des associations, intégrant le bénévolat. Nous avons besoin de mieux appréhender lévolution des ressources des associations. Nous pourrons ainsi mesurer la progression de la commande publique dans le secteur associatif, évaluer ses conséquences et adapter les outils de contractualisation.
Nous avons aussi pour ambition que cette enquête de lINSEE devienne pérenne et soit mise en uvre tous les deux ans.
Le deuxième engagement, cest celui de laccompagnement du secteur associatif.
Les associations ont besoin dêtre accompagnées afin de conforter leur modèle économique et ainsi dassurer leur utilité sociale.
Grâce à leur ancrage territorial, les associations sont les témoins privilégiés de lévolution des besoins des populations. Elles sont souvent les mieux à même didentifier ces besoins et de construire les réponses adaptées en sappuyant sur un maillage dacteurs (habitants, associations, collectivités ) réactifs et innovants.
La réactivité et linnovation sociale des associations sont des leviers discrets mais irremplaçables pour élargir la portée des politiques publiques.
Il est nécessaire daccompagner ces initiatives associatives qui proposent de nouvelles réponses aux besoins sociaux grandissants, en particulier ceux liés à la dépendance, à la petite enfance ou à linsertion des jeunes.
Dans le cadre du fonds dexpérimentation pour la jeunesse, mon ministère a soutenu, en association avec des acteurs privés, des actions innovantes portant sur les thématiques du décrochage scolaire, de lalternance, du logement ou encore de lengagement des jeunes.
Ces expérimentations pourront être généralisées, le comité interministériel de la jeunesse, qui se tiendra début 2013, présidé par le Premier ministre, fournira le cadre de cet essaimage.
LEtat a aussi la responsabilité de soutenir lengagement bénévole et la vitalité associative dans toute sa diversité.
Ces besoins daccompagnement sont fortement exprimés par les acteurs associatifs, qui sorganisent pour y répondre.
Les besoins sont divers, à limage de la réalité associative, de la petite association déducation populaire, animée bénévolement, qui cherche à créer un emploi ou à trouver un modeste financement pour développer son projet, jusquaux structures associatives employeuses du secteur médico-social, qui réfléchissent à la transformation de leur modèle économique pour pérenniser leur activité.
De nombreux dispositifs ont été créés par lEtat, les collectivités territoriales et les têtes de réseaux associatifs pour favoriser linformation, les démarches administratives, la mise en uvre de projets, la formation des bénévoles ou encore le soutien à lemploi. Mais, les dirigeants associatifs me le disent, ces dispositifs ne sont ni lisibles ni articulés.
Je mattacherai donc à coordonner davantage lexistant pour mieux accompagner les associations.
Le soutien public à la construction du parcours dengagement est déterminant. Lassociation est un lieu de découverte de lengagement au service de projets collectifs.
Au contact de jeunes expérimentés ou dadultes, un accompagnement informel sinstalle qui facilite la transmission, nous sommes dans léducation populaire, dans léveil à la culture et à la citoyenneté.
Je me suis donc attachée, dans le cadre du budget 2013 de mon ministère, à promouvoir le soutien à la construction de parcours, prioritairement pour les jeunes. Les crédits dédiés à la formation de bénévoles, avec le Fonds de développement de la vie associative, au service civique et au FONJEP sont soit stabilisés, soit en augmentation.
Vous le savez, la priorité du gouvernement cest lemploi des jeunes. Elle sillustre notamment par le dispositif des emplois davenir dont la loi va être promulguée dans quelques jours et les premiers contrats signés début novembre. Dans ce cadre, les associations ont un rôle décisif et la réussite de ce programme dépendra de leur mobilisation. Depuis mon arrivée en responsabilité, jai souhaité me faire lécho de leurs préoccupations, et notamment celles de la Cpca ; pour que le dispositif concilie la priorité aux jeunes les plus éloignés de lemploi et les contraintes du secteur associatif. Le cadre juridique étant désormais posé, il va nous appartenir de passer à la mise en uvre. Elle se fera dans le cadre dune contractualisation avec les grands réseaux associatifs nationaux et leur association au pilotage national et régional. Je souhaite que les services régionaux, départementaux, et les établissements de mon ministère accompagnent les associations employeurs et proposent aux jeunes qui le souhaitent des formations aux métiers exercés dans notre secteur. Dans les domaines du sport et de la jeunesse et de léducation populaire, dont jai également la responsabilité, nous devons être exemplaires dans la construction dun partenariat fort associant les coordinations : Cnajep et Cnosf.
Le troisième engagement, cest la refonte du partenariat entre associations et puissance publique.
La relation des associations avec la puissance publique a considérablement évolué ces dernières années. Certaines bénéficient dun soutien des collectivités publiques au travers de conventions de subventions dans un partage dobjectifs communs.
Mais compte tenu de la contraction des financements publics, du repositionnement des collectivités et de limpact de plus en plus prégnant de la réglementation européenne, les associations sont progressivement passées dun statut de partenaire à un statut de prestataire voire dauxiliaire des collectivités publiques. Elles expriment régulièrement de fortes réserves et une réelle inquiétude face à cette évolution susceptible de mettre en cause leur capacité dinitiative sur les territoires et leur rôle dans la co-construction des politiques publiques.
Les attentes du secteur associatif sont fortes pour recréer les conditions dun partenariat avec les collectivités, qui soit garant de linitiative associative et de sa capacité à expérimenter et à innover sur les territoires.
De leur côté, lEtat et les collectivités territoriales ont besoin dun cadre qui garantisse leur sécurité juridique et lefficience de laction publique.
Je vais donc initier, avant la fin de lannée, une concertation qui réunira lensemble des acteurs en vue dadopter un schéma rénové de contractualisation proposant une « palette » doutils adaptés. Il ne sagit pas de senfermer dans une logique du « tout commande publique » ou du « tout subvention ». Il sagit plutôt dinventer de nouvelles formules respectueuses des exigences et des contraintes des acteurs publics et des associations, et utilisant toutes les potentialités offertes par la réglementation européenne.
Nous étudierons aussi lopportunité dadopter des dispositions législatives, au sein du volet consacré au financement des associations dans le projet de loi sur lEconomie sociale et solidaire de mon collègue Benoit Hamon. Nous avons aussi fait en sorte que la nouvelle banque publique dinvestissement prévoie dintégrer lESS dans sa stratégie dinvestissement : 500 millions deuros de crédits sont prévus.
Cette concertation comportera également une des premières déclinaisons opérationnelles de la Charte des engagements réciproques, à travers la signature, courant 2013, dune nouvelle Charte entre lEtat, les collectivités territoriales et le mouvement associatif organisé. Elle fixera les principes et les obligations respectives en matière de contractualisation.
Jappelle lensemble des acteurs du monde associatif et de la puissance publique à dialoguer, à faire preuve de créativité et dinnovation pour recréer les conditions de la co-construction dinitiatives qui répondront, le plus efficacement possible, aux besoins de nos concitoyens.
Votre dynamisme est lindicateur de la volonté dengagement social et solidaire des citoyens avec 1,2 millions dassociations en activité, animés par plus de 16 millions de bénévoles et 1, 8 millions de salariés.
Nous avons besoin de vous, de votre engagement de votre persévérance, de votre action citoyenne.
Faisons ensemble avancer la solidarité et la citoyenneté.
Source http://presse.jeunesse-sports.gouv.fr, le 31 octobre 2012