Texte intégral
Les assises de lenseignement supérieur et de la recherche font apparaître une question nouvelle, une question qui est lun des actes les plus forts du gouvernement, celle de légalité des territoires.
Plus que tout autre, le système denseignement supérieur et de recherche se trouve à la confluence entre une ambition universelle, qui suppose et appelle des échanges à léchelle mondiale et un enracinement local, au plus près des étudiants, des territoires et de leurs spécificités. Nul système ne révèle mieux la tension entre des échanges internationaux, des mobilités de chercheurs qui fécondent la recherche et la production de savoirs universels et un enracinement dans la ville, dans des campus, des résidences pour étudiants, et dans des territoires, des écosystèmes dentreprises, des tissus productifs spécifiques. Cette pollinisation des territoires par des savoirs qui se constituent par des échanges globaux est lune de ses grandes caractéristiques.
Or sur cette thématique comme sur tant dautres, lambition dun développement équilibré au service de tous sest tarie. Sans objectif politique significatif, laménagement du territoire, la politique de développement des antennes universitaires, des centres de recherche a parfois été abandonnée au danger du laisser-faire : recherche publique déstructurée lentement mais surement, avec le soupçon permanent de limproductivité de la connaissance, se traduisant par la généralisation de la mise sous tension des équipes par des appels à projets qui détournent les chercheurs de leurs travaux, par des procédures de contrôle et dallocation des moyens qui rendent chaque jour plus difficile les travaux hétérodoxes, ceux-là même qui font une génération plus tard les prix Nobel.
Le mandat que nous a confié le président de la République est clair. Il sagit de repenser cette articulation. Notre mission est de placer lensemble des politiques du territoire sous le sceau, ambitieux mais nécessaire, de légalité. Bien sûr, ceci ne veut pas dire quil faille démultiplier les universités, il faut continuer à les doter dune cohérence densemble, créer des structures ombrelles pour abriter les centres de recherche et denseignement qui peuvent avoir des implantations différentes.
Les savoirs constituent des biens communs, dont il faut favoriser le partage, à léchelle nationale et internationale. Les universités forment, depuis toujours, le creuset dun dialogue humaniste autour de laccès à luniversel, mais ce dialogue ne doit plus se limiter au cercle élitiste dune poignée de savants. Les nouvelles technologies offrent une incontestable opportunité de poursuivre la démocratisation de laccès au savoir, de développer une expertise autonome, contradictoire, quil faut encourager, en accélérant la numérisation du patrimoine, en favorisant les formats ouverts dans le logiciel, en partageant les données publiques, en favorisant la mise en ligne non seulement de contenus mais doutils pédagogiques actifs. Laménagement numérique du territoire est de ce point de vue une mission cardinale pour le ministère de légalité des territoires qui prend tout son sens si se développe par son entremise laccès au savoir et à la culture.
Luniversalité du savoir pose alors la question de son appropriation. La politique du précédent gouvernement a conduit à concentrer les moyens publics au bénéfice des grands groupes et de quelques territoires. Les investissements davenir, à limage des instituts de recherche technologique, en ont donné une preuve éclatante. Leffet dentrainement sur les PME comme sur les autres territoires na jamais été véritablement recherché. Il est temps de rompre avec cette logique qui au nom de la compétition et du soutien aux plus forts, laisse à labandon la plupart des territoires de notre pays et son tissu de PME.
Ce changement de logique appelle une attention renouvelée aux logiques de clusters, de grappes dinnovation, aux dynamiques locales de développement, pour favoriser autour de circuits courts, de savoir-faire locaux, la résilience, la robustesse des territoires. Il faudra donc faire des clusters des lieux où les PME sont accompagnées dans leur projet, de la recherche jusquà linnovation, où elles peuvent bénéficier de services haut de gamme, de conseil, de soutien en fonds propres ou en trésorerie, autant quelles profitent des échanges avec leurs pairs. De ce point de vue, le rôle diffusant des clusters doit pouvoir nourrir les projets des entreprises de lensemble du territoire.
Il appelle également un réexamen de laction du réseau de lenseignement supérieur, qui maille de façon fine le territoire. Ce réseau constitue une richesse et offre loccasion de favoriser le développement de chacun des territoires. Mettons en cohérence les cursus offerts avec le tissu local, mettons en synergie les sections STS, les IUT avec leur écosystème, en installant, là où sont les besoins, des formations, des parties de programmes de recherche.
Cette mise en cohérence appelle également une réflexion sur la place des étudiants dans chaque territoire, dans chaque ville, autour de bâtiments rassemblant ensemble, au coeur de la cité, enseignement, centre de documentation, fraction dun programme de recherche et entreprises innovantes. Nous appelons à un intérêt renouvelé pour le bien-être étudiant, leur accès au logement, au sport et à la culture. Cet intérêt doit bien-sûr porter sur les conditions de vie des étudiants, mais il appelle également une réflexion sur les pratiques pédagogiques. Les cours magistraux en amphithéâtre nont jamais constitué la réponse adaptée pour faire accéder au savoir. Il nen est pas de même du séminaire, cette forme originale, ouverte, dapprentissage. Nous sommes en cela fidèles à la priorité pour la jeunesse et léducation du président de la République.
Chacun a alors son rôle à jouer : lÉtat bien-sûr, mais également les collectivités territoriales, qui peuvent seules, faire naître des projets de territoire, articulant une analyse des spécificités du tissu local, des besoins de formation qui y sont liés et donner à chaque territoire loccasion de se développer. Cette analyse appelle une ouverture à la société civile qui doit participer à la constitution de ces projets, de cette mise en cohérence et au développement local.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 15 novembre 2012
Plus que tout autre, le système denseignement supérieur et de recherche se trouve à la confluence entre une ambition universelle, qui suppose et appelle des échanges à léchelle mondiale et un enracinement local, au plus près des étudiants, des territoires et de leurs spécificités. Nul système ne révèle mieux la tension entre des échanges internationaux, des mobilités de chercheurs qui fécondent la recherche et la production de savoirs universels et un enracinement dans la ville, dans des campus, des résidences pour étudiants, et dans des territoires, des écosystèmes dentreprises, des tissus productifs spécifiques. Cette pollinisation des territoires par des savoirs qui se constituent par des échanges globaux est lune de ses grandes caractéristiques.
Or sur cette thématique comme sur tant dautres, lambition dun développement équilibré au service de tous sest tarie. Sans objectif politique significatif, laménagement du territoire, la politique de développement des antennes universitaires, des centres de recherche a parfois été abandonnée au danger du laisser-faire : recherche publique déstructurée lentement mais surement, avec le soupçon permanent de limproductivité de la connaissance, se traduisant par la généralisation de la mise sous tension des équipes par des appels à projets qui détournent les chercheurs de leurs travaux, par des procédures de contrôle et dallocation des moyens qui rendent chaque jour plus difficile les travaux hétérodoxes, ceux-là même qui font une génération plus tard les prix Nobel.
Le mandat que nous a confié le président de la République est clair. Il sagit de repenser cette articulation. Notre mission est de placer lensemble des politiques du territoire sous le sceau, ambitieux mais nécessaire, de légalité. Bien sûr, ceci ne veut pas dire quil faille démultiplier les universités, il faut continuer à les doter dune cohérence densemble, créer des structures ombrelles pour abriter les centres de recherche et denseignement qui peuvent avoir des implantations différentes.
Les savoirs constituent des biens communs, dont il faut favoriser le partage, à léchelle nationale et internationale. Les universités forment, depuis toujours, le creuset dun dialogue humaniste autour de laccès à luniversel, mais ce dialogue ne doit plus se limiter au cercle élitiste dune poignée de savants. Les nouvelles technologies offrent une incontestable opportunité de poursuivre la démocratisation de laccès au savoir, de développer une expertise autonome, contradictoire, quil faut encourager, en accélérant la numérisation du patrimoine, en favorisant les formats ouverts dans le logiciel, en partageant les données publiques, en favorisant la mise en ligne non seulement de contenus mais doutils pédagogiques actifs. Laménagement numérique du territoire est de ce point de vue une mission cardinale pour le ministère de légalité des territoires qui prend tout son sens si se développe par son entremise laccès au savoir et à la culture.
Luniversalité du savoir pose alors la question de son appropriation. La politique du précédent gouvernement a conduit à concentrer les moyens publics au bénéfice des grands groupes et de quelques territoires. Les investissements davenir, à limage des instituts de recherche technologique, en ont donné une preuve éclatante. Leffet dentrainement sur les PME comme sur les autres territoires na jamais été véritablement recherché. Il est temps de rompre avec cette logique qui au nom de la compétition et du soutien aux plus forts, laisse à labandon la plupart des territoires de notre pays et son tissu de PME.
Ce changement de logique appelle une attention renouvelée aux logiques de clusters, de grappes dinnovation, aux dynamiques locales de développement, pour favoriser autour de circuits courts, de savoir-faire locaux, la résilience, la robustesse des territoires. Il faudra donc faire des clusters des lieux où les PME sont accompagnées dans leur projet, de la recherche jusquà linnovation, où elles peuvent bénéficier de services haut de gamme, de conseil, de soutien en fonds propres ou en trésorerie, autant quelles profitent des échanges avec leurs pairs. De ce point de vue, le rôle diffusant des clusters doit pouvoir nourrir les projets des entreprises de lensemble du territoire.
Il appelle également un réexamen de laction du réseau de lenseignement supérieur, qui maille de façon fine le territoire. Ce réseau constitue une richesse et offre loccasion de favoriser le développement de chacun des territoires. Mettons en cohérence les cursus offerts avec le tissu local, mettons en synergie les sections STS, les IUT avec leur écosystème, en installant, là où sont les besoins, des formations, des parties de programmes de recherche.
Cette mise en cohérence appelle également une réflexion sur la place des étudiants dans chaque territoire, dans chaque ville, autour de bâtiments rassemblant ensemble, au coeur de la cité, enseignement, centre de documentation, fraction dun programme de recherche et entreprises innovantes. Nous appelons à un intérêt renouvelé pour le bien-être étudiant, leur accès au logement, au sport et à la culture. Cet intérêt doit bien-sûr porter sur les conditions de vie des étudiants, mais il appelle également une réflexion sur les pratiques pédagogiques. Les cours magistraux en amphithéâtre nont jamais constitué la réponse adaptée pour faire accéder au savoir. Il nen est pas de même du séminaire, cette forme originale, ouverte, dapprentissage. Nous sommes en cela fidèles à la priorité pour la jeunesse et léducation du président de la République.
Chacun a alors son rôle à jouer : lÉtat bien-sûr, mais également les collectivités territoriales, qui peuvent seules, faire naître des projets de territoire, articulant une analyse des spécificités du tissu local, des besoins de formation qui y sont liés et donner à chaque territoire loccasion de se développer. Cette analyse appelle une ouverture à la société civile qui doit participer à la constitution de ces projets, de cette mise en cohérence et au développement local.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 15 novembre 2012