Texte intégral
Je vous en prie mesdames, messieurs, merci. Mesdames, messieurs les ministres, nous sommes dans un lieu prestigieux et le choix qui a été fait pour louverture des assises nationales de lenseignement supérieur et de la recherche nest pas un choix au hasard, cest un choix de confiance et dambition. Et monsieur ladministrateur général, Serge Haroche, je voudrais vous remercier de nous accueillir avec toute votre équipe ici. Jen profite aussi pour vous féliciter, pour le prix Nobel que vous avez reçu, prix Nobel de physique 2012, qui est un honneur pour la recherche française, mais qui est un grand honneur pour la France. Merci, vous nêtes pas seul, il y a dautres prix Nobel que je salue aussi, mais cest dire que nous avons voulu en choisissant le Collège de France et en vous remerciant davoir accepté de pouvoir y tenir ces assises nationales, nous avons choisi ce quil y avait de meilleur pour la France et de plus symbolique aussi. Lambition mais en même temps une certaine idée de la France, dêtre ensemble, de justice et il ny a pas de compétitivité économique sans compétitivité sociale, sans promotion de certaines valeurs qui sont celles de la République française. Et je crois que plus que jamais, il est nécessaire de les promouvoir, donc merci encore monsieur ladministrateur général Serge Haroche, merci dêtre tous là mesdames et messieurs, merci madame la présidente du comité de pilotage, monsieur le rapporteur général, mesdames et messieurs les recteurs et chanceliers, mesdames et messieurs les présidents et directeurs. Bien sûr toutes les personnes présentes, je salue particulièrement les parlementaires, mais aussi tous ceux qui vont sengager dans ce chantier.
Parce que jai conscience de limportance du moment que nous vivons, à louverture de ces assises nationales de lenseignement supérieur et de la recherche en effet, ce nest pas une arrivée, cest dabord un point de départ, mais je mesure en même temps la responsabilité très lourde qui est la notre, parce que nous traversons, je dirais une crise, mais plus quune crise, une véritable période de mutation et vous, vous représentez la pointe avancée de notre intelligence collective. Vous êtes au cur de cet appel qui monte du pays tout entier, pour que léconomie de la connaissance ouvre enfin de nouvelles perspectives et nous permette de repartir de lavant. Nous devons faire de lélévation, du niveau de formation et des progrès de la recherche un formidable levier de croissance et de développement au service du redressement de notre pays. Tel est à mes yeux lenjeu principal de ces assises, mais cest aussi une ambition qui va au-delà de la France, cest une ambition européenne, depuis que le processus de Bologne, puis la stratégie de Lisbonne en ont fixé le cap. Construire un espace européen de lenseignement supérieur et faire de lUnion européenne léconomie de la connaissance la plus compétitive du monde. Cest un programme, mais cest une ambition, le gouvernement y souscrit tout entier. Vous avez proposé madame la ministre, Geneviève Fioraso, dordonner ce grand moment de dialogue, de dialogue social avec lensemble des acteurs de lenseignement supérieur et de la recherche autour de trois grands thèmes. La réussite de tous les étudiants, monsieur le ministre de lEducation nationale, la réorganisation de la recherche, la révision de la gouvernance des établissements. Cette approche conjugue des exigences qui inspirent laction du gouvernement. Celle de lefficacité et celle de la justice. Celle de la simplification de nos formes dorganisation et de nos procédures. Celle de la coopération entre les différents acteurs également. Ces exigences participent du nouveau modèle français que je vous propose de construire, comme je le propose à tous nos concitoyens et aux forces vives de notre pays. Votre réflexion sur lavenir de notre système denseignement supérieur et de recherche, il est sur le point de sachever. Il est encore trop tôt pour autant den tirer les conclusions définitives, cest un exercice ambitieux, le gouvernement le fera pour sa part sur la base du rapport du comité de pilotage que nous recevrons dans quelques semaines.
Mais dès aujourd'hui je voudrais vous faire part de létat desprit de mon gouvernement, la première de nos préoccupations, cest la réussite de tous les étudiants. Il faut absolument accorder une priorité à la réussite des étudiants en licence, pour mieux accompagner les étudiants le gouvernement a déjà pris ses responsabilités en décidant de créer 5 000 postes supplémentaires. Ils seront affectés prioritairement au premier cycle universitaire. Mais au-delà de cet effort budgétaire, il est nécessaire de repenser la licence, mais qui est aujourd'hui devenue trop spécialisée. En cohérence avec lévolution de ce qui se dessine au lycée, la licence doit conduire à une spécialisation progressive et faire lobjet dun décloisonnement entre les différentes filières, de manière à faciliter le parcours des étudiants. Une attention particulière devra être portée aux élèves les moins préparés à lenseignement supérieur. Je pense aux diplômés des filières technologiques et professionnelles, ils représentent chaque année la moitié des bacheliers. Il faut donner à ceux qui ont obtenu le bac avec mention le droit réel dintégrer les filières technologiques supérieures qui correspondent le mieux à leur profil et à leurs aspirations. Sil est nécessaire den passer par une mesure législative, le gouvernement le fera. Car si on veut encourager les jeunes, à entrer dans une filière de formation technologique ou professionnelle autrement que par défaut, il est temps de donner un sens concret à nos discours sur légale dignité des baccalauréats. Cest ainsi que nous ferons reculer les inégalités sociales, et que nous donnerons un nouveau souffle, un dynamisme à notre économie toute entière. Limportance que jattache à un meilleur accompagnement des étudiants doit également se traduire par un encouragement massif à linnovation pédagogique et un investissement accru de tous les personnels concernés, jattends donc des propositions en ce sens.
Innover, aller de lavant cest aussi développer des formes plus efficaces de transmission du savoir en dehors de luniversité, vers le monde des entreprises. Cest participer davantage à la formation des compétences dont nous avons tant besoin pour réussir le redressement de notre économie. Lengagement a été pris dans le cadre du pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi que jai présenté le 6 novembre, daccroitre fortement les formations en alternance reposant sur un haut niveau de qualification et de développer la formation tout au long de la vie. Cet engagement offre à vos établissements des champs dinvestissements nouveaux, je vous invite à vous en emparer sans attendre. La réussite de tous les étudiants passe aussi par une meilleure coopération entre les différents types denseignement supérieur. Depuis longtemps notre système repose sur une dualité, une spécificité française, lopposition entre des formations sélectives et des formations qui ne le sont pas. La démocratisation de laccès au baccalauréat et à lenseignement supérieur na fait quaccroitre les effets négatifs de ce système. La sélection tend aujourd'hui à se confondre avec une forme de tri social, que nous ne pouvons plus admettre. Sagissant des titulaires dun doctorat, trop dentre eux ont aujourd'hui du mal à valoriser leur parcours, quil sagisse de linsertion professionnelle en entreprise, ou de laccès à la fonction publique, jattends de vos assises, des propositions pour apporter aux jeunes chercheurs qui contribuent aux rayonnements de notre pays le soutien quils méritent. Et puis il y a une question centrale, cest celle de la formation des maitres, cest lun des chantiers majeurs du quinquennat dont le président de la République a plusieurs fois souligné limportance. La loi dorientation et de programmation sur lécole en cours de préparation en définira le cadre et le contenu, cest au ministre de lEducation nationale, Vincent Peillon, quil reviendra de fixer des modalités, des concours de recrutement. Mais il sappuiera sur les écoles supérieures du professorat et de léducation qui seront créées au sein même des universités, pour concilier les exigences dune formation disciplinaire de haut niveau et celles de la professionnalisation.
Je ne saurais concevoir un dispositif de formation des maîtres qui ne repose pas clairement sur ce choix de la professionnalisation et une entrée progressive dans le métier. Et jattends de ce point de vue un engagement clair et déterminé des universités. Enfin, comment ne pas évoquer la condition de vie étudiante parmi les clefs de la réussite.
Madame Geneviève Fioraso prépare un plan national pour la vie étudiante, il portera sur un effort ambitieux de création de logements sociaux, il traitera de tous les sujets importants pour la vie de nos étudiants, la santé, la culture, le sport, le lien social, le développement de campus, qui soient à la fois de véritables lieux de vie et des pôles de développement durable. Les aides aux étudiants feront lobjet dune remise à plat de manière concertée afin de gagner en efficacité, mais aussi en justice sociale.
Nos étudiants doivent être mieux préparés à louverture au monde, je pense bien sûr à la maîtrise des langues étrangères ou aux cursus intégrant une formation en dehors de nos frontières, en Europe ou ailleurs. La présence à nos côtés de chercheurs et détudiants étrangers ne peut que stimuler louverture internationale de nos établissements denseignement supérieur, qui doivent en faire un axe essentiel de leur stratégie.
Cest pour ça que le gouvernement a mis fin aux limites daccueil des étudiants étrangers, qui était une conception, jallais dire, frileuse de la France, et cest aussi pour cela que nous participerons plus activement à la création de lEurope de la science et de la connaissance.
A nous de conforter lattractivité internationale de notre pays, den accroître louverture sur lextérieur, car la France a dimmenses atouts, dimmenses atouts à faire valoir parce quelle est attendue partout sur ce plan dans le monde. Mesdames, Messieurs, le deuxième thème, cest celui que nous voulons également privilégier, cest la réorganisation de la recherche.
Jai déjà évoqué il y a quelques instants le pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi, dont vous connaissez limportance. Même si le débat public sest focalisé ces dernières semaines sur la question du coût du travail, la recherche constitue également un des axes essentiels de ce pacte.
Nous devons mieux construire la chaîne de linnovation, qui conduit de la découverte fondamentale à lapplication industrielle concrète. Jattends donc de ces assises quelles semparent du pacte de compétitivité pour en tirer la matière dun agenda stratégique de la recherche. Cet agenda permettra de fixer des priorités en matière de technologies nouvelles, il contribuera à clarifier le rôle des acteurs de la recherche et il devra davantage valoriser le transfert industriel et le dépôt des brevets.
Nous sortons dune période marquée par des initiatives nombreuses, mais qui ont accru lopacité du système en multipliant les structures, les fondations, les établissements de coopération, les instituts, les alliances, les agences. Cette situation a désormais atteint ses limites. Je souhaite quun plan de simplification redéfinisse les formes dorganisation les mieux adaptées aux coopérations nouvelles que nous voulons encourager.
Dans le cadre de cette réflexion, les nouveaux dispositifs engendrés par les investissements davenir feront lobjet dune évaluation. Car nous devons aller là aussi vers plus defficacité scientifique et plus déquité territoriale. Je souhaite quils soient examinés avec beaucoup dattention par la ministre de lEnseignement supérieur, en liaison avec le commissariat général à linvestissement dirigé par Louis Gallois.
Jattends aussi des assises, des propositions précises quant au rôle et au devenir de lAgence nationale de la recherche (ANR) et de lAgence dévaluation de la recherche et de lEnseignement supérieur (AERES), dont personne ne conteste sérieusement lintérêt, mais dont le fonctionnement doit être amélioré.
Enfin, jen viens à la révision de la gouvernance des établissements, la mise en uvre de la loi sur les libertés et les responsabilités des universités, la loi LRU, adoptée en 2007, a suscité des critiques, parfois fortes, il faut savoir les entendre. Il y a dabord les difficultés notamment financières, qui sont liées à lautonomie, lautonomie, voilà un beau mot, si adapté à la culture universitaire, faite de cette indépendance et de cette liberté desprit indispensables à la production et à la transmission du savoir.
Pour Wilhelm Von Humboldt, fondateur de luniversité de Berlin en 1810, et homme des lumières, luniversité était la place la plus haute et la plus libre pour la manifestation de la science, alors, il faut rester fidèle à cette conception ambitieuse et audacieuse. Mais lautonomie que nous défendons ne saurait être seulement une autonomie de gestion, elle doit être une autonomie de décisions et de choix stratégiques, elle doit être accompagnée financièrement, en fonction des besoins et des caractéristiques propres à chaque établissement.
Les critiques ont également porté sur le manque de collégialité où léquilibre incertain des pouvoirs à la tête des universités. Le président de la République a pris des engagements pour une gouvernance plus collégiale et plus démocratique. Et ses engagements seront respectés. Nous porterons une grande attention aux propositions concrètes qui émaneront des assises sur ce point.
Mais au-delà de ces aménagements nécessaires de la loi, se pose une question plus importante encore, liée au paysage universitaire tel quil se dessine aujourdhui. Cette question est la suivante : comment concilier le renforcement de pôles dEnseignement supérieur à forte visibilité reconnue sur le plan international et un maillage territoriale qui garantisse légalité daccès à lEnseignement supérieur.
Il est temps de tirer les leçons de deux décennies qui viennent de sécouler. Nous le ferons notamment en nous inspirant des dynamiques locales, dont beaucoup dentre vous ont été les artisans. En différents points du territoire, vous avez su utiliser les dispositifs existants pour forger une entité nouvelle, adaptée aux réalités locales, je pense aux fusions réussies à Strasbourg, à Aix-Marseille ou encore en Lorraine.
Ailleurs, loutil reste à inventer, les projets ambitieux de Saclay ou de Toulouse notamment vont nécessiter des concepts et des modes dorganisations nouveaux. Je serais dailleurs heureux quils puissent être forgés dans le cadre de ces travaux. Et sil le faut, là encore, nous aurons recours à des modifications législatives, mais avec un seul objectif : permettre des établissements aux histoires, aux cultures, aux finalités différentes, de travailler ensemble, rassemblés autour dun projet, dun même projet fédérateur.
Il faut prendre en compte en effet la diversité des situations, et ne pas craindre de rompre avec une forme duniformité organisationnelle, qui na que les apparences de légalité territoriale, mais pas la réalité. Cela vaut aussi pour la façon dont ces grands pôles dEnseignement supérieur et de recherche, quelle quen soit la forme, peuvent générer des effets dentraînement sur leur environnement, la notion de "contrat de site" est certainement une réponse adaptée.
Pour vous, les régions sont devenues des partenaires incontournables, sans oublier les grandes métropoles, et il faut prendre en compte le rôle accru que leur donnera la nouvelle étape de la décentralisation dans le pilotage du développement économique local, cest pourquoi la concertation entre les régions, les grandes métropoles et les établissements situés sur leur territoire doit être enrichie. Cest le rôle des contrats de projets Etat-régions ou encore des schémas prévisionnels de développement.
Mesdames, Messieurs, vous lavez compris, jattache avec le gouvernement une grande importance à vos travaux, outre lintérêt que je porte depuis longtemps au monde de lEnseignement supérieur et de la recherche, ma présence est le signe dune attente forte, qui est celle du président de la République, du gouvernement, à légard de vos travaux, de vos conclusions, et du rapport que vous nous transmettrez bientôt.
Je sais quen retour, vous attendez beaucoup, dès lors que vos propositions nous permettront dapporter des réponses efficaces aux grands défis que nous voulons relever, je le répète, le redressement du pays dans la justice, le redressement de notre compétitivité sous toutes ses formes, la capacité à redonner un avenir et une espérance à notre jeunesse ; alors nous serons là, toujours là, présents, pour vous soutenir et porter avec vous cette belle ambition collective.
Lorsque les choses sont claires, lorsquelles correspondent à une nécessité, lorsquelles ont fait lobjet des concertations nécessaires, alors le gouvernement ne perd pas un instant, il décide et il agit. Et je crois que ce moment est venu pour lEnseignement supérieur et la recherche. Moi, jai confiance. Jai confiance dans les capacités de notre pays à réussir, à retrouver son rang, sa place, son influence. Linfluence de la France, quelle soit politique, quelle soit culturelle, quelle soit scientifique, elle pèse souvent beaucoup plus que son PIB, soyons-en conscients et soyons-en fiers.
Et nous avons un atout formidable, que dautres pays nont pas, et qui sont pourtant des partenaires en Europe et ailleurs, cest notre jeunesse, une jeunesse nombreuse certes, qui connaît des difficultés, mais qui représente un atout formidable de notre pays. Donc la plus belle marque de confiance, cest cela, un pays qui na pas peur quand il sait se retrouver autour de lessentiel, eh bien, ces assises de lEnseignement supérieur et de la recherche, je suis sûr, y contribueront et nous permettront ensemble de réussir pour la jeunesse et pour la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 27 novembre 2012
Parce que jai conscience de limportance du moment que nous vivons, à louverture de ces assises nationales de lenseignement supérieur et de la recherche en effet, ce nest pas une arrivée, cest dabord un point de départ, mais je mesure en même temps la responsabilité très lourde qui est la notre, parce que nous traversons, je dirais une crise, mais plus quune crise, une véritable période de mutation et vous, vous représentez la pointe avancée de notre intelligence collective. Vous êtes au cur de cet appel qui monte du pays tout entier, pour que léconomie de la connaissance ouvre enfin de nouvelles perspectives et nous permette de repartir de lavant. Nous devons faire de lélévation, du niveau de formation et des progrès de la recherche un formidable levier de croissance et de développement au service du redressement de notre pays. Tel est à mes yeux lenjeu principal de ces assises, mais cest aussi une ambition qui va au-delà de la France, cest une ambition européenne, depuis que le processus de Bologne, puis la stratégie de Lisbonne en ont fixé le cap. Construire un espace européen de lenseignement supérieur et faire de lUnion européenne léconomie de la connaissance la plus compétitive du monde. Cest un programme, mais cest une ambition, le gouvernement y souscrit tout entier. Vous avez proposé madame la ministre, Geneviève Fioraso, dordonner ce grand moment de dialogue, de dialogue social avec lensemble des acteurs de lenseignement supérieur et de la recherche autour de trois grands thèmes. La réussite de tous les étudiants, monsieur le ministre de lEducation nationale, la réorganisation de la recherche, la révision de la gouvernance des établissements. Cette approche conjugue des exigences qui inspirent laction du gouvernement. Celle de lefficacité et celle de la justice. Celle de la simplification de nos formes dorganisation et de nos procédures. Celle de la coopération entre les différents acteurs également. Ces exigences participent du nouveau modèle français que je vous propose de construire, comme je le propose à tous nos concitoyens et aux forces vives de notre pays. Votre réflexion sur lavenir de notre système denseignement supérieur et de recherche, il est sur le point de sachever. Il est encore trop tôt pour autant den tirer les conclusions définitives, cest un exercice ambitieux, le gouvernement le fera pour sa part sur la base du rapport du comité de pilotage que nous recevrons dans quelques semaines.
Mais dès aujourd'hui je voudrais vous faire part de létat desprit de mon gouvernement, la première de nos préoccupations, cest la réussite de tous les étudiants. Il faut absolument accorder une priorité à la réussite des étudiants en licence, pour mieux accompagner les étudiants le gouvernement a déjà pris ses responsabilités en décidant de créer 5 000 postes supplémentaires. Ils seront affectés prioritairement au premier cycle universitaire. Mais au-delà de cet effort budgétaire, il est nécessaire de repenser la licence, mais qui est aujourd'hui devenue trop spécialisée. En cohérence avec lévolution de ce qui se dessine au lycée, la licence doit conduire à une spécialisation progressive et faire lobjet dun décloisonnement entre les différentes filières, de manière à faciliter le parcours des étudiants. Une attention particulière devra être portée aux élèves les moins préparés à lenseignement supérieur. Je pense aux diplômés des filières technologiques et professionnelles, ils représentent chaque année la moitié des bacheliers. Il faut donner à ceux qui ont obtenu le bac avec mention le droit réel dintégrer les filières technologiques supérieures qui correspondent le mieux à leur profil et à leurs aspirations. Sil est nécessaire den passer par une mesure législative, le gouvernement le fera. Car si on veut encourager les jeunes, à entrer dans une filière de formation technologique ou professionnelle autrement que par défaut, il est temps de donner un sens concret à nos discours sur légale dignité des baccalauréats. Cest ainsi que nous ferons reculer les inégalités sociales, et que nous donnerons un nouveau souffle, un dynamisme à notre économie toute entière. Limportance que jattache à un meilleur accompagnement des étudiants doit également se traduire par un encouragement massif à linnovation pédagogique et un investissement accru de tous les personnels concernés, jattends donc des propositions en ce sens.
Innover, aller de lavant cest aussi développer des formes plus efficaces de transmission du savoir en dehors de luniversité, vers le monde des entreprises. Cest participer davantage à la formation des compétences dont nous avons tant besoin pour réussir le redressement de notre économie. Lengagement a été pris dans le cadre du pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi que jai présenté le 6 novembre, daccroitre fortement les formations en alternance reposant sur un haut niveau de qualification et de développer la formation tout au long de la vie. Cet engagement offre à vos établissements des champs dinvestissements nouveaux, je vous invite à vous en emparer sans attendre. La réussite de tous les étudiants passe aussi par une meilleure coopération entre les différents types denseignement supérieur. Depuis longtemps notre système repose sur une dualité, une spécificité française, lopposition entre des formations sélectives et des formations qui ne le sont pas. La démocratisation de laccès au baccalauréat et à lenseignement supérieur na fait quaccroitre les effets négatifs de ce système. La sélection tend aujourd'hui à se confondre avec une forme de tri social, que nous ne pouvons plus admettre. Sagissant des titulaires dun doctorat, trop dentre eux ont aujourd'hui du mal à valoriser leur parcours, quil sagisse de linsertion professionnelle en entreprise, ou de laccès à la fonction publique, jattends de vos assises, des propositions pour apporter aux jeunes chercheurs qui contribuent aux rayonnements de notre pays le soutien quils méritent. Et puis il y a une question centrale, cest celle de la formation des maitres, cest lun des chantiers majeurs du quinquennat dont le président de la République a plusieurs fois souligné limportance. La loi dorientation et de programmation sur lécole en cours de préparation en définira le cadre et le contenu, cest au ministre de lEducation nationale, Vincent Peillon, quil reviendra de fixer des modalités, des concours de recrutement. Mais il sappuiera sur les écoles supérieures du professorat et de léducation qui seront créées au sein même des universités, pour concilier les exigences dune formation disciplinaire de haut niveau et celles de la professionnalisation.
Je ne saurais concevoir un dispositif de formation des maîtres qui ne repose pas clairement sur ce choix de la professionnalisation et une entrée progressive dans le métier. Et jattends de ce point de vue un engagement clair et déterminé des universités. Enfin, comment ne pas évoquer la condition de vie étudiante parmi les clefs de la réussite.
Madame Geneviève Fioraso prépare un plan national pour la vie étudiante, il portera sur un effort ambitieux de création de logements sociaux, il traitera de tous les sujets importants pour la vie de nos étudiants, la santé, la culture, le sport, le lien social, le développement de campus, qui soient à la fois de véritables lieux de vie et des pôles de développement durable. Les aides aux étudiants feront lobjet dune remise à plat de manière concertée afin de gagner en efficacité, mais aussi en justice sociale.
Nos étudiants doivent être mieux préparés à louverture au monde, je pense bien sûr à la maîtrise des langues étrangères ou aux cursus intégrant une formation en dehors de nos frontières, en Europe ou ailleurs. La présence à nos côtés de chercheurs et détudiants étrangers ne peut que stimuler louverture internationale de nos établissements denseignement supérieur, qui doivent en faire un axe essentiel de leur stratégie.
Cest pour ça que le gouvernement a mis fin aux limites daccueil des étudiants étrangers, qui était une conception, jallais dire, frileuse de la France, et cest aussi pour cela que nous participerons plus activement à la création de lEurope de la science et de la connaissance.
A nous de conforter lattractivité internationale de notre pays, den accroître louverture sur lextérieur, car la France a dimmenses atouts, dimmenses atouts à faire valoir parce quelle est attendue partout sur ce plan dans le monde. Mesdames, Messieurs, le deuxième thème, cest celui que nous voulons également privilégier, cest la réorganisation de la recherche.
Jai déjà évoqué il y a quelques instants le pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi, dont vous connaissez limportance. Même si le débat public sest focalisé ces dernières semaines sur la question du coût du travail, la recherche constitue également un des axes essentiels de ce pacte.
Nous devons mieux construire la chaîne de linnovation, qui conduit de la découverte fondamentale à lapplication industrielle concrète. Jattends donc de ces assises quelles semparent du pacte de compétitivité pour en tirer la matière dun agenda stratégique de la recherche. Cet agenda permettra de fixer des priorités en matière de technologies nouvelles, il contribuera à clarifier le rôle des acteurs de la recherche et il devra davantage valoriser le transfert industriel et le dépôt des brevets.
Nous sortons dune période marquée par des initiatives nombreuses, mais qui ont accru lopacité du système en multipliant les structures, les fondations, les établissements de coopération, les instituts, les alliances, les agences. Cette situation a désormais atteint ses limites. Je souhaite quun plan de simplification redéfinisse les formes dorganisation les mieux adaptées aux coopérations nouvelles que nous voulons encourager.
Dans le cadre de cette réflexion, les nouveaux dispositifs engendrés par les investissements davenir feront lobjet dune évaluation. Car nous devons aller là aussi vers plus defficacité scientifique et plus déquité territoriale. Je souhaite quils soient examinés avec beaucoup dattention par la ministre de lEnseignement supérieur, en liaison avec le commissariat général à linvestissement dirigé par Louis Gallois.
Jattends aussi des assises, des propositions précises quant au rôle et au devenir de lAgence nationale de la recherche (ANR) et de lAgence dévaluation de la recherche et de lEnseignement supérieur (AERES), dont personne ne conteste sérieusement lintérêt, mais dont le fonctionnement doit être amélioré.
Enfin, jen viens à la révision de la gouvernance des établissements, la mise en uvre de la loi sur les libertés et les responsabilités des universités, la loi LRU, adoptée en 2007, a suscité des critiques, parfois fortes, il faut savoir les entendre. Il y a dabord les difficultés notamment financières, qui sont liées à lautonomie, lautonomie, voilà un beau mot, si adapté à la culture universitaire, faite de cette indépendance et de cette liberté desprit indispensables à la production et à la transmission du savoir.
Pour Wilhelm Von Humboldt, fondateur de luniversité de Berlin en 1810, et homme des lumières, luniversité était la place la plus haute et la plus libre pour la manifestation de la science, alors, il faut rester fidèle à cette conception ambitieuse et audacieuse. Mais lautonomie que nous défendons ne saurait être seulement une autonomie de gestion, elle doit être une autonomie de décisions et de choix stratégiques, elle doit être accompagnée financièrement, en fonction des besoins et des caractéristiques propres à chaque établissement.
Les critiques ont également porté sur le manque de collégialité où léquilibre incertain des pouvoirs à la tête des universités. Le président de la République a pris des engagements pour une gouvernance plus collégiale et plus démocratique. Et ses engagements seront respectés. Nous porterons une grande attention aux propositions concrètes qui émaneront des assises sur ce point.
Mais au-delà de ces aménagements nécessaires de la loi, se pose une question plus importante encore, liée au paysage universitaire tel quil se dessine aujourdhui. Cette question est la suivante : comment concilier le renforcement de pôles dEnseignement supérieur à forte visibilité reconnue sur le plan international et un maillage territoriale qui garantisse légalité daccès à lEnseignement supérieur.
Il est temps de tirer les leçons de deux décennies qui viennent de sécouler. Nous le ferons notamment en nous inspirant des dynamiques locales, dont beaucoup dentre vous ont été les artisans. En différents points du territoire, vous avez su utiliser les dispositifs existants pour forger une entité nouvelle, adaptée aux réalités locales, je pense aux fusions réussies à Strasbourg, à Aix-Marseille ou encore en Lorraine.
Ailleurs, loutil reste à inventer, les projets ambitieux de Saclay ou de Toulouse notamment vont nécessiter des concepts et des modes dorganisations nouveaux. Je serais dailleurs heureux quils puissent être forgés dans le cadre de ces travaux. Et sil le faut, là encore, nous aurons recours à des modifications législatives, mais avec un seul objectif : permettre des établissements aux histoires, aux cultures, aux finalités différentes, de travailler ensemble, rassemblés autour dun projet, dun même projet fédérateur.
Il faut prendre en compte en effet la diversité des situations, et ne pas craindre de rompre avec une forme duniformité organisationnelle, qui na que les apparences de légalité territoriale, mais pas la réalité. Cela vaut aussi pour la façon dont ces grands pôles dEnseignement supérieur et de recherche, quelle quen soit la forme, peuvent générer des effets dentraînement sur leur environnement, la notion de "contrat de site" est certainement une réponse adaptée.
Pour vous, les régions sont devenues des partenaires incontournables, sans oublier les grandes métropoles, et il faut prendre en compte le rôle accru que leur donnera la nouvelle étape de la décentralisation dans le pilotage du développement économique local, cest pourquoi la concertation entre les régions, les grandes métropoles et les établissements situés sur leur territoire doit être enrichie. Cest le rôle des contrats de projets Etat-régions ou encore des schémas prévisionnels de développement.
Mesdames, Messieurs, vous lavez compris, jattache avec le gouvernement une grande importance à vos travaux, outre lintérêt que je porte depuis longtemps au monde de lEnseignement supérieur et de la recherche, ma présence est le signe dune attente forte, qui est celle du président de la République, du gouvernement, à légard de vos travaux, de vos conclusions, et du rapport que vous nous transmettrez bientôt.
Je sais quen retour, vous attendez beaucoup, dès lors que vos propositions nous permettront dapporter des réponses efficaces aux grands défis que nous voulons relever, je le répète, le redressement du pays dans la justice, le redressement de notre compétitivité sous toutes ses formes, la capacité à redonner un avenir et une espérance à notre jeunesse ; alors nous serons là, toujours là, présents, pour vous soutenir et porter avec vous cette belle ambition collective.
Lorsque les choses sont claires, lorsquelles correspondent à une nécessité, lorsquelles ont fait lobjet des concertations nécessaires, alors le gouvernement ne perd pas un instant, il décide et il agit. Et je crois que ce moment est venu pour lEnseignement supérieur et la recherche. Moi, jai confiance. Jai confiance dans les capacités de notre pays à réussir, à retrouver son rang, sa place, son influence. Linfluence de la France, quelle soit politique, quelle soit culturelle, quelle soit scientifique, elle pèse souvent beaucoup plus que son PIB, soyons-en conscients et soyons-en fiers.
Et nous avons un atout formidable, que dautres pays nont pas, et qui sont pourtant des partenaires en Europe et ailleurs, cest notre jeunesse, une jeunesse nombreuse certes, qui connaît des difficultés, mais qui représente un atout formidable de notre pays. Donc la plus belle marque de confiance, cest cela, un pays qui na pas peur quand il sait se retrouver autour de lessentiel, eh bien, ces assises de lEnseignement supérieur et de la recherche, je suis sûr, y contribueront et nous permettront ensemble de réussir pour la jeunesse et pour la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 27 novembre 2012