Texte intégral
Je suis ravie dêtre parmi vous, dans lhémicycle du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais pour clôturer votre séminaire de travail. Je tiens dailleurs particulièrement à vous remercier de votre invitation.
Cest une belle initiative de lacadémie de Lille que davoir organisé ce séminaire ASH (Adaptation Scolaire et scolarisation des élèves en situation de handicap) aujourdhui, lundi 3 décembre, journée internationale des personnes handicapées.
Cette journée revêt pour moi une dimension particulièrement importante par le symbole mais aussi pour la dynamique quelle impulse car elle est loccasion de parler du handicap, notamment du handicap à lécole.
Elle permet de lever les tabous.
Elle participe de lévolution de notre société.
Elle aide à faire changer les regards.
Et il faut bien reconnaître que dans nos sociétés actuelles, à lheure de lindividualisme-roi, le temps consacré à lautre est de plus en plus restreint. La journée du 3 décembre est le prétexte de prendre le temps et de mettre notre pierre à lédifice pour faire évoluer les mentalités ! Bien plus quun symbole finalement.
Car cest bien à une évolution sociale, à un changement sociétale que nous devons nous atteler. Cest sur le terrain idéologique, philosophique, je dirai même, que nous devons nous positionner.
Ce nest pas aux personnes en situation de handicap à trouver leur place dans la société mais cest bien à la société de sadapter et de faire une place pour chacun. Nous pouvons dailleurs tous, être, à un moment, en situation de handicap.
Cest pourquoi, la société doit offrir les conditions à chacun non seulement de sépanouir personnellement, mais aussi dobtenir une reconnaissance sociale.
Cest pourquoi, la société doit permettre à chacun dêtre citoyen à part entière, citoyen de plein droit !
Il en est de même dans nos écoles : cest à lécole de créer les conditions dinclusion des élèves en situation de handicap et non linverse.
Et cest bel et bien cette démarche inclusive que nous avons impulsée depuis 1999, avec la mise en place des groupes départementaux Handiscol. La loi de 2005 sur légalité des droits et des chances sinscrit dans ce prolongement et ces évolutions législatives ont porté leurs fruits puisque 227 000 élèves à besoins éducatifs particuliers sont scolarisés en école ordinaire depuis la rentrée 2012 contre moins de 190 000 en 2009.
Si linclusion dans nos écoles et nos établissements se fait, je sais combien les défis à relever sont grands. Oui, la tâche reste immense pour que linclusion et les parcours de scolarisation puissent se faire de façon continue et sans heurt pour les jeunes et les familles. Ministre déléguée à la réussite éducative, cest la réussite de tous les élèves que je veux ériger comme possibilité potentielle mais surtout concrète, réelle...
Loin dêtre un supplément dâme ou des paroles en lair, léducation est la priorité du Président de la République et du gouvernement. Elle se traduit dailleurs par des orientations claires et une hausse nette du budget de lÉducation nationale en 2013. Lécole est le fleuron de notre République et le creuset de nos valeurs communes. Elle doit dans ces conditions offrir à tous les mêmes chances. On a un impératif de réussite, loin du virage de lécole à deux vitesses vers laquelle nous dirigeaient dangereusement les gouvernements de François Fillon avec la suppression des Rased, la suppression de la carte scolaire, linaction face à léchec scolaire et au décrochage de près de 150 000 élèves par an.
Parce que lécole conditionne la France de demain non seulement dans sa dimension de cohésion sociale mais aussi dans sa dynamique économique, je suis plus que jamais déterminée à agir pour que chacun -quel quil soit, doù quil vienne- puisse trouver sa place dans notre parcours éducatif et ait des perspectives de réussite.
Telle est la feuille de route que nous nous sommes fixés avec Vincent Peillon, ministre de léducation nationale !
Cette ambition de réussite éducative concerne pleinement les élèves et jeunes en situation de handicap, parmi lesquels 80% ont un niveau inférieur au baccalauréat et dont seuls 20% des bacheliers poursuivent des études supérieures. Nous avons donc une obligation de construire ensemble les chemins qui mènent à linsertion professionnelle. Mais linclusion des élèves en situation de handicap participe aussi de la réussite éducative de tout un chacun et de lédification dune autre société, plus interactive humainement, plus solidaire, plus ouverte !
Au-delà, je veux dire tout de même combien lobjectif du gouvernement est que chaque enfant trouve une réponse adaptée à ses besoins spécifiques. Car nous savons que pour certains jeunes, par la nature ou le degré de leur handicap, lécole nest pas la meilleure réponse et que, dans ce cas, les établissements médico-sociaux leur offrent des perspectives dépanouissement et de parcours de vie. Il y a donc pour moi une complémentarité réelle et de fait entre lécole et les établissements scolaires et les instituts médico-sociaux.
Vous laurez compris, nous devons donc répondre à plusieurs défis ! Et ils sont de taille pour dessiner les contours de la société de demain. Nombreux acteurs de lécole ont dailleurs participé à la discussion notamment à loccasion de la très large concertation sur la refondation de lécole impulsée par Vincent Peillon.
Je tiens donc à le rappeler, nous avons dores et déjà lancé le vaste chantier pour lamélioration de laccompagnement et de linclusion en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap. Le Président de la République a en effet annoncé que la formation initiale des enseignants tiendrait désormais compte des problématiques et des pédagogies spécifiques au handicap. Cest une avancée majeure et nécessaire, dune part pour les enseignants eux-mêmes qui, bien souvent, se retrouvent démunis dans leur classe pour répondre aux besoins des élèves, dautre part pour les élèves au service de qui tous les moyens pédagogiques vers lapprentissage et la réussite doivent être mis en uvre.
Avec Marie-Arlette Carlotti, Ministre déléguée en charge des personnes handicapées, jai aussi mis en place, le 16 octobre dernier un groupe de travail sur la professionnalisation des AVS-i, accompagnants de vie scolaire. Celui-ci rendra un rapport au premier trimestre prochain et permettra, je lespère, davancer vers une reconnaissance du rôle crucial des AVS dans le chemin pour linclusion de tous.
Par ailleurs, laccompagnement du jeune doit être appréhendé dans sa globalité et dans tous les lieux fréquentés par lenfant ou ladolescent en situation de handicap : structure daccueil de la petite enfance, établissements denseignement et de formation, structures dactivités culturelles, sportives, artistiques et de loisirs, transports. Ce sont bien les conditions vers la construction de lautonomie du jeune que nous avons posées. Par ailleurs, nous devons travailler à laccessibilité des outils et matériels pédagogiques qui constituent une grande part de ladaptation de lenvironnement aux situations de handicap. Des initiatives individuelles existent déjà. Ce matin, jai dailleurs regardé avec des élèves une série de dessins animés, nommée " Vinz et Lou et le handicap". Il sagit dun programme pédagogique, à la disposition des enseignants, qui permet daborder, avec humour, auprès des enfants de 7 à 12 ans les problématiques liées au handicap. Ils sont dailleurs entièrement e-accessibles. Une initiative parmi tant dautres dont la dynamique nous incite dautant plus à tendre vers une accessibilité généralisée des outils pédagogiques.
Ainsi, dans la logique des chantiers que nous avons entrepris, vous laurez compris, cest bien le handicap qui entre à lécole !
Le handicap entre à lécole !
Ainsi, nous demandons à toutes les écoles et à tous les établissements scolaires détablir un projet autour du handicap et de la scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap. Pour ce faire, cette mise en uvre doit faire partie intégrante du règlement intérieur de chaque école et établissement scolaire.
Enfin, si je souhaitais annoncer cette disposition dans lAcadémie de Lille, cest aussi pour rendre hommage à linitiative de grande envergure que vous avez impulsée, à travers non seulement lorganisation de deux journées de formation au handicap -dont la prochaine aura lieu en janvier- mais aussi à travers ce séminaire académique de réflexion, dont la lecture du programme ma laissé entrevoir des échanges de grande qualité.
Cela sinscrit pleinement dans notre volonté dinclusion.
Cela participe à faire changer les regards.
Cela permet de faire évoluer les pratiques pédagogiques.
Par ailleurs, vous avez su réunir aujourdhui les partenaires de vos actions : les Mdph, les Ars, les associations. Et cest essentiel, car lon sait combien les initiatives fonctionnent quand elles sinscrivent dans le cadre de coordination, de réseaux, déchange. Rien ne peut fonctionner sans lunion de tous les acteurs du handicap vers un objectif commun.
Cest aussi limportance de linitiative territoriale que je souhaite mettre en valeur. car je suis convaincue que lévolution, la transformation de lessai -pour reprendre le titre de votre séminaire- ne peuvent venir que du terrain et des acteurs qui agissent quotidiennement ! Elle répond aussi à la nécessité de sinscrire dans le cadre spécifique dun territoire et de ses besoins !
Vous laurez compris, je ne peux que souhaiter et encourager ce type de démarche sur tout le territoire national.
Monsieur le recteur, Voir représentation Conseil général (Présidents) et Conseil régional (vice-président), Chers personnels de lAcadémie du Nord et de lEducation nationale, Chers enseignants, Chers élus, Madame, Monsieur,
Linclusion de tous dans notre école, la réussite de tous et le lien humain qui doit accompagner chaque parcours me touchent particulièrement et me sont chevillés au corps pour faire évoluer -encore- notre école républicaine.
Aujourdhui, je suis allée à la rencontre de nombreux élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire. Comme toujours, ces rencontres humaines ont été des moments uniques qui mont touchée, enrichie. La détermination des enseignants et des élèves est par ailleurs plus quencourageante! Je repars donc de Lille plus décidée que jamais à relever les défis qui nous sont communs.
Je vous souhaite une bonne soirée, en espérant que cette journée du 3 décembre 2012 aura permis, in fine, de changer les regards, du moins un peu, car comme la dit Antoine de Saint-Exupéry : "Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu menrichis."
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 4 décembre 2012