Texte intégral
Toutes les victoires emportées sur le sida, nous les devons à votre militantisme.
Cest à lengagement des pionniers, des médecins, des malades, de leurs amis, de la société civile, que nous devons chacun des pas franchis jusquà aujourdhui dans la lutte contre le VIH et dans la lutte pour les droits des personnes vivant avec le VIH.
Depuis trente ans, le sida a tué plus de 30 millions de victimes. Et plus de 35 millions de personnes se battent aujourd'hui contre le virus.
En France, la pandémie continue à progresser. Le Président de la République le rappelait dans le message quil vous a adressé : chaque année, 8000 contaminations surviennent dans notre pays.
Cest dire limportance de lengagement de toute la société, et bien sûr dabord des pouvoirs publics. Information, humanité, solidarité, persévérance : ces devoirs rappelés par le Président de la République simposent à nous tous.
Vous êtes, vous qui luttez contre le sida en parlant à la première personne, les premiers acteurs de ce combat. Acteurs de la prévention. Acteurs de la recherche. Acteurs du traitement. Acteurs de la lutte contre les discriminations.
Lefficacité de la prévention, le soutien à la recherche, lamélioration de laccès aux soins, et la lutte contre les discriminations sont aussi les priorités du Gouvernement.
Plus que toute autre maladie, le sida appelle une réponse politique.
Mon ministère est bien placé pour mesurer la singularité de cette pandémie et la place unique quelle occupe, dans notre histoire et dans notre société.
Chargée des droits des femmes, je sais combien le combat contre le VIH rencontre le combat contre les inégalités et les violences sexistes.
Vous le savez, femmes et hommes ne sont pas égaux devant la maladie. Pas uniquement parce que le pourcentage de femmes contaminées lors dun rapport hétérosexuel est 3 à 8 fois plus important que chez les hommes.
Au-delà de ce chiffre, ce sont les rapports de genre qui posent la question de lexposition particulière des femmes au VIH.
Comment parler, par exemple, des comportements de prévention et je ne parle même pas de lusage du préservatif féminin sans parler de ce que signifient le consentement, légalité dans le couple, le respect mutuel, les normes de genre dans la sexualité ?
Comment parler, par exemple, de la prévention des femmes qui se prostituent sans parler de leur protection ? Parmi les sujets en débat, vous savez quil en est un qui nous met tous daccord, précisément parce quil sagit daméliorer la sécurité, la prévention et laccès aux soins : labrogation du délit de racolage passif. Les personnes prostituées ne sont coupables de rien.
Comment parler, par exemple, de la propagation du VIH dans les zones de conflits armés sans parler de la place des femmes dans ces conflits ?
Le viol est une pratique, voire une tactique, tristement répandue dans les zones largement frappées par la pandémie. La France est engagée dans laction des Nations unies contre ces drames.
A beaucoup dégard, les violences et les discriminations dont les femmes sont victimes sont une des clés de cette pandémie.
Vous le savez, jai également été chargée par le Premier ministre danimer la politique gouvernementale contre lhomophobie, la lesbophobie, la transphobie. Jai présenté la semaine dernière notre programme dactions interministériel sur ce thème.
Je sais combien le combat contre le VIH et le combat contre ces violences et ces discriminations sont interdépendants. Ils ne cessent de se croiser.
Dabord parce que le mouvement pour la liberté sexuelle et pour légalité des droits a été traversé par les ravages de la pandémie. Nul ne peut oublier les exemples de bravoure et les explosions de haine que le sida a inspirés à légard des personnes LGBT.
La reconnaissance des couples de même sexe, avec le pacs et aujourdhui avec légalité des droits devant le mariage, doit beaucoup au mouvement de la lutte contre le sida.
Cette histoire sest imposée dans la marche du mouvement LGBT.
Et aujourdhui, les taux de prévalence sont tels que le VIH simpose dans le quotidien des personnes LGBT.
Nous savons bien, les associations nous lont rappelé, que la maladie se propage plus vite là où il y a discrimination et stigmatisation.
Michel Sidibé, directeur dONUSIDA, que jai rencontré dans le cadre de ce travail contre lhomophobie, me la confirmé. Partout dans le monde, la lutte contre lhomophobie est une des clés de la lutte contre le sida.
La dépénalisation universelle de lhomosexualité sinscrit aussi dans ce combat. La France est déterminée à avancer, avec les pays du Sud, dans cette direction. Je participerai, avec le secrétaire général des Nations unies, à une mobilisation sur cette question le 11 décembre prochain à New-York.
Cette pandémie trouve dans lignorance, les violences et les discriminations le terrain favorable à son développement.
Cest pourquoi la réponse que les pouvoirs publics et la société apportent à la pandémie doit conjuguer lutte contre les violences et les discriminations avec prévention, accès aux soins et recherche.
Nous agissons, à lécole, dans lentreprise, dans lespace public, dans les services publics, contre le sexisme, contre lhomophobie et contre la transphobie.
Nous sommes aux cotés des organisations communautaires, pour lutter contre les discriminations commises à raison de lorientation sexuelle ou de lidentité de genre.
Lexpérience française montre quune prise en charge solidaire garantie par un travail entre les pouvoirs publics et le monde associatif sauve des vies au quotidien.
Aujourdhui, nous devons nous donner les moyens de faire reculer lépidémie, en France et dans le Monde. Les progrès de la recherche nous permettent désormais despérer un monde sans sida.
Pour poursuivre cet objectif, comme la affirmé le Président de la République, la France est déterminée à mener la lutte « avec obstination, sans répit et sans faiblesse ».
Lan dernier, jaccompagnais le candidat François Hollande aux 16e Etats généraux dELCS. Cest avec beaucoup de plaisir que je suis venue ici vous confirmer son engagement, celui de tout le Gouvernement, pour apporter à cette cause tout le soutien de lEtat.
Merci à toutes et à tous pour votre engagement.
Source http://www.elcs.fr, le 12 décembre 2012