Interview de Mme Marie-Arlette Carlotti, ministre des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, sur le site du ministère le 14 novembre 2012, sur l'emploi des handicapés.

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* La semaine nationale pour l’emploi des personnes handicapées débute. Que représente à vos yeux cet événement et allez-vous y participer ?
La semaine pour l’emploi des personnes handicapées est un temps très fort de l’année pour les personnes en situation de handicap comme pour les entreprises. Ce sont des centaines de manifestations qui se développent sur l’ensemble du territoire et qui mettront en contact des milliers de candidats à l’emploi avec des centaines et peut-être des milliers d’entreprises à la recherche de salariés compétents. C’est un gigantesque forum de recrutement qui fait progresser cette grande cause de l’emploi des personnes handicapées en faisant la démonstration qu’elles sont aussi des travailleurs comme les autres.
Je salue tout particulièrement le thème central de cette semaine : les jeunes. Cela rejoint les priorités du Président de la République et du gouvernement.
Avec les emplois d’avenir et les contrats de génération, nous avons marqué à quel point les jeunes sont au centre de notre action. Dans chacune de ces deux lois, il y a un volet spécifique consacré aux jeunes handicapés.
Je vais naturellement participer activement à cette semaine. Je vais visiter une grande entreprise d’électronique professionnelle qui a de multiples réalisations exemplaires à la fois dans ses recrutements et dans ses maintiens dans l’emploi. Elle développe aussi des outils de compensation du handicap en mobilisant ses capacités technologiques et met en oeuvre de nombreux partenariats avec l’Education nationale et avec des institutions de formation. Je vais me rendre à la troisième édition de la soirée Entreprises de l’Association des Paralysés de France, grande manifestation pour cette association qui est à la fois un grand de l’accompagnement social et un grand employeur de personnes aux handicaps lourds. Je vais me rendre dans une entreprise adaptée qui a mené une opération exemplaire de conversion de son personnel et à cette occasion, je vais signer le premier « emploi d’avenir » pour un jeune travailleur handicapé.
Je voudrais d’ailleurs à propos de cette semaine pour l’emploi des personnes handicapées souligner la vitalité du travail associatif dans ce domaine. C’est l’ADAPT qui a créé cette semaine en 1996 et qui a su en faire. Avec les autres associations, grandes et moins grandes, c’est une formidable inventivité qui s’est développée au service des personnes en situation de handicap, pour les aider à accéder à l’emploi mais plus largement pour l’ensemble des difficultés qu’elles ont à résoudre pour les accompagner, pour les former, pour les aider à accéder à leurs droits, ce qui n’est pas toujours facile. Nous devons encourager cette vitalité et soutenir leur action.
* Une étude récente du ministère du travail indique que plus de 20% des entreprises privées (de plus de 20 salariées) n’employaient en 2010 aucun travailleur handicapé et n’avaient pas non plus signé d’accord spécifique avec les partenaires sociaux sur le sujet. Que vous inspire ce chiffre et que pouvez-vous faire respecter la loi des 6% ?
Ce qu’il faut d’abord souligner, c’est que l’emploi des personnes handicapées est en progrès constant. Au moment de la création de l’obligation d’emploi de 6% de travailleurs handicapés en 1987, les entreprises en étaient à 1,6%, elles en sont aujourd’hui à près de 3,7%. Le nombre d’entreprises qui ne font aucune action en faveur de l’emploi des personnes handicapées a baissé de 70%. D’autre part le recours aux achats dans le secteur protégé et adapté est lui aussi en croissance. Il y a donc des progrès qu’il faut souligner et qui montre qu’en France le regard sur le handicap change progressivement. Nous devenons une société plus ouverte aux différences. Il reste des progrès considérables à faire. Il y a aujourd’hui encore près de 350.000 demandeurs d’emploi qui sont des personnes handicapées. Leur taux de chômage reste le double de la moyenne nationale. La crise ne nous facilite pas la tâche mais elle nous incite à intensifier nos actions. Un des grands obstacles à l’emploi de ces personnes vient de leur faible niveau de formation et de qualification professionnelle. Les développements de la scolarisation des enfants handicapés au sein de l’Education nationale, mettront fin progressivement à ce décrochage. L’ensemble des partenaires du service public de l’emploi avec l’AGEFIPH et le FIPHFP travaille actuellement à une nouvelle coordination pluriannuelle (la convention multipartite) qui organisera une intensification des actions de formation pour les adultes.
* Quel budget en 2012 est consacré au travail en milieu adapté ? Etait-ce en progression ou non par rapport à 2011 ? Et les perspectives pour 2013 ?
Je suis heureuse de souligner que ce budget est en progrès sensible. Avec le soutien du Premier ministre j’ai obtenu que le budget de l’Etat en faveur du handicap augmente cette année de 6,3% alors que tout le monde connait les contraintes du budget 2013. Mais le Président de la République a fait un choix très clair : ce ne sont pas les personnes les plus en difficulté qui doivent payer pour que nous sortions de la crise. S’agissant du travail protégé et adapté, c’est-à-dire des établissements d’aide et de services par le travail et des entreprises adaptées, le budget marque un net progrès par rapport à 2012. Pour les ESAT, j’ai fait le choix de consolider leur situation. Ces dernières années ils avaient vu leurs moyens se réduire pour privilégier la création de nouvelles places au détriment à la fois de la qualité de l’accompagnement des travailleurs handicapés et du niveau de vie des salariés. L’augmentation de leur budget permettra à la fois d’améliorer la qualité de l’accueil et de donner des marges de manoeuvre aux dirigeants de ces structures pour ajuster les salaires. Pour les entreprises adaptées, elles bénéficieront de 1.000 aides au poste supplémentaires qui leur permettront de répondre à la croissance de leurs marchés. Je sais que cet effort est encore insuffisant mais je compte fermement le poursuivre sur les années à venir.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 23 novembre 2012