Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, notamment sur les relations entre la France et l'Inde, à Paris le 10 janvier 2013.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe avec le ministre des relations extérieures de l'Inde, M. Salman Khurshid, à Paris le 10 janvier 2013

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je vais prononcer quelques propos liminaires. Ensuite, mon collègue et ami, le ministre indien des relations extérieures, s'exprimera et vous pourrez nous poser deux ou trois questions.
Tout d'abord, je veux vous dire à quel point je suis honoré et heureux de recevoir aujourd'hui le ministre indien des relations extérieures, M. Salman Khurshid, pour un déplacement qui intervient moins de trois mois après sa nomination.
Il sera reçu demain par le président de la République et c'est un signe de l'importance que nous attachons à notre partenariat stratégique qui est tout à fait unique avec cette très grande démocratie qu'est l'Inde.
Nous avons passé en revue l'ensemble de notre relation bilatérale. Elle est excellente et nous avons toute une série de projets pour le futur. Nous avons eu une discussion dense et précise qui a confirmé le climat de grande confiance et de grande amitié entre nos deux pays.
L'Inde est un partenaire stratégique pour la France. Notre partenariat est exceptionnel par son dynamisme, par son amplitude, par son caractère équilibré. Il couvre de nombreux domaines. Je citerai particulièrement l'énergie, la défense, l'espace, la sécurité, le domaine culturel, éducatif, le domaine scientifique. Dans tous ces champs, nous travaillons ensemble et nous avons l'intention de travailler encore plus ensemble.
Nos échanges commerciaux sont importants mais ils peuvent encore s'accroître ; il y a beaucoup de potentiel. Nous sommes décidés à encourager tous les mouvements, notamment économiques, à la fois la présence des entreprises françaises en Inde et des entreprises indiennes en France.
S'agissant des échanges humains, nous avons l'intention, en particulier, d'insister sur le développement de la présence en France des étudiants indiens qui sont les très bienvenus. Nous voulons accroître leur nombre.
Nous avons également passé en revue notre analyse de ce qui se passe dans le vaste monde, à la fois dans la région autour de l'Inde et des pays limitrophes mais aussi sur le continent africain, en Amérique et en Europe. Nous avons constaté, à beaucoup d'égards, de grandes convergences de vues. Nous sommes aussi unis dans l'action pour la paix, dans l'action pour le développement et dans la lutte contre le terrorisme qui est l'une des grandes menaces du XXIe siècle.
Bref, c'est une rencontre extrêmement utile, chaleureuse et amicale qui laisse bien augurer des relations entre l'Inde et la France. Elle va permettre aussi de préparer dans d'excellentes conditions, la visite que fera très prochainement le président de la République française en Inde.
(...)
Je veux faire écho à l'avant-dernière remarque de mon collègue et ami : la France est un supporter fervent de la présence de l'Inde comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. L'Inde est un très grand pays, c'est même l'un des plus grands pays du monde. C'est une démocratie qui, sur le plan scientifique, technologique, a réalisé des choses magnifiques. Ce pays a un rôle pacifique dans le monde et nous pensons que la présence de l'Inde comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies donnerait à ce Conseil une autorité encore plus forte et nous souhaitons vivement que cette réforme puisse voir le jour.
Q - On a visiblement pris du retard dans le contrat concernant la vente des Rafales. Avez-vous pu avancer aujourd'hui sur les 126 avions qui sont prévus ?
R - Nous avons bien sûr discuté de cette question. La décision finale appartient au gouvernement indien dans sa souveraineté. D'après ce que m'a rapporté mon collègue et ami, le ministre indien, les choses avancent bien et je peux vous confirmer le soutien plein et entier du gouvernement français vis-à-vis du Rafale qui est un avion exceptionnel qui donne toute satisfaction à nos armées et qui a démontré ses capacités opérationnelles.
(...)
Q - Avez-vous parlé de l'Afghanistan. Je sais que l'Inde est présente non militairement mais qu'elle a un intérêt de tout premier plan dans le dossier. Êtes-vous confiant sur l'avenir après le retrait total de l'OTAN ?
R - Oui, nous avons bien sûr parlé de l'Afghanistan et je pense que nous avons des analyses très voisines. Jusqu'ici, la France était présente militairement en Afghanistan mais vous savez que nous avons retiré nos troupes combattantes. Nous restons présents pour une aide civile et, en même temps, comme nous sommes attachés à l'Afghanistan, nous souhaitons faire le maximum pour que le futur de ce pays soit démocratique et paisible. C'est là où la discussion avec nos amis indiens est très importante puisque, compte tenu de leur influence, de leur proximité géographique, leur analyse est tout à fait décisive.
Nous nous sommes retrouvés sur un double constat : d'abord, il faut que les Afghans eux-mêmes progressent en interne pour parvenir à une solution pacifique ; et il faut, deuxième point, que les puissances régionales parmi lesquelles il y a l'Inde, trouvent des terrains d'accord pour que l'Afghanistan puisse se développer d'une manière pacifique.
(...)
Q - Concernant l'enquête sur la tuerie des femmes kurdes qui se poursuit aujourd'hui à Paris, pourriez-vous nous indiquer quelle est la piste de l'enquête et quels sont les liens entre la Turquie et la France ?
R - Vous savez peut-être, Cher Collègue, qu'il y a malheureusement eu hier trois militantes kurdes qui ont été tuées. Je ne peux rien dire de plus que le fait évidemment que c'est un drame extrêmement poignant. L'enquête a été confiée aux autorités qui doivent la mener. Nous souhaitons qu'elle soit menée à bien rapidement et que les coupables soient identifiés et punis. Mais à ce stade, je ne peux rien dire de plus.
Je vous remercie beaucoup, je vais raccompagner mon hôte et ami. J'aurai résumé les choses de la façon la plus simple en disant d'abord mes remerciements à mon collègue et ami, le ministre des relations extérieures indien, et en disant que cette visite est excellente.

source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2013