Texte intégral
Monsieur le Directeur Général,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens, d'abord, à remercier Daniel Cohen pour son intervention. Je partage son constat. Notre pays n'est pas bien entré dans la mondialisation.
Il n'est pas pour autant est condamné au déclin.
2013 sera une année déterminante. La crise de la zone euro est en voie de résolution. Pour autant, nous ne sommes pas sortis de la crise en Europe. Une faible croissance, voire la récession, nous guettent, les nouvelles venues d'Allemagne ne nous rassurent pas. Elles confirment que notre marché de proximité, l'Europe, ne nous offre pas l'élan nécessaire au rebond.
Je sais apprécier les bonnes nouvelles, et il y en a, notamment la meilleure santé de nos exportations tirées par l'aéronautique.
Mais je reste aussi lucide : la baisse de nos importations n'est pas étrangère au moindre déficit commercial enregistré par rapport à l'année dernière.
Le Gouvernement entier est engagé pour relever la France et agit. Le Pacte national pour la compétitivité, la croissance et l'emploi produira ses effets pour les entreprises dès 2013 ; l'accord trouvé par les partenaires sociaux sur le marché du travail instaure dans notre pays une culture du dialogue que nous n'avions pas.
Le nouveau modèle français porté par le Premier Ministre se met en place. C'est une méthode, autant qu'un contenu.
Je me suis, dès ma nomination, attelée à proposer une stratégie pour atteindre l'objectif de retour à l'équilibre de notre balance commerciale. En voici quelques étapes.
* Nous avons avancé sur la question des financements. Nous avons engagé, dans la loi de finances rectificatives, un mécanisme compétitif de garanties pour tous les aéronefs ainsi qu'un dispositif qui doit nous permettre de mettre fin au recul constaté des banques sur les financements à l'exportation.
En 2013, nous mettrons en oeuvre un mécanisme de prêteur public direct qui pourra être actionné lorsque nos entreprises se trouvent en concurrence avec une entreprise étrangère qui bénéficie d'un tel avantage compétitif.
J'entends aussi clarifier notre offre de financements. Le rapport de l'Inspection Générale des Finances commandé en ce sens sera à ma lecture la semaine prochaine.
Acte majeur, la Banque Publique d'Investissement existe depuis le 1er janvier 2013. Elle s'organise, en ce moment même, en régions. Son premier conseil d'administration se réunira en ce début d'année et son directeur général, Nicolas Dufourcq, a été confirmé dans ses fonctions.
500 millions d'euros ont été débloqués pour les entreprises. La BPI dispose d'un volet international et aura des développeurs en région : déjà 30 conseillers seront mis à disposition par Ubifrance. Elle sera, pour les entreprises, et je salue celles qui sont parmi nous, un appui de proximité.
* Ensuite, j'ai réorganisé l'export depuis nos territoires. Je travaille depuis mon arrivée avec les Régions. Dès le mois de mars 2013, je disposerai des premiers plans régionaux d'internationalisation des entreprises (PRIE).
L'Acte III de la décentralisation consacrera leur rôle en matière de développement économique de leur territoire, notamment à l'international.
J'ai reçu une délégation des pôles de compétitivité à vocation internationale. Ce sont des appuis précieux.
* J'ai identifié, grâce au travail du Trésor, 47 pays prioritaires et 4 grandes familles de produits (mieux se nourrir, mieux se soigner, mieux vivre en ville et mieux communiquer).
Cette offre correspond à la demande mondiale tirée par les grands et moyens pays émergents. Elle est donc en phase avec leurs besoins. N'oublions pas, pour autant, que 61% de notre commerce extérieur est intra-européen.
Je veux que vous consacriez du temps et de l'énergie à ces 4 familles pour lesquelles je nommerai des référents. Vous avez la charge de les promouvoir dans vos pays et vos régions du monde. La Direction Générale du Trésor recevra des instructions en ce sens.
Sachez que les entreprises s'organisent afin de promouvoir une offre intégrée : j'installai lundi le comité Asie constitué par les entreprises de l'agro-alimentaire. J'ai réuni, à la fin de l'année dernière, les entreprises qui se retrouvent dans la famille du mieux vivre en ville.
Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir, d'un côté des priorités ministérielles, de l'autre les habitudes prises, le « business as usual ».
Je vous sais performants sur les grands contrats, mais grands contrats et commerce courant vont de pair. C'est la même stratégie.
* Avec Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, nous avons présenté en Conseil des Ministres le 9 janvier des mesures pour l'attractivité du territoire France. Comme vous le savez, la France demeure un pays attractif pour les investissements étrangers. C'est le premier pays d'Europe pour les implantations industrielles.
Mais cette position est fragile. Nous devons nous efforcer de mieux accueillir les investisseurs et les hommes d'affaires.
Une mission commandée par 4 Ministres est destinée à faciliter leur venue en France.
Mais votre rôle est essentiel, je l'ai bien vu en Algérie. Vous êtes facteurs d'attractivité pour nos partenaires économiques étrangers, vous incarnez la France, nos valeurs, la qualité de notre accueil.
Vous êtes par fonction des acteurs de la diplomatie économique. Il est essentiel que le Ministère des Affaires Etrangères, davantage, et c'est bien normal, tourné vers son rôle régalien, soit informé des réalités économiques de la mondialisation et qu'il mobilise ses ressources et ses compétences pour nos entreprises.
C'est d'autant plus important que le monde change. Nous ne sommes plus dans une logique pure et simple d'export. Les pays émergents, les pays en croissance nous demandent de les aider à acquérir leurs propres compétences. Des partenaires aujourd'hui peuvent être demain des concurrents.
Ils ne veulent plus constituer un simple marché mais mettre en oeuvre des partenariats industriels. Cela modifie en profondeur votre travail.
Je suis pleinement engagée dans cette diplomatie économique. Les représentants des entreprises présents le savent, je me déplace avec des grands groupes, des ETI et des PME dans tous les pays que je visite.
Je rentre de Turquie, j'y étais avec les entreprises du luxe français mais aussi avec celles qui prennent place dans la ville durable, concept qui s'incarne autant dans les pays développés que dans ceux dont la croissance s'accompagne d'une urbanisation rapide et pas toujours maitrisée.…
Je pars samedi en Chine, je serai accompagnée aussi de PME françaises comme de très grandes entreprises. Nous obtenons des résultats.
Je souhaite que l'ensemble des Ministres du Gouvernement puissent, lorsqu'ils se rendent à l'étranger, être porteurs de nos messages économiques.
Il ne s'agit pas seulement de promouvoir nos entreprises, il s'agit aussi de porter notre message en faveur de règles commerciales équitables. C'est le sens de mon action patiente pour la « réciprocité des échanges ».
J'ai obtenu, le 29 novembre, lors d'un Conseil des Affaires Etrangères européen format commerce, que les négociations avec le Japon intègrent la levée effective par celui-ci des barrières non tarifaires et l'inscription de l'automobile comme produit sensible.
C'est au sein de l'Union Européenne qu'il nous faut trouver des alliés. Ainsi, si l'ouverture de négociations avec les Etats-Unis d'Amérique se confirme, nous saurons faire valoir nos intérêts à la fois défensifs et offensifs.
Les discussions de Ministre à Ministre, voire entre chefs d'Etat (François Hollande a indiqué qu'il souhaitait aborder cette question au prochain G8 de Londres, la politique commerciale de l'Union Européenne devrait être prochainement à l'ordre du jour des Chefs d'Etat) peuvent débloquer les situations.
Il est logique que je vous demande de participer à cet effort de conviction. Si je le fais, c'est que je mesure votre influence et votre rôle. Ils sont essentiels.
Je vous avais annoncé en juillet que je voulais disposer d'une stratégie globale pour l'internationalisation de nos entreprises, à la fois dans nos territoires et dans le monde, d'une politique à la mesure des enjeux majeurs qui sont les nôtres et de réels moyens pour agir.
Aujourd'hui, nous y sommes, en toute transparence. J'ai souhaité que cette réunion soit plus solennelle que d'habitude, lui donner plus d'ampleur, qu'elle soit sous le regard des entreprises, avec la participation des acteurs de la mondialisation et plus ouverte, puisque la presse est là.
Désormais, c'est sur nous que repose l'attente. C'est à nous qu'il incombe d'agir.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 18 janvier 2013