Texte intégral
1. Cest la première fois que vous venez en Chine en tant que ministre de lEconomie et de Finances, et vous êtes également le premier haut fonctionnaire français à effectuer une visite en Chine en 2013. Quel message vous apportez de la part du gouvernement Hollande aux nouveaux dirigeants chinois ?
Je suis tout dabord venu témoigner lamitié qui unit la France et la Chine. La relation franco-chinoise est une priorité pour le Président de la République française, François Hollande. Celui-ci a rencontré en juin dernier le Président Hu Jintao. Il a également rencontré début novembre le Premier Ministre chinois.
Ces rencontres ont donné un nouvel élan à la relation bilatérale. Nous souhaitons entretenir cet élan et même franchir un palier à loccasion de larrivée de nouvelles Autorités en mars prochain. La densité, la qualité et lefficacité des mécanismes du partenariat entre la France et la Chine nous en donnent les moyens. La Chine est un partenaire majeur de notre pays.
Mon déplacement sinscrit par ailleurs dans un contexte particulier pour notre relation bilatérale, qui sera marquée par le déplacement en Chine dans les prochains mois du Président de la République française, et la célébration début 2014 du cinquantième anniversaire de notre relation bilatérale. Je suis venu préparer ces échéances.
2. Du point de vue dun ministre de lEconomie, quelle appréciation faites-vous des secteurs prioritaires de coopération économique entre la France et la Chine ? En particulier, les perspectives de coopération dans le domaine de lélectricité nucléaire ?
La coopération dans les domaines économiques, financiers et commerciaux est fructueuse pour la Chine et la France. En tant que Ministre de lEconomie et des Finances, ma conviction est toutefois quune relation bilatérale plus forte et plus structurée encore, reflétant à la fois létroitesse croissante de nos liens et le poids respectif de nos pays dans léconomie mondiale, est aujourdhui possible.
Cest tout le sens de ma visite ici, qui vient ouvrir un dialogue économique régulier que je souhaite mettre en place. Nous avons en effet dimportants enjeux en commun, et jen citerai notamment trois :
- la France et la Chine ont une responsabilité commune en matière de gouvernance économique mondiale ;
- la France dispose datouts considérables pour accueillir des investissements chinois, qui sont aujourdhui nettement inférieurs au volume dinvestissements français en Chine ;
- enfin, la France et la Chine ont un intérêt mutuel à développer des partenariats industriels équilibrés, créateurs demplois dans les deux pays, y compris dans les industries de pointe tels que laéronautique ou, en effet, lélectricité nucléaire.
3. Le gouvernement français vient dentamer une enquête sur les relations entre EDF et lélectricien chinois CGNPC. Cette enquête aura-t-elle un impact sur la coopération tripartite entre EDF, Areva et CGNPC ? Lopinion publique française est-elle préoccupée par le transfert du droit de propriété intellectuelle ?
Il ny a aucune remise en question de ce partenariat industriel stratégique. La coopération franco-chinoise dans le domaine nucléaire fête cette année son 30ème anniversaire. Deux des quatre EPR actuellement en construction dans le monde le sont en Chine. De nombreux projets de coopération sont en cours détude et notre objectif est de les poursuivre.
La préoccupation des français est la même que celle des Chinois : la mise en place de partenariats industriels mutuellement bénéfiques, cest-à-dire créateur demplois. Or, cest lobjet même dun partenariat stratégique que détablir une relation « gagnante-gagnante ».
4. LEurope traverse une période historiquement difficile de réajustements et dintégration. Par exemple, les dettes publiques sont au niveau le plus élevés depuis la deuxième guerre mondiale, à hauteur de 110% du PIB moyen des pays développés. Comment faut-il faire, selon vous, pour réduire la dette tout en maintenant la croissance ?
La zone euro a besoin aujourdhui de davantage dintégration et de solidarité. Elle a pris la mesure de la gravité de la crise, et les décisions prises ces derniers mois par les gouvernements européens et la Banque centrale européenne ont permis de franchir une étape décisive. Je pense en particulier au « Mécanisme Européen de Stabilité », qui est opérationnel depuis début octobre et qui constitue une étape historique dans la construction de lUnion monétaire. Je pense également aux solutions apportées en faveur de la Grèce qui ouvre des perspectives de croissance pour le pays et lève toutes hypothèques sur la cohésion de la zone euro. Je pense enfin à laccord sur la supervision bancaire intégrée, conclu le mois dernier, qui constitue une première étape pour lunion bancaire permettra de maîtriser à lavenir les risques financiers.
Il y a donc eu un vrai coup daccélérateur ces derniers mois, un vrai tournant pour rétablir la stabilité, la confiance et in fine la croissance. La France a été très active pour parvenir à ce résultat. Nous mettons tout notre poids derrière le rééquilibrage des politiques menées en zone euro, pour faire une juste place aux objectifs de croissance et de solidarité. Mon emploi du temps, consacré pour un tiers aux dossiers européens, en témoigne.
5. Plusieurs observateurs chinois font valoir aujourdhui quune importante source de la situation de crise des dettes européennes et de déséquilibre économique actuel réside dans le fait que lAllemagne professe depuis près dune décennie le mercantilisme, et a accumulé un énorme excédent commercial. Ainsi, une des clés serait que lAllemagne permette une hausse des salaires, une augmentation de linflation et une stimulation de sa demande intérieure et, en même temps, une réduction de son énorme solde de transactions courantes. Quen pensez-vous ???
Je ne crois pas que ce soit une description parfaitement correcte de la situation allemande ou européenne. Mais il est vrai que la crise nous a montré la nécessité de compléter le pacte de stabilité budgétaire, mis en place au tout début de la zone euro, par une meilleure surveillance macroéconomique et par plus de solidarité. Nous appliquons ainsi depuis lannée dernière une nouvelle procédure de surveillance et de correction des déséquilibres macroéconomiques, qui rejoint linspiration des engagements que nous prenons dans le cadre du plan daction du G20 pour une croissance équilibrée et durable, mais de façon plus contraignante.
Cest donc à la fois sur le volet budgétaire, macroéconomique, financier et bancaire que nous stabilisons et renforçons lintégration de la zone euro.
Et puis, chacun des pays européens, y compris la France, doit évidemment réaliser les réformes nécessaires pour rendre plus performantes nos économies. Nous le faisons à Paris, avec une politique de compétitivité et de redressement très vigoureuse, qui renforce encore lattractivité de la France pour les investisseurs internationaux, chinois en particulier. Cest le sens aussi de ma visite.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 10 janvier 2013
Je suis tout dabord venu témoigner lamitié qui unit la France et la Chine. La relation franco-chinoise est une priorité pour le Président de la République française, François Hollande. Celui-ci a rencontré en juin dernier le Président Hu Jintao. Il a également rencontré début novembre le Premier Ministre chinois.
Ces rencontres ont donné un nouvel élan à la relation bilatérale. Nous souhaitons entretenir cet élan et même franchir un palier à loccasion de larrivée de nouvelles Autorités en mars prochain. La densité, la qualité et lefficacité des mécanismes du partenariat entre la France et la Chine nous en donnent les moyens. La Chine est un partenaire majeur de notre pays.
Mon déplacement sinscrit par ailleurs dans un contexte particulier pour notre relation bilatérale, qui sera marquée par le déplacement en Chine dans les prochains mois du Président de la République française, et la célébration début 2014 du cinquantième anniversaire de notre relation bilatérale. Je suis venu préparer ces échéances.
2. Du point de vue dun ministre de lEconomie, quelle appréciation faites-vous des secteurs prioritaires de coopération économique entre la France et la Chine ? En particulier, les perspectives de coopération dans le domaine de lélectricité nucléaire ?
La coopération dans les domaines économiques, financiers et commerciaux est fructueuse pour la Chine et la France. En tant que Ministre de lEconomie et des Finances, ma conviction est toutefois quune relation bilatérale plus forte et plus structurée encore, reflétant à la fois létroitesse croissante de nos liens et le poids respectif de nos pays dans léconomie mondiale, est aujourdhui possible.
Cest tout le sens de ma visite ici, qui vient ouvrir un dialogue économique régulier que je souhaite mettre en place. Nous avons en effet dimportants enjeux en commun, et jen citerai notamment trois :
- la France et la Chine ont une responsabilité commune en matière de gouvernance économique mondiale ;
- la France dispose datouts considérables pour accueillir des investissements chinois, qui sont aujourdhui nettement inférieurs au volume dinvestissements français en Chine ;
- enfin, la France et la Chine ont un intérêt mutuel à développer des partenariats industriels équilibrés, créateurs demplois dans les deux pays, y compris dans les industries de pointe tels que laéronautique ou, en effet, lélectricité nucléaire.
3. Le gouvernement français vient dentamer une enquête sur les relations entre EDF et lélectricien chinois CGNPC. Cette enquête aura-t-elle un impact sur la coopération tripartite entre EDF, Areva et CGNPC ? Lopinion publique française est-elle préoccupée par le transfert du droit de propriété intellectuelle ?
Il ny a aucune remise en question de ce partenariat industriel stratégique. La coopération franco-chinoise dans le domaine nucléaire fête cette année son 30ème anniversaire. Deux des quatre EPR actuellement en construction dans le monde le sont en Chine. De nombreux projets de coopération sont en cours détude et notre objectif est de les poursuivre.
La préoccupation des français est la même que celle des Chinois : la mise en place de partenariats industriels mutuellement bénéfiques, cest-à-dire créateur demplois. Or, cest lobjet même dun partenariat stratégique que détablir une relation « gagnante-gagnante ».
4. LEurope traverse une période historiquement difficile de réajustements et dintégration. Par exemple, les dettes publiques sont au niveau le plus élevés depuis la deuxième guerre mondiale, à hauteur de 110% du PIB moyen des pays développés. Comment faut-il faire, selon vous, pour réduire la dette tout en maintenant la croissance ?
La zone euro a besoin aujourdhui de davantage dintégration et de solidarité. Elle a pris la mesure de la gravité de la crise, et les décisions prises ces derniers mois par les gouvernements européens et la Banque centrale européenne ont permis de franchir une étape décisive. Je pense en particulier au « Mécanisme Européen de Stabilité », qui est opérationnel depuis début octobre et qui constitue une étape historique dans la construction de lUnion monétaire. Je pense également aux solutions apportées en faveur de la Grèce qui ouvre des perspectives de croissance pour le pays et lève toutes hypothèques sur la cohésion de la zone euro. Je pense enfin à laccord sur la supervision bancaire intégrée, conclu le mois dernier, qui constitue une première étape pour lunion bancaire permettra de maîtriser à lavenir les risques financiers.
Il y a donc eu un vrai coup daccélérateur ces derniers mois, un vrai tournant pour rétablir la stabilité, la confiance et in fine la croissance. La France a été très active pour parvenir à ce résultat. Nous mettons tout notre poids derrière le rééquilibrage des politiques menées en zone euro, pour faire une juste place aux objectifs de croissance et de solidarité. Mon emploi du temps, consacré pour un tiers aux dossiers européens, en témoigne.
5. Plusieurs observateurs chinois font valoir aujourdhui quune importante source de la situation de crise des dettes européennes et de déséquilibre économique actuel réside dans le fait que lAllemagne professe depuis près dune décennie le mercantilisme, et a accumulé un énorme excédent commercial. Ainsi, une des clés serait que lAllemagne permette une hausse des salaires, une augmentation de linflation et une stimulation de sa demande intérieure et, en même temps, une réduction de son énorme solde de transactions courantes. Quen pensez-vous ???
Je ne crois pas que ce soit une description parfaitement correcte de la situation allemande ou européenne. Mais il est vrai que la crise nous a montré la nécessité de compléter le pacte de stabilité budgétaire, mis en place au tout début de la zone euro, par une meilleure surveillance macroéconomique et par plus de solidarité. Nous appliquons ainsi depuis lannée dernière une nouvelle procédure de surveillance et de correction des déséquilibres macroéconomiques, qui rejoint linspiration des engagements que nous prenons dans le cadre du plan daction du G20 pour une croissance équilibrée et durable, mais de façon plus contraignante.
Cest donc à la fois sur le volet budgétaire, macroéconomique, financier et bancaire que nous stabilisons et renforçons lintégration de la zone euro.
Et puis, chacun des pays européens, y compris la France, doit évidemment réaliser les réformes nécessaires pour rendre plus performantes nos économies. Nous le faisons à Paris, avec une politique de compétitivité et de redressement très vigoureuse, qui renforce encore lattractivité de la France pour les investisseurs internationaux, chinois en particulier. Cest le sens aussi de ma visite.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 10 janvier 2013