Texte intégral
Le Figaro : La démission collective de la Commission de Bruxelles, c'est un échec ou un nouveau départ pour l'Europe ?
A.Madelin : C'est le constat de l'échec d'une certaine Europe. Celle de l'Europe "touche à tout" et bureaucratique, que les libéraux ont toujours dénoncée, refusée et combattue. Faut-il rappeller l'action d'hommes comme Thierry Jean-Pierre ou François D'Aubert, qui, depuis des années, par leurs livres ou leurs rapports, ont alerté l'opinion sur les dérives de Bruxelles et les gaspillages de l'argent des contribuables européens.
Le Figaro : Dérives, gaspillages...La Commission n'est pas la seule responsable. Est-ce qu'on n'en fait pas un bouc émissaire ?
AM : N'oublions pas en effet tout ce que la construction européenne doit à la Commission de Bruxelles. Son action et ses directives sont pour une large part à l'origine du mouvement de libéralisation intervenu en France depuis des années. Elle a servi de garde-fou aux excès du socialisme dogmatique et elle a fait reculer le dirigisme en France. Ses initiatives ou ses contraintes sont à l'origine de la limitation des déficits publics, de l'indépendance de notre Banque centrale, du mouvement de privatisation, de l'ouverture à la concurrence des secteurs protégés comme les télécommunications, les transports aériens, l'énergie, la limitation des subventions...De ce point de vue, les contribuables ou les consommateurs français peuvent lui en être reconnaissants.
LF : Le libéral Madelin salue donc le travail de la Commission...
AM : Ce n'est pas la part -libérale- du travail de la Commission qui est aujourd'hui en cause. Ce sont les dérives bureaucratiques liées à un interventionnisme excessif. Or ces risques de dérive sont inhérents à la Commission. Certes, si la bureaucratie est d'abord à Paris avant d'être à Bruxelles, c'est la tentation de tout pouvoir que d'étendre son pouvoir et de toute administration que d'étendre son empire.
LF : Ou doit s'arrêter cet "empire" européen ?
Madelin : L'Europe que souhaitent les libéraux, c'est l'Europe du strict respect du principe de subsidiarité. Ce que les citoyens, les entreprises, les associations sont capables de faire, il faut leur laisser faire.
(source http://www.demlib.com, le 7 février 2001)