Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur la contribution financière de la communauté internationale en faveur du rétablissement de la souveraineté et de l'intégrité du Mali, à Addis Abeba le 29 janvier 2013.

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Circonstance : Conférence des donateurs/Mali, à Addis Abeba (Ethiopie) le 29 janvier 2013

Texte intégral

Monsieur le Président de la Conférence de l'Union,
Madame la Présidente,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
Mesdames et Messieurs,
Depuis de nombreux mois, la CEDEAO, l'Union africaine et les Nations unies se sont mobilisés pour venir en aide au Mali. Mais au cours de ces dernières semaines, l'Histoire s'est accélérée. Le raid mené près de Mopti, par des groupes terroristes et narcoterroristes armés, menaçait l'existence même du Mali comme État démocratique. Au-delà, c'est l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest qui était menacée.
Appelée à l'aide par les autorités maliennes et consciente de l'urgence, la France n'a pas hésité. Dans le respect de la légalité internationale, elle a engagé une opération militaire, aux côtés des forces armées maliennes pour, dans un premier temps, stopper cette avancée meurtrière. La France a fait son devoir.
C'est cette même urgence qui a poussé nos alliés à apporter leur soutien logistique à notre intervention. Je les remercie chaleureusement. C'est aussi cette urgence qui a conduit la CEDEAO, l'UA et les États contributeurs de troupes à accélérer leur déploiement. Ils sont désormais plus de 1.000 soldats africains de la MISMA à Bamako, pour aider le Mali.
Je tiens à renouveler mes remerciements au président Boni Yayi pour ses efforts inlassables au nom de l'Union africaine et à saisir cette occasion pour saluer l'accession à la présidence de l'Union africaine du Premier ministre Hailemariam.
Nous sommes aujourd'hui réunis pour donner à la MISMA les moyens de mener son action de rétablissement de la souveraineté et de l'intégrité du Mali, condition indispensable à une stabilisation politique durable.
Nous devons aussi faire face aux besoins de l'armée malienne, qui doit retrouver la capacité à assurer la sécurité de ses citoyens, de tous ses citoyens. C'est une priorité pour l'avenir du pays, et c'est sur la formation de l'armée malienne que l'Union européenne fera faire porter une partie de ses efforts. Il faut veiller à un financement équilibré sur ces deux axes.
Pour sa part, la France, au-delà de l'effort considérable que représente l'opération Serval (financée entièrement par elle), a décidé de contribuer aux deux parties du Fonds créé par les Nations unies.
Nous apportons un soutien logistique aux contingents de la MISMA en cours de déploiement. Cet appui est de l'ordre de 40 millions d'euros. Nous contribuons aussi à former les bataillons nigériens et sénégalais.
Par ailleurs la France, qui n'a pas vocation à rester durablement engagée militairement au Mali, intervient en appui des Forces armées maliennes et va leur céder des matériels tactiques pour 6,7 million d'euros.
Notre contribution globale à l'effort collectif, acte de solidarité concrète, s'élève donc à 47 millions d'euros soit à 63 millions de dollars.
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Les contributions que la communauté internationale va apporter à ces deux fonds sont fondamentales. Elles sont le signe de notre engagement politique aux côtés des forces africaines, déjà en route et mobilisées, ainsi que de notre implication aux côtés du Mali, et à travers lui de l'ensemble du Sahel et de l'Afrique. Elles s'inscrivent dans la logique du renforcement des capacités africaines de gestion de crise, au coeur des priorités de l'Union africaine. Car nous savons tous que c'est d'abord aux Africains d'assurer la sécurité de l'Afrique.
Comme le prévoient les résolutions des Nations unies, ces contributions permettront d'avancer dans le règlement de l'ensemble des trois volets indispensables, sécuritaire, politique et humanitaire et de développement. Chacun doit être mis devant ses responsabilités.
Pour que la MISMA et les forces armées maliennes aient les moyens de leur action, nous devons contribuer maintenant.
Les autorités maliennes, de leur côté, et je salue la présence du président Traoré, devront poursuivre dans la voie du rétablissement démocratique, et je souligne, pour m'en féliciter, l'adoption récente, par le Conseil des ministres maliens, d'une feuille de route. Elles sont aussi responsables de la façon dont s'engage la réconciliation nationale, et doivent veiller à éviter les exactions, que la communauté internationale ne saurait tolérer.
Enfin nous devons, collectivement, faire un effort particulier pour que les populations civiles qui, depuis de long mois, subissent le joug des groupes criminels terroristes, soient secourues et accompagnées.
Monsieur le Président,
Madame la Présidente,
Messieurs les Présidents,
L'Afrique que vous représentez est aujourd'hui engagée dans une opération majeure. Avec vous tous, la CEDEAO, l'UA ont réussi à mettre en place une force importante. Il faut vous donner les moyens de poursuivre votre mission. Au nom du président Hollande, je souhaite que les États, ici représentés, répondent à l'appel qui nous est lancé. La France est à vos côtés, aux côtés de l'Afrique, dans votre action contre le terrorisme, pour le développement et pour la paix.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 février 2013