Texte intégral
Mesdames, messieurs, je suis très content de vous voir, j'espère que vous n'attendez pas depuis trop longtemps. En tout cas, les occasions pour venir ici au Cambodge sont quand même assez rares pour les membres du gouvernement. Mais je suis heureux de vous rencontrer ce soir, de rencontrer la communauté française ici, en vous remerciant monsieur l'ambassadeur d'avoir organisé ici cette réception, et de me permettre aussi d'avoir de multiples contacts et d'en avoir eu aujourd'hui fort intéressants et d'en avoir encore demain.
Je le fais en présence de madame la ministre Yamina Benguigui chargée de la Francophonie, avec mon épouse qui m'accompagne bien sûr mais aussi une délégation de parlementaires, votre député monsieur Mariani, député (j'allais dire) de la circonscription je me moquais un peu de lui parce que cette circonscription elle n'est quand même pas ordinaire, elle est vraiment très, très grande, avec madame la ministre et sénatrice Catherine Tasca, Catherine Quéré députée et monsieur Vincent Eblé, sénateur. Je n'ai oublié personne ? Voilà.
Mesdames, messieurs, vous savez les raisons qui m'amènent à représenter la France ici, au Cambodge, puisque demain aura lieu cette cérémonie de la crémation d'une grande personnalité, Norodom Sihanouk. Et par ma présence, la France veut honorer sa mémoire mais aussi saluer l'amitié historique qui lie le Cambodge et la France. Et je voudrais avant de m'exprimer davantage vous demander de nous recueillir quelques instants à sa mémoire.
J'ai ce matin rencontré le roi du Cambodge et sa mère, nous avons parlé de Norodom Sihanouk. Peut-être que pour les jeunes générations, Norodom Sihanouk évoque moins de choses, mais c'est vrai qu'il est rare qu'une personnalité politique d'un pays si lointain soit connue dans un autre pays, et c'est le cas de Norodom Sihanouk. C'est un homme qui appartenait à l'histoire, avec tout ce que cela peut représenter. Mais ce qui le caractérisait, je crois, avant tout le reste, c'était d'abord un patriote et qui a tout fait pour défendre l'intégrité, l'unité de son pays dans des circonstances souvent extrêmement difficiles.
Aujourd'hui, le Cambodge est un Etat redevenu libre, indépendant, mais qui a connu tant de souffrances. Il était devenu roi du Cambodge en 1941, l'époque coloniale. En 1953, c'était sous Pierre Mendès-France, qui était chef du gouvernement, que la France accordait à ce pays l'indépendance. Ce qui était déjà une belle étape historique quand on connaît la suite des autres aventures coloniales dans cette région du monde, dont d'ailleurs le Cambodge a souffert par la suite. Souvenez-vous de ce discours du général de Gaulle à Phnom Penh, et puis après la longue tragédie des Khmers rouges, nous en avons parlé ce midi avec des membres du tribunal pénal international.
Voilà l'histoire, cette histoire d'un peuple qui est marqué par une grande culture. Et ce qui honore la France, c'est d'avoir il y a un peu plus d'un siècle créé cette école de l'Orient, cette école culturelle, historique, patrimoniale. C'était d'ailleurs François Mitterrand, président de la République qui avait, après la longue tragédie des Khmers rouges décidé de reprendre le soutien à la rénovation de Angkor, eh bien ! C'est ce qui fait aussi ce lien profond entre nos deux pays.
Ce matin, j'ai pu visiter le musée national, rencontré des Cambodgiens, rencontré des Français, - il y a beaucoup de Français ici et je voudrais vous saluer - vous saluer et vous dire aussi que même si vous êtes loin de la France, vous êtes des Français où vous avez bâti ici votre histoire familiale, professionnelle, vous vous y êtes installés et je suis sûr que vous aimez ce pays. Eh bien ! Cet après-midi en rencontrant le Premier ministre cambodgien, j'ai voulu en venant ici saluer la mémoire de Norodom Sihanouk, dire que la France souhaitait entretenir, développer des relations privilégiées avec ce pays, et ce pays le souhaite. Il y aurait beaucoup à dire mais je serai beaucoup trop long si je le faisais, en racontant toute notre histoire commune et ses vicissitudes.
Mais je crois qu'en effet, en Europe c'est la France, c'est avec la France que le Cambodge souhaite avoir des relations particulières. Et nous devons y répondre, tant sur le plan politique, tant sur le plan économique que sur le plan culturel, et en étant aussi accueillant, je pense à ces jeunes étudiants qui, parfois, ont du mal, je pense à ces médecins ou ces professeurs de médecine que j'ai rencontrés cet après-midi à l'hôpital Calmette, et qui me disaient les difficultés que certains de leurs étudiants avaient à venir se former en France. Il faut faciliter les choses, je crois que c'est notre responsabilité, nous avons tout à y gagner. La France a à y gagner et puis le Cambodge a à y gagner, en tout cas c'est l'état d'esprit du gouvernement, c'est l'état d'esprit de la France.
Et donc, je suis venu aussi vous adresser un message du président de la République François Hollande. Il aurait aimé venir, mais vous comprenez bien que la décision que nous avons prise d'engager la France au Mali rendait ce déplacement très difficile. Même si il viendra, ou en tout cas il viendra dans d'autres circonstances. Mais je voudrais juste vous en dire un mot, puisqu'il était hier à Bamako et également vous avez pu le remarquer il a rencontré les Maliens dans un enthousiasme indescriptible. Parce qu'en effet, Tombouctou était le symbole aussi de ce qui était en train de se passer, c'est-à-dire la volonté d'un certain nombre de groupes terroristes d'imposer leur volonté, d'imposer leur vision du monde, en commençant à s'attaquer d'ailleurs à cette immense culture contenue dans cette bibliothèque magnifique de Tombouctou. Ces mausolées qui avaient été abîmées, comme à chaque fois que les forces djihadistes et les plus je dirai les plus brutales n'ont d'autres voies que de détruire, que de blesser, que d'abîmer et d'imposer une loi dont finalement les peuples de cette région ne voulaient pas.
Mais le but était clair, c'était d'aller plus loin et de descendre vers le Sud, et d'occuper la totalité du Mali pour en faire en quelque sorte un sanctuaire terroriste qui aurait déstabilisé toute la région de l'Afrique de l'Ouest. Et c'est face à cette situation qui était en train de se dérouler, alors que la mission internationale décidée par le Conseil de Sécurité du 20 décembre dernier n'avait pas encore eu le temps de se mettre en place, que le chef de l'Etat malien a appelé la France au secours, avec l'appui de tous les chefs d'Etat de la région, et que la France a répondu favorablement, vous connaissez les circonstances, mais bien sûr dans le cadre du respect du droit international de l'article 51 de la charte des Nations Unies.
Nous n'avons pas vocation à rester évidemment, mais nous avons vocation à faire reculer encore ces forces terroristes, mais surtout à laisser la place et préparer la place aux forces africaines : l'armée malienne, la Mission internationale africaine et pour laquelle les pays européens apportent aussi leur concours en matière logistique et aussi en matière de formation. Les choses sont en marche et c'était important de le dire et de le redire. C'est une des questions qui a été posée par tous nos partenaires. Et cet après-midi, lors de ma rencontre avec le Premier ministre du Cambodge, c'est même lui qui l'a abordé le premier, en comprenant la décision de la France, en me demandant des précisions mais en apportant aussi son soutien à cette décision difficile.
Donc voilà ce qui a été décidé, voilà ce qui a été entrepris. Mais en même temps l'action de la France vous l'imaginez bien se mène aussi sur d'autres terrains, qui est celui du redressement économique de notre pays. Loin de France, peut-être parfois vous pouvez vous demander : mais où va la France, où va l'Europe ? Il y a quelques mois, j'étais dans cette région, à Singapour et aux Philippines. C'était en octobre. Et on me demandait : mais est-ce que l'euro va subsister, est-ce qu'il n'y a pas un risque que la crise de la Grèce s'aggrave et que l'effet domino se produise et qu'au fond, tout s'effondre ? Eh bien ! Aujourd'hui, je puis vous dire que même si tout n'est pas réglé, ce qu'il faut faire maintenant à tout prix c'est créer les conditions d'une croissance plus forte, ce qui n'est pas encore finalement totalement résolu.
Mais les choses ont avancé, jamais la Banque Centrale Européenne n'était autant intervenue, jamais nous n'aurions imaginé que la question grecque soit résolue dans les conditions que vous savez, jamais on n'aurait imaginé que le mécanisme européen de stabilité soit mis en place, que l'Union et la supervision bancaire se réalisent, ça, tout cela est engagé, et c'est de nature à créer de la confiance. Dans un monde globalisé, auquel vous appartenez, là où vous habitez, là où vous travaillez, eh bien évidemment, tout ce qui se passe ailleurs, à l'autre bout du monde, a un impact, a une résonance. Je me suis rendu compte aussi de cette attente à Santiago du Chili lors de la rencontre entre les pays de l'Union Européenne et de l'Amérique Latine, nous avons besoin les uns des autres, dans un rapport, certes équilibré, dans un rapport de juste échange, où les règles, je dirais, d'échanges économiques et commerciaux doivent être claires, doivent être équilibrées, doivent être transparentes, respectueuses des droits de l'homme, respectueuses de règles fiscales, respectueuses aussi de l'environnement. Nos destins sont profondément liés. Et évidemment, si l'Europe ne marche pas, le reste du monde pourra marcher, mais il marchera moins bien, et réciproquement. Donc c'est dans ce monde-là que nous agissons et que la France est déterminée à se battre et prendre toute sa place.
Et donc, s'agissant de la France elle-même, au-delà de son engagement européen, eh bien en effet nous sommes engagés dans un chantier de redressement de notre économie, d'amélioration de notre compétitivité. J'ai fixé un objectif pour qu'à la fin du quinquennat notre commerce extérieur, qui est déséquilibré, retrouve son équilibre, hors énergie, mais c'est un défi. Améliorer la compétitivité de nos entreprises, tant pour le marché intérieur, que pour le marché européen, que pour le marché mondial, c'est un défi, et ça passe par des décisions, par des choix, ceux que nous avons engagés, mais ça passe aussi par des réformes, ces réformes nous les avons engagées, elles ne porteront pas leurs fruits immédiatement, mais il faut les engager.
Lutter contre la dette et les déficits c'est indispensable, parce que le premier budget de la nation, aujourd'hui, c'est le remboursement des intérêts de la dette, si nous ne stoppons pas ce processus, alors demain ça sera encore plus, et encore plus, et ce que nous aurons à dépenser pour investir, pour innover, pour former, pour transformer le pays, eh bien nous ne l'aurons pas, et alors la France reculera encore davantage, et ça nous ne le voulons pas, quels que soient les choix politiques qu'on ait été amenés à faire à l'élection présidentielle ou législative, ce que nous voulons tous, ce que nous espérons tous, c'est que notre pays soit fort, et il peut l'être. Et moi je suis convaincu, comme nous le montrons à travers la décision qui a été prise d'intervenir au Mali, que la France est une grande nation, une grande puissance, qui joue un rôle politique, et qui est respectée, et qui est peut-être, en Europe, un des rares pays à pouvoir le faire, mais en même temps la France sera forte que si elle est plus forte économiquement, et que si elle est capable aussi de se réformer parfois, pas toujours dans la douleur, mais aussi par la négociation, par la recherche de compromis.
Et de ce point de vue, je ne sais pas si vous l'avez suivi dans le détail, mais la négociation qui a eu lieu sur le marché du travail, sur la sécurisation de l'emploi, entre les partenaires sociaux, est la preuve qu'on peut rapprocher les points de vue, on peut avancer pour trouver les bonnes réponses, les bonnes réformes, sans pour autant forcément être toujours dans l'affrontement. En tout cas c'est ma méthode, c'est celle du gouvernement, c'est celle du président de la République, et nous voulons la poursuivre.
Et les chantiers que nous avons engagés, parmi ceux-là il y a aussi la réforme de notre système éducatif. C'est vrai que l'école de la République a bien des atouts, mais elle a aussi ses faiblesses, trop de jeunes échouent, trop de jeunes ne voient pas de perspective pour leur propre avenir, donc c'est le chantier de la refondation de l'école. La réforme de l'Etat, un Etat plus stratège, plus régulateur, mais en même temps qui dépense mieux l'argent des contribuables, de façon plus efficace, eh bien c'est le chantier de la décentralisation, que nous avons décidé de lancer.
Mais c'est aussi le grand défi de la transition énergétique, et ce grand défi de la transition énergétique, de la lutte contre le réchauffement climatique, à l'échelle mondiale, nous avons, nous la France, comme l'Europe, un rôle particulier à jouer. Et nous avons des efforts à faire. Des efforts à faire pour une plus grande efficacité énergétique, pour développer les énergies renouvelables, investir, former, développer de nouvelles filières. Ces chantiers ont été engagés, mais ils ne porteront pas tous leurs fruits tout de suite, parce que, évidemment, l'impatience peut nous guetter, et c'est normal, parce que quelle est la question que se posent chaque jour nos compatriotes, vous, sûrement comme les autres, c'est la question du travail, c'est la question de l'emploi, c'est la question du niveau de vie, et c'est pour ça que nous avons aussi lancé cette bataille pour faire reculer les chiffres du chômage, qui depuis 20 mois consécutifs connaissent une hausse régulière. Eh bien, tout va ensemble, tout tient ensemble, et c'est le choix qui a été fait, et c'est le choix que nous avons engagé, c'est-à-dire qu'à la fois nous devons tenir un langage de vérité, sur les forces et les faiblesses de notre pays.
Les faiblesses, j'en ai décrit quelques-unes, mais les forces aussi elles sont là, et il faut aller les chercher, il faut les encourager. Demain je serai en Thaïlande et je serai avec un certain nombre de chefs d'entreprises, j'en rencontrerai aussi demain ici, de grandes entreprises, de petites et moyennes entreprises, mais partout je vois les talents, partout je vois l'énergie, l'envie de se battre, l'envie de réussir, mais en même temps l'attente aussi d'un message clair, d'un message fort de soutien. Eh bien je suis venu aussi apporter, à ceux qui se battent au quotidien, quelle que soit leur fonction, qu'ils soient dans une entreprise, ou dans un service public, ou dans une ONG, et j'en ai encore rencontrés aujourd'hui, que de générosité, que de volonté, que de talent, que d'envie de se battre et de donner la meilleure image de nous-mêmes, c'est-à-dire la meilleure image de la France.
Et je dis souvent, dans mes discours à la communauté française, à l'étranger, surtout quand on est loin, que quand on est loin on va à l'essentiel, et on a envie vraiment que la France aille aussi à l'essentiel, et que parfois vous pouvez avoir le sentiment qu'on se perd en petites querelles, qu'on se perd en petits débats, secondaires, alors que tant de choses sont à faire ensemble, eh bien oui, je suis venu aussi vous dire que nous avons besoin de tous les talents, de toutes les intelligences, eh bien c'est ce message de confiance que je suis venu vous apporter, mais c'est aussi un message de confiance dans les valeurs de la France, parce que plus on s'éloigne, plus on a une image positive de la France, non pas seulement vous, mes chers compatriotes, mais aussi ceux qui attendent beaucoup de la France, au Cambodge comme ailleurs, parce que nous avons une histoire, parce que nous avons des valeurs, parce que nous avons une culture, et que cela nous est souvent envié, et que nous devrions parfois en être davantage fiers que nous ne sommes. Mais je sais que quand on est loin, on est fier plus que les autres encore, et donc pour tout ça je voudrais vous dire un grand merci, pour ce que vous faites ici, au Cambodge, pour ceux qui sont là pour longtemps, peut-être pour le reste de leur vie, ou ceux qui sont là de passage, quelques mois, je pense aux jeunes, en stage ou en formation, mais aussi aux autres, 2 ans, 3 ans, de contrat, eh bien merci pour ce que vous faites, non seulement pour ce pays, le Cambodge, qui attend beaucoup de vous, de nous, mais ce que vous faites aussi pour la France, et l'image que vous en donnez. Alors merci, vive l'amitié entre la France et le Cambodge, vive la République et vive la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 11 février 2013
Je le fais en présence de madame la ministre Yamina Benguigui chargée de la Francophonie, avec mon épouse qui m'accompagne bien sûr mais aussi une délégation de parlementaires, votre député monsieur Mariani, député (j'allais dire) de la circonscription je me moquais un peu de lui parce que cette circonscription elle n'est quand même pas ordinaire, elle est vraiment très, très grande, avec madame la ministre et sénatrice Catherine Tasca, Catherine Quéré députée et monsieur Vincent Eblé, sénateur. Je n'ai oublié personne ? Voilà.
Mesdames, messieurs, vous savez les raisons qui m'amènent à représenter la France ici, au Cambodge, puisque demain aura lieu cette cérémonie de la crémation d'une grande personnalité, Norodom Sihanouk. Et par ma présence, la France veut honorer sa mémoire mais aussi saluer l'amitié historique qui lie le Cambodge et la France. Et je voudrais avant de m'exprimer davantage vous demander de nous recueillir quelques instants à sa mémoire.
J'ai ce matin rencontré le roi du Cambodge et sa mère, nous avons parlé de Norodom Sihanouk. Peut-être que pour les jeunes générations, Norodom Sihanouk évoque moins de choses, mais c'est vrai qu'il est rare qu'une personnalité politique d'un pays si lointain soit connue dans un autre pays, et c'est le cas de Norodom Sihanouk. C'est un homme qui appartenait à l'histoire, avec tout ce que cela peut représenter. Mais ce qui le caractérisait, je crois, avant tout le reste, c'était d'abord un patriote et qui a tout fait pour défendre l'intégrité, l'unité de son pays dans des circonstances souvent extrêmement difficiles.
Aujourd'hui, le Cambodge est un Etat redevenu libre, indépendant, mais qui a connu tant de souffrances. Il était devenu roi du Cambodge en 1941, l'époque coloniale. En 1953, c'était sous Pierre Mendès-France, qui était chef du gouvernement, que la France accordait à ce pays l'indépendance. Ce qui était déjà une belle étape historique quand on connaît la suite des autres aventures coloniales dans cette région du monde, dont d'ailleurs le Cambodge a souffert par la suite. Souvenez-vous de ce discours du général de Gaulle à Phnom Penh, et puis après la longue tragédie des Khmers rouges, nous en avons parlé ce midi avec des membres du tribunal pénal international.
Voilà l'histoire, cette histoire d'un peuple qui est marqué par une grande culture. Et ce qui honore la France, c'est d'avoir il y a un peu plus d'un siècle créé cette école de l'Orient, cette école culturelle, historique, patrimoniale. C'était d'ailleurs François Mitterrand, président de la République qui avait, après la longue tragédie des Khmers rouges décidé de reprendre le soutien à la rénovation de Angkor, eh bien ! C'est ce qui fait aussi ce lien profond entre nos deux pays.
Ce matin, j'ai pu visiter le musée national, rencontré des Cambodgiens, rencontré des Français, - il y a beaucoup de Français ici et je voudrais vous saluer - vous saluer et vous dire aussi que même si vous êtes loin de la France, vous êtes des Français où vous avez bâti ici votre histoire familiale, professionnelle, vous vous y êtes installés et je suis sûr que vous aimez ce pays. Eh bien ! Cet après-midi en rencontrant le Premier ministre cambodgien, j'ai voulu en venant ici saluer la mémoire de Norodom Sihanouk, dire que la France souhaitait entretenir, développer des relations privilégiées avec ce pays, et ce pays le souhaite. Il y aurait beaucoup à dire mais je serai beaucoup trop long si je le faisais, en racontant toute notre histoire commune et ses vicissitudes.
Mais je crois qu'en effet, en Europe c'est la France, c'est avec la France que le Cambodge souhaite avoir des relations particulières. Et nous devons y répondre, tant sur le plan politique, tant sur le plan économique que sur le plan culturel, et en étant aussi accueillant, je pense à ces jeunes étudiants qui, parfois, ont du mal, je pense à ces médecins ou ces professeurs de médecine que j'ai rencontrés cet après-midi à l'hôpital Calmette, et qui me disaient les difficultés que certains de leurs étudiants avaient à venir se former en France. Il faut faciliter les choses, je crois que c'est notre responsabilité, nous avons tout à y gagner. La France a à y gagner et puis le Cambodge a à y gagner, en tout cas c'est l'état d'esprit du gouvernement, c'est l'état d'esprit de la France.
Et donc, je suis venu aussi vous adresser un message du président de la République François Hollande. Il aurait aimé venir, mais vous comprenez bien que la décision que nous avons prise d'engager la France au Mali rendait ce déplacement très difficile. Même si il viendra, ou en tout cas il viendra dans d'autres circonstances. Mais je voudrais juste vous en dire un mot, puisqu'il était hier à Bamako et également vous avez pu le remarquer il a rencontré les Maliens dans un enthousiasme indescriptible. Parce qu'en effet, Tombouctou était le symbole aussi de ce qui était en train de se passer, c'est-à-dire la volonté d'un certain nombre de groupes terroristes d'imposer leur volonté, d'imposer leur vision du monde, en commençant à s'attaquer d'ailleurs à cette immense culture contenue dans cette bibliothèque magnifique de Tombouctou. Ces mausolées qui avaient été abîmées, comme à chaque fois que les forces djihadistes et les plus je dirai les plus brutales n'ont d'autres voies que de détruire, que de blesser, que d'abîmer et d'imposer une loi dont finalement les peuples de cette région ne voulaient pas.
Mais le but était clair, c'était d'aller plus loin et de descendre vers le Sud, et d'occuper la totalité du Mali pour en faire en quelque sorte un sanctuaire terroriste qui aurait déstabilisé toute la région de l'Afrique de l'Ouest. Et c'est face à cette situation qui était en train de se dérouler, alors que la mission internationale décidée par le Conseil de Sécurité du 20 décembre dernier n'avait pas encore eu le temps de se mettre en place, que le chef de l'Etat malien a appelé la France au secours, avec l'appui de tous les chefs d'Etat de la région, et que la France a répondu favorablement, vous connaissez les circonstances, mais bien sûr dans le cadre du respect du droit international de l'article 51 de la charte des Nations Unies.
Nous n'avons pas vocation à rester évidemment, mais nous avons vocation à faire reculer encore ces forces terroristes, mais surtout à laisser la place et préparer la place aux forces africaines : l'armée malienne, la Mission internationale africaine et pour laquelle les pays européens apportent aussi leur concours en matière logistique et aussi en matière de formation. Les choses sont en marche et c'était important de le dire et de le redire. C'est une des questions qui a été posée par tous nos partenaires. Et cet après-midi, lors de ma rencontre avec le Premier ministre du Cambodge, c'est même lui qui l'a abordé le premier, en comprenant la décision de la France, en me demandant des précisions mais en apportant aussi son soutien à cette décision difficile.
Donc voilà ce qui a été décidé, voilà ce qui a été entrepris. Mais en même temps l'action de la France vous l'imaginez bien se mène aussi sur d'autres terrains, qui est celui du redressement économique de notre pays. Loin de France, peut-être parfois vous pouvez vous demander : mais où va la France, où va l'Europe ? Il y a quelques mois, j'étais dans cette région, à Singapour et aux Philippines. C'était en octobre. Et on me demandait : mais est-ce que l'euro va subsister, est-ce qu'il n'y a pas un risque que la crise de la Grèce s'aggrave et que l'effet domino se produise et qu'au fond, tout s'effondre ? Eh bien ! Aujourd'hui, je puis vous dire que même si tout n'est pas réglé, ce qu'il faut faire maintenant à tout prix c'est créer les conditions d'une croissance plus forte, ce qui n'est pas encore finalement totalement résolu.
Mais les choses ont avancé, jamais la Banque Centrale Européenne n'était autant intervenue, jamais nous n'aurions imaginé que la question grecque soit résolue dans les conditions que vous savez, jamais on n'aurait imaginé que le mécanisme européen de stabilité soit mis en place, que l'Union et la supervision bancaire se réalisent, ça, tout cela est engagé, et c'est de nature à créer de la confiance. Dans un monde globalisé, auquel vous appartenez, là où vous habitez, là où vous travaillez, eh bien évidemment, tout ce qui se passe ailleurs, à l'autre bout du monde, a un impact, a une résonance. Je me suis rendu compte aussi de cette attente à Santiago du Chili lors de la rencontre entre les pays de l'Union Européenne et de l'Amérique Latine, nous avons besoin les uns des autres, dans un rapport, certes équilibré, dans un rapport de juste échange, où les règles, je dirais, d'échanges économiques et commerciaux doivent être claires, doivent être équilibrées, doivent être transparentes, respectueuses des droits de l'homme, respectueuses de règles fiscales, respectueuses aussi de l'environnement. Nos destins sont profondément liés. Et évidemment, si l'Europe ne marche pas, le reste du monde pourra marcher, mais il marchera moins bien, et réciproquement. Donc c'est dans ce monde-là que nous agissons et que la France est déterminée à se battre et prendre toute sa place.
Et donc, s'agissant de la France elle-même, au-delà de son engagement européen, eh bien en effet nous sommes engagés dans un chantier de redressement de notre économie, d'amélioration de notre compétitivité. J'ai fixé un objectif pour qu'à la fin du quinquennat notre commerce extérieur, qui est déséquilibré, retrouve son équilibre, hors énergie, mais c'est un défi. Améliorer la compétitivité de nos entreprises, tant pour le marché intérieur, que pour le marché européen, que pour le marché mondial, c'est un défi, et ça passe par des décisions, par des choix, ceux que nous avons engagés, mais ça passe aussi par des réformes, ces réformes nous les avons engagées, elles ne porteront pas leurs fruits immédiatement, mais il faut les engager.
Lutter contre la dette et les déficits c'est indispensable, parce que le premier budget de la nation, aujourd'hui, c'est le remboursement des intérêts de la dette, si nous ne stoppons pas ce processus, alors demain ça sera encore plus, et encore plus, et ce que nous aurons à dépenser pour investir, pour innover, pour former, pour transformer le pays, eh bien nous ne l'aurons pas, et alors la France reculera encore davantage, et ça nous ne le voulons pas, quels que soient les choix politiques qu'on ait été amenés à faire à l'élection présidentielle ou législative, ce que nous voulons tous, ce que nous espérons tous, c'est que notre pays soit fort, et il peut l'être. Et moi je suis convaincu, comme nous le montrons à travers la décision qui a été prise d'intervenir au Mali, que la France est une grande nation, une grande puissance, qui joue un rôle politique, et qui est respectée, et qui est peut-être, en Europe, un des rares pays à pouvoir le faire, mais en même temps la France sera forte que si elle est plus forte économiquement, et que si elle est capable aussi de se réformer parfois, pas toujours dans la douleur, mais aussi par la négociation, par la recherche de compromis.
Et de ce point de vue, je ne sais pas si vous l'avez suivi dans le détail, mais la négociation qui a eu lieu sur le marché du travail, sur la sécurisation de l'emploi, entre les partenaires sociaux, est la preuve qu'on peut rapprocher les points de vue, on peut avancer pour trouver les bonnes réponses, les bonnes réformes, sans pour autant forcément être toujours dans l'affrontement. En tout cas c'est ma méthode, c'est celle du gouvernement, c'est celle du président de la République, et nous voulons la poursuivre.
Et les chantiers que nous avons engagés, parmi ceux-là il y a aussi la réforme de notre système éducatif. C'est vrai que l'école de la République a bien des atouts, mais elle a aussi ses faiblesses, trop de jeunes échouent, trop de jeunes ne voient pas de perspective pour leur propre avenir, donc c'est le chantier de la refondation de l'école. La réforme de l'Etat, un Etat plus stratège, plus régulateur, mais en même temps qui dépense mieux l'argent des contribuables, de façon plus efficace, eh bien c'est le chantier de la décentralisation, que nous avons décidé de lancer.
Mais c'est aussi le grand défi de la transition énergétique, et ce grand défi de la transition énergétique, de la lutte contre le réchauffement climatique, à l'échelle mondiale, nous avons, nous la France, comme l'Europe, un rôle particulier à jouer. Et nous avons des efforts à faire. Des efforts à faire pour une plus grande efficacité énergétique, pour développer les énergies renouvelables, investir, former, développer de nouvelles filières. Ces chantiers ont été engagés, mais ils ne porteront pas tous leurs fruits tout de suite, parce que, évidemment, l'impatience peut nous guetter, et c'est normal, parce que quelle est la question que se posent chaque jour nos compatriotes, vous, sûrement comme les autres, c'est la question du travail, c'est la question de l'emploi, c'est la question du niveau de vie, et c'est pour ça que nous avons aussi lancé cette bataille pour faire reculer les chiffres du chômage, qui depuis 20 mois consécutifs connaissent une hausse régulière. Eh bien, tout va ensemble, tout tient ensemble, et c'est le choix qui a été fait, et c'est le choix que nous avons engagé, c'est-à-dire qu'à la fois nous devons tenir un langage de vérité, sur les forces et les faiblesses de notre pays.
Les faiblesses, j'en ai décrit quelques-unes, mais les forces aussi elles sont là, et il faut aller les chercher, il faut les encourager. Demain je serai en Thaïlande et je serai avec un certain nombre de chefs d'entreprises, j'en rencontrerai aussi demain ici, de grandes entreprises, de petites et moyennes entreprises, mais partout je vois les talents, partout je vois l'énergie, l'envie de se battre, l'envie de réussir, mais en même temps l'attente aussi d'un message clair, d'un message fort de soutien. Eh bien je suis venu aussi apporter, à ceux qui se battent au quotidien, quelle que soit leur fonction, qu'ils soient dans une entreprise, ou dans un service public, ou dans une ONG, et j'en ai encore rencontrés aujourd'hui, que de générosité, que de volonté, que de talent, que d'envie de se battre et de donner la meilleure image de nous-mêmes, c'est-à-dire la meilleure image de la France.
Et je dis souvent, dans mes discours à la communauté française, à l'étranger, surtout quand on est loin, que quand on est loin on va à l'essentiel, et on a envie vraiment que la France aille aussi à l'essentiel, et que parfois vous pouvez avoir le sentiment qu'on se perd en petites querelles, qu'on se perd en petits débats, secondaires, alors que tant de choses sont à faire ensemble, eh bien oui, je suis venu aussi vous dire que nous avons besoin de tous les talents, de toutes les intelligences, eh bien c'est ce message de confiance que je suis venu vous apporter, mais c'est aussi un message de confiance dans les valeurs de la France, parce que plus on s'éloigne, plus on a une image positive de la France, non pas seulement vous, mes chers compatriotes, mais aussi ceux qui attendent beaucoup de la France, au Cambodge comme ailleurs, parce que nous avons une histoire, parce que nous avons des valeurs, parce que nous avons une culture, et que cela nous est souvent envié, et que nous devrions parfois en être davantage fiers que nous ne sommes. Mais je sais que quand on est loin, on est fier plus que les autres encore, et donc pour tout ça je voudrais vous dire un grand merci, pour ce que vous faites ici, au Cambodge, pour ceux qui sont là pour longtemps, peut-être pour le reste de leur vie, ou ceux qui sont là de passage, quelques mois, je pense aux jeunes, en stage ou en formation, mais aussi aux autres, 2 ans, 3 ans, de contrat, eh bien merci pour ce que vous faites, non seulement pour ce pays, le Cambodge, qui attend beaucoup de vous, de nous, mais ce que vous faites aussi pour la France, et l'image que vous en donnez. Alors merci, vive l'amitié entre la France et le Cambodge, vive la République et vive la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 11 février 2013