Texte intégral
Merci Monsieur le recteur pour vos propos d'accueil si chaleureux et merci Monsieur le Président, Monsieur le recteur de me permettre de m'adresser devant vous, Mesdames et Messieurs les professeurs et étudiants de cette célèbre université.
Je voudrais saluer bien sûr à mon tour les personnalités présentes et le faire avec ceux qui m'accompagnent, madame la ministre déléguée à la Francophonie, madame Yamina Benguigui, et puis les membres de l'Assemblée nationale, les députés et les sénateurs et je voudrais saluer aussi monsieur l'Ambassadeur de France et aussi tous les autres ambassadeurs qui sont présents ici. Monsieur le ministre des Transports, merci d'être là pour représenter votre gouvernement, de m'avoir accueilli dès hier soir et de m'accompagner tout au long de cette journée en Thaïlande.
Mais ce qui est important en effet monsieur le recteur, c'est de pouvoir m'exprimer devant les forces vives de votre pays, vous êtes parmi les meilleurs représentants de ces forces vives et je le fais en particulier dans une université, là où la jeunesse se forme et est prête et déterminée à jouer un rôle majeur pour l'avenir de son pays mais aussi de l'ensemble de l'humanité puisque vous accueillez à l'université Thammasat non seulement des étudiants de votre pays mais aussi du monde entier. Je connais très bien l'importance de votre université, je sais le rôle majeur qu'elle a joué dans l'histoire contemporaine de votre pays, elle s'est toujours placée à l'avant-garde des réformes, des progrès de la démocratie et des droits de l'homme. Donc c'est pour cela que je suis heureux aussi de saluer votre université, ses professeurs, ses étudiants d'aujourd'hui mais aussi ce qu'elle représente dans votre histoire mais aussi dans les liens particuliers qu'elle a tenu à entretenir avec la France.
Vous l'avez rappelé, celui qui l'a fondée en 1934 connaissait bien la France. C'est en effet au cours de ses études dans mon pays que Pridi Banomyong a imaginé, paraît-il dans un petit hôtel de la Rue de, qui s'appelait la rue du Sommerard à Paris, la réforme constitutionnelle qui aboutira à la mise en place de la monarchie constitutionnelle en Thaïlande. Les détails sont parfois amusants, mais ce ne sont pas toujours des détails, il y a parfois des rencontres, des circonstances qui font que des idées naissent et qu'elles vont transformer le monde.
En tout cas le lien avec la France a continué. Plus de la moitié des professeurs de droit de Thammasat y ont étudié, et c'est votre cas monsieur le Recteur, vous me le rappeliez tout à l'heure, vous êtes venu d'abord en France y apprendre le français et vous avez eu ce courage d'aller dans un pays dont vous ne connaissiez absolument pas la langue, peut-être un mot, ou deux, mais vous avez d'abord commencé à apprendre notre langue, vous êtes resté cinq ans et vous parlez excellemment le français, je voudrais vous en féliciter. C'est vrai.
D'ailleurs la preuve c'est que les murmures dans la salle sans traduction, ont montré que vous n'étiez pas tout seul à comprendre et à parler le français, donc je vous félicite aussi pour votre département de français qui est l'un des plus dynamique de Thaïlande. Et je voudrais vous exprimer à cette occasion la gratitude de la France, vous savez combien chaque pays est attaché à sa langue mais la France l'est particulièrement.
La langue française est un lien qui unit nos deux pays. D'ailleurs le Laos, pardon, la Thaïlande comme le Laos, comme d'autres pays autour de cette région mais vous êtes les précurseurs ont choisi de faire partie de l'Organisation Internationale de la francophonie. C'est le cas aussi du pays où j'étais hier, le Cambodge, mais c'est à l'implication de sa Majesté le Roi Bumibhol Adulyadev et de sa sur aînée, la Princesse Galyani Vadhana, que nous devons la vigueur de la langue française en Thaïlande. Je profite de cette occasion pour leur rendre hommage et les remercier.
Auprès de vous, je voudrais souligner que le français n'est pas seulement une langue du patrimoine que l'on conserve mais c'est une langue d'avenir, elle permet d'ouvrir de nombreuses portes. C'est vrai que si on fait la concurrence avec d'autres langues, nous ne gagnerons pas la bataille du nombre, mais aujourd'hui l'on compte plus de 220 millions de francophones de par le monde, il y en aura probablement trois fois plus en 2050, notamment sur le continent africain dont le dynamisme, notamment économique, se confirme. Il y a des pays d'ailleurs africains, je pense à l'Afrique du Sud, de langue anglaise qui jouent un rôle économique et politique très important sur le continent africain, et pour pouvoir développer leurs relations avec le reste de l'Afrique, eh bien l'Afrique du sud est un des pays de langue anglais où on apprend le plus le français. Mais même en Chine on apprend le français et donc comme vous, vous voyez, vous avez donné l'exemple, vous avez compris l'enjeu aussi de maîtriser la langue française.
La langue française n'est qu'un des nombreux liens qui nous unissent, ce n'est pas le seul. Nos pays ont d'autres choses en commun, leur taille, leur population, leur organisation administrative. Il y a un conseil d'Etat ici inspiré de l'histoire administrative française. Mais il y a aussi l'attrait touristique. Beaucoup d'autres atouts que vous présentez pour vos voisins mais aussi pour d'autres pays du monde entier. A ces traits communs s'ajoutent un même attachement à l'indépendance, un même attachement au patrimoine, aux traditions ; un même goût pour l'art de vivre qui traduit une certaine idée de l'homme et de la civilisation ; et une même volonté de tirer tout le parti de la mondialisation dans le respect de ce que nous sommes chacun d'entre nous.
Cela fait longtemps d'ailleurs que Français et Thaïlandais éprouvent une attraction mutuelle. En Asie du Sud-Est, c'est le Siam avec lequel nous avons établi en premier des relations diplomatiques, dès le XVIIe siècle, avec les fameux échanges d'ambassades du roi Narai et de Louis XIV. Vous voyez, avec le temps, nos liens se sont resserrés. Plus de 20.000 Français vivent dans votre pays et plus de 600.000 s'y rendent chaque année en vacances.
360 entreprises françaises sont installées dans votre pays et souvent depuis des années. Parmi nos grands groupes industriels, rares sont ceux qui n'y sont pas implantés. La Thaïlande est devenue le deuxième partenaire économique de la France en Asie du Sud-Est. Nous sommes le neuvième investisseur étranger dans votre pays et d'autres coopérations viennent nourrir notre relation bilatérale. Je pense à la recherche, puisque sont installés en Thaïlande les plus importants groupes de chercheurs français de toute l'Asie.
Je pense aux échanges d'étudiants, encore trop peu d'étudiants thaïlandais en France ; eh bien je tiens à vous dires que la France est prête à en accueillir davantage. Les universités françaises sont prêtes à accueillir beaucoup d'étudiants thaïlandais. Je vous invite donc à le dire si vous avez envie de le faire, vous serez les bienvenus mesdames et messieurs les étudiants. La formation professionnelle n'est pas moins indispensable au développement économique de nos deux pays et je me réjouis qu'un accord de coopération soit justement conclu ce soir entre les Instituts universitaires technologiques et leurs homologues thaïlandais, les Instituts Rajamangala.
Dans le domaine de la culture, nous avons en commun d'être des pays de création, attachés à leur identité et à la diversité culturelle. Les artistes de nos pays doivent davantage travailler ensemble et faire naître des projets conjoints. Le septième art par exemple, n'est-ce pas madame la ministre, pourrait être l'un des domaines privilégiés de cette coopération, de cette création commune entre la France et la Thaïlande, parce que nos deux pays sont des "pays de cinéma". Et vous avez même de grands réalisateurs puisque l'un d'entre eux, Apichatpong, a été palme d'or au Festival de Cannes 2010 pour son film "Oncle Boonmee", je ne sais pas si je prononce bien mais c'est un film qui parle de fantômes, il ne faut pas que ça vous fasse peur. En tout cas c'était un magnifique succès.
Mais je voudrais lancer un appel, pas seulement en ma qualité de Premier ministre de la République française, mais aussi en tant qu'ancien maire d'une grande ville française, qui est la ville de Nantes et qui a su développer un important réseau d'échanges internationaux, notamment sur le plan culturel. Je crois que la coopération entre les villes est quelque chose que nous pouvons davantage développer. Elle offre pourtant des pistes prometteuses à chacune de nos populations. J'ai appris d'ailleurs que le maire de Brest allait venir très prochainement ici pour inaugurer une rue de Brest, parce qu'il existe à Brest une rue de Siam. Alors c'est l'amorce je suis sûr d'une relation durable, mais en tout cas parfois les choses partent d'idées modestes mais c'est tout un symbole, les villes portuaires tournées vers le monde et donc nous devons échanger, inventer de nouveaux modes d'échanges, en tout cas ceux de notre temps. Et en tout cas je suis convaincu que ces échanges pourront se développer avec votre pays mais aussi avec d'autres pays d'Asie, d'Asie du Sud-est.
Mesdames et messieurs, les relations bilatérales sont importantes, mais je pense que l'une des convictions que la France et la Thaïlande partagent, c'est que ces relations bilatérales ne suffisent pas à régler les problèmes qui sont devant nous. L'intégration régionale et la coopération internationale, dans le cadre d'une gouvernance mondiale renforcée, sont également indispensables. Les équilibres changent, mais les règles du jeu changent aussi. De nouvelles puissances s'affirment et ces nouvelles puissances légitimement veulent avoir leur mot à dire. Et dans un monde globalisé, les Etats ne peuvent plus à eux seuls défendre leurs intérêts, protéger leurs citoyens et assurer leur prospérité.
Cette conviction guide la France depuis l'origine de la construction européenne. Elle s'est forgée à la suite des deux conflits mondiaux particulièrement meurtriers, nés de différends qui ont longtemps opposé les pays européens entre eux et en particulier la France et l'Allemagne. Eh bien notre fierté, en France comme en Allemagne, c'est d'avoir bâti sur cette histoire tragique, une amitié inébranlable, dont nous venons de célébrer à Berlin le 50e anniversaire.
Notre fierté, en Europe, est d'avoir pris la décision, en 1950, de gérer ensemble nos problèmes communs, en recherchant toujours l'intérêt des Européens. La France et l'Allemagne, par l'exemplarité de leur réconciliation et la force du lien qui les unit, constituent le moteur de cette évolution historique, récemment saluée par l'attribution du Prix Nobel de la Paix. Naturellement et je me suis rendu compte de cela dans mes différents déplacements, la crise de l'euro inquiète et elle inquiète y compris sur votre continent. Mais cette crise est maintenant dépassée. Ce que je suis venu vous annoncer, c'est un message de confiance.
L'Europe a pris des décisions, les décisions nécessaires pour stabiliser la zone euro. Décision nécessaire pour elle-même, pour l'Europe, pour chacun des membres de l'Union européenne et d'abord ceux qui font partie de la monnaie unique. Mais nécessaire pour le reste du monde. Quand je viens en Asie, c'est mon deuxième déplacement en quelques mois ou en Amérique du Sud, on me pose cette question parce que l'économie du monde, pas seulement l'économie, mais la stabilité politique aussi, dépend de la bonne santé de ce qui se passe sur les autres continents. Eh bien ce qui se passe en Europe, vous intéresse. Eh bien je le disais, l'Europe a pris des décisions.
Nous sommes en train de mettre en place une union bancaire. Nous travaillons depuis juin dernier à l'approfondissement équilibré de l'union monétaire et économique. Les difficultés de nos partenaires les plus vulnérables, je pense à la Grèce, sont en passe d'être surmontées. Le pacte européen pour la croissance et l'emploi est la première étape d'une réorientation de la construction européenne vers la croissance. Et la création d'une monnaie commune, d'une monnaie unique, ce fut une première historique. Mais lorsque cette décision a été prise, peut-être que nous avons sous-estimé les conséquences des disparités économiques entre Etats membres, et pensé un peu vite que la création de l'euro suffirait en elle-même à faire converger les économies européennes.
Mais ce qui est important c'est de savoir tirer les leçons de l'histoire, mais de ne pas regretter ce qui s'est passé. Parce que quand l'euro a été décidé, l'Europe traversait une période d'incertitude, c'était la fin de l'Union soviétique, l'effondrement de tout le système communiste non seulement de l'Union soviétique mais de ces pays de l'Europe de l'Est pendant 50 ans sous le joug de la dictature et c'était la fin de l'Allemagne divisée. Division symbolisée par le mur de Berlin qui s'était effondré et ces images vous les avez-vous aussi en mémoire. Elles sont extraordinaires mais elles ont déstabilisé ce qui existait et c'est toute l'intelligence des dirigeants politiques de l'époque, je pense à deux d'entre eux, François Mitterrand pour la France, Helmut Kohl pour l'Allemagne qui ont compris qu'il fallait, au-delà de la nécessaire et juste réunification de l'Allemagne, stabiliser la situation politique et c'était d'abord la première urgence. Que pour ça il fallait reconnaitre les frontières, notamment de l'Allemagne non pas avec la France à l'Ouest mais à l'Est avec la Pologne, ce qui fut fait et ce qui était un élément très fort de stabilité politique.
Mais en même temps, une volonté aussi d'ancrer l'Allemagne réunifiée, agrandie et aussi les autres démocraties retrouvées, à l'Europe et donc le choix de créer une monnaie unique a d'abord été un choix politique. C'est pour cela qu'il ne faut pas le regretter bien sûr, au contraire, même s'il y a des choses à changer et à améliorer, ce que nous sommes en train de faire. C'est-à-dire tout faire pour consolider cette construction historique unique qui est celle de pays qui se sont affrontés comme je le rappelais tout à l'heure et qui ont fondé une zone de paix et de liberté depuis 60 ans.
Eh bien cela n'empêche pas, malgré les améliorations qu'il faut apporter, que l'Europe est la première puissance économique de la planète. La première puissance commerciale de la planète, donc on voit bien que l'intérêt que vous nous portez, si loin, est à la fois un intérêt politique, la stabilité du monde, mais aussi un intérêt économique et un intérêt aussi de construire un monde nouveau mais un monde stable, équilibré et porteur de réponses à la question que se pose la jeunesse du monde, c'est-à-dire quel est l'avenir qu'on lui propose.
En tout cas cette Europe permet de faire vivre ensemble 500 millions d'Européens dans 27 pays et bientôt 28 Etats membre et c'est pour ça qu'en même temps nous sommes tournés vers le reste du monde et nous sommes attentifs à ce qui se passe aussi chez vous. Nous soutenons, avec force la volonté de l'Asean, et en particulier de la Thaïlande, de construire sa propre intégration régionale. Votre projet de "communauté économique", prévue pour 2015, est prometteur. Sa réalisation annonce davantage de croissance, davantage de débouchés, davantage d'investissements, en Asie et au-delà.
Plus encore, toutes les coopérations que les Etats de l'Asean pourront nouer, dans tous les domaines, seront utiles. En tout cas, le soutien de la France vous est acquis. Vos initiatives dans le domaine de la sécurité régionale sont essentielles, car il ne saurait y avoir de prospérité sans apaisement des tensions. Sur ce sujet également, mon pays est prêt à partager son expérience. Au-delà, c'est à l'échelle du monde que la France et la Thaïlande, qui sont des acteurs responsables sur la scène internationale, doivent agir ensemble. Aux enjeux mondiaux, nous devons apporter des réponses globales.
La crise majeure que nous traversons depuis 2008 en offre un premier exemple. Il ne faut pas seulement en atténuer les effets, rétablir la confiance, retrouver la croissance. Il faut également prendre les mesures qui éviteront les rechutes. Sans quoi les causes d'hier provoqueront les crises de demain. Ce n'est que par une action concertée, dans le cadre des instances internationales telles que le G20, que nous établirons les nouvelles règles dont le monde a besoin, et que nous réduirons les grands déséquilibres qui sont à l'origine de la crise.
Oui en effet, il faut résister à la tentation qu'à chaque crise, à chaque changement, qui nous tente, c'est la tentation du repli sur soi. Une forme de nationalisme. Le protectionnisme serait ruineux, mais la concurrence déloyale, elle est aussi ruineuse, c'est la raison pour laquelle l'Union européenne souhaite fonder ses relations avec des régions telles que l'Asie du Sud-Est sur le principe du juste échange, sur le principe de la réciprocité. Ce juste échange doit devenir un principe cardinal du commerce mondial. C'est la nouvelle stabilité qu'il nous appartient de construire.
Et puis il y a un autre grand chantier qui nous est commun, c'est la lutte contre le changement climatique qui est un autre domaine où il n'y a pas d'autre choix que l'action collective. La Thaïlande, comme d'autres pays, en subit déjà les effets, elle n'a pas besoin d'être convaincue, je le sais. C'est dans cet esprit que la France a proposé d'accueillir la négociation internationale sur le changement climatique en 2015, avec un objectif qui est de mettre en place un nouveau régime international. Eh bien je compte sur votre soutien, celui de votre pays, mais aussi celui de la jeunesse thaïlandaise pour que nous puissions ensemble, franchir cette nouvelle étape. Je sais que c'est difficile parfois, et en particulier pour les pays qui se développent.
J'étais il y a peu de temps à Santiago du Chili à la rencontre entre l'Union européenne et les pays d'Amérique Latine et de la Caraïbe, cette question a été abordée et un pays parmi les plus pauvres a dit, oui mais nous subissons aussi les conséquences d'un certain modèle de production économique, nous n'avons pas toujours choisi et que parfois on nous a imposé. Et donc, il y a des choses à changer, chacun a à changer. Le modèle économique, le modèle de production, mais même si certains ont plus d'efforts à faire que d'autres, c'est une cause collective, c'est une cause mondiale et nulle ne pourra échapper à ses devoirs et à ses responsabilités. En tout cas je sais que c'est une des préoccupations des jeunes générations.
Parce qu'évidemment les jeunes générations, la jeunesse, pense à son propre avenir, l'avenir individuellement, l'emploi, la qualité de vie, le niveau de vie, eux aussi espèrent un monde plus juste, meilleur, plus fraternel, plus sûr, plus protecteur pas seulement pour soi-même, mais aussi pour la planète. Donc c'est une belle cause, une belle cause j'allais dire pour certains utopistes, idéaliste mais il faut des causes idéalistes et utopistes qui donnent du sens à l'engagement personnel.
Enfin, vous savez l'importance que la France attache à la solidarité internationale. Les ressources manquent pour épargner aux plus pauvres le sous-développement, la malnutrition, les grandes pandémies. La communauté internationale doit continuer à se mobiliser, notamment pour mettre fin à la volatilité des prix agricoles, à la spéculation sur les matières premières. L'aide au développement doit également trouver de nouveaux financements. Là aussi, l'Europe montre la voie avec la mise en place d'une taxe sur les transactions financières qui a été décidée par 11 Etats membres, dont la France et l'Allemagne, dans le cadre d'une coopération renforcée et dont une partie sera consacrée à l'aide au développement. Mais, l'aide au développement c'est aussi lutter contre la spéculation financières, c'est lutter contre les paradis fiscaux, voilà encore tant de causes, tant de sujet qui méritent notre engagement, l'engagement de nos Etats, de nos gouvernements mais aussi l'engagement de nos concitoyens. Chacun à sa part à prendre.
En tout cas, sur tous ces sujets, la France et la Thaïlande, l'Union européenne et l'Asean, ont vocation à travailler ensemble à la recherche de solutions ambitieuses aux problèmes de notre temps. L'excellence de nos relations bilatérales, le dialogue entre nos deux peuples, votre enthousiasme sont autant d'atouts qu'il nous appartient de mettre à profit pour bâtir un monde plus juste, plus sûr et plus prospère, plus généreux, plus fraternel. C'est le dessein que je propose et que nous puissions ensemble, j'en suis sûr, atteindre, tous les deux, les deux peuples, le peuple français et le peuple thaïlandais. Je vous remercie.
INTERVENANTE
Nous remercions monsieur Jean-Marc Ayrault pour son discours et maintenant j'invite les participants à réagir peut-être et à poser leurs questions au Premier ministre. Je sais qu'il y a certains étudiants qui ont envie, qui sont enthousiastes, allez-y, je vous donne la parole.
UN ETUDIANT
Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis étudiant de quatrième de licence de français, est-ce que le gouvernement français modifiera la politique d'accueil des étudiants asiatiques pour ceux qui souhaitent continuer les études en France ou effectuer des stages professionnels dans les entreprises françaises ? Merci beaucoup.
INTERVENANTE
Vous voulez répondre ou on enchaîne avec les questions tout de suite. Oui on enchaine avec les questions, est-ce qu'il y a encore d'autres questions peut-être ? Oui allez-y.
UN ETUDIANT
Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis étudiant en deuxième année en master d'études françaises et j'ai connu la nouvelle, vous avez été longtemps maire de Nantes n'est-ce pas, donc je voudrais savoir, il y a des coopérations entre des grandes villes françaises et des grandes villes asiatiques ? Merci.
INTERVENANTE
Merci beaucoup pour la question, peut-être encore une autre question ?
UNE ETUDIANTE
Je pose question au nom de monsieur Pravite (phon) du journal anglophone le Nation. Donc en Thaïlande nous suivons avec intérêt l'affaire d'études racistes, le gouvernement français y soutient que la loi française doit prévaloir sur le règlement de twitter. Ici en Thaïlande, nous avons également un débat sur la loi de lèse-majesté qui est toujours en vigueur malgré les déclarations récentes de l'Union européenne à ce sujet. Quelle est, monsieur le Premier ministre, la position de la France par rapport à ce sujet ? Merci beaucoup.
INTERVENANTE
On a peut-être encore quelques étudiants qui voulaient poser des questions peut-être ?
UNE ETUDIANTE
Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis étudiante en quatrième année de licence de français. Un accord de libre-échange entre plusieurs pays de Siam doit entrer en vigueur en 2015, la France et l'Union européenne vont-elles modifier leur politique commerciale vis-à-vis du marché commun de la Siam ? Merci beaucoup.
INTERVENANTE
Monsieur le Premier ministre vous voulez bien répondre au podium peut-être, on n'a pas le micro ambulant. Une autre question oui ?
UN ETUDIANT
Monsieur le Premier ministre, je suis président de l'Alliance française et aussi le co-président du Conseil économique entre la Thaïlande et l'Union européenne. Si vous permettez, je voudrais bien savoir monsieur le Premier ministre, la France avait longtemps mis l'accent sur l'Afrique, est-ce que la France sous votre gouvernement, s'engagerait plus activement envers l'Asie et surtout les pays du bassin de dans le domaine du commerce et investissement ? Je vous remercie bien monsieur le Premier ministre.
INTERVENANTE
Merci pour les questions, j'invite monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT
Merci d'abord aux étudiants qui m'ont posé leur question en français, je voudrais les féliciter, je le disais tout à l'heure, le département français ici est un département très important, mais je vois les résultats monsieur le Recteur. Je veux féliciter les professeurs et les étudiants. Je me rends compte que vous comprenez directement sans traduction parce qu'il y a toujours un petit décalage entre le mot prononcé et la réaction, et vous réagissez vite, c'est bien la preuve que beaucoup d'entre vous comprennent le français.
Oui, la France veut se montrer plus accueillante aux étudiants étrangers. Il y a eu dans le passé une approche un peu frileuse, restrictive et le gouvernement a pris des décisions pour faciliter, dans le respect bien sûr du droit, l'accueil des étudiants étrangers, beaucoup d'universités françaises le souhaitent, leur proposer aussi des conditions d'accueil qui soient favorables sur le plan matériel pour pouvoir réussir des études. C'est un atout pour les jeunes eux-mêmes venant d'autres pays, donc c'est vrai pour les jeunes thaïlandais, il y a à peu près 1.000 étudiants aujourd'hui venant de Thaïlande en France, c'est trop peu. Comme il y a très peu d'étudiants français ici. Donc c'est l'idée d'échange.
Donc vous me posez la question et en tant que chef de gouvernement je vous réponds favorablement, je poserai la question à votre Première ministre quand j'aurai des entretiens avec elle, mais j'ai déjà eu le plaisir de la recevoir à Paris il y a six mois et le hasard a fait que nous nous sommes, nous étions assis côte à côte hier à la cérémonie de crémation du Roi Norodom Sihanouk, nous avons commencé un peu à discuter. Mais nous aborderons ces questions aussi.
Vous avez aussi évoqué, un autre étudiant, les relations de ville à ville. Moi j'encourage vraiment, si on veut construire des relations durables, monsieur le président de l'Alliance française nous l'a dit tout à l'heure, il faut une alliance durable mais ça passera aussi par les peuples, par la connaissance des gens entre eux et notamment des jeunes. Et c'est ce qui s'est passé en Europe que j'évoquais tout à l'heure. On a développé beaucoup ce qu'on a appelé les jumelages de ville à ville, ça a permis énormément, surtout après la seconde guerre mondiale, la réconciliation franco-allemande par exemple quand les gens se connaissent. Donc moi j'encourage les échanges de ville à ville. Je citais le cas de Brest, mais il y a trop peu encore de cas de ce type, donc avec madame la ministre de la francophonie je pense que nous allons aborder cela à notre retour, mes collègues parlementaires qui sont là et qui président aussi les groupes d'amitié France Thaïlande ou comme hier France Cambodge, le député de la circonscription, de la grande circonscription, Thierry Mariani, vont avec mes collègues, Catherine Tasca, Catherine Quéré et (inaudible) faire cette contribution j'en suis sûr, en tout cas, je leur lance un appel pour nous aider.
Après vous m'avez parlé de twitter, Internet c'est une formidable liberté, il y a des pays par exemple où il n'y a pas de liberté de la presse et à titre individuel on se sert d'Internet pour communiquer. Il faut savoir que c'est une liberté, c'est une formidable invention, alors une liberté c'est comme toute liberté, elle conduit aussi à respecter un certain nombre de devoirs et c'est vrai que ça nécessite parfois, cet instrument de la régulation. Mais pas d'atteinte à la liberté fondamentale et on sait que certains pays s'étant rendus compte que malgré toutes les contraintes qu'ils mettaient à la liberté de la presse et à la liberté d'opinion qui permettent que les opinions publiques se constituent dans des vraies démocraties, et bien que malgré cette atteinte à la liberté de la presse, des personnes, des citoyens de ces pays se servaient d'Internet pour communiquer et s'exprimer et stoppaient Internet.
Donc évidemment ce n'est pas ma conception et ce n'est pas la conception de la France. La seule chose qu'il faut trouver et inventer c'est la régulation et empêcher effectivement que des atteintes à la personne humaine, aux valeurs fondamentales, à tout ce qui peut dégrader les valeurs fondamentales de la personne humaine, je pense au racisme, aux atteintes, au sexisme, à tout ce qui dégrade la personne humaine, doit être combattu. Donc c'est là qu'il faut trouver des réponses. Après les autres sujets que vous avez évoqué relèvent évidemment de la législation de chaque pays et je ne connais pas cette question, en tout cas en France, ce délit n'existe pas.
Monsieur le président, merci pour votre intervention, oui oui nous voulons absolument encourager les accords de libre-échange entre l'Union européenne et les pays d'Asie. Alors ce que nous sommes en train de faire avec la Thaïlande et peut-être avec d'autres pays, l'ASEAN pour l'instant n'est pas suffisamment constituée pour qu'on imagine ce type d'accord, mais comme je vous l'ai dit tout à l'heure, ces accords négociés doivent être profitables aux deux parties. Donc ce sont des accords équilibrés sur la base du principe du juste échange et de la réciprocité. Mais là où ils existent, là où ils ont été bien négociés, de façon équitable, à chaque fois nous pouvons constater qu'ils créent un dynamique de part et d'autres, ils renforcent la croissance économique et donc la création d'emploi et de valeurs ajoutées.
Alors il y a des moments de, des étapes d'évaluation, s'il y a des corrections à apporter, des mécanismes de sauvegarde ils doivent jouer si les règles de départ ne sont pas entièrement respectées, mais lorsque c'est fait, c'est tout à fait convainquant...
source http://www.gouvernement.fr, le 11 février 2013
Je voudrais saluer bien sûr à mon tour les personnalités présentes et le faire avec ceux qui m'accompagnent, madame la ministre déléguée à la Francophonie, madame Yamina Benguigui, et puis les membres de l'Assemblée nationale, les députés et les sénateurs et je voudrais saluer aussi monsieur l'Ambassadeur de France et aussi tous les autres ambassadeurs qui sont présents ici. Monsieur le ministre des Transports, merci d'être là pour représenter votre gouvernement, de m'avoir accueilli dès hier soir et de m'accompagner tout au long de cette journée en Thaïlande.
Mais ce qui est important en effet monsieur le recteur, c'est de pouvoir m'exprimer devant les forces vives de votre pays, vous êtes parmi les meilleurs représentants de ces forces vives et je le fais en particulier dans une université, là où la jeunesse se forme et est prête et déterminée à jouer un rôle majeur pour l'avenir de son pays mais aussi de l'ensemble de l'humanité puisque vous accueillez à l'université Thammasat non seulement des étudiants de votre pays mais aussi du monde entier. Je connais très bien l'importance de votre université, je sais le rôle majeur qu'elle a joué dans l'histoire contemporaine de votre pays, elle s'est toujours placée à l'avant-garde des réformes, des progrès de la démocratie et des droits de l'homme. Donc c'est pour cela que je suis heureux aussi de saluer votre université, ses professeurs, ses étudiants d'aujourd'hui mais aussi ce qu'elle représente dans votre histoire mais aussi dans les liens particuliers qu'elle a tenu à entretenir avec la France.
Vous l'avez rappelé, celui qui l'a fondée en 1934 connaissait bien la France. C'est en effet au cours de ses études dans mon pays que Pridi Banomyong a imaginé, paraît-il dans un petit hôtel de la Rue de, qui s'appelait la rue du Sommerard à Paris, la réforme constitutionnelle qui aboutira à la mise en place de la monarchie constitutionnelle en Thaïlande. Les détails sont parfois amusants, mais ce ne sont pas toujours des détails, il y a parfois des rencontres, des circonstances qui font que des idées naissent et qu'elles vont transformer le monde.
En tout cas le lien avec la France a continué. Plus de la moitié des professeurs de droit de Thammasat y ont étudié, et c'est votre cas monsieur le Recteur, vous me le rappeliez tout à l'heure, vous êtes venu d'abord en France y apprendre le français et vous avez eu ce courage d'aller dans un pays dont vous ne connaissiez absolument pas la langue, peut-être un mot, ou deux, mais vous avez d'abord commencé à apprendre notre langue, vous êtes resté cinq ans et vous parlez excellemment le français, je voudrais vous en féliciter. C'est vrai.
D'ailleurs la preuve c'est que les murmures dans la salle sans traduction, ont montré que vous n'étiez pas tout seul à comprendre et à parler le français, donc je vous félicite aussi pour votre département de français qui est l'un des plus dynamique de Thaïlande. Et je voudrais vous exprimer à cette occasion la gratitude de la France, vous savez combien chaque pays est attaché à sa langue mais la France l'est particulièrement.
La langue française est un lien qui unit nos deux pays. D'ailleurs le Laos, pardon, la Thaïlande comme le Laos, comme d'autres pays autour de cette région mais vous êtes les précurseurs ont choisi de faire partie de l'Organisation Internationale de la francophonie. C'est le cas aussi du pays où j'étais hier, le Cambodge, mais c'est à l'implication de sa Majesté le Roi Bumibhol Adulyadev et de sa sur aînée, la Princesse Galyani Vadhana, que nous devons la vigueur de la langue française en Thaïlande. Je profite de cette occasion pour leur rendre hommage et les remercier.
Auprès de vous, je voudrais souligner que le français n'est pas seulement une langue du patrimoine que l'on conserve mais c'est une langue d'avenir, elle permet d'ouvrir de nombreuses portes. C'est vrai que si on fait la concurrence avec d'autres langues, nous ne gagnerons pas la bataille du nombre, mais aujourd'hui l'on compte plus de 220 millions de francophones de par le monde, il y en aura probablement trois fois plus en 2050, notamment sur le continent africain dont le dynamisme, notamment économique, se confirme. Il y a des pays d'ailleurs africains, je pense à l'Afrique du Sud, de langue anglaise qui jouent un rôle économique et politique très important sur le continent africain, et pour pouvoir développer leurs relations avec le reste de l'Afrique, eh bien l'Afrique du sud est un des pays de langue anglais où on apprend le plus le français. Mais même en Chine on apprend le français et donc comme vous, vous voyez, vous avez donné l'exemple, vous avez compris l'enjeu aussi de maîtriser la langue française.
La langue française n'est qu'un des nombreux liens qui nous unissent, ce n'est pas le seul. Nos pays ont d'autres choses en commun, leur taille, leur population, leur organisation administrative. Il y a un conseil d'Etat ici inspiré de l'histoire administrative française. Mais il y a aussi l'attrait touristique. Beaucoup d'autres atouts que vous présentez pour vos voisins mais aussi pour d'autres pays du monde entier. A ces traits communs s'ajoutent un même attachement à l'indépendance, un même attachement au patrimoine, aux traditions ; un même goût pour l'art de vivre qui traduit une certaine idée de l'homme et de la civilisation ; et une même volonté de tirer tout le parti de la mondialisation dans le respect de ce que nous sommes chacun d'entre nous.
Cela fait longtemps d'ailleurs que Français et Thaïlandais éprouvent une attraction mutuelle. En Asie du Sud-Est, c'est le Siam avec lequel nous avons établi en premier des relations diplomatiques, dès le XVIIe siècle, avec les fameux échanges d'ambassades du roi Narai et de Louis XIV. Vous voyez, avec le temps, nos liens se sont resserrés. Plus de 20.000 Français vivent dans votre pays et plus de 600.000 s'y rendent chaque année en vacances.
360 entreprises françaises sont installées dans votre pays et souvent depuis des années. Parmi nos grands groupes industriels, rares sont ceux qui n'y sont pas implantés. La Thaïlande est devenue le deuxième partenaire économique de la France en Asie du Sud-Est. Nous sommes le neuvième investisseur étranger dans votre pays et d'autres coopérations viennent nourrir notre relation bilatérale. Je pense à la recherche, puisque sont installés en Thaïlande les plus importants groupes de chercheurs français de toute l'Asie.
Je pense aux échanges d'étudiants, encore trop peu d'étudiants thaïlandais en France ; eh bien je tiens à vous dires que la France est prête à en accueillir davantage. Les universités françaises sont prêtes à accueillir beaucoup d'étudiants thaïlandais. Je vous invite donc à le dire si vous avez envie de le faire, vous serez les bienvenus mesdames et messieurs les étudiants. La formation professionnelle n'est pas moins indispensable au développement économique de nos deux pays et je me réjouis qu'un accord de coopération soit justement conclu ce soir entre les Instituts universitaires technologiques et leurs homologues thaïlandais, les Instituts Rajamangala.
Dans le domaine de la culture, nous avons en commun d'être des pays de création, attachés à leur identité et à la diversité culturelle. Les artistes de nos pays doivent davantage travailler ensemble et faire naître des projets conjoints. Le septième art par exemple, n'est-ce pas madame la ministre, pourrait être l'un des domaines privilégiés de cette coopération, de cette création commune entre la France et la Thaïlande, parce que nos deux pays sont des "pays de cinéma". Et vous avez même de grands réalisateurs puisque l'un d'entre eux, Apichatpong, a été palme d'or au Festival de Cannes 2010 pour son film "Oncle Boonmee", je ne sais pas si je prononce bien mais c'est un film qui parle de fantômes, il ne faut pas que ça vous fasse peur. En tout cas c'était un magnifique succès.
Mais je voudrais lancer un appel, pas seulement en ma qualité de Premier ministre de la République française, mais aussi en tant qu'ancien maire d'une grande ville française, qui est la ville de Nantes et qui a su développer un important réseau d'échanges internationaux, notamment sur le plan culturel. Je crois que la coopération entre les villes est quelque chose que nous pouvons davantage développer. Elle offre pourtant des pistes prometteuses à chacune de nos populations. J'ai appris d'ailleurs que le maire de Brest allait venir très prochainement ici pour inaugurer une rue de Brest, parce qu'il existe à Brest une rue de Siam. Alors c'est l'amorce je suis sûr d'une relation durable, mais en tout cas parfois les choses partent d'idées modestes mais c'est tout un symbole, les villes portuaires tournées vers le monde et donc nous devons échanger, inventer de nouveaux modes d'échanges, en tout cas ceux de notre temps. Et en tout cas je suis convaincu que ces échanges pourront se développer avec votre pays mais aussi avec d'autres pays d'Asie, d'Asie du Sud-est.
Mesdames et messieurs, les relations bilatérales sont importantes, mais je pense que l'une des convictions que la France et la Thaïlande partagent, c'est que ces relations bilatérales ne suffisent pas à régler les problèmes qui sont devant nous. L'intégration régionale et la coopération internationale, dans le cadre d'une gouvernance mondiale renforcée, sont également indispensables. Les équilibres changent, mais les règles du jeu changent aussi. De nouvelles puissances s'affirment et ces nouvelles puissances légitimement veulent avoir leur mot à dire. Et dans un monde globalisé, les Etats ne peuvent plus à eux seuls défendre leurs intérêts, protéger leurs citoyens et assurer leur prospérité.
Cette conviction guide la France depuis l'origine de la construction européenne. Elle s'est forgée à la suite des deux conflits mondiaux particulièrement meurtriers, nés de différends qui ont longtemps opposé les pays européens entre eux et en particulier la France et l'Allemagne. Eh bien notre fierté, en France comme en Allemagne, c'est d'avoir bâti sur cette histoire tragique, une amitié inébranlable, dont nous venons de célébrer à Berlin le 50e anniversaire.
Notre fierté, en Europe, est d'avoir pris la décision, en 1950, de gérer ensemble nos problèmes communs, en recherchant toujours l'intérêt des Européens. La France et l'Allemagne, par l'exemplarité de leur réconciliation et la force du lien qui les unit, constituent le moteur de cette évolution historique, récemment saluée par l'attribution du Prix Nobel de la Paix. Naturellement et je me suis rendu compte de cela dans mes différents déplacements, la crise de l'euro inquiète et elle inquiète y compris sur votre continent. Mais cette crise est maintenant dépassée. Ce que je suis venu vous annoncer, c'est un message de confiance.
L'Europe a pris des décisions, les décisions nécessaires pour stabiliser la zone euro. Décision nécessaire pour elle-même, pour l'Europe, pour chacun des membres de l'Union européenne et d'abord ceux qui font partie de la monnaie unique. Mais nécessaire pour le reste du monde. Quand je viens en Asie, c'est mon deuxième déplacement en quelques mois ou en Amérique du Sud, on me pose cette question parce que l'économie du monde, pas seulement l'économie, mais la stabilité politique aussi, dépend de la bonne santé de ce qui se passe sur les autres continents. Eh bien ce qui se passe en Europe, vous intéresse. Eh bien je le disais, l'Europe a pris des décisions.
Nous sommes en train de mettre en place une union bancaire. Nous travaillons depuis juin dernier à l'approfondissement équilibré de l'union monétaire et économique. Les difficultés de nos partenaires les plus vulnérables, je pense à la Grèce, sont en passe d'être surmontées. Le pacte européen pour la croissance et l'emploi est la première étape d'une réorientation de la construction européenne vers la croissance. Et la création d'une monnaie commune, d'une monnaie unique, ce fut une première historique. Mais lorsque cette décision a été prise, peut-être que nous avons sous-estimé les conséquences des disparités économiques entre Etats membres, et pensé un peu vite que la création de l'euro suffirait en elle-même à faire converger les économies européennes.
Mais ce qui est important c'est de savoir tirer les leçons de l'histoire, mais de ne pas regretter ce qui s'est passé. Parce que quand l'euro a été décidé, l'Europe traversait une période d'incertitude, c'était la fin de l'Union soviétique, l'effondrement de tout le système communiste non seulement de l'Union soviétique mais de ces pays de l'Europe de l'Est pendant 50 ans sous le joug de la dictature et c'était la fin de l'Allemagne divisée. Division symbolisée par le mur de Berlin qui s'était effondré et ces images vous les avez-vous aussi en mémoire. Elles sont extraordinaires mais elles ont déstabilisé ce qui existait et c'est toute l'intelligence des dirigeants politiques de l'époque, je pense à deux d'entre eux, François Mitterrand pour la France, Helmut Kohl pour l'Allemagne qui ont compris qu'il fallait, au-delà de la nécessaire et juste réunification de l'Allemagne, stabiliser la situation politique et c'était d'abord la première urgence. Que pour ça il fallait reconnaitre les frontières, notamment de l'Allemagne non pas avec la France à l'Ouest mais à l'Est avec la Pologne, ce qui fut fait et ce qui était un élément très fort de stabilité politique.
Mais en même temps, une volonté aussi d'ancrer l'Allemagne réunifiée, agrandie et aussi les autres démocraties retrouvées, à l'Europe et donc le choix de créer une monnaie unique a d'abord été un choix politique. C'est pour cela qu'il ne faut pas le regretter bien sûr, au contraire, même s'il y a des choses à changer et à améliorer, ce que nous sommes en train de faire. C'est-à-dire tout faire pour consolider cette construction historique unique qui est celle de pays qui se sont affrontés comme je le rappelais tout à l'heure et qui ont fondé une zone de paix et de liberté depuis 60 ans.
Eh bien cela n'empêche pas, malgré les améliorations qu'il faut apporter, que l'Europe est la première puissance économique de la planète. La première puissance commerciale de la planète, donc on voit bien que l'intérêt que vous nous portez, si loin, est à la fois un intérêt politique, la stabilité du monde, mais aussi un intérêt économique et un intérêt aussi de construire un monde nouveau mais un monde stable, équilibré et porteur de réponses à la question que se pose la jeunesse du monde, c'est-à-dire quel est l'avenir qu'on lui propose.
En tout cas cette Europe permet de faire vivre ensemble 500 millions d'Européens dans 27 pays et bientôt 28 Etats membre et c'est pour ça qu'en même temps nous sommes tournés vers le reste du monde et nous sommes attentifs à ce qui se passe aussi chez vous. Nous soutenons, avec force la volonté de l'Asean, et en particulier de la Thaïlande, de construire sa propre intégration régionale. Votre projet de "communauté économique", prévue pour 2015, est prometteur. Sa réalisation annonce davantage de croissance, davantage de débouchés, davantage d'investissements, en Asie et au-delà.
Plus encore, toutes les coopérations que les Etats de l'Asean pourront nouer, dans tous les domaines, seront utiles. En tout cas, le soutien de la France vous est acquis. Vos initiatives dans le domaine de la sécurité régionale sont essentielles, car il ne saurait y avoir de prospérité sans apaisement des tensions. Sur ce sujet également, mon pays est prêt à partager son expérience. Au-delà, c'est à l'échelle du monde que la France et la Thaïlande, qui sont des acteurs responsables sur la scène internationale, doivent agir ensemble. Aux enjeux mondiaux, nous devons apporter des réponses globales.
La crise majeure que nous traversons depuis 2008 en offre un premier exemple. Il ne faut pas seulement en atténuer les effets, rétablir la confiance, retrouver la croissance. Il faut également prendre les mesures qui éviteront les rechutes. Sans quoi les causes d'hier provoqueront les crises de demain. Ce n'est que par une action concertée, dans le cadre des instances internationales telles que le G20, que nous établirons les nouvelles règles dont le monde a besoin, et que nous réduirons les grands déséquilibres qui sont à l'origine de la crise.
Oui en effet, il faut résister à la tentation qu'à chaque crise, à chaque changement, qui nous tente, c'est la tentation du repli sur soi. Une forme de nationalisme. Le protectionnisme serait ruineux, mais la concurrence déloyale, elle est aussi ruineuse, c'est la raison pour laquelle l'Union européenne souhaite fonder ses relations avec des régions telles que l'Asie du Sud-Est sur le principe du juste échange, sur le principe de la réciprocité. Ce juste échange doit devenir un principe cardinal du commerce mondial. C'est la nouvelle stabilité qu'il nous appartient de construire.
Et puis il y a un autre grand chantier qui nous est commun, c'est la lutte contre le changement climatique qui est un autre domaine où il n'y a pas d'autre choix que l'action collective. La Thaïlande, comme d'autres pays, en subit déjà les effets, elle n'a pas besoin d'être convaincue, je le sais. C'est dans cet esprit que la France a proposé d'accueillir la négociation internationale sur le changement climatique en 2015, avec un objectif qui est de mettre en place un nouveau régime international. Eh bien je compte sur votre soutien, celui de votre pays, mais aussi celui de la jeunesse thaïlandaise pour que nous puissions ensemble, franchir cette nouvelle étape. Je sais que c'est difficile parfois, et en particulier pour les pays qui se développent.
J'étais il y a peu de temps à Santiago du Chili à la rencontre entre l'Union européenne et les pays d'Amérique Latine et de la Caraïbe, cette question a été abordée et un pays parmi les plus pauvres a dit, oui mais nous subissons aussi les conséquences d'un certain modèle de production économique, nous n'avons pas toujours choisi et que parfois on nous a imposé. Et donc, il y a des choses à changer, chacun a à changer. Le modèle économique, le modèle de production, mais même si certains ont plus d'efforts à faire que d'autres, c'est une cause collective, c'est une cause mondiale et nulle ne pourra échapper à ses devoirs et à ses responsabilités. En tout cas je sais que c'est une des préoccupations des jeunes générations.
Parce qu'évidemment les jeunes générations, la jeunesse, pense à son propre avenir, l'avenir individuellement, l'emploi, la qualité de vie, le niveau de vie, eux aussi espèrent un monde plus juste, meilleur, plus fraternel, plus sûr, plus protecteur pas seulement pour soi-même, mais aussi pour la planète. Donc c'est une belle cause, une belle cause j'allais dire pour certains utopistes, idéaliste mais il faut des causes idéalistes et utopistes qui donnent du sens à l'engagement personnel.
Enfin, vous savez l'importance que la France attache à la solidarité internationale. Les ressources manquent pour épargner aux plus pauvres le sous-développement, la malnutrition, les grandes pandémies. La communauté internationale doit continuer à se mobiliser, notamment pour mettre fin à la volatilité des prix agricoles, à la spéculation sur les matières premières. L'aide au développement doit également trouver de nouveaux financements. Là aussi, l'Europe montre la voie avec la mise en place d'une taxe sur les transactions financières qui a été décidée par 11 Etats membres, dont la France et l'Allemagne, dans le cadre d'une coopération renforcée et dont une partie sera consacrée à l'aide au développement. Mais, l'aide au développement c'est aussi lutter contre la spéculation financières, c'est lutter contre les paradis fiscaux, voilà encore tant de causes, tant de sujet qui méritent notre engagement, l'engagement de nos Etats, de nos gouvernements mais aussi l'engagement de nos concitoyens. Chacun à sa part à prendre.
En tout cas, sur tous ces sujets, la France et la Thaïlande, l'Union européenne et l'Asean, ont vocation à travailler ensemble à la recherche de solutions ambitieuses aux problèmes de notre temps. L'excellence de nos relations bilatérales, le dialogue entre nos deux peuples, votre enthousiasme sont autant d'atouts qu'il nous appartient de mettre à profit pour bâtir un monde plus juste, plus sûr et plus prospère, plus généreux, plus fraternel. C'est le dessein que je propose et que nous puissions ensemble, j'en suis sûr, atteindre, tous les deux, les deux peuples, le peuple français et le peuple thaïlandais. Je vous remercie.
INTERVENANTE
Nous remercions monsieur Jean-Marc Ayrault pour son discours et maintenant j'invite les participants à réagir peut-être et à poser leurs questions au Premier ministre. Je sais qu'il y a certains étudiants qui ont envie, qui sont enthousiastes, allez-y, je vous donne la parole.
UN ETUDIANT
Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis étudiant de quatrième de licence de français, est-ce que le gouvernement français modifiera la politique d'accueil des étudiants asiatiques pour ceux qui souhaitent continuer les études en France ou effectuer des stages professionnels dans les entreprises françaises ? Merci beaucoup.
INTERVENANTE
Vous voulez répondre ou on enchaîne avec les questions tout de suite. Oui on enchaine avec les questions, est-ce qu'il y a encore d'autres questions peut-être ? Oui allez-y.
UN ETUDIANT
Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis étudiant en deuxième année en master d'études françaises et j'ai connu la nouvelle, vous avez été longtemps maire de Nantes n'est-ce pas, donc je voudrais savoir, il y a des coopérations entre des grandes villes françaises et des grandes villes asiatiques ? Merci.
INTERVENANTE
Merci beaucoup pour la question, peut-être encore une autre question ?
UNE ETUDIANTE
Je pose question au nom de monsieur Pravite (phon) du journal anglophone le Nation. Donc en Thaïlande nous suivons avec intérêt l'affaire d'études racistes, le gouvernement français y soutient que la loi française doit prévaloir sur le règlement de twitter. Ici en Thaïlande, nous avons également un débat sur la loi de lèse-majesté qui est toujours en vigueur malgré les déclarations récentes de l'Union européenne à ce sujet. Quelle est, monsieur le Premier ministre, la position de la France par rapport à ce sujet ? Merci beaucoup.
INTERVENANTE
On a peut-être encore quelques étudiants qui voulaient poser des questions peut-être ?
UNE ETUDIANTE
Bonjour monsieur le Premier ministre, je suis étudiante en quatrième année de licence de français. Un accord de libre-échange entre plusieurs pays de Siam doit entrer en vigueur en 2015, la France et l'Union européenne vont-elles modifier leur politique commerciale vis-à-vis du marché commun de la Siam ? Merci beaucoup.
INTERVENANTE
Monsieur le Premier ministre vous voulez bien répondre au podium peut-être, on n'a pas le micro ambulant. Une autre question oui ?
UN ETUDIANT
Monsieur le Premier ministre, je suis président de l'Alliance française et aussi le co-président du Conseil économique entre la Thaïlande et l'Union européenne. Si vous permettez, je voudrais bien savoir monsieur le Premier ministre, la France avait longtemps mis l'accent sur l'Afrique, est-ce que la France sous votre gouvernement, s'engagerait plus activement envers l'Asie et surtout les pays du bassin de dans le domaine du commerce et investissement ? Je vous remercie bien monsieur le Premier ministre.
INTERVENANTE
Merci pour les questions, j'invite monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT
Merci d'abord aux étudiants qui m'ont posé leur question en français, je voudrais les féliciter, je le disais tout à l'heure, le département français ici est un département très important, mais je vois les résultats monsieur le Recteur. Je veux féliciter les professeurs et les étudiants. Je me rends compte que vous comprenez directement sans traduction parce qu'il y a toujours un petit décalage entre le mot prononcé et la réaction, et vous réagissez vite, c'est bien la preuve que beaucoup d'entre vous comprennent le français.
Oui, la France veut se montrer plus accueillante aux étudiants étrangers. Il y a eu dans le passé une approche un peu frileuse, restrictive et le gouvernement a pris des décisions pour faciliter, dans le respect bien sûr du droit, l'accueil des étudiants étrangers, beaucoup d'universités françaises le souhaitent, leur proposer aussi des conditions d'accueil qui soient favorables sur le plan matériel pour pouvoir réussir des études. C'est un atout pour les jeunes eux-mêmes venant d'autres pays, donc c'est vrai pour les jeunes thaïlandais, il y a à peu près 1.000 étudiants aujourd'hui venant de Thaïlande en France, c'est trop peu. Comme il y a très peu d'étudiants français ici. Donc c'est l'idée d'échange.
Donc vous me posez la question et en tant que chef de gouvernement je vous réponds favorablement, je poserai la question à votre Première ministre quand j'aurai des entretiens avec elle, mais j'ai déjà eu le plaisir de la recevoir à Paris il y a six mois et le hasard a fait que nous nous sommes, nous étions assis côte à côte hier à la cérémonie de crémation du Roi Norodom Sihanouk, nous avons commencé un peu à discuter. Mais nous aborderons ces questions aussi.
Vous avez aussi évoqué, un autre étudiant, les relations de ville à ville. Moi j'encourage vraiment, si on veut construire des relations durables, monsieur le président de l'Alliance française nous l'a dit tout à l'heure, il faut une alliance durable mais ça passera aussi par les peuples, par la connaissance des gens entre eux et notamment des jeunes. Et c'est ce qui s'est passé en Europe que j'évoquais tout à l'heure. On a développé beaucoup ce qu'on a appelé les jumelages de ville à ville, ça a permis énormément, surtout après la seconde guerre mondiale, la réconciliation franco-allemande par exemple quand les gens se connaissent. Donc moi j'encourage les échanges de ville à ville. Je citais le cas de Brest, mais il y a trop peu encore de cas de ce type, donc avec madame la ministre de la francophonie je pense que nous allons aborder cela à notre retour, mes collègues parlementaires qui sont là et qui président aussi les groupes d'amitié France Thaïlande ou comme hier France Cambodge, le député de la circonscription, de la grande circonscription, Thierry Mariani, vont avec mes collègues, Catherine Tasca, Catherine Quéré et (inaudible) faire cette contribution j'en suis sûr, en tout cas, je leur lance un appel pour nous aider.
Après vous m'avez parlé de twitter, Internet c'est une formidable liberté, il y a des pays par exemple où il n'y a pas de liberté de la presse et à titre individuel on se sert d'Internet pour communiquer. Il faut savoir que c'est une liberté, c'est une formidable invention, alors une liberté c'est comme toute liberté, elle conduit aussi à respecter un certain nombre de devoirs et c'est vrai que ça nécessite parfois, cet instrument de la régulation. Mais pas d'atteinte à la liberté fondamentale et on sait que certains pays s'étant rendus compte que malgré toutes les contraintes qu'ils mettaient à la liberté de la presse et à la liberté d'opinion qui permettent que les opinions publiques se constituent dans des vraies démocraties, et bien que malgré cette atteinte à la liberté de la presse, des personnes, des citoyens de ces pays se servaient d'Internet pour communiquer et s'exprimer et stoppaient Internet.
Donc évidemment ce n'est pas ma conception et ce n'est pas la conception de la France. La seule chose qu'il faut trouver et inventer c'est la régulation et empêcher effectivement que des atteintes à la personne humaine, aux valeurs fondamentales, à tout ce qui peut dégrader les valeurs fondamentales de la personne humaine, je pense au racisme, aux atteintes, au sexisme, à tout ce qui dégrade la personne humaine, doit être combattu. Donc c'est là qu'il faut trouver des réponses. Après les autres sujets que vous avez évoqué relèvent évidemment de la législation de chaque pays et je ne connais pas cette question, en tout cas en France, ce délit n'existe pas.
Monsieur le président, merci pour votre intervention, oui oui nous voulons absolument encourager les accords de libre-échange entre l'Union européenne et les pays d'Asie. Alors ce que nous sommes en train de faire avec la Thaïlande et peut-être avec d'autres pays, l'ASEAN pour l'instant n'est pas suffisamment constituée pour qu'on imagine ce type d'accord, mais comme je vous l'ai dit tout à l'heure, ces accords négociés doivent être profitables aux deux parties. Donc ce sont des accords équilibrés sur la base du principe du juste échange et de la réciprocité. Mais là où ils existent, là où ils ont été bien négociés, de façon équitable, à chaque fois nous pouvons constater qu'ils créent un dynamique de part et d'autres, ils renforcent la croissance économique et donc la création d'emploi et de valeurs ajoutées.
Alors il y a des moments de, des étapes d'évaluation, s'il y a des corrections à apporter, des mécanismes de sauvegarde ils doivent jouer si les règles de départ ne sont pas entièrement respectées, mais lorsque c'est fait, c'est tout à fait convainquant...
source http://www.gouvernement.fr, le 11 février 2013