Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la politique économique et budgétaire, à Paris le 20 février 2013.

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Mesdames, messieurs, depuis ce matin les discussions que nous avons menées autour du président de la République, d'abord en Conseil des ministres, et puis ce midi avec l'ensemble des membres du gouvernement, illustrent la cohérence et l'équilibre de notre stratégie. En même temps nous devons réduire nos déficits et soutenir la croissance. L'un ne peut aller sans l'autre. Nous devons réduire le déficit, réduire le poids de notre dette, car la dette réduit nos marges de manœuvre. Et chacun est capable de voir qu'un Etat trop endetté devient un Etat impuissant et nous ne voulons pas de l'impuissance de la France. C'est pour ça que nous nous sommes engagés dans une stratégie de redressement des comptes publics. Mais cela n'est pas nouveau, nous le mettons en œuvre avec constance, depuis le mois de juin dernier. Et nous n'avons pas l'intention de changer de cap. Les étapes, la méthode ont été fixées. Elles l'ont été selon les sujets. Il suffit de revenir à ma déclaration de politique générale. Il suffit de revenir à la feuille de route qui a été présentée lors de la conférence sociale après ce travail intense avec les partenaires sociaux. Il suffit de revenir au comité interministériel sur la modernisation de l'action publique. Ou encore ces derniers jours à mon intervention lors de l'installation du Haut Conseil pour la Famille. Ces étapes, cette méthode, ne sont pas nouvelles. Il n'y a donc pas lieu d'en changer.
Je rappelle que nous avons obtenu des résultats très importants. Lorsque j'ai pris mes fonctions de Premier ministre, le déficit public s'élevait à 5,2 %. Et si nous n'avions rien fait ça se serait terminé à 6 %. Ca c'est la situation que nous avons trouvée. Depuis six mois, le gouvernement a pris des mesures permettant de réduire ce déficit à 4,5 % de la richesse nationale. La Cour des comptes a d'ailleurs salué cet effort considérable et sans précédent que nous mettons en œuvre et que nous poursuivrons en 2013. En 2013, et je l'ai dit la semaine dernière, à la croissance devrait être inférieure à notre prévision initiale, et ce n'est pas le seul cas de la France, c'est toute l'Europe. Et nous faisons même plutôt mieux que les autres. Ce qui veut dire que nous allons réviser cette prévision de croissance ; mais nous allons le faire de manière ordonnée, sans précipitation, sans à-coups, et ce sera fait comme prévu dans le calendrier prévu, dans le cadre de notre programme de stabilité que nous présenterons au mois d'avril.
Mais le cap, je le répète, reste le même : l'équilibre des comptes publics en 2017, ce cap sera tenu. Mais notre cap c'est aussi le soutien à la croissance, sans laquelle on ne peut pas redresser durablement les comptes publics et redresser notre pays. Notre responsabilité c'est justement de ne pas dégrader la croissance pour 2013, et là aussi pas d'improvisation, pas de décision comme ça par à-coups. Notre stratégie est claire, et nous allons la poursuivre. C'est d'ailleurs le sens du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi qui est maintenant en œuvre depuis le 1er janvier de cette année. Dès demain, la Banque publique d'investissement sera officiellement installée. Le pacte pour la croissance qui est en vigueur, il faut maintenant que les entreprises s'en saisissent, qu'elles l'utilisent ; nous leur redonnons des marges de manœuvre pour investir, pour innover, pour embaucher. Et puis c'est le sens de notre politique globale pour l'emploi ; la mobilisation doit être générale, ce sont les emplois d'avenir, l'objectif c'est 100 000, nous n'y sommes pas encore. Les contrats de génération, la loi vient d'être votée. Quand signerons-nous le premier contrat avec les chefs d'entreprise pour maintenir un senior dans l'emploi et recruter des jeunes ? Et puis l'accord historique pour la sécurisation de l'emploi qui a été négocié entre les partenaires sociaux et qui sera soumis prochainement au Parlement.
Et puis c'est aussi le sens de la stratégie d'investissement que le président de la République m'a chargé de mettre en œuvre pour moderniser durablement notre pays. Et cette stratégie d'investissement, c'est une stratégie qui commence maintenant et qui doit se dérouler d'ici 2020. Il faut continuer à investir, il faut définir des priorités, parce que c'est préparer l'avenir de manière responsable. C'est ce que nous faisons dans le domaine du logement, dans le domaine de la transition énergétique, dans le domaine de la recherche, du numérique, de la santé. Cette stratégie permet à la France de s'engager dans une transformation profonde qui relève tous les défis technologiques du XXIe siècle. Et ce changement, cette politique d'investissement, cette politique d'innovation profitera à tout le pays, profitera à la jeunesse qui attend des perspectives et profitera à tous les territoires de notre pays qu'ils soient urbains, qu'ils soient de banlieue, ou qu'ils soient ruraux.
Je voudrais prendre deux exemples concrets pour illustrer cette ambition en matière d'investissement et d'innovation. Vous savez que nous avons augmenté les plafonds du Livret A et que beaucoup de Français ont déposé de l'argent dans cette épargne garantie et populaire. Le président de la République l'a annoncé, récemment, nous voulons utiliser cette épargne pour l'investissement. Nous allons mettre en place une enveloppe de 20 milliards d'euros sur cinq ans, pour financer, avec des prêts de long terme, pas seulement à vingt ans, mais trente ans, quarante ans, les investissements des collectivités locales dans des secteurs clé, notamment les infrastructures de transport, le très haut débit pour couvrir tout le territoire, l'eau, l'assainissement, les déchets, la rénovation thermique.. Et s'agissant du numérique justement, alors que nos prédécesseurs ont sans cesse repoussé les décisions, repoussé les investissements, nous allons mettre en œuvre un plan de déploiement du très haut débit : près de 20 milliards d'euros d'investissement public et privé vont être mobilisés sur une période de dix ans. Et ce plan permettra de connecter 100 % des foyers au très haut débit d'ici dix ans, et à la fin du quinquennat notre objectif c'est 50 % parce que nous voulons réussir cette transformation majeure qui bénéficiera non seulement à tous nos territoires mais qui est facteur d'innovation, qui est facteur de croissance, et pas seulement pour le secteur concerné, mais pour l'ensemble des filières économiques.
Voilà donc ce rappel nécessaire dans un monde incertain, dans une période où parfois les Français doutent d'eux-mêmes, de l'avenir du pays, où il est important de rappeler le cap, de rappeler la stratégie, de rappeler la constance, la détermination du gouvernement : en tout cas la mienne en tant que chef du gouvernement, comme celle du président de la République, est entière au service du redressement du pays et pour, comme François Hollande s'y est engagé à l'occasion de la campagne présidentielle, et c'est pour ça qu'il a été élu président de la République, sauver notre modèle social et républicain, notre originalité à nous les Français. Mais pour le sauver, il faut le réformer. Et pour le réformer, il faut à la fois maîtriser nos comptes publics, investir dans l'innovation, investir dans l'avenir, et donc c'est ainsi que nous construirons pas à pas mais avec résolution ce qui redonnera la confiance, le nouveau modèle français. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 février 2013