Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Le Premier ministre Jean-Marc AYRAULT vous a demandé ainsi quà madame TAUBIRA, Garde des Sceaux de recevoir dans quelques jours les associations de défense des droits des pères. Dominique BERTINOTTI, les autorités ont-elles maintenu un contact avec monsieur Serge CHARNAY, qui est donc toujours en haut de cette grue ?
DOMINIQUE BERTINOTTI
Bien sûr, les autorités nont jamais cessé de maintenir le contact avec ce père, pour peut-être lui faire entendre que maintenant nous allons recevoir, avec ma collègues de la Justice, les associations, et peut-être rechercher surtout lefficacité de solutions pour lensemble des parents qui peuvent être confrontés à ce genre de situation.
BRUCE TOUSSAINT
Mais y a-t-il une solution pour lui ? On sait depuis hier que cet homme à deux reprises sest rendu coupable
DOMINIQUE BERTINOTTI
Mais je vais
BRUCE TOUSSAINT
De soustraction denfant, c'est-à-dire quil na pas rendu à sa mère
DOMINIQUE BERTINOTTI
Je vais vous dire
BRUCE TOUSSAINT
Son enfant !
DOMINIQUE BERTINOTTI
Je ne vais pas mimmiscer dans ce qui est une affaire de justice et sur létendue du dossier que je ne connais pas. Ce qui est important comme ministre de la Famille, cest de voir comment on peut perfectionner les situations des enfants dans lorsque les parents divorcent ou se séparent. Et on peut se demander si en France, le système que nous avons qui a tellement peu recours à la médiation fait que justement, on arrive à des situations très conflictuelles qui peuvent conduire jusquà ce type de situation.
BRUCE TOUSSAINT
Il a été condamné à de la prison ferme et a effectué même 4 mois de prison ferme, ce monsieur.
DOMINIQUE BERTINOTTI
Cest pour ça que
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce que ce genre de situation peut conduire à de la prison ferme, est-ce que ça vous paraît normal ?
DOMINIQUE BERTINOTTI
Mais je le répète, je ne commenterai pas ce qui est de lordre de la décision de justice. A linverse, on sait quil y a des revendications qui sont portées sur peut-être un meilleur équilibre entre père et mère. Je tiens à souligner, notre système en France manque dun véritable système de médiation familiale. Au Québec par exemple, cest quelque chose qui fonctionne. Il faut savoir que seuls 4 à 8 % des divorces ont fait lobjet dune médiation, doù effectivement, on demande à la justice darbitrer des conflits de lordre de lintime, cest la justice.
BRUCE TOUSSAINT
En tout cas, vous reconnaissez quil y a un déséquilibre !
DOMINIQUE BERTINOTTI
Alors il peut y avoir un déséquilibre mais moi
BRUCE TOUSSAINT
Non mais dune façon générale, on sait, les chiffres sont là
DOMINIQUE BERTINOTTI
Attendez
BRUCE TOUSSAINT
73 % des enfants de divorcés qui vivent chez leur mère.
DOMINIQUE BERTINOTTI
Oui, alors
BRUCE TOUSSAINT
Cest un déséquilibre !
DOMINIQUE BERTINOTTI
Cest un déséquilibre en termes de chiffres, mais je tiens à vous souligner un premier point, cest que la garde alternée est en progression puisquil y a encore quelques années, on était à plus de 80 %. Et puis dautre part, il ne sagit pas moi je ne suis pas le ministre de la mère contre le père ou du père contre la mère. Il sagit de voir comment, dans des situations tendues que sont celles de la séparation et du divorce, on trouve un système où chacun, chaque couple trouve une meilleure adéquation au service des enfants.
BRUCE TOUSSAINT
Alors Dominique BERTINOTTI, nous sommes en ligne avec Nicolas MORENO (phon), bonjour bonjours, vous mentendez ? Monsieur MORENO ? Alors on va le retrouver dans quelques instants. Nicolas MORENO est un père qui, lui aussi, a été séparé de ses enfants et qui est monté sur la grue pour parler à Serge CHARNAY durant le week-end, et qui lui aussi se bat pour ses enfants mais au-delà. On dit souvent que dans les tribunaux, on ne parle pas forcément du destin de lenfant mais que cest le parent qui charge le plus lautre qui obtient la garde. Est-ce que cest une réalité et quest-ce que vous pouvez faire contre ça ?
DOMINIQUE BERTINOTTI
Cest bien pour ça que je reviens sur ce que je vous disais à linstant. Nous avons en France et au-delà de la question des divorces et séparations plutôt une culture du conflit plutôt quune culture de la médiation. Il faut que nous développions, ça veut dire vraiment avoir un nombre de professionnels de la médiation bien plus important quaujourdhui, faire en sorte de mettre les parents autour dune même table, de voir comment on peut trouver la meilleure des solutions pour leurs enfants. Ça nest pas simple, cest toujours des moments très conflictuels, très durs, la justice ne devrait intervenir quau final, après ce système de médiation. Cest ce sur quoi nous sommes en train de réfléchir, dautres pays le font
BRUCE TOUSSAINT
Dominique BERTINOTTI, ministre déléguée à la Famille, les associations de pères demandent que le juge prononcent automatiquement une garde alternée, automatiquement lorsquun enfant a plus de 2 ans et demi. Est-ce que ça vous paraît faisable ?
DOMINIQUE BERTINOTTI
Non, je réponds très clairement non, il ny a pas un système qui puisse lemporter sur un autre. Limportant cest que chaque couple, car cest chaque situation particulière, puisse (je le répète) bénéficier dune véritable écoute, dun véritable dialogue. On sait que dans ces périodes-là, ce nest pas simplement entre les deux le père et la mère que cela se fera, donc je plaide pour un véritable système de médiation familiale qui, aujourdhui, est très largement insuffisant dans notre pays.
BRUCE TOUSSAINT
Un dernier mot, combien de temps Serge CHARNAY va-t-il rester en haut de cette grue, quest-ce que vous allez faire aujourdhui par exemple, est-ce quon nest pas arrivés au bout de cette situation ?
DOMINIQUE BERTINOTTI
Je pense quil faut que la raison finisse par lemporter chez ce père. Je crois que tout le monde a été alerté sur sa situation, les mouvements se sont mobilisés des mouvements se sont mobilisés pour lui. Je pense quil est temps que la raison aujourdhui prévale.
BRUCE TOUSSAINT
Et un dernier mot enfin sur un autre sujet mais qui vous concerne directement, au fond vous êtes ministre déléguée à la Famille, je le disais, est-ce quil faut taxer les Allocations familiales ?
DOMINIQUE BERTINOTTI
Il faut savoir que la politique familiale, cest des prestations mais cest aussi des services. Les services cest des places en crèche, les places en crèche cest pour tout le monde. Donc il faut à la fois quon ait une politique familiale qui soit redistributive, lest-elle suffisamment aujourdhui pour permettre à la fois de mieux cibler certains publics fragiles et de mieux cibler les services ? Je pense quil est normal quon sinterroge sur larchitecture des prestations familiales.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 février 2013