Texte intégral
Monsieur le Président ATLAN,
Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à Bercy.
Cest un plaisir douvrir avec vous cette cinquième édition des Etats Généraux du Commerce et je vous remercie de my avoir invitée. Cest un moment important déchanges et de dialogue pour votre profession, pour les nombreux commerces, auquel je suis attachée.
Jai bien entendu vos propos, Monsieur le Président, et je peux vous affirmer que nous partageons les mêmes préoccupations.
Vous avez donné pour thème la « proximité » aux échanges qui vont souvrir. En effet, le commerce ne concerne évidemment par que les modes de consommation, mais également les modes de vie. Il crée de la richesse, bien sûr, mais aussi du dynamisme et du lien social dans les territoires. Cette proximité, nous en avons besoin. Nous devons la préserver et la développer.
Aujourdhui, 78% des commerces peuvent être considérés comme des commerces de proximité, soit près de 600 000 commerces. Cest dire limportance du sujet.
Pourtant, ce secteur connait actuellement une double mutation qui risque daffecter cette proximité. Elle implique les consommateurs, les commerçants et les autorités publiques.
La première mutation, cest celle des modes de consommation. Le développement du commerce en ligne modifie profondément les habitudes de consommation, qui sont loin dêtre stabilisées. Face à cette évolution, les entreprises doivent adapter leur modèle économique et mettre en place des stratégies qui utilisent Internet.
Car, je le répète et jen suis convaincue, lavenir, cest la complémentarité. Je ne crois pas à lantagonisme des différentes formes de commerce et comme jai lhabitude de le dire, je suis la ministre de tous les commerces et de tous les commerçants.
La période que nous vivons actuellement est riche de modernité, de renouvellement, dinnovation, de création. Mais, comme toute révolution, elle a des implications fortes sur les modes de vie et nous oblige à réinventer les services, les magasins, les manières dacheter.
Par la vente à distance, les achats internet, et désormais sur téléphone mobile, cest le commerce qui sinstalle dans tous les lieux où se trouvent les clients potentiels, et permet une nouvelle dynamisation des territoires.
Réciproquement, en répondant aux attentes de nouvelles expériences, par la création de nouveaux concepts de magasins et de nouvelles relations-clients, les commerces deviennent plus intimes.
La seconde mutation, cest le développement des territoires. Le commerce doit avoir une place importante dans lélaboration de tout nouveau projet urbain. Les locaux commerciaux, représentent un élément clef de la relation entre les investisseurs, les promoteurs, les aménageurs et les collectivités.
Pour que ces projets soient réussis, les implantations commerciales doivent pouvoir sintégrer dans un espace partagé. Certaines collectivités locales lont bien compris et recherchent aujourdhui davantage de proximité pour leur tissu commercial.
Cest un défi que nous avons à relever en enrayant linflation brutale des loyers et la désertification des zones rurales et de certains quartiers urbains.
Car le commerce est essentiel à notre pays. Il représente 10% de notre PIB, près de 1400 milliards deuros de chiffre daffaires, une entreprise française sur quatre, 20% des emplois privés.
Cest un secteur qui, bien au-delà de notre seule économie, concerne également notre espace public avec des problématiques aussi diverses et vastes que les questions de sécurité, durbanisme, de fiscalité, de loyers commerciaux, daménagement des centres-villes.
Cest la raison pour laquelle jentends votre demande de création dune Commission Permanente de Concertation sur le Commerce, sur le même modèle que celles dont bénéficient lindustrie ou encore les services.
Cependant, comme jai déjà eu loccasion de vous le dire lors de votre assemblée générale en juin, des instances de concertation existent déjà, et nous avons tous constaté, vous avez dailleurs été les premiers à me lindiquer, que leur fonctionnement densemble nest pas satisfaisant. Une réflexion doit donc être menée afin de déterminer comment ces instances peuvent évoluer pour mieux répondre aux besoins. Cela sinscrit dans le cadre général de la modernisation des politiques publiques souhaitée par le Premier Ministre, qui prévoit une rationalisation des comités et des organes de gouvernance. La proposition que vous formulez, consistant à créer une nouvelle instance, doit tenir compte de ce contexte de réduction des commissions consultatives.
Au-delà de cette question ponctuelle, mais dont je mesure bien limportance, cest lensemble des problématiques liées au commerce quil nous faut aborder de manière cohérente et avec des solutions précises aux difficultés rencontrées.
Comme jai eu loccasion de lannoncer lors de la clôture des universités dété des chambres de commerce et dindustrie, je souhaite élaborer et présenter en conseil des ministres au printemps plusieurs actions, plusieurs mesures. Pour préparer cette communication, je lancerai prochainement une série de consultations.
Je souhaite cela car nous devons en particulier mettre en place une politique publique plus efficace et mieux coordonnée à tous les niveaux.
Je pense en particulier au droit de préemption des fonds de commerce, nécessaire pour préserver une offre commerciale diversifiée dans les centres-villes et les quartiers. Il sera amélioré pour donner plus de leviers aux collectivités qui sengagent dans cette démarche.
Pour des raisons administratives et financières, cette faculté de préemption dans les zones de sauvegarde peut savérer difficile, voire impossible à mettre en oeuvre par les communes.
Je souhaite également mieux encadrer lévolution des loyers commerciaux pour éviter les augmentations fortes et brutales, parfois rétroactives qui peuvent sévèrement menacer léquilibre financier des commerces.
De la même manière, je suivrai avec attention limpact de la révision des valeurs locatives ainsi que le montant des taxes qui pèsent sur ces mêmes commerces.
Les réseaux consulaires, dont jai la responsabilité, seront également mobilisés. Des axes sont à renforcer, comme laccompagnement des créateurs de commerces, lanimation des associations de commerçants, laccompagnement des délicates transitions à loccasion des transmissions de fonds de commerce, laide à lutilisation des TIC pour les commerçants les moins aguerris à lélectronique.
Je veillerai à ce que les Chambres de Commerce et dIndustrie et les Chambres de Métiers et de lArtisanat organisent une action systématisée pour contribuer au dynamisme des centres-villes. Cela me paraît essentiel.
La préservation dun environnement économique favorable demande aussi un soutien à lesprit dentreprise, à lentrepreneuriat. Les jeunes porteurs de projets doivent être encouragés et mieux accompagnés.
Le Gouvernement a lancé en janvier dernier les Assises de lentrepreneuriat, et des propositions concrètes seront restituées dans le courant du mois prochain. Je pilote avec mon collègue Arnaud Montebourg le groupe de travail sur laccompagnement des jeunes créateurs et je veillerai à ce que les propositions que nous formulerons soient adaptées au secteur du commerce.
Lentrepreneuriat, cest aussi la reprise dentreprises. La BPI nous aidera à surmonter la difficulté majeure du financement de la transmission. Elle nous aidera également, et j???y tiens particulièrement, à donner loxygène nécessaire aux repreneurs qui se lancent et qui peinent à franchir la première année le temps de faire la preuve de leurs talents.
Le sujet constitue une préoccupation forte du Gouvernement. Nous en avons donné une première preuve avec les contrats de génération qui incluront explicitement un tutorat visant la transmission. Les outils que jai souhaité mettre en place dans le cadre du pacte pour lartisanat seront ainsi étendus aux commerces, qui sont confrontés aux mêmes problématiques. Je pense à ceux qui concernent la transmission des entreprises et la valorisation des métiers de ce secteur.
Vous le savez, bien que ministre, je suis aussi élue locale. Jai souhaité garder ce lien avec un territoire, avec ma région, car jy suis particulièrement attachée. Et cest pour cela aussi que je mesure pleinement limportance des commerces de centre-ville, le rôle majeur que les commerçants jouent dans le dynamisme des territoires, ainsi que de lintérêt davoir un véritable maillage économique, partout. Cest un élément important pour lattractivité dune commune ou dun territoire pour accueillir de nouvelles populations.
Car ces commerces sont une source de croissance, demploi. Ils sont essentiels pour le redressement économique de nos régions et de notre pays.
La politique que mène le gouvernement est globale et cohérente. Elle sattache tout autant à réduire la dette de lEtat quà dynamiser nos entreprises. Vous avez pu le constater le 6 novembre dernier lors de la présentation du pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi, vous avez également pu le constater le 11 janvier lors de laboutissement des négociations sur la sécurisation de lemploi et vous pourrez encore le constater tout au long de notre mandat.
Vous le voyez, nous allons travailler ensemble dans les prochains mois sur de nombreux sujets.
Mais, Monsieur le président, vous avez, lors de votre intervention, exprimé vos inquiétudes sur un certain nombre de sujets, aussi, permettez-moi dy revenir quelques instants.
En ce qui concerne le registre national des crédits aux particuliers dit « fichier positif », je peux tout de suite vous rassurer.
De nombreuses enseignes proposent des cartes de fidélité qui sont aussi des cartes de paiement et qui peuvent déclencher des crédits renouvelables. La multiplication de ces crédits peut avoir des effets pervers et conduire au surendettement des ménages ce que nous souhaitons tous éviter.
Dans le cadre du projet de loi "Consommation" qui sera prochainement proposée au parlement par Benoit Hamon, la création de ce registre est prévue. Elle s'inscrit directement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et constituera la mesure emblématique de ce texte. Elle permettra aux commerçants de proposer de manière plus sûre un financement adapté à l'appui de l'acquisition d'un bien.
Il est aujourdhui prévu de fortes garanties sous langle de la protection des libertés publiques et de la vie privée, notamment ce registre sera placé sous la surveillance dun comité présidé par le Gouverneur de la Banque de France et il est garanti que les informations afférentes à un contrat de crédit sont radiées dès lexpiration du contrat.
Vous avez également évoqué la question de la sécurité de nos commerces.
Les commerces ne fonctionnent malheureusement pas toujours dans le climat de sécurité propice au développement de leurs activités commerciales.
Leffort de la nation doit porter en direction de ceux qui sont les plus exposés au risque de malveillance, du fait de la nature de leurs activités ou de leurs emplacements. Cest une de mes priorités.
En liaison étroite avec Manuel Valls, nous travaillons donc à améliorer la protection des commerçants par une politique de prévention plus adaptée, et par des dispositions concrètes et efficaces. Le nombre de patrouilles a été augmenté, un guide des bons réflexes sera diffusé sur tout le territoire sur le modèle de celui élaboré par la préfecture de police de Paris, et nous expérimenterons très prochainement les alertes SMS et lutilisation de lADN chimique comme outil dissuasif contre les braquages.
En complément du plan anti holp-up lancé le 19 novembre dernier, il nous faut aider les commerçants à acquérir une meilleure culture de la sécurité, à mieux aménager leurs boutiques, y compris à lintérieur des grands ensembles commerciaux.
Un accompagnement renforcé sera proposé aux commerçants, avec priorité à ceux qui auront été répertoriés comme les plus exposés.
Lensemble sinscrira dans une logique partenariale, dont Manuel Valls et moi donnons résolument la tonalité, avec une approche pragmatique, inscrite au plus près des territoires.
Vous avez également évoqué la question de lévolution des soldes, et je suis heureuse de pouvoir vous en parler aujourdhui, car il sagit dun sujet important pour la vie des commerces, et des consommateurs.
De récents sondages annonçaient des soldes dhiver 2013 en berne, avec notamment, une fréquentation moindre et un budget moyen en forte baisse (de 10% à 25% selon les sondages, soit environ 200 ).
En définitive, 80% des Français ont fait les soldes depuis leur lancement. Ce chiffre traduit lintérêt vif des Français pour cet événement.
Les difficultés sont néanmoins réelles, en particulier pour le secteur de lhabillement, le plus impacté par les soldes et qui connaît une baisse continue de ses volumes de vente depuis cinq ans. Les ventes se révèlent en baisse de 2% sur la première quinzaine des soldes, alors qu'en 2012, elles avaient été stables.
Je tiens à rappeler mon attachement à une date nationale des soldes facteur déquité, de stabilité, et dont limpact médiatique est puissant, particulièrement pour les magasins indépendants qui manquent de moyens de communication.
Les mesures de dérogation permettent de tenir compte des spécificités locales (zones frontalières, Outre-mer ), je constate dailleurs que les demandes de dates spécifiques se réduisent dannée en année. Je ne souhaite pas modifier ce fonctionnement, laissons le temps à ce dispositif le temps darriver à maturité.
Sagissant des soldes flottants, le constat aujourdhui est celui dune confusion forte aussi bien sur les impacts réels de cette mesure, que dans lesprit des consommateurs qui ne distinguent plus les périodes de rabais entre elles.
Cest pourquoi je réunirai très prochainement, avec les autres Ministres concernés, les professionnels du commerce et les représentants des consommateurs, dans le cadre dune concertation pour recueillir les différents points de vue qui ne sont pas tous unanimes.
La fiscalité, et en particulier celle du numérique, est un autre point de préoccupation.
Avec mes collègues du Gouvernement nous entendons agir résolument auprès des instances internationales que sont le G20, lOCDE et bien sûr lUnion Européenne, pour adapter les règles internationales de limposition à léconomie numérique et sur la nécessité davoir une fiscalité réfléchie pour préserver la compétitivité des entreprises sans opposer les différentes formes de commerce.
Le gouvernement auquel jappartiens aura à coeur, tout au long de son mandat, de stabiliser lenvironnement législatif, administratif et fiscal, indispensable au développement de vos stratégies de court et de moyen terme.
Les commerces sont aussi complémentaires entre eux, et cest ce dynamisme que nous souhaitons développer.
Ce développement ne se fera pas au travers dune nouvelle loi sur lurbanisme commercial, comme jai également pu vous le dire en juin. Le Président de la République sy était engagé, et je ne souhaite pas que soient remis en cause léquilibre actuellement trouvé. Cela ne veut pas dire que des ajustements ne seront pas nécessaires pour tenir compte des dysfonctionnements qui peuvent être observés, notamment en matière de contentieux, ou pour tenir compte des évolutions des modes de consommation, comme celles des drives en particulier.
Voici, mesdames et messieurs, ce que je souhaitais vous dire ce matin. 2013 sera une année importante pour nos commerces.
Notre action, nous la menons pour lemploi, et pour la jeunesse. Ce sont les deux priorités du Gouvernement, car oeuvrer pour la création demploi, oeuvrer pour la jeunesse, cest oeuvrer pour lavenir.
Je mesure combien votre secteur est ouvert à la jeunesse, quelles que soient les qualifications, et à quel point lascenseur professionnel fonctionne.
Je salue également laction du Conseil du Commerce de France pour la formation des employés.
Voilà, en quelques mots, laction qui sera la mienne pour lannée à venir. Je sais que nous partageons ce combat pour la jeunesse, pour lemploi, et pour les territoires ; malgré des interrogations, qui sont légitimes et ce sont elles qui font la richesse des débats qui vont souvrir ici.
Je sais aussi que je peux avoir confiance dans votre mobilisation, dans votre énergie et votre volonté pour quensemble nous réussissions à faire face aux formidables défis des commerces daujourdhui, pour notre économie et pour notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 19 février 2013
Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à Bercy.
Cest un plaisir douvrir avec vous cette cinquième édition des Etats Généraux du Commerce et je vous remercie de my avoir invitée. Cest un moment important déchanges et de dialogue pour votre profession, pour les nombreux commerces, auquel je suis attachée.
Jai bien entendu vos propos, Monsieur le Président, et je peux vous affirmer que nous partageons les mêmes préoccupations.
Vous avez donné pour thème la « proximité » aux échanges qui vont souvrir. En effet, le commerce ne concerne évidemment par que les modes de consommation, mais également les modes de vie. Il crée de la richesse, bien sûr, mais aussi du dynamisme et du lien social dans les territoires. Cette proximité, nous en avons besoin. Nous devons la préserver et la développer.
Aujourdhui, 78% des commerces peuvent être considérés comme des commerces de proximité, soit près de 600 000 commerces. Cest dire limportance du sujet.
Pourtant, ce secteur connait actuellement une double mutation qui risque daffecter cette proximité. Elle implique les consommateurs, les commerçants et les autorités publiques.
La première mutation, cest celle des modes de consommation. Le développement du commerce en ligne modifie profondément les habitudes de consommation, qui sont loin dêtre stabilisées. Face à cette évolution, les entreprises doivent adapter leur modèle économique et mettre en place des stratégies qui utilisent Internet.
Car, je le répète et jen suis convaincue, lavenir, cest la complémentarité. Je ne crois pas à lantagonisme des différentes formes de commerce et comme jai lhabitude de le dire, je suis la ministre de tous les commerces et de tous les commerçants.
La période que nous vivons actuellement est riche de modernité, de renouvellement, dinnovation, de création. Mais, comme toute révolution, elle a des implications fortes sur les modes de vie et nous oblige à réinventer les services, les magasins, les manières dacheter.
Par la vente à distance, les achats internet, et désormais sur téléphone mobile, cest le commerce qui sinstalle dans tous les lieux où se trouvent les clients potentiels, et permet une nouvelle dynamisation des territoires.
Réciproquement, en répondant aux attentes de nouvelles expériences, par la création de nouveaux concepts de magasins et de nouvelles relations-clients, les commerces deviennent plus intimes.
La seconde mutation, cest le développement des territoires. Le commerce doit avoir une place importante dans lélaboration de tout nouveau projet urbain. Les locaux commerciaux, représentent un élément clef de la relation entre les investisseurs, les promoteurs, les aménageurs et les collectivités.
Pour que ces projets soient réussis, les implantations commerciales doivent pouvoir sintégrer dans un espace partagé. Certaines collectivités locales lont bien compris et recherchent aujourdhui davantage de proximité pour leur tissu commercial.
Cest un défi que nous avons à relever en enrayant linflation brutale des loyers et la désertification des zones rurales et de certains quartiers urbains.
Car le commerce est essentiel à notre pays. Il représente 10% de notre PIB, près de 1400 milliards deuros de chiffre daffaires, une entreprise française sur quatre, 20% des emplois privés.
Cest un secteur qui, bien au-delà de notre seule économie, concerne également notre espace public avec des problématiques aussi diverses et vastes que les questions de sécurité, durbanisme, de fiscalité, de loyers commerciaux, daménagement des centres-villes.
Cest la raison pour laquelle jentends votre demande de création dune Commission Permanente de Concertation sur le Commerce, sur le même modèle que celles dont bénéficient lindustrie ou encore les services.
Cependant, comme jai déjà eu loccasion de vous le dire lors de votre assemblée générale en juin, des instances de concertation existent déjà, et nous avons tous constaté, vous avez dailleurs été les premiers à me lindiquer, que leur fonctionnement densemble nest pas satisfaisant. Une réflexion doit donc être menée afin de déterminer comment ces instances peuvent évoluer pour mieux répondre aux besoins. Cela sinscrit dans le cadre général de la modernisation des politiques publiques souhaitée par le Premier Ministre, qui prévoit une rationalisation des comités et des organes de gouvernance. La proposition que vous formulez, consistant à créer une nouvelle instance, doit tenir compte de ce contexte de réduction des commissions consultatives.
Au-delà de cette question ponctuelle, mais dont je mesure bien limportance, cest lensemble des problématiques liées au commerce quil nous faut aborder de manière cohérente et avec des solutions précises aux difficultés rencontrées.
Comme jai eu loccasion de lannoncer lors de la clôture des universités dété des chambres de commerce et dindustrie, je souhaite élaborer et présenter en conseil des ministres au printemps plusieurs actions, plusieurs mesures. Pour préparer cette communication, je lancerai prochainement une série de consultations.
Je souhaite cela car nous devons en particulier mettre en place une politique publique plus efficace et mieux coordonnée à tous les niveaux.
Je pense en particulier au droit de préemption des fonds de commerce, nécessaire pour préserver une offre commerciale diversifiée dans les centres-villes et les quartiers. Il sera amélioré pour donner plus de leviers aux collectivités qui sengagent dans cette démarche.
Pour des raisons administratives et financières, cette faculté de préemption dans les zones de sauvegarde peut savérer difficile, voire impossible à mettre en oeuvre par les communes.
Je souhaite également mieux encadrer lévolution des loyers commerciaux pour éviter les augmentations fortes et brutales, parfois rétroactives qui peuvent sévèrement menacer léquilibre financier des commerces.
De la même manière, je suivrai avec attention limpact de la révision des valeurs locatives ainsi que le montant des taxes qui pèsent sur ces mêmes commerces.
Les réseaux consulaires, dont jai la responsabilité, seront également mobilisés. Des axes sont à renforcer, comme laccompagnement des créateurs de commerces, lanimation des associations de commerçants, laccompagnement des délicates transitions à loccasion des transmissions de fonds de commerce, laide à lutilisation des TIC pour les commerçants les moins aguerris à lélectronique.
Je veillerai à ce que les Chambres de Commerce et dIndustrie et les Chambres de Métiers et de lArtisanat organisent une action systématisée pour contribuer au dynamisme des centres-villes. Cela me paraît essentiel.
La préservation dun environnement économique favorable demande aussi un soutien à lesprit dentreprise, à lentrepreneuriat. Les jeunes porteurs de projets doivent être encouragés et mieux accompagnés.
Le Gouvernement a lancé en janvier dernier les Assises de lentrepreneuriat, et des propositions concrètes seront restituées dans le courant du mois prochain. Je pilote avec mon collègue Arnaud Montebourg le groupe de travail sur laccompagnement des jeunes créateurs et je veillerai à ce que les propositions que nous formulerons soient adaptées au secteur du commerce.
Lentrepreneuriat, cest aussi la reprise dentreprises. La BPI nous aidera à surmonter la difficulté majeure du financement de la transmission. Elle nous aidera également, et j???y tiens particulièrement, à donner loxygène nécessaire aux repreneurs qui se lancent et qui peinent à franchir la première année le temps de faire la preuve de leurs talents.
Le sujet constitue une préoccupation forte du Gouvernement. Nous en avons donné une première preuve avec les contrats de génération qui incluront explicitement un tutorat visant la transmission. Les outils que jai souhaité mettre en place dans le cadre du pacte pour lartisanat seront ainsi étendus aux commerces, qui sont confrontés aux mêmes problématiques. Je pense à ceux qui concernent la transmission des entreprises et la valorisation des métiers de ce secteur.
Vous le savez, bien que ministre, je suis aussi élue locale. Jai souhaité garder ce lien avec un territoire, avec ma région, car jy suis particulièrement attachée. Et cest pour cela aussi que je mesure pleinement limportance des commerces de centre-ville, le rôle majeur que les commerçants jouent dans le dynamisme des territoires, ainsi que de lintérêt davoir un véritable maillage économique, partout. Cest un élément important pour lattractivité dune commune ou dun territoire pour accueillir de nouvelles populations.
Car ces commerces sont une source de croissance, demploi. Ils sont essentiels pour le redressement économique de nos régions et de notre pays.
La politique que mène le gouvernement est globale et cohérente. Elle sattache tout autant à réduire la dette de lEtat quà dynamiser nos entreprises. Vous avez pu le constater le 6 novembre dernier lors de la présentation du pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi, vous avez également pu le constater le 11 janvier lors de laboutissement des négociations sur la sécurisation de lemploi et vous pourrez encore le constater tout au long de notre mandat.
Vous le voyez, nous allons travailler ensemble dans les prochains mois sur de nombreux sujets.
Mais, Monsieur le président, vous avez, lors de votre intervention, exprimé vos inquiétudes sur un certain nombre de sujets, aussi, permettez-moi dy revenir quelques instants.
En ce qui concerne le registre national des crédits aux particuliers dit « fichier positif », je peux tout de suite vous rassurer.
De nombreuses enseignes proposent des cartes de fidélité qui sont aussi des cartes de paiement et qui peuvent déclencher des crédits renouvelables. La multiplication de ces crédits peut avoir des effets pervers et conduire au surendettement des ménages ce que nous souhaitons tous éviter.
Dans le cadre du projet de loi "Consommation" qui sera prochainement proposée au parlement par Benoit Hamon, la création de ce registre est prévue. Elle s'inscrit directement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et constituera la mesure emblématique de ce texte. Elle permettra aux commerçants de proposer de manière plus sûre un financement adapté à l'appui de l'acquisition d'un bien.
Il est aujourdhui prévu de fortes garanties sous langle de la protection des libertés publiques et de la vie privée, notamment ce registre sera placé sous la surveillance dun comité présidé par le Gouverneur de la Banque de France et il est garanti que les informations afférentes à un contrat de crédit sont radiées dès lexpiration du contrat.
Vous avez également évoqué la question de la sécurité de nos commerces.
Les commerces ne fonctionnent malheureusement pas toujours dans le climat de sécurité propice au développement de leurs activités commerciales.
Leffort de la nation doit porter en direction de ceux qui sont les plus exposés au risque de malveillance, du fait de la nature de leurs activités ou de leurs emplacements. Cest une de mes priorités.
En liaison étroite avec Manuel Valls, nous travaillons donc à améliorer la protection des commerçants par une politique de prévention plus adaptée, et par des dispositions concrètes et efficaces. Le nombre de patrouilles a été augmenté, un guide des bons réflexes sera diffusé sur tout le territoire sur le modèle de celui élaboré par la préfecture de police de Paris, et nous expérimenterons très prochainement les alertes SMS et lutilisation de lADN chimique comme outil dissuasif contre les braquages.
En complément du plan anti holp-up lancé le 19 novembre dernier, il nous faut aider les commerçants à acquérir une meilleure culture de la sécurité, à mieux aménager leurs boutiques, y compris à lintérieur des grands ensembles commerciaux.
Un accompagnement renforcé sera proposé aux commerçants, avec priorité à ceux qui auront été répertoriés comme les plus exposés.
Lensemble sinscrira dans une logique partenariale, dont Manuel Valls et moi donnons résolument la tonalité, avec une approche pragmatique, inscrite au plus près des territoires.
Vous avez également évoqué la question de lévolution des soldes, et je suis heureuse de pouvoir vous en parler aujourdhui, car il sagit dun sujet important pour la vie des commerces, et des consommateurs.
De récents sondages annonçaient des soldes dhiver 2013 en berne, avec notamment, une fréquentation moindre et un budget moyen en forte baisse (de 10% à 25% selon les sondages, soit environ 200 ).
En définitive, 80% des Français ont fait les soldes depuis leur lancement. Ce chiffre traduit lintérêt vif des Français pour cet événement.
Les difficultés sont néanmoins réelles, en particulier pour le secteur de lhabillement, le plus impacté par les soldes et qui connaît une baisse continue de ses volumes de vente depuis cinq ans. Les ventes se révèlent en baisse de 2% sur la première quinzaine des soldes, alors qu'en 2012, elles avaient été stables.
Je tiens à rappeler mon attachement à une date nationale des soldes facteur déquité, de stabilité, et dont limpact médiatique est puissant, particulièrement pour les magasins indépendants qui manquent de moyens de communication.
Les mesures de dérogation permettent de tenir compte des spécificités locales (zones frontalières, Outre-mer ), je constate dailleurs que les demandes de dates spécifiques se réduisent dannée en année. Je ne souhaite pas modifier ce fonctionnement, laissons le temps à ce dispositif le temps darriver à maturité.
Sagissant des soldes flottants, le constat aujourdhui est celui dune confusion forte aussi bien sur les impacts réels de cette mesure, que dans lesprit des consommateurs qui ne distinguent plus les périodes de rabais entre elles.
Cest pourquoi je réunirai très prochainement, avec les autres Ministres concernés, les professionnels du commerce et les représentants des consommateurs, dans le cadre dune concertation pour recueillir les différents points de vue qui ne sont pas tous unanimes.
La fiscalité, et en particulier celle du numérique, est un autre point de préoccupation.
Avec mes collègues du Gouvernement nous entendons agir résolument auprès des instances internationales que sont le G20, lOCDE et bien sûr lUnion Européenne, pour adapter les règles internationales de limposition à léconomie numérique et sur la nécessité davoir une fiscalité réfléchie pour préserver la compétitivité des entreprises sans opposer les différentes formes de commerce.
Le gouvernement auquel jappartiens aura à coeur, tout au long de son mandat, de stabiliser lenvironnement législatif, administratif et fiscal, indispensable au développement de vos stratégies de court et de moyen terme.
Les commerces sont aussi complémentaires entre eux, et cest ce dynamisme que nous souhaitons développer.
Ce développement ne se fera pas au travers dune nouvelle loi sur lurbanisme commercial, comme jai également pu vous le dire en juin. Le Président de la République sy était engagé, et je ne souhaite pas que soient remis en cause léquilibre actuellement trouvé. Cela ne veut pas dire que des ajustements ne seront pas nécessaires pour tenir compte des dysfonctionnements qui peuvent être observés, notamment en matière de contentieux, ou pour tenir compte des évolutions des modes de consommation, comme celles des drives en particulier.
Voici, mesdames et messieurs, ce que je souhaitais vous dire ce matin. 2013 sera une année importante pour nos commerces.
Notre action, nous la menons pour lemploi, et pour la jeunesse. Ce sont les deux priorités du Gouvernement, car oeuvrer pour la création demploi, oeuvrer pour la jeunesse, cest oeuvrer pour lavenir.
Je mesure combien votre secteur est ouvert à la jeunesse, quelles que soient les qualifications, et à quel point lascenseur professionnel fonctionne.
Je salue également laction du Conseil du Commerce de France pour la formation des employés.
Voilà, en quelques mots, laction qui sera la mienne pour lannée à venir. Je sais que nous partageons ce combat pour la jeunesse, pour lemploi, et pour les territoires ; malgré des interrogations, qui sont légitimes et ce sont elles qui font la richesse des débats qui vont souvrir ici.
Je sais aussi que je peux avoir confiance dans votre mobilisation, dans votre énergie et votre volonté pour quensemble nous réussissions à faire face aux formidables défis des commerces daujourdhui, pour notre économie et pour notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 19 février 2013