Texte intégral
Jai lhonneur de vous présenter, au nom du Gouvernement, le projet portant sur la sécurisation de lemploi, projet de loi issu de laccord national interprofessionnel du 11 janvier 2013.
Nous allons avoir, et jen suis heureux, une discussion sur le contenu précis et technique de tous les articles de ce projet. Cette discussion permettra, jen suis sûr, de dissiper les malentendus ou de récuser des interprétations erronées de ce projet. Mais je ne suis pas dabord un technicien vous non plus je suis un politique vous aussi et je vais dabord vous parler du sens politique de cette grande avancée quest la loi sur la sécurisation de lemploi.
Dans la période très difficile que nous vivons -où certains aiment à parler de sang, de sueur et de larmes- je suis venu pour proposer du sens, des lueurs despoir et des armes, des armes contre le chômage.
Je veux le dire avec des mots simples : Mesdames et messieurs les députés, vous avez dans les mains un de ces textes qui laissent leur empreinte dans une mandature.
Je ne sais si laccord qui inspire cette loi est historique. Mieux vaut rester modestes devant lHistoire et son jugement. Mais un évènement qui ne se produit que 3 ou 4 fois par siècle ne saurait être insignifiant ! Et je sais que laccord du 11 janvier 2013 fera date.
Il marquera lhistoire sociale de notre pays.
Avant de développer mon propos, je vous engage à regarder quelques années en arrière.
Nous sommes le 16 décembre 1984, après six mois dintenses discussions, au bout dune nuit tendue dont la négociation sociale a le secret, un protocole daccord interprofessionnel sur lorganisation du travail semble être trouvé.
Mais après de rudes débats internes, les centrales retirent une à une leur promesse de signature. Un responsable de lépoque, résume la situation : « nous avons été à deux doigts de réussir ce qui aurait peut-être tout changé ».
Les conséquences de cet échec se feront longtemps sentir, plongeant la négociation dans une longue phase de glaciation, incapable de traiter à nouveau ensemble tous les enjeux de lemploi, navançant plus que par petits pas et sans vision refondatrice.
Mesdames et messieurs, je vous propose aujourdhui une réussite !
Après plusieurs décennies davancées positives mais partielles, déchecs ou de renoncements, laccord national du 11 janvier 2013 montre que notre pays na pas peur denjamber ce qui lentrave, douvrir des voies nouvelles, de prendre à bras le corps les principaux enjeux de notre marché du travail pour fonder un équilibre neuf. Un équilibre dans lequel ce que les uns gagnent nest pas ce que les autres perdent, mais qui ouvre, comme jaime à le dire, un nouveau champ de possibles. Qui apporte je dirais enfin ! - une réponse pour concilier le besoin dadaptation des entreprises et laspiration des salariés à la sécurité de leur emploi.
Laccord, puis le projet de loi sur la sécurisation de lemploi, prennent de front les problèmes que notre société traîne depuis trop longtemps : la lutte contre la précarité du travail, la déshérence du CDI, les droits individuels et collectifs, lanticipation des mutations économiques, la recherche de solutions collectives pour sauvegarder lemploi dans une conjoncture difficile, la nécessaire refonte des procédures de licenciements collectifs.
Oui, mesdames et messieurs les députés, la France est capable de se réformer profondément, et elle est capable de le faire par le dialogue.
Derrière laccord, derrière la loi, il y a une méthode : le dialogue social à la française. « Dialogue social », chacun voit ce que cela veut dire. « A la française » mérite une explication, et cest par là que je veux commencer.
Le XXe siècle a vu deux gigantesques forces sopposer : le marché et lEtat. Tantôt lune sest imposée, tantôt lautre. Mais dans les deux cas, la société a souvent été dominée et ses acteurs sociaux, ses corps intermédiaires il y a peu si décriés par certains- ont manqué despace pour sexprimer.
Le dialogue social, cest donner la parole à ces acteurs légitimes qui trop souvent ny ont pas droit -soumis à la dure main invisible du marché ou à la froide rigueur étatique. Donner la parole à ceux qui sont les mieux à même de savoir ce quils veulent, ce quils sont prêts à concéder, et ce sur quoi ils ne cèderont jamais.
Là était déjà linspiration des lois Auroux dont nous venons de fêter les 30 ans. Jeune député à lépoque, jai eu la chance de faire partie de ceux qui ont vécu ce moment historique où nous avons ouvert des droits collectifs nouveaux dans les entreprises, et en particulier celui de négocier.
Celui justement daffirmer cette capacité des travailleurs à peser sur leur destin pas seulement par leur capacité à résister mais aussi à construire. A définir eux-mêmes les compromis acceptables ou inacceptables.
Cétait la naissance dun droit, et dun pouvoir !
Cest aujourdhui de lexercice de ce droit et de laffermissement de ce pouvoir quil sagit.
Et je suis heureux et fier, 30 ans après les lois Auroux, de porter devant vous ce texte, né du dialogue social pour des nouveaux droits des salariés et pour un pouvoir renforcé des travailleurs !
Quand beaucoup seffrayaient, il y a 30 ans, les plus éclairés des dirigeants dentreprise avaient déjà perçu la modernité de ces avancées pour le progrès de lentreprise et de sa performance, La signature des organisations patronales en bas de laccord du 11 janvier montre le chemin parcouru pour reconnaître la négociation dentreprise comme un levier du changement, plus sûr que le conflit, plus juste que lexercice solitaire du pouvoir patronal.
Dans le monde patronal, dans le monde syndical, dans le monde politique, ici même sur les bancs de lAssemblée Nationale, je sais que tout le monde ne partage pas cette vision. Tout le monde ne croit pas au dialogue social, à sa force, à sa légitimité.
Ceux qui contestent aux syndicats mêmes aux syndicats majoritaires cette capacité et cette légitimité, qui les voient comme des idéologues irresponsables et archaïques, des « empêcheurs de tourner en rond », qui leur déni le droit dintervenir dans la vie de lentreprise au nom des salariés, ceux-là combattront cette loi.
Ceux-là regretteront le temps soit disant perdu à discuter avec les représentants du personnel.
Ceux-là parleront de « big-bang » social et libéral, dans labsolutisme patronal érigé en modèle.
Ceux-là regarderont avec mépris cet accord du 11 janvier et la loi, et appelleront de leurs voeux une autre loi pour défaire notre code du travail.
Symétriquement, ceux qui contestent aussi aux syndicats mêmes majoritaires cette capacité et cette légitimité, pour dautres raisons, parce quils les considèrent comme « des marionnettes » entre les mains des patrons, incapable daffirmer avec les salariés un rapport de force, ou pire encore dêtre « des jaunes », ceux-là aussi combattront cette loi.
Ceux-là appelleront à faire barrage à la reprise dans la loi de laccord majoritaire- du 11 janvier qui, justement, accroît le pouvoir des représentants du personnel dans lentreprise.
Ce sont les mêmes, les uns et les autres, qui combattaient hier les lois Auroux ! Si nous les suivons dans cette voie, la notion même daccord dentreprise et la légitimité des acteurs sont mis en cause ; les salariés nont plus quà attendre tout de la loi, ou les patrons nont quà exercer librement et absolument leur rapport de force.
Ce nest pas notre vision. Soyons clairs : je ne suis pas un « bisounours », comme le disait avec le sourire un grand dirigeant syndical, Bernard Thibault, à qui je veux dire ici mon estime et mon amitié. Je comprends que certains aient des craintes car des forces contraires sexercent dans lentreprise, parfois puissamment.
Je sais que nous avons besoin dun « ordre public social » et dune hiérarchie des normes et ils ne sont dailleurs en rien remis en cause par le projet de loi. Je nai jamais cédé à cette illusion naïve de légalité des forces. Je nai jamais cru quil ny ait pas de divergence dintérêts entre les employeurs et les salariés. Au contraire, cest parce que des intérêts différents existent que lon doit chercher et trouver des compromis.
La négociation nest pas leffacement des divergences, elle en est le dépassement ! Et je prétends que cet accord et cette loi aideront ce dépassement en donnant de nouvelles armes aux salariés et à leurs représentants !
Demain, mesdames et messieurs les députés, le dialogue social à la française devra prendre plus encore toute sa place. Cest la raison pour laquelle le Président de la République a proposé quil entre dans notre Constitution. « Du dialogue social préalable à la loi », tel est le Titre que le projet de loi constitutionnelle propose dajouter à notre loi fondamentale.
Nous aurons loccasion de débattre bientôt de cette avancée majeure, qui permettra de reconnaître pleinement le rôle de tous les acteurs qui concourent à la souveraineté de la loi dans le champ du social. Un projet qui fera de la démocratie sociale en quelque sorte la soeur cadette de la démocratie politique, unies par le sang dune même filiation : la République.
Sans attendre, le texte qui nous occupe aujourdhui en est une illustration, une préfiguration.
Mesdames et messieurs les députés, la démocratie sociale frappe à notre porte, elle demande la confiance des représentants de la Nation.
Mais donner toute sa place à la démocratie sociale nest pas renoncer à la démocratie politique.
Nous ne sommes pas un pays scandinave, ni lAllemagne où la cogestion se pratique presque indépendamment de la politique.
Dans notre France, cest dabord une impulsion politique qui a donné lélan au dialogue social. Je veux parler ici de la grande conférence sociale de juillet dernier, qui a rassemblé -au lendemain dune alternance politique voulue par les Français- les acteurs sociaux, largement, pour partager des constats et fixer une feuille de route commune.
En introduisant cette conférence sociale le Président de la République a donné le cap : « mobiliser les forces vives de notre pays vers des solutions nouvelles pour lemploi ».
Il y a eu ensuite un document dorientation du gouvernement pour cette négociation, acte politique qui engageait les partenaires sociaux à rechercher un accord « gagnant-gagnant » sur tous les sujets à la fois, dans un cahier des charges large et ambitieux, et qui engageait aussi lEtat dans la mise en oeuvre des changements législatifs et réglementaires qui découleraient dun accord. Ce double engagement fonde en pratique larticulation de la démocratie politique et de la démocratie sociale, un pacte de confiance.
Alors est venu le temps du dialogue social. 4 mois de négociation intense, avec ses blocages et ses percées, et ses controverses, et laccord du 11 janvier.
La balle est ensuite revenue dans notre camp, celui des acteurs politiques pour lune de nos plus belles missions : écrire la loi.
A cet instant nous avons, gouvernement comme parlement et je madresse à tous dun bord à lautre de lhémicycle- un double devoir politique :
* Un devoir de loyauté vis-à-vis des signataires de laccord, qui se sont engagés en apposant leur signature sur un compromis négocié, où chaque mot, chaque chiffre, chaque paramètre, a été pesé et équilibré.
Cet équilibre doit être respecté, même si chacun selon sa sensibilité ou son groupe politique peut penser que telle disposition va trop loin ou pas assez. Exactement comme le MEDEF, la CFDT, la CGPME, la CFE-CGC, lUPA ou la CFTC peuvent chacun regretter que la totalité de son propre cahier revendicatif nait pas été repris dans laccord. Cest cela un compromis social, tous ceux qui ont fait du syndicalisme le savent !
Cet équilibre doit être respecté sous peine de tuer toute démarche fondée sur le dialogue social dans le futur : si laccord ne vaut rien, si son contenu peut être redéfini, à quoi bon négocier et sengager par une signature ? Votre responsabilité sur ce point est immense, et dépasse la portée même de ce texte, je suis certain que vous en êtes conscients.
* Second devoir, après celui de la loyauté, lécoute et la transparence vis-à-vis des non-signataires, CGT et Force Ouvrière, qui ont participé à la négociation et qui dans celle-ci ont apporté leur contribution même sils n'adhèrent pas, cette fois-ci, à léquilibre final. Je dis « cette fois ci » car il y a peu nous avons examiné ici le projet de loi sur le Contrat de Génération issu dun accord unanime, et je suis certain que nous en examinerons dautres demain.
Le fait que les non-signataires soient minoritaires minoritaires au regard des règles actuellement en vigueur, et minoritaires aussi au regard des futures règles de représentativité fondées sur les mesures daudience dévoilées vendredi dernier- ne change rien à cette écoute.
Mais, pardon de le dire, le fait dêtre minoritaire ne confère pas à ces organisations dont je respecte parfaitement la liberté de choix- une légitimité supérieure à celle des organisations majoritaires qui ont signé ce texte, et qui ont pris le risque du compromis en considérant quil faisait avancer les droits des salariés et lemploi dans notre pays.
Nous savons dans cette enceinte ce que veut dire le respect des minorités mais aussi ce que veut dire la légitimité de la majorité à imprimer ses choix. Je me réjouis, comme vous, que ces principes démocratiques fondent désormais, comme lavaient voulu dans leur déclaration commune de 2008 la CGT et la CFDT, la représentativité des organisations syndicales. La démocratie sociale nest est que plus forte.
Cest ce double principe de loyauté et découte qui a animé le Gouvernement dans le passage de laccord au projet de loi.
Comment aurais-je pu me présenter devant vous, en tant que ministre du dialogue social, avec un projet défaisant ou dénaturant un accord valablement conclu ? Cela aurait été déconsidérer et affaiblir des acteurs qui ont au contraire besoin dêtre confortés. Cela aurait été condamner le dialogue social à errer quelque part entre linutilité et la perte de temps.
La démocratie sociale nest pas un « tour de palabres » sans conséquence avant que ne commencent les « choses sérieuses », c'est-à-dire que le gouvernement et le Parlement proposent et décident dun projet différent.
Pour avoir été parlementaire de longues années, je sais la difficulté de faire la loi. Peut être certains se demandent - pardon dy revenir encore une fois, mais cest fondamental à louverture de ce débat - « A quoi sert-il davoir un accord quand on peut faire par la loi ? » Ma réponse est la suivante : je suis intimement convaincu que le dialogue social donne une force différente mais considérable à la loi
- parce que laccord est le mieux à même de trouver le bon point déquilibre,
- parce que laccord fait des parties-prenantes non les exécutants dune loi mais les acteurs dun changement désiré et décidé par eux-mêmes, un changement qui entrera donc plus sûrement et plus vite dans les faits,
- parce que les compromis que trouve laccord sont durables, et résisteront au temps et aux alternances,
- mais plus encore que tout parce que laccord est tout simplement légitime !
Laccord du 11 janvier nétait cependant pas parfait, et cest normal compte tenu de son ampleur, de la complexité des sujets traités dans des délais courts, et -il faut le dire aussi- de ce que certaines ambiguïtés ont été conservées, parfois à dessein pour ne pas compromettre sa signature, renvoyant de fait au Gouvernement et au Parlement le soin de les lever.
Là où laccord du 11 janvier laissait des ambiguïtés ou des incertitudes, là où il était silencieux, des choix clairs ont donc été opérés par le Gouvernement. Le Conseil dEtat a également joué son rôle en alertant le Gouvernement sur des risques, et en validant la pertinence juridique de la quasi-totalité des dispositions du projet. Le Gouvernement, dans une optique de sécurisation maximale pour les entreprises comme pour les salariés, a suivi ses recommandations.
Un certain nombre de précisions ont donc été apportés sur la complémentaire santé, sur les modalités de désignation des salariés dans les conseils dadministration, sur les accords de mobilité- jy reviendrai.
Elles ont été apportées en toute transparence avec une seule grille danalyse : quelle est loption la plus favorable pour répondre à lambition de sécurisation de lemploi et des parcours professionnels et la plus conforme à lintérêt général ?
Vous êtes désormais saisis du projet de loi, et cest maintenant la souveraineté nationale qui va sexprimer, dans sa plénitude.
Pas réduite par lapport du dialogue social, mais au contraire enrichie.
Pas contrainte, mais guidée par cette démarche de loyauté et découte.
Légitime, mais dautant plus légitime quelle aura à coeur de respecter laccord signé.
Pas moins de pouvoir, mais au contraire un pouvoir plus fort de changer la société, parce quappuyé sur les forces mêmes de cette société.
Mesdames et messieurs les députés, je men réjouis, vous avez abordé ce texte en commission de la bonne façon, en apportant des précisions utiles sans dénaturer le texte ni modifier son équilibre. Je tiens à rendre hommage au travail
- du rapporteur Jean Marc GERMAIN,
- des députés qui lont assisté dans cette tâche,
- de la commission des affaires sociales et de sa présidente Catherine LEMORTON,
- mais aussi de la commission des lois qui sest emparée de larticle 5 sur la représentation des salariés dans les conseils dadministration, et jen remercie son président Jean-Jacques URVOAS et son rapporteur Jean-Michel CLEMENT,
- de la délégation des droits des femmes sous limpulsion de sa présidente Catherine COUTELLE et des rapporteurs Christophe SIRUGUE et Ségolène NEUVILLE
- et des groupes politiques.
Quelque chose sest produit avec ce texte. Dans chaque groupe, vous avez auditionné lensemble des acteurs, vous avez discuté, vous avez confronté les positions, et vous êtes allés au-delà des présupposés.
Nous savons tous quil fut un temps autrefois où le patronat parlait à la droite seulement et la CGT au seul parti communiste. Ce temps est révolu, et il faut sen réjouir.
Jen viens maintenant au contenu du projet de loi en lui-même.
Pour le lire posons-nous une question, la seule qui vaille, la seule que se posent et que nous posent nos concitoyens : comment sécuriser lemploi ?
Le projet de loi apporte trois types de réponses à cette question avec des dispositions :
* Pour faire reculer la précarité ;
** Pour créer des droits nouveaux, individuels et collectifs, pour les salariés;
*** Pour développer des outils de préservation de lemploi dans un contexte économique difficile.
Mesdames et messieurs les députés, aujourdhui plus de 8 embauches sur 10 se font sur un contrat précaire. Jamais cette proportion na été aussi élevée. Le nombre de CDD très courts, de moins dun mois, a doublé depuis 10 ans. Le CDI a cessé dêtre la norme. Un véritable dualisme sest installé dans notre marché du travail, dont les premières victimes sont les jeunes, et les femmes.
Cest la première des insécurités de lemploi, et donc le premier défi dun projet de loi pour la sécurisation de lemploi.
Agir contre la précarité, cest dabord encourager le recours au CDI en modulant les cotisations dassurance chômage : augmentation dès le 1er juillet pour les CDD en particulier les CDD courts ; diminution pour les embauches de jeunes en CDI. Ce mécanisme vertueux de modulation était évoqué depuis 20 ans. Il sera enfin réalisé ! Les partenaires sociaux au sein de lUNEDIC fixeront les taux de cette modulation. Laccord du 11 janvier en donne les paramètres aujourdhui, et les partenaires auront à coeur den mesurer les effets et pourront, sur la base du principe fixé par la loi, les faire évoluer sils le souhaitent. De même ils seront attentifs à ce que les négociations dans la branche du travail temporaire pour une meilleure sécurisation portent les fruits attendus, et en tireront les conclusions. Le Gouvernement lui aussi y sera particulièrement attentif et, jen ai lintuition, les parlementaires également.
Agir contre la précarité, cest également instaurer des droits rechargeables à lassurance chômage qui seront mis en place dans la prochaine convention dassurance chômage cet automne. Pour les salariés aux parcours heurtés, ceux qui passent trop souvent par la « case » chômage, laccord permettra une amélioration substantielle de leur prise en charge.
Prenons un exemple. Aujourdhui, après 10 ans au sein de la même entreprise, un salarié licencié se voit ouvrir un droit à indemnisation de 24 mois. Après 6 mois de recherche, il décroche un CDD de 6 mois, moins bien payé. Que faire ?
Laccepter ? Mais sil nest pas reconduit, les 12 mois restants des droits dindemnisation ouverts par son premier emploi risquent dêtre perdus. Demain, ces droits seront conservés.
Agir contre la précarité cest prendre des mesures relatives au temps partiel, trop souvent subi. Le projet de loi constitue un pas en avant très important, puisquil fixe une durée minimale hebdomadaire de 24 heures, limite les horaires dispersés et crée une majoration salariale dès la première heure complémentaire effectuée. Cest une avancée pour le revenu des personnes concernées mais aussi laccès aux droits sociaux qui obéit à des seuils : indemnités journalières en cas de maladie, couverture chômage, formation professionnelle, validation au titre de la retraite. Désormais le « petit » temps partiel ne sera possible quà titre dérogatoire, à la demande du salarié ou par accord de branche si, et seulement si, lorganisation du travail est revue pour éviter les horaires dispersés.
Ce progrès profitera tout particulièrement aux femmes, premières touchées par le temps partiel subi. En ce sens, il est une avancée supplémentaire vers légalité réelle entre les femmes et les hommes.
Bien sûr un tel changement nest pas simple dans un certain nombre de secteurs dactivité qui reposent intrinsèquement sur du temps partiel, nous aurons à en débattre, mais les partenaires sociaux se sont montrés ambitieux, suivons-les.
Au passage, je ne résiste pas à glisser un mot pour souligner les points communs mais aussi les différences avec la reforme du marché du travail en Allemagne il y a quelques années, que daucuns aiment à citer en exemple. Aux côtés dactions de sauvegarde de lemploi très remarquables et très efficaces dont nous pouvons nous inspirer, nos amis allemands ont développé une stratégie de « petits boulots » précaires et sans droits qui a créé une dualité insupportable socialement, sur laquelle dailleurs ils sefforcent aujourdhui de revenir. Laccord du 11 janvier et le projet de loi tournent le dos à cette approche de précarisation absolue et au contraire renforcent les droits des précaires, tirant les leçons de lexpérience allemande sur ce point également.
Sécuriser lemploi, cela passe aussi par des droits nouveaux pour les salariés qui en sont privés, notamment les précaires ou les salariés des petites entreprises. Et le premier de ces droits, cest le droit à la santé via la généralisation de la couverture complémentaire collective, et sa portabilité.
Les situations de renoncement aux soins pour des raisons financières sont insupportables et nous blessent tous dans nos convictions. 4 millions de salariés navaient pas accès à une complémentaire collective cofinancée par leur employeur, et plus de 400 000 salariés se passaient totalement de complémentaire faute de pouvoir y souscrire individuellement. Ce nétait pas admissible !
Ces salariés, qui sont-ils ? Pas des cadres ou des salariés de grandes entreprises, non, ce sont les précaires, les mères célibataires, ceux qui alternent petits boulots et périodes de chômage. Cest pour eux que nous agissons et cest pour eux que la complémentaire obligatoire qui nest ni un gadget ni un luxe a du sens.
La négociation sera privilégiée pour mettre en place cette complémentaire mais, si aucun accord de branche puis dentreprise nest trouvé dici là, sa mise en place sera effective au 1er janvier 2016. Elle na donc rien de virtuel, pas plus quelle ne sera une manne pour les assurances privées : les branches pourront émettre des recommandations sur le choix de lorganisme et, si les partenaires sociaux le souhaitent, ils pourront désigner après une mise en concurrence effective et transparente des organismes assurant un régime mutualisé au sein de la branche. Je sais que nous aurons des débats sur ce point, qui fait partie de ceux sur lesquels le projet de loi a dû clarifier un texte de laccord parfois contradictoire et donc inapplicable.
Autre avancée très importante : le compte personnel de formation transférable, ce compte qui suivra le salarié tout au long de son parcours, fût-il fait de multiples changements. Aujourdhui quitter son emploi occasionne souvent une perte de ses droits à la formation, alors que cest à ce moment que la formation est la plus nécessaire. Voilà une réponse par le haut, en phase avec de nouvelles réalités du travail, la fin de la carrière à vie, « les 40 ans dans la même boîte ».
Cette approche, nous sommes nombreux à en rêver depuis des années. Objet de colloques innombrables, objet de revendication de toutes les organisations syndicales depuis des années, attente de nos concitoyens : ce sera demain, grâce à vous, une réalité.
La loi pose ici les principes fixés par laccord, mais sur ce socle lédifice à construire va mobiliser à nouveaux les partenaires sociaux tous les partenaires-, les régions, lEtat, pour aller vers ce compte personnel universel qui sera un pilier central de la « sécurité sociale professionnelle ». Un chantier bien engagé grâce à laccord du 11 janvier et la présente loi. Des amendements déposés à larticle 2 permettront daller plus loin dans la précision des principes de ce compte et dans ses modalités de mise en oeuvre.
Dans ce même esprit de sécurisation, le texte crée un droit à la mobilité professionnelle sécurisée, pour pouvoir tenter une expérience dans une autre entreprise et revenir ou rester selon le souhait du salarié, ou encore un conseil en évolution professionnelle.
Voilà le sens dune loi qui sécurise lemploi !
Au-delà de ces progrès, que les partenaires sociaux comme le gouvernement ont voulus, la profonde nouveauté de ce texte, est de donner aux acteurs économiques et sociaux, la capacité de préserver ensemble lemploi.
Aujourdhui, faute d'anticipation suffisante des évolutions de l'activité et des compétences, faute d'information satisfaisante des salariés, faute aussi de négociations avec les partenaires dans les entreprises, celles-ci n'anticipent pas assez les crises, ou gardent secrète la réalité de leur situation jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Alors, au pied du mur, il n'y a plus qu'une seule solution : licencier. On commence par les intérimaires et les CDD, puis on taille ensuite dans la masse.
La faiblesse de notre marché du travail est beaucoup là : l'emploi est trop souvent la variable d'ajustement, la flexibilité externe est privilégiée. Cest ce que jappelle « la préférence française pour le licenciement ».
Le sens de la loi, cest de changer cette donne de courte vue qui ne sert personne, ni les entreprises, ni les travailleurs. Le projet de loi donne les moyens dagir ensemble. Elle offre des alternatives au licenciement. Ce sont les accords de maintien de lemploi, lactivité partielle, la mobilité interne et externe.
Voilà jetées les bases du nouveau modèle français, un modèle capable de rechercher plus de compétitivité en combattant linsécurité juridique et la peur dembaucher, mais qui le fait non pas en précarisant davantage, mais en anticipant davantage, en sécurisant davantage les parcours professionnelles, tout en apportant des garanties collectives nouvelles.
A ceux qui rêvent dun « big bang » social, dun grand soir de la flexibilité jen parlais au début de mon intervention- je dis que la réalité sest dérobée sous leurs pieds, ce soir du 11 janvier 2013.
Ils croient incarner la modernité, ils sont en vérité terriblement archaïques, si loin de ce que les acteurs économiques et sociaux eux-mêmes sont capables de construire ensemble. Ils croyaient que notre pays ne pouvait pas se réformer par le dialogue. Ils avaient tort. Leurs appels à « une hyper flexibilité du marché du travail » ont été défaits par les acteurs eux-mêmes, patronat et syndicats.
Tout simplement parce quils nont pas compris, ces partisans du « big bang » libéral, ce quest la réalité des entreprises aujourdhui. Les entreprises ne cherchent pas la flexibilité à tout prix, elles ont avant tout besoin de stabilité juridique. Elles ne cherchent pas tant à licencier facilement quà gérer leurs talents et leurs compétences avec des capacités dadaptation et de mobilité. Elles ne cherchent pas une main doeuvre taillable et corvéable à merci, mais comprennent lintérêt davoir des salariés mieux formés et protégés. Cest tout cela que nous dit, aussi, laccord du 11 janvier.
Notre société est fatiguée de la défiance. Avec cet accord, nous ouvrons un cycle de confiance !
Cest de cela dont la société a besoin et non dune flexibilisation sans contrepartie qui noierait les travailleurs dans la précarité.
Ce que nous recherchons, cest un véritable accord de société.
Que l'on ne se méprenne pas sur le sens des dispositions dont nous parlons : il ne sagit pas dun échange entre la flexibilité pour les entreprises et la sécurité pour les salariés. Ou linverse : la flexibilité pour les salariés, la sécurité pour les entreprises. Ce serait une vision trop réductrice. Ici, chacun gagne sur les deux tableaux : la loi apporte aux salariés davantage de protection de leur emploi ou de leur parcours, tout en leur donnant des marges dévolutions nouvelles (compte personnel de formation, mobilité externe sécurisée ). Laccord donne aux entreprises des marges dadaptation nouvelles (chômage partiel, maintien de lemploi) et apporte plus de sécurité juridique sur les délais et les procédures. Il y a pour tous plus de capacité dadaptation et plus de sécurité.
Je suis foncièrement convaincu que ceux qui prônent la flexibilité poussée à lextrême nont pas compris ce quest la France : un pays qui a patiemment construit son modèle social. Il ne sagit pas là seulement de dispositions sociales ou juridiques, cest une part de notre identité. On ne raye pas dun trait de plume un siècle et demi de combats sociaux, pour le dernier terme à la mode. Et on le fait encore moins pour ressembler à un autre pays.
Non, la France doit tracer sa route, affirmer son modèle. Un modèle social « made in France », et la caractéristique de ce modèle, cest quil est négocié. Et jen viens naturellement aux pouvoirs de négociation qui seront donnés, demain, aux acteurs économiques et sociaux pour anticiper et accompagner les mutations économiques et in fine sauver et développer les emplois.
Pour reprendre la phrase de Jaurès dans un beau discours écrit en 1911 où il décrit « la chaîne qui entrave les esprits », il a fallu de la lucidité et du courage pour « sarracher à lordre des choses » et signer laccord du 11 janvier 2013.
Sarracher à lordre des choses, cest prendre le pouvoir de négocier. Je le dis aux acteurs : prenez ce pouvoir ! Prenez ce pouvoir d'éviter, par la négociation, que des emplois soient détruits : accords de Gestion Prévisionnelle de lemploi et des Compétences (GPEC), accords de maintien de lemploi, entrée des salariés dans les conseils dadministration des grandes entreprises, meilleure information des Institutions Représentatives du Personnel (IRP), possibilité de conclure des accords valant Plan de Sauvegarde de lEmploi (PSE). Voilà les combats qui sont devant nous, pour lemploi !
Cest sur ces points que se cristallisent les enjeux et les interpellations aussi. Le débat doit avoir lieu, je le souhaite, pas sur des slogans ou des approximations mais sur le contenu réel de la loi, et sur la logique politique qui lanime.
Les accords de maintien de l'emploi permettront demain de trouver une alternative au licenciement et au chômage, tout en apportant des garanties solides aux salariés : - Dabord, première garantie, la difficulté conjoncturelle de lentreprise doit être avérée, appuyée sur un diagnostic dressé avec les organisations syndicales représentatives dans lentreprise,
- Ensuite, deuxième garantie, laccord devra être signé par des syndicats représentant la majorité des salariés. Ce qui veut dire que si le chef dentreprise veut un accord, il devra convaincre la majorité de sengager par sa signature. Cest une garantie particulièrement forte.
- Troisième garantie, ces accords auront une durée ne dépassant pas deux ans et, dans ce temps imparti, lentreprise ne pourra pas licencier.
- Quatrième garantie : les plus bas salaires (tous ceux qui se situent en deçà de 1,2 SMIC) ne pourront pas être concernés, même temporairement, et aucun salaire ne pourra être diminué en-dessous de 1,2 SMIC, la commission a apporté des précisions utiles sur le sujet.
- Cinquième garantie à laquelle je tiens particulièrement : sils demandent des efforts aux salariés, les dirigeants et actionnaires devront en faire aussi, notamment en termes de rémunération.
- Enfin, sixième garantie, tout salarié qui refuserait de se voir appliquer personnellement un tel accord collectif ne pourra être considéré comme « démissionnaire » ou licencié pour motif personnel. Il sagira dun licenciement économique avec accès aux mesures de reclassement comme le contrat de sécurisation professionnelle.
Voilà qui tranche avec « feu » les accords compétitivité emploi ! Voila qui prouve que ce qui vous est proposé aujourdhui, laccord de maintien de lemploi, na rien à voir avec ces accords dit de « compétitivité emploi » dautant plus que ceux-ci sont restés à létat de projet faute de partenaires sociaux pour accepter den négocier les termes !
Outre les accords de maintien de lemploi, lactivité partielle sera simplifiée et fondue dans un dispositif unique et lisible. Nous avons besoin dutiliser davantage ce type de dispositif pour passer les moments difficiles sans sacrifier les compétences accumulées. Dautres que nous ont su le faire mieux que nous ailleurs en Europe : à notre tour nous pouvons faire mieux !
Autre grande innovation de ce texte, la capacité danticipation renforcée dans les Institutions Représentatives du Personnel (IRP) et vis-à-vis des représentants du personnel. Les salariés seront désormais mieux informés et mieux consultés, en disposant dune base de données qui rassemble et actualise toutes les informations dont ils ont besoin. Et ils débattront des orientations stratégiques de lentreprise, et pourront ainsi peser par le débat davantage quaujourdhui. Si chacun joue le jeu, et se saisi loyalement de ces nouvelles dispositions, la nature du dialogue social interne en sera changé.
Enfin, des représentants des salariés feront leur entrée dans les conseils dadministration des grandes entreprises, et participeront, pleinement, comme administrateur, à la gouvernance. Cela existe déjà depuis la loi de démocratisation du Service Public de 1983 pour les entreprises publiques, à la satisfaction générale et souvent dailleurs cette présence a été conservée après la privatisation, mais désormais toutes les grandes entreprises seront concernées au-delà de 5000 salariés en France ou 10 000 dans le monde. Environ 1 salarié sur 4 travaille dans ces grandes entreprises. Je sais les craintes que génère cette petite révolution pour les Conseils dAdministration ou de Surveillance dentreprises cotées, avec parfois des actionnaires étrangers à la table du conseil, mais je vous certifie que dans quelques années chacun trouvera cette présence naturelle et utile, comme les lois Auroux apparaissent aujourdhui à tous comme une évidence.
Il y aura un temps de mise en place, aussi rapide que raisonnablement possible, et il y aura un temps dapprentissage réciproque, mais voilà un progrès décisif de la gouvernance des entreprises. Je sais limpatience dune partie dentre vous qui souhaiterait aller encore plus vite et déjà encore plus loin, le débat en commission en témoigne. Nous en discuterons mais mesurez dores et déjà lavancée majeure que représente cette entrée des salariés dans les conseils dadministration. Ce nest pas un modeste premier pas, cest une percée décisive dont les modalités pourront naturellement évoluer dans le temps après la phase dappropriation nécessaire.
Après la lutte contre la précarité, après les droits nouveaux, après la mobilité, après les outils de maintien de lemploi, après lanticipation et la gouvernance, jen viens à la façon de gérer les restructurations lorsque, hélas, il nest plus possible déviter des suppressions demploi. Et nous allons parler des nouvelles modalités de licenciements collectifs.
Laccord du 11 janvier et le présent projet de loi refondent radicalement la méthode et la procédure de ces licenciements collectifs.
Dans le cas dun projet de fermeture de site, la recherche dun repreneur et linformation des représentants du personnel sur cette recherche seront systématique.
Dans tous les cas, demain, pour mettre en place un PSE, deux options et deux options seulement souvriront :
- Soit un accord majoritaire vaudra PSE, ce qui signifie que lentreprise mettra les moyens nécessaires pour convaincre les organisations représentant plus de 50% des salariés à sengager sur le plan négocié,
- Soit une homologation par lEtat du PSE proposé par lentreprise. LEtat sassure alors que lentreprise consacre les moyens nécessaires, proportionnés à sa situation, au plan social et respecte ses obligations.
Dun côté, toujours cette logique privilégiée du dialogue social, avec la garantie renforcée de laccord majoritaire. Et en échange bien sûr une plus grande simplicité, rapidité et sécurité du plan.
De lautre le retour de lEtat, près de 30 ans après la suppression de lautorisation administrative de licenciement, un Etat garant qui va sassurer que les efforts de lentreprise pour minimiser les impacts du PSE pour les salariés seront bien réalisés.
LEtat ira vite pour rendre sa décision, parce que dans ce type de situation ce qui compte ce nest pas de « gagner du temps », de retarder le plus possible les décisions, cest de peser sur ces décisions pour que celles-ci prennent mieux en compte les possibilités de reclassement, daccompagnement, de réindustrialisation. Cest cela quattendent les salariés, pas des victoires hypothétiques devant un juge 3 ans après quand lusine a disparu, cest cela quattendent les entreprises qui préfèrent un effort supplémentaire contractualisé à une incertitude totale.
Il est faux de prétendre que le licenciement sera plus facile.
Tout comme laccord majoritaire, lhomologation administrative est une avancée pour les salariés. LEtat ne pouvait jusqualors que donner un avis. Demain, sans sa décision dhomologation, rien ne pourra se faire. Pour les entreprises, les procédures seront cadrées juridiquement et dans le temps. Cest la condition pour trouver des terrains dentente car, je le redis, personne ne peut se satisfaire dune procédure judiciaire longue, complexe, incertaine, qui paralyse lentreprise sans pour autant apporter une solution en terme demploi au salarié licencié.
Je récuse par ailleurs lexpression de « déjudiciarisation » utilisée à propos de ce texte, car elle est trompeuse si elle est assimilée à la suppression de la possibilité de faire appel au juge pour faire valoir ses droits. Ce nest pas de cela dont il sagit ici, mais de lencouragement à trouver par le dialogue social une autre voie, plus sûre et plus équilibrée, qui rende aussi inutile que possible le recours au juge, juge qui restera en toute hypothèse un droit pour chacun qui voudra contester laccord, lhomologation ou le refus dhomologation, comme pour chaque salarié à lissue dun licenciement sil veut en contester le motif. Dans notre société démocratique chacun, évidement, a droit à un juge !
Voilà pourquoi les nouveaux pouvoirs de négocier ont du sens, à la condition ultime que lEtat dune part, notre système judiciaire dautre part, restent, au final, garants du respect de lordre public social et de la faculté de chacun de faire valoir ses droits devant un juge.
Sur ce retour de lEtat garant dans les procédures de licenciements collectifs, un mot encore. Jentends parfois mis en doute la capacité de mon administration, les Direcctes, à remplir cette nouvelle mission.
Je veux vous rassurer sur ce point, et rendre justice au professionnalisme des hommes et des femmes de ces services, dailleurs déjà très mobilisés sur les plans de sauvegarde de lemploi actuels :
- ils suivront la nouvelle procédure dès son démarrage et pas à la fin,
- ils seront prêts, ils se seront formés, ils se seront organisés,
- ils seront vigilants et exigeants vis-à-vis des projets de PSE qui leur seront soumis.
- Il ny aura pas dhomologation « tacite » pour non-réponse au bout de 21 jours, chaque demande sera instruite et fera lobjet dune décision motivée et explicite, en référence à des orientations que je donnerai par voie de circulaire aux Direcctes.
Jaurais pu développer davantage, mettre en lumière encore dautres avancées de ce texte. Mais je vais conclure ici, et la discussion du texte permettra dy revenir.
Une nouvelle fois je voudrais saluer le travail du rapporteur Jean Marc GERMAIN, des députés qui lont assisté, saluer le travail de la commission des affaires sociales et de sa présidente Catherine LEMORTON qui a apporté au projet du Gouvernement dores et déjà des améliorations utiles, dans le strict respect de léquilibre de laccord.
Je sais que nous partageons la volonté de poursuivre dans le même état desprit, pour quensemble nous apportions aux entreprises et aux acteurs sociaux de notre pays ce dont ils ont besoin : une meilleure sécurisation de lemploi !
Mesdames et messieurs les députés, vous comprenez maintenant ma détermination farouche à vous demander dadopter un texte de loi qui porte la sève nouvelle dune démocratie sociale dans entreprise, un grand texte de progrès social qui bâtit lavenir mais apporte aussi des réponses concrètes et équilibrées à lurgence de lheure : sécuriser lemploi.
Sécuriser lemploi ! Cest urgent mesdames et messieurs les députés. Nous avons besoin de cette loi, pour éviter des licenciements, pour anticiper sans drame les mutations, pour être prêts à saisir demain la croissance qui repartira.
Une force est mise en mouvement par ce texte. Elle changera certains aspects essentiels de la vie dans les entreprises, comme dautres grands accords et grandes lois ont su le faire, des accords Matignon aux accords de Grenelle et aux lois Auroux.
Ce texte, mesdames et messieurs les députés, est dans la ligne de ces grands moments qui ont marqué de grands progrès, qui ont balisé le sens du progrès, qui ont fait le progrès social. Il vous appartient désormais dy participer !
Je vous remercie.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 3 avril 2013