Texte intégral
LE PRESIDENT : « Ce voyage et cette visite arrivent au terme de tous leurs moments forts. Je veux en remercier dabord Sa Majesté le Roi, les autorités marocaines le gouvernement, le Parlement , toute la société civile qui a fait le meilleur accueil à ma délégation, et enfin la population qui sest manifestée à plusieurs reprises.
Ce déplacement, cette visite dEtat correspond à une relation exceptionnelle qui existe entre le Maroc et la France et qui a franchi une nouvelle étape à loccasion de cette visite. Aussi bien sur le plan politique où la convergence entre le Maroc et la France sur les grands sujets internationaux est totale, que sur le partenariat économique où nous avons signé un certain nombre daccords et fait comprendre tout lintérêt quil y aurait à ce que les chefs dentreprise français et marocains puissent faire de la « colocalisation » et en même temps de la coopération pour aller à la conquête des marchés sur le continent africain.
Enfin, nous avons pu, aussi bien à lUniversité que lorsque je rencontrerai la société civile, montrer que le Maroc est une société pleine de ressources, de vitalité et qui progresse dans la voie de la démocratie, comme je lai dit devant le Parlement marocain.
Cétait important de faire cette visite parce quil y a notamment en Afrique de lOuest et pour la Méditerranée des sujets quil nous revient de régler. Pour lAfrique de lOuest, cest la crise au Sahel. Jai pu donner toutes les informations, avec le ministre des Affaires étrangères, sur ce que sera la suite de lopération française au Mali et lexamen, par le Conseil de sécurité du déploiement dune opération de maintien de la paix.
Pour la Méditerranée, nous avons rappelé combien elle était le cadre dans lequel nous voulions que lEurope et les pays du Maghreb puissent engager une coopération de haut niveau. Avec la question toujours pendante, sur laquelle je suis revenu, du Sahara occidental, et où jai rappelé que la France voulait trouver une issue négociée et considérait que le plan marocain était une base sérieuse et crédible. Voilà, le sens de ce voyage.
Je vais dabord répondre aux journalistes marocains puis, après, aux journalistes français. Je crois quil a été prévu trois questions pour chacun.
QUESTION : « Vous venez donc parler de la question du Sahara. Lintervention au Mali a révélé entre autres et cela a été reconnu implicitement, y compris par lenvoyé personnel du Secrétaire général de lONU pour la question du Sahara, Christopher ROSS, lors de sa dernière tournée Il a reconnu que, effectivement, il y aurait une connexion avec le Polisario. Est-ce que vous confirmez ? »
LE PRESIDENT : « Non. Ce que je dis, cest que dans linstabilité du Sahel, il y a un risque que tous les conflits non réglés puissent alimenter la chaîne de linstabilité et du terrorisme. Pour le reste, lenvoyé spécial du Secrétaire général va venir bientôt, ici même, au Maroc. Il cherche la voie pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité et trouver une issue négociée. Je pense queffectivement, quand il y a ce qui se produit au Sahel, nous devons encore, avec plus dinsistance et durgence, régler cette question qui est maintenant ouverte avec les souffrances que nous connaissons pour la population depuis plus de 30 ans ».
QUESTION : « Dans votre allocution hier à Casablanca, vous avez parlez de terroristes, puis de votre crainte de la radicalisation des terroristes djihadistes français. Y a-t-il un glissement sémantique entre ces expressions ? Djihadistes pour les uns et pas pour les autres ? Ou est-ce que cest la situation sur le terrain qui vous contraint dutiliser ces termes ? Ou est-ce le prélude dun recul, peut-être, dun recul sur le principe de la livraison des armes à lopposition syrienne ?
LE PRESIDENT : « Sur la Syrie. Nous, nous souhaitons une solution politique. Nous la cherchons depuis des mois. 100 000 morts depuis deux ans ! Nous faisons tous les efforts pour que le pouvoir syrien comprenne quil doit laisser la place. Nous essayons de convaincre les Russes de favoriser cette transition politique. Parallèlement sur le terrain militaire, nous avons la preuve que le régime écrase la population civile avec des armes. Nous avons donc dit que cest une situation de déséquilibre insupportable et que lembargo vaut jusquau mois de mai cest une décision prise à léchelle de lEurope et quil y a des conditions avant de le lever.
La première de ces conditions, cest que lopposition soit unie. Nous avons fait en sorte de la reconnaitre cette opposition. Il y a eu, ces dernières semaines, un certain nombre, là aussi, de divisions, de querelles ou en tout cas de débats. La seconde condition que nous posons, elle est impérative, cest que dans lhypothèse où il y aurait une levée de lembargo, il ne peut pas y avoir de livraison darmes à des groupes dont nous pouvons craindre quils les utilisent ensuite, y compris contre nos propres intérêts. Pour linstant, nous faisons en sorte que lopposition se structure, quelle soit reconnue et que, pendant cette période, la pression soit faite sur le plan politique pour quune issue soit trouvée ».
QUESTION : « Monsieur le Président, je voudrais juste revenir sur la situation des droits de lHomme au Maroc, quelles sont vos attentes là-dessus ? »
LE PRESIDENT : « Au Maroc il y a un processus, qui est engagé depuis 10 ans. Il y a une Constitution qui a été adoptée en 2011 et qui comporte dindéniables progrès. Il y a des étapes qui ont été franchies en termes de pluralisme, de liberté dexpression. Cela sest fait dans la stabilité, dans le calme, parce que le Roi a su anticiper, parce que les partis ont pu également être à la hauteur de leurs responsabilités.
Maintenant, il y a toujours des imperfections, il y a toujours des retards. Nous faisons donc en sorte, sans quil y ait besoin de faire pression, de dire à nos amis marocains que ce processus étant le bon, ils peuvent avoir le rythme quil leur parait le meilleur et qui paraitrait le meilleur pour le respect des droits de lHomme.
Nous sommes très attentifs aussi aux droits des femmes et là aussi il y a eu des progrès. Si nous ne les reconnaissons pas, alors cela voudrait dire que nous ne faisons pas la distinction entre des pays qui peuvent justement être une référence pour dautres.
Un exemple. Jai eu avec le Roi du Maroc des discussions tout à fait claires et franches là-dessus. Je dois dire quil est parfaitement lui-même mobilisé sur ces questions et notamment sur les questions aussi de ce quon appelle de développement humain, des droits humains et avec des conceptions qui sont proches des nôtres en matière de préservation de lenvironnement, de développement durable, de droits des personnes, daccès aux services essentiels.
Voilà pourquoi la France est toujours attentive à ces questions et fait en sorte de ne pas sériger comme arbitre, mais dintervenir, chaque fois que cest nécessaire, pour régler des cas individuels. Et cétait le cas aussi, lors de cette visite ».
QUESTION : « La France vit en ce moment une crise politique. La déclaration que vous avez faite hier à lElysée avant de vous envoler pour Casablanca ne semble plus suffire pour en sortir. Alors nous avons deux questions. La première, cest si vous avez des initiatives déjà envisagées et parmi celles-ci un remaniement gouvernemental pourrait-elle en faire partie ?
LE PRESIDENT : « Dabord, sil y a des initiatives à envisager, ce nest pas ici, au Maroc, que je vous les livrerais. Mais je comprends que face à ce qui sest produit, qui est un choc considérable, cest-à-dire quun homme qui était au gouvernement ait pu mentir comme il la fait non seulement au chef de lÉtat, au Premier ministre, mais au Parlement, à lAssemblée nationale et sur un compte à létranger quil navait pas déclaré Oui, cest un choc qui appelle nécessairement des décisions.
Ces décisions, jen ai annoncé une part sur le plan législatif. Nous avons besoin de continuer la moralisation de la vie politique et même de la vie économique. Et il y a une indépendance de la justice à renforcer. Alors je vous le dis jirai jusquau bout, jusquau bout sur ces questions parce que je nai rien à redouter de lapplication stricte des textes quand ils existent et de lintroduction de nouveaux textes quand ils sont nécessaires.
Au contraire, parce que je suis le chef de lÉtat dun pays qui est une grande nation, qui ne peut pas accepter dêtre ainsi humiliée avec des affaires qui se succèdent depuis des années et je ne vais pas ici les égrener.
Il convient dy mettre un terme, une bonne fois pour toutes. Il y aura toujours des indélicatesses, des personnes qui se comportent mal. Mais, à ce moment-là, tout sera fait pour quil y ait la prévention indispensable et la répression qui est absolument nécessaire ».
QUESTION : « Bonsoir Monsieur le Président. On a appris aujourdhui que le trésorier de votre campagne électorale, M. Jean-Jacques AUGIER, est actionnaire de deux sociétés ayant des comptes offshore aux Iles Caïman. Confirmez-vous, comme il la dit lui-même, que vous nétiez pas au courant de ces informations et, dautre part, considérez-vous que ces faits sont répréhensibles ? »
LE PRESIDENT : « Je ne connais rien de ces activités et si elles ne sont pas conformes à la loi fiscale, je demande que ladministration sen empare et permette de faire les rectifications si elles sont nécessaires. Je nai pas dautres commentaires à faire parce que je ne connais rien de ces investissements ou de ces activités.
En revanche, ce que je peux vous dire, cest que Jean-Jacques AUGIER a été le trésorier de ma campagne. Les comptes de campagne de 2012 ont été considérés par le Conseil constitutionnel comme parfaitement réguliers, parfaitement conformes au droit et avec toutes les exigences qui impliquent, justement, le respect de la loi.
Ce qui compte pour moi, car je me suis engagé là-dessus comme candidat, aujourdhui Président, cest que les comptes de campagne aient été validés, contrôlés et regardés comme conformes. Ensuite sur les activités privées, cest à ladministration fiscale, sil en est besoin, de faire son travail ».
QUESTION : « Bonjour, vous avez loué la stabilité du Maroc. Vous avez beaucoup insisté sur cet aspect-là. Est-ce que cela veut dire que vous considérez que le Maroc est définitivement à labri de ce quon a appelé les « printemps arabes » ? Est-ce que vous prenez vos distances par rapport aux « printemps arabes » justement ? Cette stabilité ne se fait-elle pas au prix de quelques entorses ?
Je vais prendre deux exemples : en matière de liberté dexpression, lun de nos confrères à lAFP na pas reçu son accréditation ; et il y a toujours des militants du mouvement du 20 février qui sont toujours en prison. Merci ».
LE PRESIDENT : « Chaque pays a sa spécificité. Le Maroc en tant que tel na pas connu de « printemps arabe ». Il lavait anticipé. Je suis allé il y a quelques semaines en Algérie. Il ny a pas eu non plus de « printemps arabe » en Algérie mais il y a une autre évolution.
Ce que je souhaite aujourdhui pour les « printemps arabes » et notamment pour la Tunisie qui a été le premier pays à se libérer dune dictature cest que les valeurs que les « printemps arabes » ont porté de liberté, démancipation, dégalité entre femmes et hommes, de démocratie, de pluralisme, puissent être au bout du chemin. Alors que lon sait quil y a des mouvements de repli, parfois de rupture
Pour ce qui concerne le Maroc, je lai dit, cest un processus long qui a été engagé ici, qui a incontestablement eu des progrès pour la population et pour la représentation du pluralisme. Je suis allé devant le Parlement : les partis sont là, ils sont issus du suffrage universel. Est-ce que cela veut dire que tout est réglé, quil ny a pas de problèmes en particulier ? Vous en avez cité deux que je connais Je dis donc aux autorités marocaines, là aussi sans vouloir faire la leçon, que la liberté dexpression nous la connaissons, parfois nous léprouvons, mais cest un principe fondamental de la démocratie.
QUESTION Ne considérez-vous pas comme inévitable un remaniement du gouvernement ?
LE PRESIDENT Jai dit que sur ces questions-là le gouvernement nest pas mis en cause en tant que tel. Le gouvernement nest pas mis en cause parce que, pour être clair, Jérôme CAHUZAC, qui nest plus membre du gouvernement, en a été écarté dès quune information judiciaire a été ouverte. Ce nest pas le gouvernement qui est en cause, cest un homme qui a failli.
Pour ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement, il y a de ce point de vue pas de décisions à prendre car cela laisserait penser quil aurait quelque chose à voir avec laffaire en question qui est une affaire individuelle ; mais qui est aussi une affaire suffisamment grave pour que lon en tire des conclusions sur le plan de notre législation, sur le plan des comportements, sur le plan des conflits dintérêt et sur le plan également des contrôles fiscaux. Merci à vous ».
Ce déplacement, cette visite dEtat correspond à une relation exceptionnelle qui existe entre le Maroc et la France et qui a franchi une nouvelle étape à loccasion de cette visite. Aussi bien sur le plan politique où la convergence entre le Maroc et la France sur les grands sujets internationaux est totale, que sur le partenariat économique où nous avons signé un certain nombre daccords et fait comprendre tout lintérêt quil y aurait à ce que les chefs dentreprise français et marocains puissent faire de la « colocalisation » et en même temps de la coopération pour aller à la conquête des marchés sur le continent africain.
Enfin, nous avons pu, aussi bien à lUniversité que lorsque je rencontrerai la société civile, montrer que le Maroc est une société pleine de ressources, de vitalité et qui progresse dans la voie de la démocratie, comme je lai dit devant le Parlement marocain.
Cétait important de faire cette visite parce quil y a notamment en Afrique de lOuest et pour la Méditerranée des sujets quil nous revient de régler. Pour lAfrique de lOuest, cest la crise au Sahel. Jai pu donner toutes les informations, avec le ministre des Affaires étrangères, sur ce que sera la suite de lopération française au Mali et lexamen, par le Conseil de sécurité du déploiement dune opération de maintien de la paix.
Pour la Méditerranée, nous avons rappelé combien elle était le cadre dans lequel nous voulions que lEurope et les pays du Maghreb puissent engager une coopération de haut niveau. Avec la question toujours pendante, sur laquelle je suis revenu, du Sahara occidental, et où jai rappelé que la France voulait trouver une issue négociée et considérait que le plan marocain était une base sérieuse et crédible. Voilà, le sens de ce voyage.
Je vais dabord répondre aux journalistes marocains puis, après, aux journalistes français. Je crois quil a été prévu trois questions pour chacun.
QUESTION : « Vous venez donc parler de la question du Sahara. Lintervention au Mali a révélé entre autres et cela a été reconnu implicitement, y compris par lenvoyé personnel du Secrétaire général de lONU pour la question du Sahara, Christopher ROSS, lors de sa dernière tournée Il a reconnu que, effectivement, il y aurait une connexion avec le Polisario. Est-ce que vous confirmez ? »
LE PRESIDENT : « Non. Ce que je dis, cest que dans linstabilité du Sahel, il y a un risque que tous les conflits non réglés puissent alimenter la chaîne de linstabilité et du terrorisme. Pour le reste, lenvoyé spécial du Secrétaire général va venir bientôt, ici même, au Maroc. Il cherche la voie pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité et trouver une issue négociée. Je pense queffectivement, quand il y a ce qui se produit au Sahel, nous devons encore, avec plus dinsistance et durgence, régler cette question qui est maintenant ouverte avec les souffrances que nous connaissons pour la population depuis plus de 30 ans ».
QUESTION : « Dans votre allocution hier à Casablanca, vous avez parlez de terroristes, puis de votre crainte de la radicalisation des terroristes djihadistes français. Y a-t-il un glissement sémantique entre ces expressions ? Djihadistes pour les uns et pas pour les autres ? Ou est-ce que cest la situation sur le terrain qui vous contraint dutiliser ces termes ? Ou est-ce le prélude dun recul, peut-être, dun recul sur le principe de la livraison des armes à lopposition syrienne ?
LE PRESIDENT : « Sur la Syrie. Nous, nous souhaitons une solution politique. Nous la cherchons depuis des mois. 100 000 morts depuis deux ans ! Nous faisons tous les efforts pour que le pouvoir syrien comprenne quil doit laisser la place. Nous essayons de convaincre les Russes de favoriser cette transition politique. Parallèlement sur le terrain militaire, nous avons la preuve que le régime écrase la population civile avec des armes. Nous avons donc dit que cest une situation de déséquilibre insupportable et que lembargo vaut jusquau mois de mai cest une décision prise à léchelle de lEurope et quil y a des conditions avant de le lever.
La première de ces conditions, cest que lopposition soit unie. Nous avons fait en sorte de la reconnaitre cette opposition. Il y a eu, ces dernières semaines, un certain nombre, là aussi, de divisions, de querelles ou en tout cas de débats. La seconde condition que nous posons, elle est impérative, cest que dans lhypothèse où il y aurait une levée de lembargo, il ne peut pas y avoir de livraison darmes à des groupes dont nous pouvons craindre quils les utilisent ensuite, y compris contre nos propres intérêts. Pour linstant, nous faisons en sorte que lopposition se structure, quelle soit reconnue et que, pendant cette période, la pression soit faite sur le plan politique pour quune issue soit trouvée ».
QUESTION : « Monsieur le Président, je voudrais juste revenir sur la situation des droits de lHomme au Maroc, quelles sont vos attentes là-dessus ? »
LE PRESIDENT : « Au Maroc il y a un processus, qui est engagé depuis 10 ans. Il y a une Constitution qui a été adoptée en 2011 et qui comporte dindéniables progrès. Il y a des étapes qui ont été franchies en termes de pluralisme, de liberté dexpression. Cela sest fait dans la stabilité, dans le calme, parce que le Roi a su anticiper, parce que les partis ont pu également être à la hauteur de leurs responsabilités.
Maintenant, il y a toujours des imperfections, il y a toujours des retards. Nous faisons donc en sorte, sans quil y ait besoin de faire pression, de dire à nos amis marocains que ce processus étant le bon, ils peuvent avoir le rythme quil leur parait le meilleur et qui paraitrait le meilleur pour le respect des droits de lHomme.
Nous sommes très attentifs aussi aux droits des femmes et là aussi il y a eu des progrès. Si nous ne les reconnaissons pas, alors cela voudrait dire que nous ne faisons pas la distinction entre des pays qui peuvent justement être une référence pour dautres.
Un exemple. Jai eu avec le Roi du Maroc des discussions tout à fait claires et franches là-dessus. Je dois dire quil est parfaitement lui-même mobilisé sur ces questions et notamment sur les questions aussi de ce quon appelle de développement humain, des droits humains et avec des conceptions qui sont proches des nôtres en matière de préservation de lenvironnement, de développement durable, de droits des personnes, daccès aux services essentiels.
Voilà pourquoi la France est toujours attentive à ces questions et fait en sorte de ne pas sériger comme arbitre, mais dintervenir, chaque fois que cest nécessaire, pour régler des cas individuels. Et cétait le cas aussi, lors de cette visite ».
QUESTION : « La France vit en ce moment une crise politique. La déclaration que vous avez faite hier à lElysée avant de vous envoler pour Casablanca ne semble plus suffire pour en sortir. Alors nous avons deux questions. La première, cest si vous avez des initiatives déjà envisagées et parmi celles-ci un remaniement gouvernemental pourrait-elle en faire partie ?
LE PRESIDENT : « Dabord, sil y a des initiatives à envisager, ce nest pas ici, au Maroc, que je vous les livrerais. Mais je comprends que face à ce qui sest produit, qui est un choc considérable, cest-à-dire quun homme qui était au gouvernement ait pu mentir comme il la fait non seulement au chef de lÉtat, au Premier ministre, mais au Parlement, à lAssemblée nationale et sur un compte à létranger quil navait pas déclaré Oui, cest un choc qui appelle nécessairement des décisions.
Ces décisions, jen ai annoncé une part sur le plan législatif. Nous avons besoin de continuer la moralisation de la vie politique et même de la vie économique. Et il y a une indépendance de la justice à renforcer. Alors je vous le dis jirai jusquau bout, jusquau bout sur ces questions parce que je nai rien à redouter de lapplication stricte des textes quand ils existent et de lintroduction de nouveaux textes quand ils sont nécessaires.
Au contraire, parce que je suis le chef de lÉtat dun pays qui est une grande nation, qui ne peut pas accepter dêtre ainsi humiliée avec des affaires qui se succèdent depuis des années et je ne vais pas ici les égrener.
Il convient dy mettre un terme, une bonne fois pour toutes. Il y aura toujours des indélicatesses, des personnes qui se comportent mal. Mais, à ce moment-là, tout sera fait pour quil y ait la prévention indispensable et la répression qui est absolument nécessaire ».
QUESTION : « Bonsoir Monsieur le Président. On a appris aujourdhui que le trésorier de votre campagne électorale, M. Jean-Jacques AUGIER, est actionnaire de deux sociétés ayant des comptes offshore aux Iles Caïman. Confirmez-vous, comme il la dit lui-même, que vous nétiez pas au courant de ces informations et, dautre part, considérez-vous que ces faits sont répréhensibles ? »
LE PRESIDENT : « Je ne connais rien de ces activités et si elles ne sont pas conformes à la loi fiscale, je demande que ladministration sen empare et permette de faire les rectifications si elles sont nécessaires. Je nai pas dautres commentaires à faire parce que je ne connais rien de ces investissements ou de ces activités.
En revanche, ce que je peux vous dire, cest que Jean-Jacques AUGIER a été le trésorier de ma campagne. Les comptes de campagne de 2012 ont été considérés par le Conseil constitutionnel comme parfaitement réguliers, parfaitement conformes au droit et avec toutes les exigences qui impliquent, justement, le respect de la loi.
Ce qui compte pour moi, car je me suis engagé là-dessus comme candidat, aujourdhui Président, cest que les comptes de campagne aient été validés, contrôlés et regardés comme conformes. Ensuite sur les activités privées, cest à ladministration fiscale, sil en est besoin, de faire son travail ».
QUESTION : « Bonjour, vous avez loué la stabilité du Maroc. Vous avez beaucoup insisté sur cet aspect-là. Est-ce que cela veut dire que vous considérez que le Maroc est définitivement à labri de ce quon a appelé les « printemps arabes » ? Est-ce que vous prenez vos distances par rapport aux « printemps arabes » justement ? Cette stabilité ne se fait-elle pas au prix de quelques entorses ?
Je vais prendre deux exemples : en matière de liberté dexpression, lun de nos confrères à lAFP na pas reçu son accréditation ; et il y a toujours des militants du mouvement du 20 février qui sont toujours en prison. Merci ».
LE PRESIDENT : « Chaque pays a sa spécificité. Le Maroc en tant que tel na pas connu de « printemps arabe ». Il lavait anticipé. Je suis allé il y a quelques semaines en Algérie. Il ny a pas eu non plus de « printemps arabe » en Algérie mais il y a une autre évolution.
Ce que je souhaite aujourdhui pour les « printemps arabes » et notamment pour la Tunisie qui a été le premier pays à se libérer dune dictature cest que les valeurs que les « printemps arabes » ont porté de liberté, démancipation, dégalité entre femmes et hommes, de démocratie, de pluralisme, puissent être au bout du chemin. Alors que lon sait quil y a des mouvements de repli, parfois de rupture
Pour ce qui concerne le Maroc, je lai dit, cest un processus long qui a été engagé ici, qui a incontestablement eu des progrès pour la population et pour la représentation du pluralisme. Je suis allé devant le Parlement : les partis sont là, ils sont issus du suffrage universel. Est-ce que cela veut dire que tout est réglé, quil ny a pas de problèmes en particulier ? Vous en avez cité deux que je connais Je dis donc aux autorités marocaines, là aussi sans vouloir faire la leçon, que la liberté dexpression nous la connaissons, parfois nous léprouvons, mais cest un principe fondamental de la démocratie.
QUESTION Ne considérez-vous pas comme inévitable un remaniement du gouvernement ?
LE PRESIDENT Jai dit que sur ces questions-là le gouvernement nest pas mis en cause en tant que tel. Le gouvernement nest pas mis en cause parce que, pour être clair, Jérôme CAHUZAC, qui nest plus membre du gouvernement, en a été écarté dès quune information judiciaire a été ouverte. Ce nest pas le gouvernement qui est en cause, cest un homme qui a failli.
Pour ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement, il y a de ce point de vue pas de décisions à prendre car cela laisserait penser quil aurait quelque chose à voir avec laffaire en question qui est une affaire individuelle ; mais qui est aussi une affaire suffisamment grave pour que lon en tire des conclusions sur le plan de notre législation, sur le plan des comportements, sur le plan des conflits dintérêt et sur le plan également des contrôles fiscaux. Merci à vous ».