Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la formation supérieure des officiers étrangers, Paris le 6 mai 1999.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réception de l'association "Frères d'armes" en l'honneur des officiers étrangers en stage dans les écoles d'enseignement militaire supérieur à Paris le 6 mai 1999

Texte intégral

Mon général,
Messieurs les ambassadeurs,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs les officiers,
Je massocie au salut amical que le Général Leclerc vient dadresser à tous les stagiaires que lassociation « Frères darmes » rassemble cette année, comme elle le fait depuis plus de quinze ans pour le plus grand bénéfice à la fois de notre pays et des cadres des armées étrangères eux-mêmes.
Le travail accompli par le Général Leclerc au cours de ces années mérite notre considération et notre gratitude. Peu à peu, lassociation sest imposée comme un complément naturel, et jugé maintenant par beaucoup comme indispensable, aux actions en matière de formation et de coopération militaires que la France mène à destination de ses partenaires.
Elle offre un prolongement à une fraternité née dans les établissements de formation militaire ; elle offre un supplément dâme à ces échanges qui reposent sur louverture internationale de la France vers les pays des cinq continents.
Votre diversité est dailleurs là pour en témoigner. Plus que jamais, les principes damitié, de fidélité et douverture, qui se trouvent au cur de lassociation « Frères darmes », sont ceux que la France observe vis-à-vis de ses partenaires.
Cela ne va pas sans évolution, comme vous le savez : et dans vos rangs, la présence dun nombre croissant de stagiaires dEurope centrale et orientale est là pour en témoigner.
Vis-à-vis de ces pays, qui effectuent une marche courageuse de rapprochement vers les organisations européennes, la France poursuit et accentue sa politique de soutien. Lintégration progressive aux institutions multilatérales de ce continent, quelles soient militaires, politiques ou économiques, reste lobjectif que nous nous fixons ensemble ; à cet égard, le récent élargissement de lAlliance atlantique nest pas un aboutissement, cest au contraire une préfiguration.
Vis-à-vis de nos voisins immédiats dEurope de lOuest, la politique française consiste à favoriser autant quil est possible la convergence des positions pour renforcer les capacités de défense proprement européennes, à la fois dans lAlliance et en dehors de ce cadre, cest-à-dire dans une configuration autonome. Nous nous trouvons en quelque sorte « entre Saint-Malo et Cologne », portés par la dynamique née du sommet franco-britannique, et soucieux den concrétiser toutes les promesses à la prochaine rencontre de lUE.
En Afrique, notre politique damitié et de fidélité nous conduit à poursuivre, sous le double signe de la non-ingérence et de la non-indifférence, des objectifs clairs : rapprochement, pour la sécurité africaine, de la situation que connaissent les autres continents, à travers laction des organisations multilatérales, et prise en charge plus grande par les pays de la zone de leur sécurité cest le concept RECAMP que vous connaissez tous, auquel la France continue à apporter des moyens substantiels. Ce concept peut dailleurs se décliner aussi bien dans un cadre ONU cest lexemple de la transition pour la RCA grâce à la coopération franco-égyptienne que dans un cadre purement africain, comme dans le cas de la CDAO pour la Guinée Bissau.
Vis-à-vis des autres régions, la politique de coopération se poursuit, aussi bien avec les armées du continent américain que vous représentez, celles de la zone pacifique et de lAsie, où je me suis rendu deux fois depuis le début de cette année, que celles enfin du Proche et du Moyen Orient. Des opérations menées ensemble je pense par exemple à lintervention de la Jeanne dArc et dautres éléments de notre armée en Amérique centrale pour porter secours aux populations et des exercices conjoints vous permettent ponctuellement de vous revoir, ce qui entretient vos relations damitié.
Pour terminer, je souhaiterais dire quelques mots de lactualité, si vous le permettez.
A vous tous, je demande davoir une pensée pour vos camarades actuellement en opération dans la crise du Kosovo. Je nai pas besoin de revenir sur les raisons qui ont amené les pays de lAlliance à recourir à la force dans cette crise, vous les connaissez. Quand toutes les options diplomatiques sont épuisées, quand le droit international est bafoué de façon répétée, quand les droits fondamentaux sont violés et quon assiste à des scènes quon voudrait ne jamais voir se produire à la fin du XXème siècle, on ne peut se permettre dhésiter bien longtemps.
Laction que nous menons peut sembler bien longue, voire irrésolue ; mais vous savez mieux que quiconque, pour avoir étudié longuement les questions stratégiques et militaires, quelles contraintes pèsent sur cette action, comme sur toute intervention menée dans un cadre démocratique.
Les principes qui nous guident la concertation entre alliés, la maîtrise permanente de la violence, le ciblage aussi précis quil est aujourdhui possible des frappes contredisent un autre objectif souhaitable, celui de la maîtrise du temps. Sil faut poursuivre pendant encore plusieurs semaines cette opération pour éviter les victimes civiles quentraînerait une action plus massive, et bien nous le ferons, car notre détermination est totale.
Je salue pour conclure les différentes armées que vous représentez. Louverture et les liens damitié qui se sont tissés entre vous permettront plus tard de poursuivre, jen suis certain, une coopération durable en matière de Défense entre la France et vos pays ; ils contribueront à une meilleure compréhension dans ce domaine essentiel. Permettez-moi donc encore une fois de vous dire combien jai eu plaisir à être ce soir parmi vous, dans cette ambiance internationale damitié et de fraternité.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 12 mai 1999)