Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la mise en œuvre du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, à Paris le 18 avril 2013.

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Circonstance : Séminaire gouvernemental sur la compétitivité, à l'hôtel de Matignon, à Paris le 18 avril 2013

Texte intégral

Bonjour, voilà je sors d'une réunion passionnante avec des ministres totalement mobilisés six mois après la présentation du pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, eh bien, les 35 mesures sont toutes engagées. Elles sont toutes engagées alors pour la compétitivité, c'est quoi la compétitivité ? C'est la performance de notre économie, la performance de nos entreprises. Et la France a tellement de capacités, moi, je le vois tous les jours, lorsque je me déplace dans les entreprises, dans les régions, dans les départements, dans les villes, je vois surtout des chefs d'entreprise, je vois des salariés, je vois aussi des responsables des collectivités locales, qui ont plein d'idées, plein de projets. Simplement, il faut les aider à les mettre en œuvre. Et l'objectif, c'est très clair, la France a pris du retard, eh bien, il faut le rattraper ce retard, dix ans de retard, et l'objectif, ce n'est pas de faire de la France un pays low-cost, un pays, produit bas de gamme, c'est redonner à la France tout son potentiel pour redevenir leader économique en Europe.
Alors, les 35 mesures qui ont été préparées sont suivies par Louis Gallois, qui est un grand monsieur, qui a vraiment une crédibilité de grand patron d'entreprise, qui a réussi, eh bien, avec lui, nous avons fait le point, mesure par mesure. Et les choses avancent concrètement sur le terrain, mais il faut encore booster tout ça. Par exemple, le crédit d'impôt, le crédit d'impôt, c'est pour abaisser le coût du travail pour toutes les entreprises, eh bien, il n'est pas encore suffisamment utilisé, mais quand il est utilisé, il est très efficace, c'est une baisse de 4% du coût du travail cette année, et puis en année pleine, ça sera 6% tous les ans. Ce n'est pas compliqué, c'est facile d'usage, mais ce n'est pas encore connu. Et puis, il y a des entreprises qui ont besoin d'être financées, donc il y a des avances de trésorerie, ça, c'est la Banque publique d'investissement, elle est en place, mais tout le monde ne l'utilise pas. Il y a encore des centaines de millions d'euros disponibles.
Et puis, il y a l'épargne des Français, l'épargne populaire, l'épargne des Livrets A, l'épargne des Livrets de Développement Durable, qui a fortement augmenté. C'est l'épargne populaire. Il faut qu'elle serve à l'économie, il faut qu'elle serve à l'industrie. Eh bien, j'ai décidé que des fonds d'épargne, un milliard et demi, seraient dégagés pour les fonds propres des petites et moyennes entreprises, celles qui ont le plus besoin de crédits pour innover, former le personnel, embaucher, exporter. Et puis, il y a aussi ce travail qui a été engagé pour utiliser l'épargne à long terme. L'assurance-vie doit être réorientée vers le financement de notre économie, et d'abord, notre économie qui monte en gamme, qui monte en qualité. Donc c'est tout le chantier de l'innovation. Moi, j'ai un message politique, parce que bien sûr, 35 mesures ont été examinées les unes après les autres, je ne vais pas les représenter ici. La mobilisation doit continuer avec beaucoup d'énergie, elle va continuer.
Mais ce que je voudrais adresser comme message, c'est à tous ceux qui prennent des risques, eh bien, je voudrais leur dire que le gouvernement les soutient et les soutiendra. Ceux qui prennent des risques pour innover, pour investir, pour embaucher, faire reculer le chômage, rendre la France plus forte, le gouvernement est à leurs côtés. Donc le message est clair, parce qu'on ne réussira pas seul, et bien sûr, il faut simplifier les normes, et on va en faire beaucoup pour rendre la vie plus facile des entreprises, des collectivités locales, de tous ceux qui construisent du logement, ceux qui ont des projets. Il faut bousculer tout ça. Mais on ne le fera pas si on ne s'appuie pas d'abord sur nos talents, la France est un pays de chercheurs, c'est un pays d'ingénieurs, c'est un pays avec une main d'œuvre de qualité, qui est motivée, eh bien, la France, même si elle a reculé, elle a cette capacité, c'est ça qu'il faut arriver à lui donner, confiance, on va y arriver ensemble, et donc les ministres qui étaient là sont des ministres engagés, qui reviennent du terrain, qui ont fait cette réunion avec moi, qui repartent sur le terrain pour expliquer, se mobiliser.
Chacun doit prendre ses risques, le gouvernement prend les siens, moi, je les prends tous les jours, mais encore une fois, ceux qui prennent des risques, ceux qui osent, ceux qui s'engagent, il faut qu'ils sachent que le gouvernement est à leurs côtés. Redresser la France ne se fera pas en un jour, en 2000, c'était l'Allemagne qui était le pays malade de l'Europe. Ils ont mis dix ans pour se redresser. Eh bien, moi, je fixe un horizon qui est cinq ans, le quinquennat du président de la République. Ce chantier de redressement, il est commencé maintenant, et nous allons le gagner. Alors, je suis à votre disposition, s'il y avait quelques questions évidemment sur ce thème.
Le journaliste - Est-ce que vous pouvez nous dire quelles sont les entreprises qui devraient bénéficier du crédit d'impôt ?
Jean-Marc Ayrault - Je ne vais pas vous donner les noms des entreprises. Ce sont des PME, pour beaucoup d'entre elles, ce sont celles qui ont le plus besoin d'aide, de soutien, mais encore une fois, on est à peu près à 1.500 entreprises qui ont bénéficié de ce crédit d'impôt, enfin, elles en bénéficient toutes, simplement, elles ont la possibilité de l'inscrire dans leurs comptes, pour l'année 2013, mais elles peuvent bénéficier tout de suite d'une avance de trésorerie grâce à la Banque publique d'investissement. Et c'est là que l'usage de cette avance de trésorerie n'est pas suffisant par rapport aux besoins que nous imaginons. Hier soir, j'ai discuté de cela avec les représentants de l'industrie, dans le cadre de la Conférence nationale de l'industrie, mais il y avait aussi des syndicalistes, puisque vous savez que dans son rapport, Louis GALLOIS avait pointé l'absence de dialogue social. Eh bien, hier soir, tout le monde était autour de la table, chefs d'entreprise, syndicalistes, nous sommes sur le même bateau, chacun avec ses responsabilités. Mais il y a des choses qui changent, l'accord national sur la sécurisation de l'emploi, qui a été négocié et signé, fait l'objet d'une transcription dans la loi par le Parlement, dans quelques jours, ça sera terminé, donc ça sera une avancée considérable. Parce que c'est une mesure qui facilite la vie des entreprises, mais qui en même temps donne des garanties aux salariés. Donc c'est une réforme pour l'emploi, et il y en a une autre qui va venir, qui sera abordée aussi à la grande Conférence sociale de juin prochain, c'est la réforme de la politique de la formation et de l'orientation, qui est également à l'ordre du jour, et qui doit faire l'objet d'une négociation extrêmement importante.
Nicolas Prissette - Nicolas Prissette au Journal du dimanche. Monsieur le Premier ministre, vous avez, par ce séminaire, rappelé le CICE, et ainsi que les différents efforts de politique économique et sociale, qui sont mis en œuvre par le gouvernement, et pourtant, il n'y a pas de perspective de croissance, semble-t-il, avant l'année prochaine. A quoi vous attribuez ce décalage entre vos annonces et la reprise qu'on attend toujours ? Merci.
Jean-Marc Ayrault - Eh bien, la croissance, elle ne se décrète pas, il faut aller la chercher, il faut la promouvoir, c'est ce que nous faisons. je prends un exemple, nous avons décidé de financer à hauteur de vingt milliards d'euros l'équipement de toute la France et en particulier des territoires les plus éloignés, avec des réseaux à très haut débit, donc ça, ça a un impact pour la croissance, qui portera ses fruits, donc ça, c'est déj?? décidé, c'est acté, c'est financé. Nous avons aussi – et je viens de le dire – dégagé des moyens nouveaux pour financer les PME, fonds propres, trésorerie, mais aussi les collectivités locales à des taux très bas. Donc ça va porter ses fruits. Ça, c'est pour la France. Mais il y a aussi les décisions que l'Europe doit prendre en faveur de la croissance. Pierre Moscovici nous a quittés plus tôt que prévu puisqu'il part à la réunion du FMI et du G20, qui se tient en ce moment à Washington, donc la question de la croissance n'est pas que locale, enfin, j'allais dire, n'est pas que nationale. Mais en ce qui nous concerne, le pacte qui a fait l'objet de cette réunion six mois après sa mise en place, c'est un outil avec 35 mesures qui vont porter leurs fruits, qui n'ont pas un effet immédiat, ce n'est pas un coup de baguette magique, c'est de l'investissement, c'est de l'innovation, c'est du financement, c'est de la formation, c'est du soutien à l'export, c'est du dialogue social, et donc c'est ça qui va peu à peu contribuer à la croissance. Et puis, il y a évidemment tout ce que nous faisons en matière d'investissement. J'ai évoqué le haut débit et le très haut débit et le numérique, mais il y a aussi d'autres chantiers, je pense aux investissements dans le secteur de la santé, de l'hôpital, je pense aux investissements dans les infrastructures. Je pense aux investissements dans le logement, dans les économies d'énergie. Donc tout ça va avoir un impact économique évident. Mais encore une fois, les outils sont là, il faut les utiliser pour qu'ils puissent être efficaces. Et donc c'est vraiment l'affaire de tous. Voilà. Merci. Bonne journée. Parce que si on veut vraiment avancer pour la croissance, il faut s'en occuper toute la journée, donc j'y vais. Merci.
Source http://www.gouvernement.fr, le 19 avril 2013