Interview de Mme Marie-Arlette Carlotti, ministre des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, à RMC le 2 mai 2013, sur le troisième plan autisme 2013-2017.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler de ce plan autisme que vous présentez tout à l'heure à midi. Ce matin, vous avez choisi LE PARISIEN Libéré et RMC, oui PARISIEN Libéré, moi je dis PARISIEN Libéré.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Libérons, libérons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Libérons.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Libérons tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Libéré c'est l'ancien, oui effectivement, effectivement.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Mais RMC, mais RMC.
JEAN-JACQUES BOURDIN
LE PARISIEN AUJOURD'HUI et RMC. Alors Marie-Arlette CARLOTTI je vois pourquoi troisième plan, 2013-2017 ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Parce qu'il y en a deux et notamment le second qui vient de terminer en 2012 et qui avait commencé à ouvrir des brèches sur l'accès en France, enfin, des nouvelles méthodes qui sont des méthodes environnementales, comportementales etc. parce que la France c'est la main mise de la psychanalyse. Ce qui rend les familles furieuses, elles sont vent debout sur cette affaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France a 40 ans de retard je le disais sur la prise en charge de l'autisme, on va en parler. Alors ce troisième plan d'abord c'est un budget, 205 millions d'euros.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Ce n'est pas rien vous savez de parler par les temps qui courent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, je n'ai rien dit.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
C'est très important et c'est 18 millions d'euros de plus que le plan précédent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
205 millions d'euros, pour arracher cet argent ça n'a pas dû être facile.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Non, mais j'ai été aidée, les associations, les parlementaires, c'est vraiment un travail collectif. Et puis vous avez-vous la souffrance dans ce pays, la demande est profonde, très profonde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr on va en parler, la formation donc, ce plan prévoit la formation de 5 000 professionnels du secteur médico-social, c'est-à-dire quels professionnels ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Ce sont des gens qui sont issus de ce secteur mais qui ne sont pas du tout ouverts aux méthodes qui sont préconisées par la Haute Autorité de Santé. Et c'est pourquoi les gens partent à l'étranger et notamment en Belgique pour trouver ces méthodes parce qu'ils estiment les parents que ça marche pour leurs enfants. En France c'est très peu donc on va les former, on va les former dès 2014 parce qu'il faut faire vite. Et on ne les mettra à disposition des établissements que si ces établissements s'ouvrent aux méthodes préconisées par la Haute Autorité de Santé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de créations d'emploi ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Déjà on crée 1 273 postes supplémentaires pour venir en soutien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce sont des créations d'emplois, donc oui ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Ceux-là ce sont des créations d'emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un peu plus de 1 000 créations d'emploi si j'ai bien compris.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Oui, oui bien sûr, bien sûr, les 5 000 y sont formés, on les prendra dans les établissements, ils sont déjà dans les réseaux. Mais il y a les 1 273 qui seront en soutien soit dans les comités régionaux d'autisme soit dans les CAMS qui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelles sortes d'emplois ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Plutôt des emplois médicaux-sociaux, plutôt des emplois d'accompagnement, parce que vous savez que l'autisme n'est pas considéré comme une maladie, c'est un handicap. Et donc c'est plutôt ce type de formation que nous allons développer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des places évidemment pour les enfants et les adultes. Alors le plan comporte 5 axes, le repérage précoce.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
C'est nouveau ça, c'est très nouveau.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui c'est nouveau parce que là on avait beaucoup de retard.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Enormément de retard en France, et donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut repérer les premiers signes de l'autisme dès l'âge de 12 mois.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Oui mais on ne le fait pas, c'est-à-dire que longtemps les mamans ont leur bébé dans les bras, elles voient bien qui se passe quelque chose et le médecin de ville leur dit non mais il a eu tel ou tel problème. Et elles trainent cela pendant des années toutes seules.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui en France le dépistage intervient en moyenne à six ans.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Oui, alors il va intervenir à partir de 18 mois maintenant, 12-18 mois, parce qu'on va mettre en place un réseau au plus bas du terrain avec les centres d'action médico-social que nous allons renforcer justement par des postes. Et également, et ça sera un réseau par département et on mettra un réseau par région avec le comité régional autisme que nous allons également renforcer pour ça en lien avec un CHU. C a existe et c'était d'ailleurs dans le deuxième plan l'une des préconisations. On va voir si ça a marché et on va l'étendre sur tout le territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors Marie-Arlette CARLOTTI je suis parent d'un enfant, j'ai peur qu'il soit autiste. Je dois faire quoi ? Je dois aller voir le médecin généraliste ? Mais un médecin sur trois ne s'est pas ce que c'est l'autisme, un sur quatre assimile encore le handicap à une psychose. Alors je fais quoi ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Absolument, pour l'instant vous galérez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je galère.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Pour l'instant vous galérez. Nous allons très vite mettre en place…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que change votre plan ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Mon plan il change tout, puisque je vous dis on va former tous les professionnels, les médecins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire tous les médecins généralistes seront obligatoirement formés.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Bien sûr, bien sûr, c'est un engagement de la ministre de la Santé et de l'Enseignement Supérieur. Nous allons former les enseignants et les équipes, c'est un engagement de Vincent PEILLON, on l'intégrera dans la formation initiale. Ce ne seront pas des spécialistes des enseignants mais ils pourront faire du repérage. Et on va changer les carnets de santé. Vous savez ceux qu'ont les enfants, ils vont être changé en 2014, ils seront effectifs en 2015.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez changer les carnets de santé, ça c'est intéressant !
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Oui on va pouvoir mettre dans les carnets de santé des critères pour détecter l'autisme. Détecter le handicap d'une manière générale, particulièrement l'autisme. Donc c'est un réseau très lié à la base au plus près de l'enfant. Et après il y aura les centres régionaux autistes qui seront des véritables socles pour les parents. Un lieu où ils pourront en temps réel savoir où en est la recherche, quelles sont les places disponibles, où elles sont, quelles sont les méthodes applicables. Les parents doivent avoir un rôle…aujourd'hui ils sont tout seul, c'est eux qui assume la responsabilité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ben évidemment qu'ils sont tout seul, non seulement ils sont tout seul mais la prise en charge coûte très cher. Non seulement quand on a un enfant mais aussi quand on a un adulte. On va parler des adultes autistes parce qu'on parle beaucoup des enfants mais on n'oublie complètement qu'un jour ces enfants deviennent adolescents et deviennent adultes. Budget trop lourd pour les parents, une prise en charge revient au minium à 2 500 euros par enfant et par mois, quel poids financier !
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Enorme, énorme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez soulager les parents ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Bien sûr je vais soulager les parents puisque nous allons créer des places spécifiques pour l'autisme. Alors le deuxième plan avait déjà créé des places. Nous continuions à le faire, à l'assumer, ces places qui sont dans les tuyaux vont s'ouvrir jusqu'en 2016. Nous allons même aller plus loin puisque dans le cadre de 2ème plan on a une sur création de places de 1 170 places parce qu'il y avait une telle demande que les ARS dans les régions ont repris les appels d'offres, donc cela on va le faire. Ça ne compte pas dans le plan que nous faisons et nous allons créer 1 500 places en plus, spécifiques pour les adultes parce qu'il est inconcevable qu'aujourd'hui il soit obligé de partir et notamment de passer la frontière pour aller en Belgique, je suis allée voir la façon dont on traitait les adultes là-bas. Vous savez on ne les assoit pas devant une télé comme ça, on les fait vivre, on les fait activer, participer à des actions, c'est ça qu'il faut qu'on fasse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a tellement d'attente pour obtenir une place dans un établissement spécialisé Marie-Arlette CARLOTTI.
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Je sais, je sais. Il y a 75.000 établissements qui sont dans un établissement, et parmi elles 13.000 seulement qui sont dans un établissement spécifique à l'autisme. Tous les autres sont soit dans la nature…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il y aura combien avec votre plan sur les 75.000, tous ?
MARIE-ARLETTE CARLOTTI
Déjà tout ce qui est existant, je ne l'ai pas dit ça mais c'est très important, tous les établissements existants nous allons les aider financièrement en leur proposant des postes si elles s'ouvrent aux méthodes qui sont des méthodes modernes et qui encadrent l'autisme. Ce n'est pas une solution définitive monsieur BOURDIN mais c'est déjà un plus, un autre regard sur, au moins la société ne se ferme plus les yeux et les parents ne seront plus seuls.Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 mai 2013