Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux dêtre parmi vous aujourdhui, pour cette table ronde consacrée à la thématique de la migration internationale et du développement. Vous avez souhaité que cette thématique soit spécifiquement abordée lors dune session des assises et je suis heureux de vous voir nombreux présents pour discuter de ces questions, vous qui traitez de cette problématique dans toute sa diversité.
Depuis trop longtemps, ce débat a été instrumentalisé par une partie de la classe politique. Nous savons dans quel objectif.
Cest pourquoi, je souhaite vous dire très clairement dès le début de mon intervention que ce gouvernement a rompu avec la logique qui liait développement et contrôle des flux migratoires.
Cette logique était aussi moralement problématique que fausse sur le plan factuel. Le lien entre développement des territoires et migrations nest pas mécanique.
Il y a bien lieu de se réjouir de cette volonté de mobilité. La mobilité est une aspiration légitime pour tout individu. Le droit de vivre dans des conditions décentes dans son pays dorigine lest tout autant
Je constate ainsi que plus les pays se développent, plus ils engendrent des migrations, comme lattestent les pays dits « à revenu intermédiaires » (Chine, Brésil, Inde) qui enregistrent des hausses régulières de leurs migrants. Mais les migrations sud-nord ne doivent pas nous faire oublier que la réalité migratoire se compose aussi dautant de flux nord-nord et on loublie souvent sud-sud.
Il y a aujourdhui en France une politique migratoire, elle est de la responsabilité du ministre de lintérieur Manuel Valls. Vous connaissez au sein de notre majorité les différences de sensibilités qui existent sur ces questions, je ny reviendrai pas.
Il y a maintenant, à côté et jinsiste bien ces deux politiques ne sont plus liées, une politique de développement qui prend en compte les migrations et le rôle des migrants. Elle est de ma responsabilité en tant que ministre chargé du développement auprès du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius. Les politiques de « co-développement » ont été pleinement réintégrées dans le champ du Ministère des Affaires étrangères. Lancien programme 301 « développement solidaire et migrations », géré au ministère de lImmigration puis de lintérieur, est maintenant dissout et la composante « développement » de ce programme a rejoint au premier janvier 2013 le champ du ministère des affaires étrangères, au sein du programme 209 « aide au développement » que vous connaissez bien.
Le débat daujourdhui, jentends donc le placer dans cette nouvelle logique.
Qui dit nouvelle logique, dit aussi nouvelle approche. Cest pourquoi, la démarche de concertation est capitale sur ce sujet en particulier. Je tiens à ce que lensemble des acteurs de la société civile intéressés par cette thématique migration et développement soit associé à la politique que jentends mener.
Cette nouvelle approche implique de tenir compte des nouvelles réalités de la migration. En 2010, le monde comptait 214 millions de migrants, soit environ 3 % de la population mondiale. Les flux migratoires sont aujourdhui plus féminins, plus qualifiés et ils se dirigent vers un plus grand nombre de pays. De nombreux migrants sont à la fois enracinés dans les pays de destination mais également mieux connectés avec leur pays dorigine, en raison des facilités de transport et des nouveaux outils de communication. Il sagit donc de raisonner autant en terme de mobilité et dinterdépendance que de migration au sens strict du terme.
Cette nouvelle politique, dite de migration et développement, ne se limite donc pas à la seule mobilisation des migrants. Elle vise plus largement à renforcer la contribution de la migration, sous toutes ses formes, au développement, à construire une mobilité qui soit bénéfique à tous. Ce gouvernement la compris. Cest pourquoi une des premières mesures du quinquennat a été dabroger la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers.
Cette nouvelle politique comprend toutes les actions visant à renforcer les liens entre migration et développement, notamment les capacités des Etats et institutions publiques à mieux interagir avec les diasporas, à encourager les investissements, à reconnaître les capacités sociales des migrants sur le double espace. Elle vise aussi, logiquement, à intégrer lensemble des acteurs : les associations de migrants, les ONG qui interviennent dans le champ de la migration comme les collectivités territoriales.
En tout premier lieu bien sûr, je me dois de mentionner la contribution des associations de migrants au développement. Les nombreux projets soutenus ces dernières années avec les associations qui mobilisent les diasporas témoignent, quen matière de développement local notamment, elles ont une véritable capacité à intervenir de façon coordonnée avec les autorités locales et les autres acteurs du développement en faveur de secteurs aussi importants que léducation, la santé, laccès à leau et à lassainissement, pour nen citer que quelques uns.
La France est un grand pays de bi nationalité
Vous savez maintenant quelle est notre philosophie. Je nirai pas plus loin aujourdhui car si je suis présent ici ce matin cest avant tout pour vous écouter. Jen suis convaincu, cette politique est profondément liée aux acteurs qui la portent, cest-à-dire vous. Je compte sur vous pour écrire cette nouvelle histoire, une histoire qui rapproche le nord et le sud, qui construit des ponts et non des murs.
Je vous remercie.
Source http://www.pascalcanfin.fr, le 15 mai 2013