Déclaration de M. Pascal Canfin, ministre du développement, sur l'aide en faveur du développement du Mali et la diaspora malienne, à Montreuil le 10 avril 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Participation au séminaire « La diaspora malienne pour le développement et la paix au Mali », Montreuil (Seine-Saint-Denis) le 10 avril 2013

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Madame la Maire,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
Je voulais tout d’abord vous remercier d’être venu si nombreux aujourd’hui pour participer à ce séminaire. Ce séminaire est important. Il s’inscrit dans la stratégie de mobilisation de l’ensemble des acteurs pour atteindre cet objectif que nous partageons tous : gagner la paix et le développement du Mali.
Avant de commencer ce discours, je souhaite remercier la maire de Montreuil, Dominique Voynet d’avoir accepté d’accueillir cet événement. Ce n’est pas un hasard si nous nous réunissons ici à Montreuil, dans cette ville que certains n’hésitent pas à appeler la capitale de la diaspora malienne en France. 120 000 maliens et franco-maliens vivent aujourd’hui en France. Je remercie ceux qui sont venus, non seulement de Montreuil, mais de toute la France pour participer à cet événement. Je remercie également le Ministre malien Demba Traoré de nous faire l’honneur de sa présence aujourd’hui. Car notre mobilisation en France doit pleinement s’inscrire dans les priorités établies sur le terrain avec le gouvernement malien, les autorités locales et les populations.
Mesdames, Messieurs,
La France est pleinement engagée au côté du Mali. Militairement bien évidemment afin de permettre au pays de retrouver sa pleine intégrité territoriale. Cette bataille est aujourd’hui en passe d’être gagnée. Les villes ont été libérées et la France est en train de passer le relai aux troupes africaines sous mandat de l’ONU. Mais nous le savons, s’il n’y a pas de développement possible sans sécurité, il n’y a non plus de sécurité durable sans développement. Notre défi est donc clair, c’est celui de réussir la paix, réussir le développement du Mali.
Pour cela, nous aurons besoin de tous, pour cela, nous aurons besoin de vous.
En effet, notre stratégie s’appuie sur quatre piliers :
Le premier d’entre eux, c’est la reprise de notre aide bilatérale. Cette reprise est en cours. J’étais moi-même à Bamako et à Mopti mi février lors de la réouverture du bureau de l’agence française de développement. L’Agence française de développement travaille, à présent, à la sélection des projets qui seront financés avec les 150 millions d’euros qui avaient été gelés après le coup d’État de mars 2012.
Le second pilier, c’est la mobilisation de l’aide européenne. Le 15 mai prochain à Bruxelles à l’initiative de la France et de l’Union européenne nous organiserons une Conférence internationale des donateurs. Le Président de la République et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont d’ailleurs confirmé leur présence à cette conférence. Nous allons mobiliser la communauté internationale pour rassembler des financements suffisants pour le Mali.
Le troisième pilier, c’est la mobilisation des collectivités locales. Il y a sept cents collectivités au Mali. Une partie de la solution au défi Malien passe aujourd’hui par le renforcement de ces collectivités et leur capacité à répondre aux besoins des populations.
Le quatrième pilier, c’est la mobilisation de la diaspora malienne, c’est votre mobilisation. C’est l’objet de notre rencontre aujourd’hui. La diaspora malienne est forte. Forte des 4 millions de personnes, soit environ le quart de la population malienne, qui forme cette diaspora présente en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire et en Europe notamment en France mais pas seulement. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité qu’aujourd’hui ne soient pas représentés exclusivement les Maliens de France, mais aussi ceux issus de nombreux autres pays et je voulais saluer ceux qui sont venus d’Espagne, de Belgique mais aussi de Côte d’Ivoire, ou encore du Canada.
Cette mobilisation, votre mobilisation n’est pas nouvelle. Vous n’avez pas attendu la dernière crise pour vous organiser, vous structurer autour d’associations pour contribuer au développement de votre pays d’origine. Car, vous le savez, mieux que personne d’autres, les besoins au Mali en termes d’éducation, de santé, de développement rural, étaient immenses avant la crise, ils le sont plus encore aujourd’hui. A travers vos projets, vos échanges, vos relations, vous avez acquis une expérience, des compétences qui sont aujourd’hui autant d’atouts pour remettre le Mali sur la voie du développement.
Je sais que les autorités Maliennes en sont pleinement conscientes. M. le Ministre (Traoré), ici présent pourra en témoigner. Grâce à la création d’une Délégation générale des Maliens de l’extérieur (DGME), grâce à la création d’une Cellule Technique de Codéveloppement, financée conjointement par l’Etat malien et la Commission européenne, l’Etat Malien est aujourd’hui clairement engagé à vos côtés.
La France entend l’être également. Le précédent gouvernement avait pris la décision inique d’exclure le Mali des crédits « développement solidaire » du ministère de l’Intérieur faute d’accord de gestion concertée des flux migratoires. Je vous le dis très clairement aujourd’hui, ce temps là est révolu. Car notre soutien nous ne l’inscrivons plus dans la logique qui liait développement et contrôle des flux migratoires. Ni au Mali ni ailleurs. Car cette logique était aussi moralement problématique que fausse sur le plan factuel. Le lien entre développement des territoires et migrations n’est pas mécanique.
Il y a aujourd’hui en France une politique migratoire, elle est de la responsabilité du ministre de l’intérieur Manuel Valls. Il y a maintenant, à côté et j’insiste bien ces deux politiques ne sont plus liées, une politique de développement qui prend en compte les migrations et le rôle des migrants. Elle est de ma responsabilité en tant que ministre chargé du développement auprès du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius. Les politiques de « co-développement » ont été pleinement réintégrées dans le champ du Ministère des Affaires étrangères. L’ancien programme 301 « développement solidaire et migrations », géré au ministère de l’Immigration puis de l’intérieur, est maintenant dissout et la composante « développement » de ce programme a rejoint au premier janvier 2013 le champ du ministère des affaires étrangères, au sein du programme 209 « aide au développement » que vous connaissez bien.
Mesdames, Messieurs,
Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour réfléchir ensemble aux moyens de catalyser votre mobilisation pour le développement et la paix au Mali. Nous souhaitons profiter de ce moment de partage pour écouter vos idées et vos innovations et vous aider à les concrétiser, et concevoir une nouvelle politique franco-malienne du programme de « mobilité, migration et développement ». Les ateliers que vous aurez cet après-midi permettront, j’en suis certain, de définir ensemble les contours de ce nouveau partenariat. Je peux d’ors et déjà vous assurer que nous travaillons à dégager les moyens qui permettront, dès cette année, de lancer de nouveaux projets avec vous pour le Mali.
Pour conclure et rester bref, car c’est avant tout votre parole qui est importante aujourd’hui, je voulais vous réaffirmer que cette réunion est une première étape. Le développement du mali s’inscrit dans le temps long. Le Mali a besoin de nous à très court terme pour répondre aux besoins humanitaires et au rétablissement des services publics dans l’ensemble du pays, mais il aura aussi besoin de nous demain, après demain, pour construire son développement. Vous diaspora, vous n’oubliez pas votre pays d’origine, vous entretenez ces liens entre votre pays d’origine et votre pays d’accueil. Je sais que vous serez toujours là pour le Mali et les Maliens. Je sais que je peux compter sur votre mobilisation. Sachez que vous pouvez compter sur notre appui et notre engagement.
Source http://www.pascalcanfin.fr, le 15 mai 2013