Texte intégral
Sehr geehrte Herr Bundeskanzler,
Liebe Präsident Sonnleitner,
Meine sehr geehrte Damen und Herren,
Je suis venu vous apporter les amitiés des agriculteurs français à l'occasion de ce Cinquantenaire de votre prestigieux syndicat.
C'est à dessein que j'utilise le mot " amitiés " car je suis profondément convaincu que l'amitié franco-allemande constitue une des réalités les plus marquantes de l'histoire européenne de ces cinquante dernières années.
Certes, l'Allemagne et la France ne sont pas systématiquement du même avis. Nous agriculteurs, qui sommes au quotidien des acteurs, parmi les plus engagés, de la construction européenne, en savons quelque chose.
Mais les crises, parfois salutaires, ont toujours été surmontées, en agriculture comme sur d'autres dossiers.
Nous gardons la mémoire encore vive des soubresauts monétaires qui ont régulièrement secoué l'Europe, et notamment l'Europe verte. L'avènement prochain de l'euro nous amène aujourd'hui à porter un autre regard sur le passé et à considérer combien les cultures monétaires de nos deux pays se sont rapprochées.
Avec l'instauration du système monétaire européen, puis l'Acte unique et finalement le Traité de Maastricht, l'Europe s'est lancée dans un formidable effort de convergence économique et monétaire qui, souhaitons-le, débouchera sur une prospérité durablement partagée pour tous.
Nombreux sont les Européens, parmi lesquels je me range, qui voient là un gage de progrès et de renforcement de la puissance commune de nos différents pays.
A ce sujet, je voudrais profiter de cette journée de fête pour l'agriculture allemande pour rendre hommage au Chancelier Kohl.
Au delà de tout parti pris politique, sachez Monsieur le Chancelier que nous admirons en France votre engagement européen viscéral et votre détermination sur l'Euro. Je tenais publiquement à vous en remercier.
Qu'il me soit également permis d'ajouter que l'avènement de l'Euro doit, à mon sens, servir de tremplin à une nouvelle phase de la construction européenne. Souvenons nous que l'Europe est avant tout un projet politique.
Alors que le processus d'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale est sur les rails, nous avons le devoir de réformer les institutions européennes. Pour renforcer leur efficacité et pour promouvoir le contrôle démocratique sur le fonctionnement de l'Union.
L'Europe ne peut se réduire à un gouvernement de fait de la Commission européenne !
Après le passage à l'Euro, cette réforme des institutions est le préalable indispensable à l'accueil des pays frères d'Europe centrale et orientale. Il ne faut pas brûler les étapes.
L'Allemagne aura un rôle essentiel à jouer dans ce processus. Ce faisant, que votre pays garde bien en mémoire son ancrage au cur de l'Europe ! Le cur de l'Europe peut s'élargir : il ne saurait se déplacer !
Nous sommes réunis aujourd'hui pour fêter les cinquante ans du Deutscher Bauernverband. La FNSEA que j'ai l'honneur de présider, a également célébré son cinquantenaire, il y bientôt deux ans.
C'est vous dire si je mesure toute la portée symbolique de cette journée pour les agriculteurs et pour l'agriculture de votre pays.
Avec vous, je me réjouis de la pérennité, de la puissance et du dynamisme du DBV !
Je m'en réjouis, d'abord, pour l'Allemagne.
C'est une chance pour un pays d'avoir un grande organisation professionnelle qui joue pleinement son rôle de corps intermédiaire et qui aide les agriculteurs à s'engager activement dans le dialogue politique, économique et social.
Vous êtes la preuve que la société civile peut agir de façon constructive par et sur elle-même. Il y a là un gage pour la démocratie.
Comme président de la FNSEA, mais aussi comme président du Comité des Organisations Professionnelles Agricoles des quinze pays de l'Union européenne, je m'en réjouis également pour l'Europe et pour l'ensemble de ses agriculteurs.
Nous sommes engagés dans un débat crucial sur l'avenir de l'agriculture européenne. Avoir un partenaire aussi déterminé et écouté que le DBV constitue pour la FNSEA et le COPA un atout de taille.
Vous nous offrez une garantie supplémentaire que les agriculteurs européens feront entendre leur voix et prendront leur destin en main.
Vous le savez, la FNSEA juge les propositions de la Commission européenne inacceptables en l'état.
A l'heure de la mondialisation des échanges, elles ne traduisent pas la volonté de l'Europe de promouvoir un modèle agricole qui lui soit propre.
Par dogmatisme économique ou dans le but de se ménager les faveurs de grands partenaires internationaux de l'Union, peu importe, la Commission européenne a opté pour l'alignement systématique de l'agriculture européenne sur les marchés mondiaux. C'est inadmissible !
Comprenez-moi bien, Mesdames et Messieurs. Je ne suis pas entrain de vous expliquer que les agriculteurs ont peur de la concurrence internationale. L'Europe, qui est déjà un des marchés les plus ouverts de la planète, n'a de leçon à recevoir de personne sur ce plan.
Nous sommes par ailleurs conscients de la nécessité pour l'Europe agricole de demeurer activement présente sur les marchés internationaux et de contribuer à l'équilibre alimentaire mondial.
Il y a là un enjeu économique et géostratégique essentiel.
Nous sommes toutefois convaincus que l'Europe agricole peut relever le défi de la mondialisation tout en conservant une forte solidarité entre les individus, les générations, les filières de productions et les régions.
Cette solidarité, dont la PAC est le creuset, est indispensable pour que l'agriculture puisse remplir au mieux les multiples attentes des consommateurs et des citoyens européens :
fournir des produits sûrs, de qualité et biens identifiés, mais aussi des services, en termes d'accueil par exemple,
" tenir " l'ensemble du territoire, contribuer à la protection de l'environnement et des paysages,
enfin, demeurer la courroie d'entraînement du développement et de l'emploi dans de très nombreuses zones rurales.
Ce n'est pas en réduisant l'agriculture à des intérêts purement mercantiles, avec des marchés totalement déréglementés que nous y parviendrons.
L'Europe doit continuer à gérer les marchés et à soutenir les produits agricoles, en partant du principe que la baisse des prix n'est ni une fatalité, ni un objectif en soi.
Elle doit le faire avec des politiques adaptées à chaque grand secteur de production, en les orientant plus ou moins par rapport aux marchés internationaux.
On ne traite pas le blé comme les oléoprotéagineux ou les fruits et les légumes, encore moins comme le lait et la viande bovine !
Mais cela ne suffira pas pour que la PAC permette durablement de contribuer à l'équilibre auquel nous aspirons en Europe, entre :
activités économiques de production et de services,
occupation harmonieuse du territoire, protection de l'environnement,
et maintien de l'emploi dans les zones agricoles et rurales.
Pour cela, tout en nous gardant de la tentation de renationaliser la PAC, nous sommes désormais tenus d'infléchir les orientations de notre politique agricole en faveur des hommes et des territoires.
Il s'agit d'installer des jeunes agriculteurs et de pérenniser les exploitations, en ayant une approche plus globale, plus multifonctionnelle que par le passé de l'activité agricole.
A l'avenir, la PAC doit reconnaître de façon plus équilibrée les trois grandes fonctions que l'agriculture remplit dans notre économie et notre société :
la fonction de production bien-sûr,
mais également la fonction territoriale,
et la fonction sociale, avec l'emploi, l'accueil, le développement et l'animation des campagnes.
La PAC doit valoriser au même titre ces trois fonctions si nous voulons donner à l'agriculture européenne des fondements solides pour l'avenir, en assurant l'équilibre entre :
les hommes,
les produits,
et les territoires à travers tout le continent européen.
*
Mesdames et Messieurs,
l'Allemagne présidera aux destinées de l'Union européenne au premier semestre 1999, à un moment-clé de la négociation de la réforme de la PAC.
Avec les agriculteurs français et l'ensemble des agriculteurs européens, je vous invite à préparer cette échéance en travaillant à l'affirmation de cette identité agricole européenne.
Vous pouvez compter sur la FNSEA et sur le COPA pour cela.
Longue vie au Deutscher Bauernverband !
Es lebe die deutsche französische Freundschaft !
(source http://www.fnsea.fr, le 15 février 2002)
Liebe Präsident Sonnleitner,
Meine sehr geehrte Damen und Herren,
Je suis venu vous apporter les amitiés des agriculteurs français à l'occasion de ce Cinquantenaire de votre prestigieux syndicat.
C'est à dessein que j'utilise le mot " amitiés " car je suis profondément convaincu que l'amitié franco-allemande constitue une des réalités les plus marquantes de l'histoire européenne de ces cinquante dernières années.
Certes, l'Allemagne et la France ne sont pas systématiquement du même avis. Nous agriculteurs, qui sommes au quotidien des acteurs, parmi les plus engagés, de la construction européenne, en savons quelque chose.
Mais les crises, parfois salutaires, ont toujours été surmontées, en agriculture comme sur d'autres dossiers.
Nous gardons la mémoire encore vive des soubresauts monétaires qui ont régulièrement secoué l'Europe, et notamment l'Europe verte. L'avènement prochain de l'euro nous amène aujourd'hui à porter un autre regard sur le passé et à considérer combien les cultures monétaires de nos deux pays se sont rapprochées.
Avec l'instauration du système monétaire européen, puis l'Acte unique et finalement le Traité de Maastricht, l'Europe s'est lancée dans un formidable effort de convergence économique et monétaire qui, souhaitons-le, débouchera sur une prospérité durablement partagée pour tous.
Nombreux sont les Européens, parmi lesquels je me range, qui voient là un gage de progrès et de renforcement de la puissance commune de nos différents pays.
A ce sujet, je voudrais profiter de cette journée de fête pour l'agriculture allemande pour rendre hommage au Chancelier Kohl.
Au delà de tout parti pris politique, sachez Monsieur le Chancelier que nous admirons en France votre engagement européen viscéral et votre détermination sur l'Euro. Je tenais publiquement à vous en remercier.
Qu'il me soit également permis d'ajouter que l'avènement de l'Euro doit, à mon sens, servir de tremplin à une nouvelle phase de la construction européenne. Souvenons nous que l'Europe est avant tout un projet politique.
Alors que le processus d'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale est sur les rails, nous avons le devoir de réformer les institutions européennes. Pour renforcer leur efficacité et pour promouvoir le contrôle démocratique sur le fonctionnement de l'Union.
L'Europe ne peut se réduire à un gouvernement de fait de la Commission européenne !
Après le passage à l'Euro, cette réforme des institutions est le préalable indispensable à l'accueil des pays frères d'Europe centrale et orientale. Il ne faut pas brûler les étapes.
L'Allemagne aura un rôle essentiel à jouer dans ce processus. Ce faisant, que votre pays garde bien en mémoire son ancrage au cur de l'Europe ! Le cur de l'Europe peut s'élargir : il ne saurait se déplacer !
Nous sommes réunis aujourd'hui pour fêter les cinquante ans du Deutscher Bauernverband. La FNSEA que j'ai l'honneur de présider, a également célébré son cinquantenaire, il y bientôt deux ans.
C'est vous dire si je mesure toute la portée symbolique de cette journée pour les agriculteurs et pour l'agriculture de votre pays.
Avec vous, je me réjouis de la pérennité, de la puissance et du dynamisme du DBV !
Je m'en réjouis, d'abord, pour l'Allemagne.
C'est une chance pour un pays d'avoir un grande organisation professionnelle qui joue pleinement son rôle de corps intermédiaire et qui aide les agriculteurs à s'engager activement dans le dialogue politique, économique et social.
Vous êtes la preuve que la société civile peut agir de façon constructive par et sur elle-même. Il y a là un gage pour la démocratie.
Comme président de la FNSEA, mais aussi comme président du Comité des Organisations Professionnelles Agricoles des quinze pays de l'Union européenne, je m'en réjouis également pour l'Europe et pour l'ensemble de ses agriculteurs.
Nous sommes engagés dans un débat crucial sur l'avenir de l'agriculture européenne. Avoir un partenaire aussi déterminé et écouté que le DBV constitue pour la FNSEA et le COPA un atout de taille.
Vous nous offrez une garantie supplémentaire que les agriculteurs européens feront entendre leur voix et prendront leur destin en main.
Vous le savez, la FNSEA juge les propositions de la Commission européenne inacceptables en l'état.
A l'heure de la mondialisation des échanges, elles ne traduisent pas la volonté de l'Europe de promouvoir un modèle agricole qui lui soit propre.
Par dogmatisme économique ou dans le but de se ménager les faveurs de grands partenaires internationaux de l'Union, peu importe, la Commission européenne a opté pour l'alignement systématique de l'agriculture européenne sur les marchés mondiaux. C'est inadmissible !
Comprenez-moi bien, Mesdames et Messieurs. Je ne suis pas entrain de vous expliquer que les agriculteurs ont peur de la concurrence internationale. L'Europe, qui est déjà un des marchés les plus ouverts de la planète, n'a de leçon à recevoir de personne sur ce plan.
Nous sommes par ailleurs conscients de la nécessité pour l'Europe agricole de demeurer activement présente sur les marchés internationaux et de contribuer à l'équilibre alimentaire mondial.
Il y a là un enjeu économique et géostratégique essentiel.
Nous sommes toutefois convaincus que l'Europe agricole peut relever le défi de la mondialisation tout en conservant une forte solidarité entre les individus, les générations, les filières de productions et les régions.
Cette solidarité, dont la PAC est le creuset, est indispensable pour que l'agriculture puisse remplir au mieux les multiples attentes des consommateurs et des citoyens européens :
fournir des produits sûrs, de qualité et biens identifiés, mais aussi des services, en termes d'accueil par exemple,
" tenir " l'ensemble du territoire, contribuer à la protection de l'environnement et des paysages,
enfin, demeurer la courroie d'entraînement du développement et de l'emploi dans de très nombreuses zones rurales.
Ce n'est pas en réduisant l'agriculture à des intérêts purement mercantiles, avec des marchés totalement déréglementés que nous y parviendrons.
L'Europe doit continuer à gérer les marchés et à soutenir les produits agricoles, en partant du principe que la baisse des prix n'est ni une fatalité, ni un objectif en soi.
Elle doit le faire avec des politiques adaptées à chaque grand secteur de production, en les orientant plus ou moins par rapport aux marchés internationaux.
On ne traite pas le blé comme les oléoprotéagineux ou les fruits et les légumes, encore moins comme le lait et la viande bovine !
Mais cela ne suffira pas pour que la PAC permette durablement de contribuer à l'équilibre auquel nous aspirons en Europe, entre :
activités économiques de production et de services,
occupation harmonieuse du territoire, protection de l'environnement,
et maintien de l'emploi dans les zones agricoles et rurales.
Pour cela, tout en nous gardant de la tentation de renationaliser la PAC, nous sommes désormais tenus d'infléchir les orientations de notre politique agricole en faveur des hommes et des territoires.
Il s'agit d'installer des jeunes agriculteurs et de pérenniser les exploitations, en ayant une approche plus globale, plus multifonctionnelle que par le passé de l'activité agricole.
A l'avenir, la PAC doit reconnaître de façon plus équilibrée les trois grandes fonctions que l'agriculture remplit dans notre économie et notre société :
la fonction de production bien-sûr,
mais également la fonction territoriale,
et la fonction sociale, avec l'emploi, l'accueil, le développement et l'animation des campagnes.
La PAC doit valoriser au même titre ces trois fonctions si nous voulons donner à l'agriculture européenne des fondements solides pour l'avenir, en assurant l'équilibre entre :
les hommes,
les produits,
et les territoires à travers tout le continent européen.
*
Mesdames et Messieurs,
l'Allemagne présidera aux destinées de l'Union européenne au premier semestre 1999, à un moment-clé de la négociation de la réforme de la PAC.
Avec les agriculteurs français et l'ensemble des agriculteurs européens, je vous invite à préparer cette échéance en travaillant à l'affirmation de cette identité agricole européenne.
Vous pouvez compter sur la FNSEA et sur le COPA pour cela.
Longue vie au Deutscher Bauernverband !
Es lebe die deutsche französische Freundschaft !
(source http://www.fnsea.fr, le 15 février 2002)