Texte intégral
« Monsieur le Premier ministre, Mesdames et messieurs les élus, Madame la procureure, Mesdames, messieurs,
Votre mobilisation peut donner de loptimisme et de la confiance à toutes les femmes victimes de violences et à toutes les familles que ces violences frappent.
Elles sont deux fois victimes : dabord des violences, qui ne sont jamais bénignes, jamais isolées, mais aussi de lincapacité des proches, des collègues, des voisins, à entendre et à comprendre ce dont elles sont victimes.
Pourtant, les chiffres sont là pour nous rappeler que nous connaissons tous des victimes parmi nos proches. Une femme sur cinq a été victime dune agression sexiste. Une femme sur cinq a été victime de harcèlement sexuel au travail. Une femme sur quatre a été victime de violences conjugales répétées.
Votre mobilisation, lengagement du Gouvernement au plus haut niveau, permet de rappeler la règle : ce nest pas parce que ces violences sont commises dans lintimité quelles méritent limpunité.
Cest un message de fermeté que nous voulons adresser. Avec les mots justes : ceux de la loi. Il ne sagit pas de querelles damoureux, de différents conjugaux ou de dispute de couples. Il sagit de menaces, dinjures, de coups, de viols, de meurtres. Face au courage des victimes, il y a la lâcheté et la brutalité des coupables, de leurs délits et de leurs crimes.
Et un message dencouragement, aussi, parce quil faut du courage pour dire non, à un patron, à un collègue, à un ami, à son mari, à un parent, pour rompre devant la lâcheté, briser les chaînes et sortir du cycle de la violence.
Le message adressé par le Président de la République, le 25 novembre dernier, à loccasion de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes a donné de lélan à notre action.
Le Comité interministériel que vous avez réuni, Monsieur le Premier ministre, en novembre dernier, nous a permis de franchir de nouvelles étapes.
Nous avons ainsi constitué une mission interministérielle chargée de la protection des femmes victimes de violences, sur le modèle des observatoires des violences faites aux femmes qui ont fait la preuve, sur le territoire, de leur utilité.
Les femmes sont mieux protégées, trouvent plus de réponses, quand les différents acteurs savent se mettre autour de la table et entreprendre un travail en commun, pour sorganiser autour des besoins des victimes.
Je veux saluer tous les acteurs de lEure, préfecture, parquet, équipes médicales, collectivités, associations, qui mènent ce dialogue avec efficacité, comme le prouve le partenariat célébré aujourdhui.
Nous avançons avec une idée en tête : une femme qui déclenche lalerte doit impérativement trouver immédiatement les réponses et laide nécessaire pour sortir de ces violences.
Cela nous amène à travailler sur laccueil des victimes dans les commissariats et les gendarmeries, sur leur protection et sur leur écoute, sur la formation des professionnels au contact du public, sur lhébergement de lauteur des violences, ou des victimes, si celles-ci ne souhaitent pas rester dans le domicile familial.
Cest ce qui explique notre rencontre aujourdhui.
Jai eu lhonneur de présenter ce mois-ci au Conseil des ministres le projet de loi qui permettra à la France de ratifier cette année la Convention dIstanbul du Conseil de lEurope.
Cest un instrument essentiel et exemplaire contre les violences faites aux femmes. Il fixe des règles exigeantes, dans les domaines de la prévention, de la sanction, de laccompagnement des victimes et aussi du suivi des auteurs.
Cest en application de cette Convention que nous discutons actuellement au Parlement de la lutte contre le mariage forcé et contre lexcision.
Nous continuons à avancer. Le projet de loi pour les droits des femmes qui sera débattu cette année sera loccasion daméliorer encore et de consolider les réponses apportées aux victimes de violences.
Merci à toutes et à tous pour votre engagement. »
source http://www.najat-vallaud-belkacem.com, le 27 mai 2013