Déclaration de Mme Fleur Pellerin, ministre des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, sur la nouvelle politique gouvernementale en matière d'économie numérique, Paris le 25 avril 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Monsieur le Commissaire Général à l’Investissement, cher Louis Gallois,
Messieurs les Présidents des Pôles de Compétitivité,
Monsieur le PDG d’Oodrive, cher Stanilas de Remur,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d’être ici parmi vous. Car aujourd’hui, ce n’est pas simplement le lancement d’un énième appel à projets dont il s’agit. C’est de la concrétisation d’un volet tout à fait significatif de la nouvelle politique de ce Gouvernement en matière d’économie numérique dont il est question.
Cette nouvelle politique, nous avons voulu qu’elle s’inscrive pleinement dans la marche de l’action gouvernementale. Car pour nous, le numérique, ce n’est pas "une politique de plus", ce n’est pas "une case à cocher". Non.
Le numérique, parce qu’il traverse la société et l’économie, parce qu’il interroge nos valeurs et bouscule nos habitudes, parce qu’il ouvre des perspectives d’échange et d’expression quasi infinies ; oui, le numérique méritait d’être – enfin – au coeur même de l’action gouvernementale ; d’être imprimé dans son ADN ; dans son "logiciel", si vous me permettez cette expression.
C’est tout le sens de la feuille de route numérique que nous avons adoptée le 28 février dernier : une méthode inédite – qui consiste à mobiliser tous les départements ministériels pour le numérique – au service d’une ambition jamais atteinte dans notre pays – avec la mise en ligne cette semaine du détail des 100 mesures qui composent la feuille de route numérique, et dont le Premier ministre m’a chargée d’assurer la mise en oeuvre.
Le Fonds pour la Société Numérique, constitue, au sein du Programme des investissements d’avenir, un outil majeur pour mettre en oeuvre cette politique ; et je souhaite rappeler toute l’étendue des domaines d’intervention que nous aurons à coeur de faire vivre avec Arnaud MONTEBOURG et Louis GaALLOIS.
Pour ne citer que quelques exemples :
- nous favorisons l’intégration du numérique au sein des entreprises à l’aide de prêts numériques, pour un montant de 300 millions d’euros ;
- nous soutenons les expériences pilotes des territoires dans le domaine des soins numériques, pour un montant de 80 millions d’euros ;
- nous lançons un premier programme expérimental sur la e-éducation.
Mais venons-en au sujet du jour : le coeur de filière numérique.
Lorsque le Premier ministre a décidé de la réorientation du Programme des investissements d’avenir, il a souhaité donner une large place au numérique.
Mais dans cette période de sérieux budgétaire, il nous a fallu aussi être sélectifs et éviter le saupoudrage. Ces temps-ci, certains parlent – à tort ! – d’austérité.
Moi, je crois plutôt que le mot d’ordre qui doit nous guider dans cette période, c’est "priorité" : dans un contexte budgétaire contraint, c’est le sens des priorités qu’il nous faut retrouver. Il faut savoir choisir, en donnant la préférence à l’avenir, à la création de valeur, même si c’est parfois douloureux.
En l’occurrence, nous avons voulu cibler notre intervention sur les maillons les plus critiques de la chaîne de valeur du numérique.
A une extrémité de cette chaîne de valeur, au plus près de l’usager, on trouve en premier lieu les objets connectés, équipés de logiciels embarqués et qui vont envahir bientôt notre quotidien, et pour lesquels la France occupe d’ores et déjà une place privilégiée dans la compétition internationale.
Laissez-moi vous donner quelques exemples :
- les voitures intelligentes communiqueront entre elles et avec les infrastructures, pour une plus grande sécurité et de meilleurs services ;
- la consommation d’énergie sera optimisée grâce à des compteurs intelligents, qui commencent à être déployés, avec l’apparition de nouveaux modèles économiques et de nouveaux acteurs ;
- dans le domaine de la santé, les capteurs et les dispositifs médicaux représentent un formidable potentiel au service du bien-être, avec l’enjeu de la certification et des modèles de financement.
Mais ces objets connectés seraient finalement d’un intérêt limité s’ils ne trouvaient pas de "répondant" à l’autre extrémité des réseaux. C’est pourquoi la simulation numérique et son corollaire, la puissance de calcul, sont également cruciaux.
La conception de nouveaux produits passera demain par l’expérimentation numérique : au-delà des secteurs historiques pour la simulation comme l’aéronautique, ce sont à présent tous les secteurs économiques qui sont concernés, de l’aménagement des villes à la santé.
La France dispose de tous les maillons d’une filière du calcul intensif : une recherche de haut niveau, un constructeur, avec Bull, un écosystème de PME innovantes. Renforcer l’accès du calcul intensif aux PME pour doper leur compétitivité, comme le programme HPC-PME s’en est donné l’objectif, est également un autre défi !
Mais les dispositifs connectés et la simulation génèrent aussi une énorme masse d’informations - c’est le déluge des données, ce que l’on désigne en bon français par big data. Je tiens à le souligner, le big data, ce n’est pas une mode ou une expression branchée dans les dîners en ville.
L’exploitation massive des données, c’est la capacité nouvelle d’une entreprise, d’une communauté, d’une société à mieux se connaître et à agir sur elle-même. "Connais-toi toi même" disait Socrate… Voilà ce que nous amène le big data : ce n’est pas rien !
Enfin, la multiplication des échanges dématérialisés doit nous interpeller sur le plan de la sécurité : la cyber-sécurité est à présent un enjeu à la fois pour les citoyens, pour les entreprises et pour les Etats. Sa maitrise repose sur des technologies, comme la cryptographie, et des concepts, comme celui de la résilience des grands systèmes.
Et au-delà de la technologie, c’est la formation à la sécurité numérique que nous devons promouvoir auprès de tous les acteurs, citoyens et entreprises, avec un rôle accru pour un acteur comme l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information !
Parce que leur maîtrise est indispensable pour garantir la souveraineté numérique de notre pays, un pan du Programme des investissements d’avenir sera consacré à ces technologies : 150 millions d’euros seront ainsi mobilisés dans le cadre de quatre appels à projets de R&D.
Les appels à projets s’échelonneront tout au long de l’année :
- dès le mois de mai : les objets connectés et les logiciels embarqués qui les équipent ;
- avant l’été : la simulation numérique et le calcul intensif ;
- à la rentrée : le big data et les solutions de could computing qui lui sont associées ;
- enfin : la sécurité.
A travers cette déclinaison technologique et cet échéancier, nous ne voulons pas seulement que notre vision de l’économie numérique soit lisible. Nous voulons aussi qu’elle soit prévisible et accessible au plus grand nombre. Car il est indispensable que les entreprises, et en particulier les PME, puissent construire dans la sérénité leurs projets. C’est pour cette raison – et c’est une nouveauté – que les appels à projets seront ouverts pendant 6 mois.
Vous connaissez mes convictions profondes sur le ressort entrepreneurial et l’esprit d’initiative, sans lequel rien ne peut se faire dans le domaine de l’innovation.
Aussi, je tiens à remercier pour leur accueil les six PME du projet Nu@ge : Céleste, DotRiver, InitSys, New Generation, Nonstop Systems et Oodrive ; et l’équipe de recherche commune à l’Université Pierre et Marie Curie et à l’INRIA.
Je pense aussi aux pôles de compétitivité du numérique : Cap Digital, Images et Réseaux, Minalogic, Solutions Communicantes Sécurisées et Systematic.
Enfin, je remercie les experts industriels reconnus qui ont bien voulu alimenter nos réflexions : Dominique POTIER, Gérard ROUCAIROL, ou encore le groupe de travail dédié à la cybersécurité.
Je tiens aussi à saluer les représentants des territoires. Leur rôle est plus décisif que jamais pour permettre à la puissance publique de favoriser les fertilisations croisées, les expériences partagées, et c’est d’ailleurs tout le sens de la réforme en cours des pôles de compétitivité, que je pilote en tant que ministre chargée de l’Innovation.
A cet égard, je tiens à saluer l’implication de la Ville de Paris et de la Région Ile-de-France dans l’innovation et le numérique. Cette implication n’est pas seulement grande, elle est aussi sincère, elle puise sa force dans des convictions solidement ancrées, dans une grande expérience du terrain.
Avec ces élus, je partage une même vision du numérique : le numérique est affaire de persévérance, ce n’est pas seulement un "sujet qui brille", ou un faire-valoir dans une carrière politique – vous voyez à qui je pense.
C’est en mobilisant tous les acteurs, tous les instruments, tous les talents, que nous favoriserons l’émergence des champions numériques français de demain, à l’instar de Dassault Systèmes, Critéo ou Dailymotion !
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 30 avril 2013