Déclaration de Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, sur le design et la création culturelle, artistique et économique, Paris le 3 juin 2013.

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Circonstance : Lancement de la semaine des designer's day à Paris le 3 juin 2013

Texte intégral


Aujourd’hui, ensemble, nous célébrons le design.
Les designs, toutes les formes de design, devrais-je dire, dans la diversité de ses acteurs et dans toutes les facettes de ce métier, de cette discipline créative, culturelle et économique.
Je reconnais parmi vous :
- Les grands éditeurs nationaux et internationaux pour qui le design n’est pas une question, mais est inscrit au frontispice de leurs valeurs,
- Les jeunes éditeurs et les galeries qui défendent le design d’auteur,
- Les industriels qui ont placé le design au cœur de leur stratégie de développement économique,
- Les écoles nationales, régionales et municipales qui créent les ponts entre notre jeunesse créative et le monde du travail,
- Les grandes maisons françaises de haute facture, privées ou publiques, qui vivifient leurs savoir-faire et leur patrimoine immatériel de gestes grâce à la création contemporaine,
- Les fondations, qui soutiennent l’artisanat, le travail de la main dans leur relation au design,
- Les musées, ceux de la Ville de Paris et ceux qui relèvent de mon ministère, qui programment avec engagement les expositions pédagogiques et monographiques sur le design et les arts décoratifs,
- Les associations et collectifs professionnels qui valorisent inlassablement le design français et international dans toutes ses composantes,
- La presse spécialisée et généraliste qui fait œuvre de pédagogie sur une discipline en mouvement.
Je reconnais surtout beaucoup de designers, vous qui avez fait le choix de rendre nos vies meilleures, d’accompagner nos usages, nos modes de vie, dans leur dimension culturelle, économique et sociale.
En tant que ministre de la Culture et de la Communication, je ne peux que vous remercier de ce choix et vous suis reconnaissante de cet engagement au service de la société.
Quelles énergies aujourd’hui réunies et quelle richesse d’acteurs !
Je crois que la France peut s’enorgueillir d’avoir créé les conditions d’un paysage si fécond, tant au travers de ses politiques publiques que de ses initiatives privées, qui aujourd’hui convergent de manière singulière en Europe pour dire que le design est au cœur de nos stratégies créatives de développement, au cœur de l’émulation artistique de notre pays, au cœur de notre quotidien, de nos usages, de notre mobilité, de notre manière de vivre la ville ensemble.
Car aujourd’hui, en effet, nous célébrons ceux qui font, mais aussi et surtout ce qu’ils font, et là aussi, dans de très nombreuses applications et aboutissements.
En France, on ne qualifie pas le design, comme le font les pays anglo-saxons. C’est un tort.
On parle de design, sans considérer l’ensemble des champs que cette discipline embrasse.
Je veux dire ici combien mon ministère est attaché à promouvoir tous les designs : le design textile, le design graphique, le design numérique, le design industriel, le design d’objet, le design de service pour mieux nous accompagner à l’école, à l’hôpital, dans notre mobilité et dans notre communication, matérielle et virtuelle. Il est avant tout attaché à défendre le design d’auteur, ce design qui pour moi innerve l’ensemble de ces champs, de l’industrie à l’atelier, de l’école à l’éditeur, de la galerie au musée, du dessin à l’usage.
Le design, les designs, sont des métiers de projet et des métiers de progrès.
Et bien, mesdames et messieurs, je crois que Designer’s Days, devenu D’Days, et dont le lancement nous réunit ce soir, dit bien tout cela.
C’est pour cela que je tenais à en ouvrir la 13ème édition, dont le projet, fidèle aux origines de la manifestation, ambitionne d’être cette plate-forme extrêmement riche, ce lieu d’expression et de débat qui montre la vitalité de cette discipline.
Nous ne serions pas là, tous réunis ce soir, si, il y a maintenant 12 ans, Alain Lardet n’avait pas imaginé de réunir et de fédérer un noyau de missionnaires en créant l’association Designer’s Days, fidèle à l’engagement d’une vie pour le design et fidèle aux enseignements de Claude Lévy-Soussan, une de ses inspiratrices.
Cher Alain Lardet, au nom de toute notre assemblée, je vous exprime ma profonde reconnaissance pour avoir inventé cela, l’avoir fait prospérer au travers de 12 ans d’investissement continu et personnel.
Vous avez souhaité passer le relais, ce qui vous honore, à une nouvelle équipe, qui, je crois, déploie toute son énergie pour assumer cet important héritage et l’emmener encore plus loin.
J’en veux pour preuve que beaucoup de nouveautés s’invitent dans la programmation de cette édition, comme :
- l’ouverture d’un parcours de studios de designers, permettant au public de découvrir leur environnement de travail et d’inspiration ;
- un programme de débats, au nombre de 12, en complément de la table ronde inaugurale animée et conçue par Chantal Hamaide ;
- des lieux dont la programmation est produite par DDays directement, 3 à Paris (le Passage de Retz, le Bastille design Center, et le Slott Lab) et 2 à Pantin (le Centre national de la Danse, La dynamo) où se croisent des propositions diverses sur les design d’aujourd’hui ;
- l’implantation physique du design dans les rues de Paris et de Pantin, comme ce champ de lin à nos pieds face au Louvre ou l’audacieuse opération graphique l’Ecole Estienne.
Designer’s Days affirme enfin sa dimension de festival national, en y invitant des initiatives pertinentes sur le territoire, de Lille design à Design Parade à Hyères, en passant par le MAMO à la Cité radieuse et sa dimension internationale, en conviant l’Argentine, Taïwan, l’Inde, La Hollande, la Suisse, le Danemark , la Suède, le Japon, la Corée, Israël et bien sûr l’Italie, un des berceaux du design européen.
Je voudrais maintenant vous redire combien la question de l’économie du design et de son enseignement est au cœur de mes préoccupations et de celles que je partage avec Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif et Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales. Car j’ai l’intime conviction que le design et les designers peuvent jouer un rôle essentiel dans la qualité de notre cadre de vie quotidien et dans la relance de notre économie.
Nous travaillons, comme je l’ai annoncé lors des 30 ans de l’ENSCI et à Saint Etienne à :
1. Conforter le statut social du designer
2. Renforcer la synergie entre les modes de formation pour accroître leur pertinence et leur lisibilité au plan international.
3. Inscrire le design comme discipline à part entière de la recherche et du développement dans les entreprises
1. Nous rendrons très prochainement la position du gouvernement sur les propositions que formule la mission de l’Inspection Générale des Affaires Culturelles et de l’Inspection Générale des Affaires Sociales que nous avons mandatée sur le sujet essentiel du régime social des artistes-auteurs et qui doit nous remettre son rapport le 13 juin prochain.
La défense de la création, de sa juste rémunération, de sa protection artistique et sociale est une des raisons d’être de ce ministère. Il sera à la hauteur de ce que l’on peut attendre de lui dans ce domaine.
2. L’attention portée à la jeunesse, à son éducation artistique, à la formation et à la transmission des savoirs est un engagement du Président de la République. C’est un devoir pour nous d’aboutir à valoriser la force de ce réseau d’enseignement du design, partagé entre l’État, les villes et les différents échelons territoriaux. Vous pouvez là encore compter sur mon engagement personnel, tant je pense que ce secteur et son enseignement de très grande qualité en France, est une force pour s’engager résolument dans une sortie de crise.
3. La diffusion du design dans les entreprises est un autre sujet sur lequel nous travaillons avec Arnaud Montebourg. Nous avons lancé en mars dernier les « rendez-vous du design », pour favoriser les débats et les rencontres entre les designers et les chefs d’entreprise. Les attentes sont très fortes. Nous souhaitons y répondre, d’autant plus que, comme je l’ai souligné, le potentiel est important. Nous avons donc décidé de créer une mission design que nous confierons à Alain Cadix, qui comme vous le savez, a été le directeur de l’ENSCI, sur laquelle nous assurons une cotutelle Arnaud Montebourg et moi. Cette mission sera un dispositif souple et transversal capable de nous faire des propositions concrètes en particulier sur la diffusion du design dans les entreprises. Elle s’appuiera sur un collège de designers, une forme de think tank d’une vingtaine de designers d’origines diverses, et sur les réflexions issues des débats qu’elle organisera avec les acteurs du design. Nous en attendons des résultats concrets de nature à faire naître en France une véritable culture du design chez les décideurs économiques en particulier.
Célébrons aujourd’hui le design comme outil culturel, créatif et économique d’un demain meilleur, puisque c’est le thème de cette édition 2013 de Ddays.
Célébrons aujourd’hui le festival DDays, qui comme le martèle inlassablement son équipe doit être le Festival d’Avignon du Design, un lieu de circulation de la création et de rencontre des acteurs du secteur.
Célébrons la force de la création qui fait l’identité incontestée de la France, de Paris et aujourd’hui de Pantin.
Je souhaite longue vie aux DDays, leur confirme le soutien plein et entier de mon ministère dans la voie du développement de ses actions, aux côtés de la Ville de Paris et désormais de la communauté d'agglomération « Est Ensemble », et vous invite à découvrir ses contenus, à commencer par l’exposition du Mobilier National, nouveau membre de l’association Ddays, invité dans les vitrines du ministère de la Culture et de la Communication qui nous démontre combien le design d’aujourd’hui puise ses fondements dans notre histoire des formes.
A tous et toutes, merci.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 7 juin 2013