Texte intégral
Monsieur le Président de la FEGAPEI, Guy Hagège
Mesdames, Messieurs,
Que serons-nous dans 10 ans ? En lisant le programme des deux journées que vous organisez et auxquelles je vous remercie de m'inviter je crois que nous pouvons nous rejoindre sur un certain nombre de réponses. Ou plus exactement nous rejoindre autour d'une volonté commune car, chacun à sa place, nous sommes moins là pour décrire une situation que pour la faire advenir.
Dans dix ans, nous serons plus vieux. Enfin, nous vivrons plus vieux. Et parmi nous, les personnes handicapées vivront également plus longtemps. C'est une excellente nouvelle qui n'est pas sans conséquence.
D'une part, les effets du vieillissement se manifestent chez les personnes handicapées de manière précoce, parfois dès la quarantaine.
D'autre part, le vieillissement a tendance chez la personne handicapée à aggraver les déficiences existantes, en plus de charrier son lot habituel de désagréments, comme une plus grande fatigue, une plus grande vulnérabilité à la maladie, des difficultés fonctionnelles...
C'est pourquoi, avec Michèle Delaunay, nous avons jugé qu'il était utile et important de mettre en place un groupe de travail dédié au vieillissement des personnes handicapées. Des réflexions et des actions ont déjà été menées sur ce sujet. Désormais, l'enjeu est de fédérer les énergies, de rassembler les connaissances, et de diffuser les bonnes pratiques, dans le cadre d'un plan cohérent. Un plan pour adapter l'accueil en établissement et la prise en charge à domicile, pour soutenir les professionnels et les aidants, pour mieux repérer et anticiper les risques induits par ce vieillissement. Avec pour ambition de permettre à la personne handicapée de rester dans son milieu de vie aussi longtemps qu'elle le peut, si elle le veut.
Patrick Gohet interviendra cet après-midi ; il vous parlera certainement de la mission qui lui a été confiée. Je le salue.
Dans dix ans, les personnes handicapées seront mieux soignées.
Actuellement, elles sont trop souvent oubliées des actions de prévention et de santé publique. Elles ont par ailleurs plus de difficultés que les autres à bénéficier de soins courants : soins bucco-dentaires, la gynécologie, l'ophtalmologie, l'orthodontie, etc Bien souvent, c'est à l'hôpital que ces soins, pourtant simples, doivent être réalisés. Et parfois en urgence, avec toutes les difficultés que cela engendre, pour les personnes handicapées, leur entourage et aussi le personnel soignant.
Et au final, les personnes handicapées sont plus exposées que la population générale, non seulement du fait de leur handicap qui les prédispose à un risque plus élevé, mais également du fait d'une prise en charge parfois insuffisante ou inadéquate.
Je veillerai donc, en lien avec Marisol Touraine, à ce que les besoins des personnes handicapées soient pleinement intégrés dans les réformes à venir de notre système de santé. L'évolution des pratiques des professionnels de santé comme l'amélioration du lien entre secteurs sanitaire et médico-social sont des clés de la meilleure prise en charge des personnes handicapées.
J'ai confié, dès ma prise de fonction, une mission à Monsieur Pascal Jacob. J'attends son rapport le mois prochain. Lui aussi interviendra aujourd'hui, donc je n'insiste pas sur ce point mais je le salue à son tour.
Dans dix ans, 6 % des travailleurs en emploi seront des travailleurs handicapés.
Nous avons intégré des dispositions particulières aux emplois d'avenir et aux contrats de génération afin de faciliter l'insertion et le maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés. Ces deux sujets, et aussi celui de la formation professionnelle seront au coeur de la négociation interprofessionnelle que nous voulons initier avec Michel Sapin à l'automne prochain.
Dans 10 ans, nos villes seront accessibles.
Parce que nous aurons conservé l'échéance de 2015, nous aurons considérablement avancé dans la mise en accessibilité des établissements accueillant du public. J'ai mobilisé les préfets suite au rapport de la sénatrice Claire-Lise Campion pour qu'avec pragmatisme et détermination, nous fassions en sorte de reprendre en main un chantier qui avait été laissé à l'abandon.
Dans 10 ans, nous dépisterons dès les 18 mois de l'enfant les troubles du comportement et offriront des solutions appropriées aux personnes autistes et à leurs familles.
J'ai annoncé le 2 avril, journée mondiale de l'autisme, les grands axes du 3è plan autisme : le diagnostic précoce, l'accompagnement tout au long de la vie, le soutien aux familles, la recherche et la formation. J'en donnerai le détail ces prochains jours. Le secteur médico-social devra notamment intégrer les bonnes pratiques identifiées par la Haute Autorité de Santé et l'ANESM.
Dans 10 ans, le secteur médico-social sera renforcé.
Depuis plusieurs années, les salaires ont tendance à stagner, provoquant un « décrochage » des salaires du secteur par rapport à l'inflation, et à la moyenne des salaires des secteurs public et privé. J'ai voulu adresser un message aux professionnels du secteur qui effectuent un travail remarquable : en 2013, les moyens accordés aux structures existantes, notamment pour la revalorisation de la masse salariale, seront en nette augmentation.
Par ailleurs, il m'a semblé important d'assurer la mise en oeuvre du plan de création de places à travers la création de 3000 places en 2013 dans les établissements et services médico-sociaux. Ces 3000 places permettront de répondre à des besoins aussi essentiels que le handicap psychique, le polyhandicap ou l'autisme.
Participer à l'effort national de redressement de nos comptes publics est une nécessité. Le faire dans la justice, l'est tout autant. Il faudra résoudre la même équation pour le budget 2014, dans un contexte financier difficile.
La consolidation du secteur médico-social passe aussi par une réforme de la tarification. C'est un enjeu de premier ordre. Nous devons aller vers plus d'équité, plus d'efficacité et plus de simplicité. J'ai porté cette question le 2 avril lors du conseil interministériel de la modernisation de l'action publique ; hier, s'est réuni un premier comité de pilotage pour que nous arrêtions une stratégie et un plan d'action. Là encore, c'est un sujet que vous aborderez au cours de ce congrès et je m'en félicite car c'est un sujet d'intérêt commun, auquel toutes les parties prenantes doivent apporter leur contribution.
Dans 10 ans, nous serons passés d'une logique de dispositif à une logique de parcours.
Par la formation des acteurs, par l'amélioration de notre connaissance des besoins, par la transformation de l'offre existante, nous permettrons à chaque personne handicapée de réaliser son projet de vie. Pour cela, nous jetterons de plus en plus de ponts entre le médical et le médico-social, entre le médico-social et le milieu ordinaire. Il ne s'agit pas d'opposer ces différents secteurs mais de les décloisonner pour que des coopérations s'établissement : entre hôpitaux et établissements médico-sociaux, entre éducation « spéciale » et éducation ordinaire, entre emploi protégé et emploi ordinaire, entre accueil en établissement et prise en charge à domicile . Cette coopération est au coeur de la logique de parcours que nous devons, collectivement, nous donner comme ambition.
Dans 10 ans, le handicap sera une différence comme une autre.
Nous vivons dans une société de la différence. L'autonomie, l'originalité personnelle, l'épanouissement de nos sensibilités, sont nos aspirations les mieux partagées. La variété des opinions, des origines, des cultures, des sexualités, des styles de vie est notre lot commun.
La société résiste à considérer le handicap comme une dimension supplémentaire de ce qui fait notre diversité. Je veux qu'à travers toutes les actions que nous engageons, mais aussi à travers nos comportements quotidiens, et à travers nos mots, nous changions le regard de la société sur le handicap.
Je veux dans 10 ans vivre dans une société où les différences ne seront pas autant de justifications à la stigmatisation, à la discrimination, mais le signe d'une République ouverte et confiante.
Si vous avez choisi de vous projeter 10 années plus loin, c'est que vous avez conscience que pour parvenir à cette République de la confiance, deux quinquennats seront nécessaires
Ce qui est certain, c'est que cet exercice de prospective montre le chemin qui reste à parcourir ; il montre aussi que tous les chantiers sont déjà engagés.
Ces orientations seront confirmées et complétées à l'occasion du Comité Interministériel du Handicap qui se tiendra en juin. Ce rendez-vous traduit l'engagement volontaire du Gouvernement, de tout le Gouvernement, pour l'intégration des personnes handicapées dans l'ensemble des dimensions de la vie sociale.
Car ce qui se passera dans 10 ans, c'est ce que nous construisons aujourd'hui. Ensemble.
Je vous remercie.Source http://www.fegapei.fr, le 5 juin 2013
Mesdames, Messieurs,
Que serons-nous dans 10 ans ? En lisant le programme des deux journées que vous organisez et auxquelles je vous remercie de m'inviter je crois que nous pouvons nous rejoindre sur un certain nombre de réponses. Ou plus exactement nous rejoindre autour d'une volonté commune car, chacun à sa place, nous sommes moins là pour décrire une situation que pour la faire advenir.
Dans dix ans, nous serons plus vieux. Enfin, nous vivrons plus vieux. Et parmi nous, les personnes handicapées vivront également plus longtemps. C'est une excellente nouvelle qui n'est pas sans conséquence.
D'une part, les effets du vieillissement se manifestent chez les personnes handicapées de manière précoce, parfois dès la quarantaine.
D'autre part, le vieillissement a tendance chez la personne handicapée à aggraver les déficiences existantes, en plus de charrier son lot habituel de désagréments, comme une plus grande fatigue, une plus grande vulnérabilité à la maladie, des difficultés fonctionnelles...
C'est pourquoi, avec Michèle Delaunay, nous avons jugé qu'il était utile et important de mettre en place un groupe de travail dédié au vieillissement des personnes handicapées. Des réflexions et des actions ont déjà été menées sur ce sujet. Désormais, l'enjeu est de fédérer les énergies, de rassembler les connaissances, et de diffuser les bonnes pratiques, dans le cadre d'un plan cohérent. Un plan pour adapter l'accueil en établissement et la prise en charge à domicile, pour soutenir les professionnels et les aidants, pour mieux repérer et anticiper les risques induits par ce vieillissement. Avec pour ambition de permettre à la personne handicapée de rester dans son milieu de vie aussi longtemps qu'elle le peut, si elle le veut.
Patrick Gohet interviendra cet après-midi ; il vous parlera certainement de la mission qui lui a été confiée. Je le salue.
Dans dix ans, les personnes handicapées seront mieux soignées.
Actuellement, elles sont trop souvent oubliées des actions de prévention et de santé publique. Elles ont par ailleurs plus de difficultés que les autres à bénéficier de soins courants : soins bucco-dentaires, la gynécologie, l'ophtalmologie, l'orthodontie, etc Bien souvent, c'est à l'hôpital que ces soins, pourtant simples, doivent être réalisés. Et parfois en urgence, avec toutes les difficultés que cela engendre, pour les personnes handicapées, leur entourage et aussi le personnel soignant.
Et au final, les personnes handicapées sont plus exposées que la population générale, non seulement du fait de leur handicap qui les prédispose à un risque plus élevé, mais également du fait d'une prise en charge parfois insuffisante ou inadéquate.
Je veillerai donc, en lien avec Marisol Touraine, à ce que les besoins des personnes handicapées soient pleinement intégrés dans les réformes à venir de notre système de santé. L'évolution des pratiques des professionnels de santé comme l'amélioration du lien entre secteurs sanitaire et médico-social sont des clés de la meilleure prise en charge des personnes handicapées.
J'ai confié, dès ma prise de fonction, une mission à Monsieur Pascal Jacob. J'attends son rapport le mois prochain. Lui aussi interviendra aujourd'hui, donc je n'insiste pas sur ce point mais je le salue à son tour.
Dans dix ans, 6 % des travailleurs en emploi seront des travailleurs handicapés.
Nous avons intégré des dispositions particulières aux emplois d'avenir et aux contrats de génération afin de faciliter l'insertion et le maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés. Ces deux sujets, et aussi celui de la formation professionnelle seront au coeur de la négociation interprofessionnelle que nous voulons initier avec Michel Sapin à l'automne prochain.
Dans 10 ans, nos villes seront accessibles.
Parce que nous aurons conservé l'échéance de 2015, nous aurons considérablement avancé dans la mise en accessibilité des établissements accueillant du public. J'ai mobilisé les préfets suite au rapport de la sénatrice Claire-Lise Campion pour qu'avec pragmatisme et détermination, nous fassions en sorte de reprendre en main un chantier qui avait été laissé à l'abandon.
Dans 10 ans, nous dépisterons dès les 18 mois de l'enfant les troubles du comportement et offriront des solutions appropriées aux personnes autistes et à leurs familles.
J'ai annoncé le 2 avril, journée mondiale de l'autisme, les grands axes du 3è plan autisme : le diagnostic précoce, l'accompagnement tout au long de la vie, le soutien aux familles, la recherche et la formation. J'en donnerai le détail ces prochains jours. Le secteur médico-social devra notamment intégrer les bonnes pratiques identifiées par la Haute Autorité de Santé et l'ANESM.
Dans 10 ans, le secteur médico-social sera renforcé.
Depuis plusieurs années, les salaires ont tendance à stagner, provoquant un « décrochage » des salaires du secteur par rapport à l'inflation, et à la moyenne des salaires des secteurs public et privé. J'ai voulu adresser un message aux professionnels du secteur qui effectuent un travail remarquable : en 2013, les moyens accordés aux structures existantes, notamment pour la revalorisation de la masse salariale, seront en nette augmentation.
Par ailleurs, il m'a semblé important d'assurer la mise en oeuvre du plan de création de places à travers la création de 3000 places en 2013 dans les établissements et services médico-sociaux. Ces 3000 places permettront de répondre à des besoins aussi essentiels que le handicap psychique, le polyhandicap ou l'autisme.
Participer à l'effort national de redressement de nos comptes publics est une nécessité. Le faire dans la justice, l'est tout autant. Il faudra résoudre la même équation pour le budget 2014, dans un contexte financier difficile.
La consolidation du secteur médico-social passe aussi par une réforme de la tarification. C'est un enjeu de premier ordre. Nous devons aller vers plus d'équité, plus d'efficacité et plus de simplicité. J'ai porté cette question le 2 avril lors du conseil interministériel de la modernisation de l'action publique ; hier, s'est réuni un premier comité de pilotage pour que nous arrêtions une stratégie et un plan d'action. Là encore, c'est un sujet que vous aborderez au cours de ce congrès et je m'en félicite car c'est un sujet d'intérêt commun, auquel toutes les parties prenantes doivent apporter leur contribution.
Dans 10 ans, nous serons passés d'une logique de dispositif à une logique de parcours.
Par la formation des acteurs, par l'amélioration de notre connaissance des besoins, par la transformation de l'offre existante, nous permettrons à chaque personne handicapée de réaliser son projet de vie. Pour cela, nous jetterons de plus en plus de ponts entre le médical et le médico-social, entre le médico-social et le milieu ordinaire. Il ne s'agit pas d'opposer ces différents secteurs mais de les décloisonner pour que des coopérations s'établissement : entre hôpitaux et établissements médico-sociaux, entre éducation « spéciale » et éducation ordinaire, entre emploi protégé et emploi ordinaire, entre accueil en établissement et prise en charge à domicile . Cette coopération est au coeur de la logique de parcours que nous devons, collectivement, nous donner comme ambition.
Dans 10 ans, le handicap sera une différence comme une autre.
Nous vivons dans une société de la différence. L'autonomie, l'originalité personnelle, l'épanouissement de nos sensibilités, sont nos aspirations les mieux partagées. La variété des opinions, des origines, des cultures, des sexualités, des styles de vie est notre lot commun.
La société résiste à considérer le handicap comme une dimension supplémentaire de ce qui fait notre diversité. Je veux qu'à travers toutes les actions que nous engageons, mais aussi à travers nos comportements quotidiens, et à travers nos mots, nous changions le regard de la société sur le handicap.
Je veux dans 10 ans vivre dans une société où les différences ne seront pas autant de justifications à la stigmatisation, à la discrimination, mais le signe d'une République ouverte et confiante.
Si vous avez choisi de vous projeter 10 années plus loin, c'est que vous avez conscience que pour parvenir à cette République de la confiance, deux quinquennats seront nécessaires
Ce qui est certain, c'est que cet exercice de prospective montre le chemin qui reste à parcourir ; il montre aussi que tous les chantiers sont déjà engagés.
Ces orientations seront confirmées et complétées à l'occasion du Comité Interministériel du Handicap qui se tiendra en juin. Ce rendez-vous traduit l'engagement volontaire du Gouvernement, de tout le Gouvernement, pour l'intégration des personnes handicapées dans l'ensemble des dimensions de la vie sociale.
Car ce qui se passera dans 10 ans, c'est ce que nous construisons aujourd'hui. Ensemble.
Je vous remercie.Source http://www.fegapei.fr, le 5 juin 2013