Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, en réponse à une question sur le calendrier et la méthode choisis par le Gouvernement pour mener à bien la réforme des retraites, à l'Assemblée nationale le 5 juin 2013.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Alain Claeys, député (groupe Socialiste, Républicain et Citoyen - SRC) de la Vienne, à l'Assemblée nationale le 5 juin 2013

Texte intégral

Merci Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député, Alain Claeys,


Vous avez raison, les Français attachés au système de retraite par répartition, sont préoccupés de l'avenir de ce système de retraite. Et je les comprends.

Il y a les retraités d'aujourd'hui, qui veulent voir leur pension garantie. Il y a les jeunes qui aujourd'hui sont en activité et commencent à cotiser, et qui se demandent si cette cotisation sera utile pour avoir une retraite digne et juste. Et puis il y a ceux qui ne travaillent pas encore et qui s'interrogent aussi sur l'avenir de la retraite.

Alors c'est bien le défi qui est devant nous. Et malheureusement, ce qui renforce la préoccupation, c'est qu'en 2003 il y a eu une réforme des retraites, qui devait tout régler. Il y en a eu une autre en 2010, qui devait tout régler. Et malheureusement les problèmes sont là encore. Non seulement les problèmes financiers ne sont pas réglés - 20 milliards de déficit à l'horizon 2020, et il faudra bien payer les retraites -, et en même temps les inégalités face à la retraite se sont creusées, pour les femmes, pour les poly-pensionnés, ceux qui ont eu de multiples carrières, ceux qui ont fait des études longues.

Et je crois qu'aujourd'hui il n'est plus possible de dire aux retraités, qui aujourd'hui attendent de percevoir leur retraite et qui souhaitent que cette retraite soit garantie, - comme il n'est pas non plus acceptable pour les jeunes - : votre retraite sera payée par emprunt, sera payée par la dette. C'est la situation dans laquelle nous sommes. Situation que, mesdames et messieurs les députés de la droite vous avez acceptée fin 2012, en prolongeant la durée d'amortissement de la caisse de la dette sociale de quatre ans.

Il faut tourner cette page, il faut arrêter de faire payer par la dette le régime par répartition qui est au cœur du système social français.

Alors il y a une méthode : après les deux rapports du Conseil d'orientation des retraites, la commission Moreau doit présenter des hypothèses de solutions. Elles seront multiples. Il appartiendra au Gouvernement de choisir celle qui leur paraîtra à la fois la plus efficace, la plus durable et la plus juste. Mais avant, il y a des rendez-vous. Le premier rendez-vous c'est la conférence sociale des 20 et 21 juin.

Il y aura une table-ronde spécialement consacrée aux retraites. Les partenaires sociaux, les représentants de la fonction publique, débattront et discuteront des meilleures réponses, des meilleures solutions. Et ensuite la concertation se poursuivra. Il n'y aura pas de décision comme en 2010, en plein cœur de l'été, j'en prends l'engagement. Ce n'est qu'après l'été, après la concertation qui se sera poursuivie, que le Gouvernement dira la ligne qui est la sienne. Et le Parlement sera saisi pour prendre ses responsabilités.

L'objectif il est clair : maîtriser les déficits, c'est l'intérêt des retraités d'aujourd'hui et de demain, mais en même temps corriger les inégalités et les injustices, ne pas déstabiliser ce qui existe déjà et qui marche aussi bien dans le privé que dans le public. Et puis enfin, garantir dans la durée un système qui fasse que les retraites soient accordées à tous, tous les Français d'aujourd'hui, tous les Français de demain. C'est le modèle social français.

Nous avons montré comment nous étions capables de le réformer sans perdre son âme et son identité. Je suis sûr que pour les retraites, nous procéderons de la même façon, dans le respect des partenaires sociaux, dans le respect du sens des responsabilités et aussi dans la justice.