Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la région Rhône-Alpes Jean-Jack QUEYRANNE, votre ami, vous a remis le rapport que vous lui avez demandé pour rénover le millefeuille de six mille aides publiques accordées aux entreprises, cent dix milliards par an. Et il vous propose, avec la petite équipe qui a travaillé sur ce rapport, déconomiser trois milliards en deux ans pour les réorienter vers la compétitivité. Trois milliards, je pense que cest bon à récupérer, non ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ce nest pas quune approche financière ou budgétaire, même si nous avons besoin de faire des économies et de limiter, diminuer les dépenses publiques. Parce que tout ce quon néconomise pas, il faudra le prendre en impôts, cest donc épargner la sueur de nos contribuables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc trois milliards, cest bon.
ARNAUD MONTEBOURG
En tous cas, cest un format ambitieux et ce qui est intéressant dans le rapport de monsieur QUEYRANNE, qui était adjoint de monsieur JURGENSEN, un inspecteur des finances, et dun chef dentreprise, le directeur général de SOMFY, monsieur DEMAËL
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils étaient trois.
ARNAUD MONTEBOURG
Ce qui est intéressant, cest quil pense quil y a des aides quil faut conforter, qui ne sont pas suffisantes. Donc il y a des aides performantes et des aides qui ne le sont pas. Ils ont fait le tri.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce qui ne va pas, on va le dire. Ils disent quil faut augmenter le taux qui a été réduit du gazole pour les BTP, les agriculteurs, les routiers, les taxis. Est-ce que vous êtes prêt à le décider, ça ?
ARNAUD MONTEBOURG
On va en discuter avec les professionnels déjà, pour voir, parce quil y a taxi et taxi. Il y a des taxis qui sont en difficulté et donc ce sera une perte de revenus qui risque dêtre fatale. Puis pour dautres, les grandes compagnies, je ne pense pas que ce soit nécessaire. On peut peut-être moduler. Et dailleurs, lapproche du rapport et des rapporteurs, ce nest pas le rabot, vous savez, on coupe des têtes, cest une modulation. Cest assez intelligent comme proposition et ils arrivent quand même à trois milliards en étant intelligent et en respectant léconomie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Jack QUEYRANNE vous propose aussi de revoir à la baisse les aides avantageuses accordées aux débitants de tabac.
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, il constate quil y a plus dargent mis pour aider les débitants, c'est-à-dire une profession, et il y a de gros débitants de tabac qui sen sortent très bien et dont les revenus ont augmenté dans des proportions importantes ces dernières années, et dautres dans le milieu rural qui sont en difficulté, donc il propose une modulation. Mais on met plus dargent sur les débitants de tabac que sur les pôles de compétitivité industrielle et dinnovation technologique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Anormal, ce nest pas normal.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest ce quils disent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il y a des niches à raboter. Puis ils ajoutent quil y a des coûts de gestion qui sont énormes. Par exemple, je lis que dans les collectivités locales, il y a quinze mille personnes qui sont payées, disent-ils, par le contribuable soi-disant pour soutenir des entreprises et que ça fait sept cent millions deuros par an. Ce nest pas beaucoup, ça ?
ARNAUD MONTEBOURG
C'est exact. Il y a cent dix agences de développement sur le territoire qui se battent pour accueillir des investisseurs. Dailleurs dans mon département, quand jétais président du département de Saône-et-Loire, il y en avait sept. Jai supprimé les subventions parce quelles narrivaient pas à fusionner et à se mettre daccord. Donc il y a quand même un travail à faire sur le territoire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites que vous allez récupérer au moins deux milliards.
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, nous sommes sur une approche, monsieur ELKABBACH, très courageuse et ambitieuse parce que la baisse de la dépense publique est un objectif partagé par les Français et le gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous ne me dites pas cest trois milliards, ce sera deux milliards à récupérer mais il y en aura.
ARNAUD MONTEBOURG
Le plus possible !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien ! Enfin, très bien Demain très tôt, le président de la République ouvre la conférence sociale. Vous, vous allez présider, Arnaud MONTEBOURG, une table ronde qui doit anticiper les emplois du futur et développer les relais de croissance de demain, ce quon appelle les filières. Est-ce quon peut prendre des exemples ? Parce que Laurent BERGER vous demande dans quels secteurs vous allez investir.
ARNAUD MONTEBOURG
Nous sommes en train de préparer une trentaine de plans industriels comme à la grande époque du Pompidolisme, du Gaullisme ou du Mitterrandisme, lorsque les présidents de la République ont engagé la Nation, leurs ressources, leurs hommes, leurs technologies, leurs idées autour de grands plans industriels qui dailleurs, cest grâce à eux quaujourd'hui on est encore leaders mondiaux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y avait de la croissance. Il y avait de la croissance.
ARNAUD MONTEBOURG
Certes, mais cest grâce à eux que nous avons quand même des secteurs qui sont leaders mondiaux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple ?
ARNAUD MONTEBOURG
On naurait pas AIRBUS si AIRBUS navait pas fait lobjet dun programme politiquement soutenu pendant trente ans.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple des filières ?
ARNAUD MONTEBOURG
Par exemple la voiture sans chauffeur. Cest un objectif technologique, c'est-à-dire des voitures qui fonctionnent finalement sans conducteur, ce qui permet de gagner du temps
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah bon ? Il y avait les avions sans chauffeur, maintenant il y a
ARNAUD MONTEBOURG
Non. Non, non. Il y a les métros sans chauffeur mais il ny a pas de voiture sans chauffeur ni davion sans chauffeur. Ça, ce sont des Drones et il ny a pas de passager dans ces cas-là. Cest préférable. Donc nous avons des objectifs technologiques, vous connaissez le véhicule 2 litres, vous connaissez le TGV du futur qui va transporter pour moins dénergie beaucoup plus de passagers, nous avons un programme imaginé dans les Drones, les dirigeables
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quoi, les Drones ?
ARNAUD MONTEBOURG
Les Drones civils par exemple.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dobservation.
ARNAUD MONTEBOURG
Dobservation, danalyse, cest une sorte de prélèvement des informations et des renseignements sur le sol dans des usages la santé, lagriculture, un certain nombre de domaines.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous parlez de dirigeable : ça, cest pour nous faire rêver et nous dire quon est dans le Jules Verne.
ARNAUD MONTEBOURG
Non, parce que beaucoup de pays sont en train de réinvestir dans le transport à hydrogène à très haute altitude, la surveillance militaire dans un cas et pour le civil, cest le transport de fret jusquà plusieurs centaines de tonnes, ce qui est assez impressionnant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a des projets, il y a investir, mais comment vous les financez ces projets ? pas seulement avec la Banque Publique d'Investissement, elle est déjà paralysée par ses querelles internes. Je lisais dans LExpress que sur les treize membres du grand conseil dadministration, il y a combien dénarques sur les treize à votre avis ?
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, la Banque Publique d'Investissement
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a combien dénarques ? Combien dénarques ?
ARNAUD MONTEBOURG
Elle nest pas paralysée dans son fonctionnement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a onze énarques sur treize !
ARNAUD MONTEBOURG
Daccord. Daccord, on peut faire face aux énarques, on nen est pas encore là dans notre pays
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Enfin voilà, ce sont les meilleurs entrepreneurs !
ARNAUD MONTEBOURG
Simplement, nous avons une Banque Publique d'Investissement qui nest pas chargée de financer les grands programmes technologiques. Ça, cest plutôt le grand emprunt, nous avons redéployé les sommes du grand emprunt parce que c'est un programme qui est très utile, et nous souhaitons dailleurs létendre. Avec cet argent et y compris de largent privé, de largent européen, nous souhaitons mobiliser plusieurs milliards sur les grands programmes technologiques et il y a des emplois à la clef. Par exemple, savez-vous que dans laéronautique lannée dernière, il y a eu treize mille embauches et il y a aujourd'hui dans ce secteur des emplois qui ne sont pas pourvus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, avec Michel SAPIN je suppose que vous allez essayer de trouver qui recruter pour les secteurs en demande.
ARNAUD MONTEBOURG
Vous avez des secteurs en baisse comme lautomobile parce quil y a des chutes de marché de moins quinze, moins vingt pourcents, et des secteurs en hausse comme laéronautique. Nous voudrions faire passer, aider les salariés sans drame et en anticipant à passer de lun à lautre en les formant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Arnaud MONTEBOURG, votre slogan à la mode cest relocaliser. Mesdames et Messieurs les industriels, revenez ! Revenez chez vous ! Est-ce quils reviennent ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, il y a des grandes marques familières des Français ATOL, SMOBY, L'ORÉAL, MECCANO, KINDY, EMINENCE qui relocalisent en France et nous avons décidé de mettre un coup daccélérateur. C'est-à-dire à partir de lexpérience, ils font la démonstration que cest possible de recalculer leurs coûts de production. Les salaires en Chine augmentent de vingt pourcents, le prix de lénergie et du transport explose, et donc en recalculant leurs coûts de production, ils saperçoivent que la France est attractive.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais à condition que les industriels étrangers qui veulent investir en France et qui reviennent trouvent une énergie pas chère. Ça veut dire quil ne faut pas fermer tout de suite les centrales nucléaires, ça peut attendre, ou travailler dans le gaz de schiste.
ARNAUD MONTEBOURG
Le débat de la transition énergétique a pour objectif déviter laugmentation des prix pour les industries intensives.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, donc
ARNAUD MONTEBOURG
Je voudrais juste vous dire que la France est la première destination des projets industriels européens, la première destination des projets en recherche développement en Europe et la première destination des investissements américains en Europe. Donc on peut toujours taper sur notre pays, mais nempêche quon a des atouts qui sont indestructibles. Nous voulons les amplifier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Auparavant, vous recommandiez de démondialiser et maintenant vous poussez à relocaliser. En fait, avec deux mots différents vous dites la même chose. Relocaliser, cest démondialiser.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest exactement ça, dailleurs je vous remercie de noter que je suis fidèle à mes convictions et à mes engagements personnels, et quun gouvernement qui aujourd'hui est volontariste, desprit colbertiste, qui décide en effet de défendre sa base industrielle en faisant lalliance des forces productives les travailleurs, les industriels, les créateurs, les entrepreneurs est capable aujourd'hui de relocaliser de la matière productive et industrielle
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous navez pas changé mais vous faites peut-être moins de promesses et moins déclat quavant, comme si vous étiez devenu un peu plus prudent avec la réalité.
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce nest pas une attaque.
ARNAUD MONTEBOURG
Non, non, jai compris que ce nétait pas une attaque, cest juste une allusion un peu désagréable mais je la prends agréablement. Je veux juste vous dire que je ne fais pas de promesse. C'est une lutte, la lutte pour défendre la base industrielle France. C'est une lutte, tous les Français sont concernés. C'est une cause nationale et nous devons nous unir pour réussir. Donc quest-ce que nous faisons en effet ? Nous rapprochons avec la montée du made in France dans la tête des consommateurs, mais aussi des producteurs ; nous réconcilions en quelque sorte le consommateur avec ces producteurs parce que tous les Français quand ils vont au supermarché, ils ont envie davoir des PME qui embauchent leurs enfants, ils ont envie de protéger les niveaux de salaire et de protection sociale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
LUnion européenne va déposer avec le Japon aujourd'hui un recours auprès de lOMC contre la Chine qui ne respecte pas les règles de concurrence mondiale. Est-ce quon peut arriver à un compromis sans déclarer une guerre à la Chine qui serait coûteuse en France pour les vins, pour les produits industriels et agricoles et donc pour lemploi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, dabord on constate que la Chine est protectionniste donc c'est normal quon le soit vis-à-vis delle. Ça sappelle la réciprocité : ce que vous me faites, je le fais et après on négocie. Premièrement. Donc, je remercie lUnion européenne davoir commencé à bouger.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est rare.
ARNAUD MONTEBOURG
Nous avons obtenu quatre procédures de protection de nos intérêts industriels : la porcelaine, la céramique, les aciers spéciaux, les équipements télécoms il y a une enquête en cours et dernièrement les panneaux photovoltaïque. Ça bouge. Tant mieux, je lai dit aux commissaires concernés. Mais ça ne suffit pas, lEurope est ouverte à 99,3 pourcents ; le reste du monde est fermé à, jallais dire, cinquante pourcents au minimum. Donc nous sommes quand même la passoire dans la mondialisation aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Alors jallais oublier de vous dire que lindustrie automobile européenne et française, daprès les chiffres qui ont été publiés hier, va mal. Le marché reste mauvais et il paraît quil va empirer. Jécoutais tout à l'heure Éric LE BOUCHER qui dit que les experts prévoient dici à 2020 en Europe une douzaine dusines qui pourraient fermer. RENAULT et PEUGEOT se battent mais ils ne sont pas à la fête et japprends ce matin que GENERAL MOTORS ne projette pas dinvestir davantage dans PSA. Comment vous redressez ? Comment vous les aidez ?
ARNAUD MONTEBOURG
Tout dabord, on les aide tous les jours. Nous avons une stratégie de soutien à nos constructeurs, que ce soient RENAULT ou PSA, qui est une stratégie dailleurs dans le cadre du plan automobile de mutation technologique. Si aujourd'hui il y a une chute du marché automobile, cest à cause de la baisse du pouvoir dachat de tous les Européens, une récession européenne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous pourriez mettre encore du capital ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous nen sommes pas là et ça na pas été demandé. Une chose est sûre : c'est quon a déjà mis sept milliards pour garantir la banque qui permet de faire du crédit à la consommation aux acheteurs dautomobiles PSA-PEUGEOT CITROËN. Ce nest déjà pas mal !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Arnaud MONTEBOURG, en Une du Figaro, et après on sen va, le remaniement séloigne dit Le Figaro. Le remaniement séloigne et les ministres respirent. Vous, vous avez toujours eu une bonne respiration mais est-ce quon ne peut pas dire aux ministres : cest quand la menace séloigne que le péril grandit ?
ARNAUD MONTEBOURG
Enfin, écoutez, dabord ce nest pas un péril.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sauf ceux qui partiraient.
ARNAUD MONTEBOURG
Le sujet du remaniement nest pas un sujet qui intéresse les Français. Ce qui les intéresse, cest quon ait des résultats. Je vous renvoie aux résultats des élections de dimanche dernier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Il faut faire gaffe, quoi.
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois, oui. Oui.
Source : Service d'information du gouvernement, le 20 juin 2013
Le président de la région Rhône-Alpes Jean-Jack QUEYRANNE, votre ami, vous a remis le rapport que vous lui avez demandé pour rénover le millefeuille de six mille aides publiques accordées aux entreprises, cent dix milliards par an. Et il vous propose, avec la petite équipe qui a travaillé sur ce rapport, déconomiser trois milliards en deux ans pour les réorienter vers la compétitivité. Trois milliards, je pense que cest bon à récupérer, non ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ce nest pas quune approche financière ou budgétaire, même si nous avons besoin de faire des économies et de limiter, diminuer les dépenses publiques. Parce que tout ce quon néconomise pas, il faudra le prendre en impôts, cest donc épargner la sueur de nos contribuables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc trois milliards, cest bon.
ARNAUD MONTEBOURG
En tous cas, cest un format ambitieux et ce qui est intéressant dans le rapport de monsieur QUEYRANNE, qui était adjoint de monsieur JURGENSEN, un inspecteur des finances, et dun chef dentreprise, le directeur général de SOMFY, monsieur DEMAËL
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils étaient trois.
ARNAUD MONTEBOURG
Ce qui est intéressant, cest quil pense quil y a des aides quil faut conforter, qui ne sont pas suffisantes. Donc il y a des aides performantes et des aides qui ne le sont pas. Ils ont fait le tri.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce qui ne va pas, on va le dire. Ils disent quil faut augmenter le taux qui a été réduit du gazole pour les BTP, les agriculteurs, les routiers, les taxis. Est-ce que vous êtes prêt à le décider, ça ?
ARNAUD MONTEBOURG
On va en discuter avec les professionnels déjà, pour voir, parce quil y a taxi et taxi. Il y a des taxis qui sont en difficulté et donc ce sera une perte de revenus qui risque dêtre fatale. Puis pour dautres, les grandes compagnies, je ne pense pas que ce soit nécessaire. On peut peut-être moduler. Et dailleurs, lapproche du rapport et des rapporteurs, ce nest pas le rabot, vous savez, on coupe des têtes, cest une modulation. Cest assez intelligent comme proposition et ils arrivent quand même à trois milliards en étant intelligent et en respectant léconomie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Jack QUEYRANNE vous propose aussi de revoir à la baisse les aides avantageuses accordées aux débitants de tabac.
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, il constate quil y a plus dargent mis pour aider les débitants, c'est-à-dire une profession, et il y a de gros débitants de tabac qui sen sortent très bien et dont les revenus ont augmenté dans des proportions importantes ces dernières années, et dautres dans le milieu rural qui sont en difficulté, donc il propose une modulation. Mais on met plus dargent sur les débitants de tabac que sur les pôles de compétitivité industrielle et dinnovation technologique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Anormal, ce nest pas normal.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest ce quils disent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il y a des niches à raboter. Puis ils ajoutent quil y a des coûts de gestion qui sont énormes. Par exemple, je lis que dans les collectivités locales, il y a quinze mille personnes qui sont payées, disent-ils, par le contribuable soi-disant pour soutenir des entreprises et que ça fait sept cent millions deuros par an. Ce nest pas beaucoup, ça ?
ARNAUD MONTEBOURG
C'est exact. Il y a cent dix agences de développement sur le territoire qui se battent pour accueillir des investisseurs. Dailleurs dans mon département, quand jétais président du département de Saône-et-Loire, il y en avait sept. Jai supprimé les subventions parce quelles narrivaient pas à fusionner et à se mettre daccord. Donc il y a quand même un travail à faire sur le territoire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites que vous allez récupérer au moins deux milliards.
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, nous sommes sur une approche, monsieur ELKABBACH, très courageuse et ambitieuse parce que la baisse de la dépense publique est un objectif partagé par les Français et le gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous ne me dites pas cest trois milliards, ce sera deux milliards à récupérer mais il y en aura.
ARNAUD MONTEBOURG
Le plus possible !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien ! Enfin, très bien Demain très tôt, le président de la République ouvre la conférence sociale. Vous, vous allez présider, Arnaud MONTEBOURG, une table ronde qui doit anticiper les emplois du futur et développer les relais de croissance de demain, ce quon appelle les filières. Est-ce quon peut prendre des exemples ? Parce que Laurent BERGER vous demande dans quels secteurs vous allez investir.
ARNAUD MONTEBOURG
Nous sommes en train de préparer une trentaine de plans industriels comme à la grande époque du Pompidolisme, du Gaullisme ou du Mitterrandisme, lorsque les présidents de la République ont engagé la Nation, leurs ressources, leurs hommes, leurs technologies, leurs idées autour de grands plans industriels qui dailleurs, cest grâce à eux quaujourd'hui on est encore leaders mondiaux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y avait de la croissance. Il y avait de la croissance.
ARNAUD MONTEBOURG
Certes, mais cest grâce à eux que nous avons quand même des secteurs qui sont leaders mondiaux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple ?
ARNAUD MONTEBOURG
On naurait pas AIRBUS si AIRBUS navait pas fait lobjet dun programme politiquement soutenu pendant trente ans.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple des filières ?
ARNAUD MONTEBOURG
Par exemple la voiture sans chauffeur. Cest un objectif technologique, c'est-à-dire des voitures qui fonctionnent finalement sans conducteur, ce qui permet de gagner du temps
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah bon ? Il y avait les avions sans chauffeur, maintenant il y a
ARNAUD MONTEBOURG
Non. Non, non. Il y a les métros sans chauffeur mais il ny a pas de voiture sans chauffeur ni davion sans chauffeur. Ça, ce sont des Drones et il ny a pas de passager dans ces cas-là. Cest préférable. Donc nous avons des objectifs technologiques, vous connaissez le véhicule 2 litres, vous connaissez le TGV du futur qui va transporter pour moins dénergie beaucoup plus de passagers, nous avons un programme imaginé dans les Drones, les dirigeables
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quoi, les Drones ?
ARNAUD MONTEBOURG
Les Drones civils par exemple.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dobservation.
ARNAUD MONTEBOURG
Dobservation, danalyse, cest une sorte de prélèvement des informations et des renseignements sur le sol dans des usages la santé, lagriculture, un certain nombre de domaines.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous parlez de dirigeable : ça, cest pour nous faire rêver et nous dire quon est dans le Jules Verne.
ARNAUD MONTEBOURG
Non, parce que beaucoup de pays sont en train de réinvestir dans le transport à hydrogène à très haute altitude, la surveillance militaire dans un cas et pour le civil, cest le transport de fret jusquà plusieurs centaines de tonnes, ce qui est assez impressionnant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a des projets, il y a investir, mais comment vous les financez ces projets ? pas seulement avec la Banque Publique d'Investissement, elle est déjà paralysée par ses querelles internes. Je lisais dans LExpress que sur les treize membres du grand conseil dadministration, il y a combien dénarques sur les treize à votre avis ?
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, la Banque Publique d'Investissement
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a combien dénarques ? Combien dénarques ?
ARNAUD MONTEBOURG
Elle nest pas paralysée dans son fonctionnement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a onze énarques sur treize !
ARNAUD MONTEBOURG
Daccord. Daccord, on peut faire face aux énarques, on nen est pas encore là dans notre pays
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Enfin voilà, ce sont les meilleurs entrepreneurs !
ARNAUD MONTEBOURG
Simplement, nous avons une Banque Publique d'Investissement qui nest pas chargée de financer les grands programmes technologiques. Ça, cest plutôt le grand emprunt, nous avons redéployé les sommes du grand emprunt parce que c'est un programme qui est très utile, et nous souhaitons dailleurs létendre. Avec cet argent et y compris de largent privé, de largent européen, nous souhaitons mobiliser plusieurs milliards sur les grands programmes technologiques et il y a des emplois à la clef. Par exemple, savez-vous que dans laéronautique lannée dernière, il y a eu treize mille embauches et il y a aujourd'hui dans ce secteur des emplois qui ne sont pas pourvus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, avec Michel SAPIN je suppose que vous allez essayer de trouver qui recruter pour les secteurs en demande.
ARNAUD MONTEBOURG
Vous avez des secteurs en baisse comme lautomobile parce quil y a des chutes de marché de moins quinze, moins vingt pourcents, et des secteurs en hausse comme laéronautique. Nous voudrions faire passer, aider les salariés sans drame et en anticipant à passer de lun à lautre en les formant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Arnaud MONTEBOURG, votre slogan à la mode cest relocaliser. Mesdames et Messieurs les industriels, revenez ! Revenez chez vous ! Est-ce quils reviennent ?
ARNAUD MONTEBOURG
Oui, il y a des grandes marques familières des Français ATOL, SMOBY, L'ORÉAL, MECCANO, KINDY, EMINENCE qui relocalisent en France et nous avons décidé de mettre un coup daccélérateur. C'est-à-dire à partir de lexpérience, ils font la démonstration que cest possible de recalculer leurs coûts de production. Les salaires en Chine augmentent de vingt pourcents, le prix de lénergie et du transport explose, et donc en recalculant leurs coûts de production, ils saperçoivent que la France est attractive.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais à condition que les industriels étrangers qui veulent investir en France et qui reviennent trouvent une énergie pas chère. Ça veut dire quil ne faut pas fermer tout de suite les centrales nucléaires, ça peut attendre, ou travailler dans le gaz de schiste.
ARNAUD MONTEBOURG
Le débat de la transition énergétique a pour objectif déviter laugmentation des prix pour les industries intensives.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, donc
ARNAUD MONTEBOURG
Je voudrais juste vous dire que la France est la première destination des projets industriels européens, la première destination des projets en recherche développement en Europe et la première destination des investissements américains en Europe. Donc on peut toujours taper sur notre pays, mais nempêche quon a des atouts qui sont indestructibles. Nous voulons les amplifier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Auparavant, vous recommandiez de démondialiser et maintenant vous poussez à relocaliser. En fait, avec deux mots différents vous dites la même chose. Relocaliser, cest démondialiser.
ARNAUD MONTEBOURG
Cest exactement ça, dailleurs je vous remercie de noter que je suis fidèle à mes convictions et à mes engagements personnels, et quun gouvernement qui aujourd'hui est volontariste, desprit colbertiste, qui décide en effet de défendre sa base industrielle en faisant lalliance des forces productives les travailleurs, les industriels, les créateurs, les entrepreneurs est capable aujourd'hui de relocaliser de la matière productive et industrielle
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous navez pas changé mais vous faites peut-être moins de promesses et moins déclat quavant, comme si vous étiez devenu un peu plus prudent avec la réalité.
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce nest pas une attaque.
ARNAUD MONTEBOURG
Non, non, jai compris que ce nétait pas une attaque, cest juste une allusion un peu désagréable mais je la prends agréablement. Je veux juste vous dire que je ne fais pas de promesse. C'est une lutte, la lutte pour défendre la base industrielle France. C'est une lutte, tous les Français sont concernés. C'est une cause nationale et nous devons nous unir pour réussir. Donc quest-ce que nous faisons en effet ? Nous rapprochons avec la montée du made in France dans la tête des consommateurs, mais aussi des producteurs ; nous réconcilions en quelque sorte le consommateur avec ces producteurs parce que tous les Français quand ils vont au supermarché, ils ont envie davoir des PME qui embauchent leurs enfants, ils ont envie de protéger les niveaux de salaire et de protection sociale.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
LUnion européenne va déposer avec le Japon aujourd'hui un recours auprès de lOMC contre la Chine qui ne respecte pas les règles de concurrence mondiale. Est-ce quon peut arriver à un compromis sans déclarer une guerre à la Chine qui serait coûteuse en France pour les vins, pour les produits industriels et agricoles et donc pour lemploi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Écoutez, dabord on constate que la Chine est protectionniste donc c'est normal quon le soit vis-à-vis delle. Ça sappelle la réciprocité : ce que vous me faites, je le fais et après on négocie. Premièrement. Donc, je remercie lUnion européenne davoir commencé à bouger.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est rare.
ARNAUD MONTEBOURG
Nous avons obtenu quatre procédures de protection de nos intérêts industriels : la porcelaine, la céramique, les aciers spéciaux, les équipements télécoms il y a une enquête en cours et dernièrement les panneaux photovoltaïque. Ça bouge. Tant mieux, je lai dit aux commissaires concernés. Mais ça ne suffit pas, lEurope est ouverte à 99,3 pourcents ; le reste du monde est fermé à, jallais dire, cinquante pourcents au minimum. Donc nous sommes quand même la passoire dans la mondialisation aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Alors jallais oublier de vous dire que lindustrie automobile européenne et française, daprès les chiffres qui ont été publiés hier, va mal. Le marché reste mauvais et il paraît quil va empirer. Jécoutais tout à l'heure Éric LE BOUCHER qui dit que les experts prévoient dici à 2020 en Europe une douzaine dusines qui pourraient fermer. RENAULT et PEUGEOT se battent mais ils ne sont pas à la fête et japprends ce matin que GENERAL MOTORS ne projette pas dinvestir davantage dans PSA. Comment vous redressez ? Comment vous les aidez ?
ARNAUD MONTEBOURG
Tout dabord, on les aide tous les jours. Nous avons une stratégie de soutien à nos constructeurs, que ce soient RENAULT ou PSA, qui est une stratégie dailleurs dans le cadre du plan automobile de mutation technologique. Si aujourd'hui il y a une chute du marché automobile, cest à cause de la baisse du pouvoir dachat de tous les Européens, une récession européenne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous pourriez mettre encore du capital ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous nen sommes pas là et ça na pas été demandé. Une chose est sûre : c'est quon a déjà mis sept milliards pour garantir la banque qui permet de faire du crédit à la consommation aux acheteurs dautomobiles PSA-PEUGEOT CITROËN. Ce nest déjà pas mal !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Arnaud MONTEBOURG, en Une du Figaro, et après on sen va, le remaniement séloigne dit Le Figaro. Le remaniement séloigne et les ministres respirent. Vous, vous avez toujours eu une bonne respiration mais est-ce quon ne peut pas dire aux ministres : cest quand la menace séloigne que le péril grandit ?
ARNAUD MONTEBOURG
Enfin, écoutez, dabord ce nest pas un péril.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sauf ceux qui partiraient.
ARNAUD MONTEBOURG
Le sujet du remaniement nest pas un sujet qui intéresse les Français. Ce qui les intéresse, cest quon ait des résultats. Je vous renvoie aux résultats des élections de dimanche dernier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Il faut faire gaffe, quoi.
ARNAUD MONTEBOURG
Je crois, oui. Oui.
Source : Service d'information du gouvernement, le 20 juin 2013