Texte intégral
Cest un honneur et une très grande fierté pour moi de célébrer avec vous tous, ici Place Beauvau, la mémoire de Jean Moulin. De rendre hommage, 70 ans jour pour jour après son arrestation, à celui qui prit la tête de larmée des ombres.
L'idéal, écrivait Jean Moulin, est une valeur qui s'entretient et qui se passe comme un flambeau.
Cest précisément ce qui nous réunit autour de ces documents que vous venez de nous remettre. Afin de garder vivante la mémoire dun héros de la nation. Afin de transmettre le témoignage dun parcours républicain exemplaire.
Je voudrais remercier le Ministère de lIntérieur denrichir, grâce à ce complément au dossier administratif de Jean Moulin, nos Archives nationales. Et de nous permettre dalimenter le fonds consacré à lune des plus grandes figures de notre histoire contemporaine. Pour que chacun puisse sabreuver à la source du courage et de la liberté. Pour que lidéal qui anima Jean Moulin soit transmis au plus grand nombre dans toute lintensité de son éclat.
LHistoire est notre bien commun, elle appartient à tous et doit être accessible à tous. Cest la mission des archives de faire vivre auprès du plus grand nombre la mémoire nationale dont elle est dépositaire. Plus quune mission de service public, il sagit dun enjeu de civilisation. Car pour comprendre le présent et construire lavenir, nous avons besoin de connaître le passé. Et de nous diriger à la lumière des leçons de lHistoire.
Aujourdhui, sont réunis au sein de nos Archives nationales, tous les témoignages, tous les documents qui donnent sens et vie à la mémoire de ce héros de la Résistance.
Les éléments qui viennent de nous être remis complètent ainsi le dossier versé en 1967 aux Archives nationales. Ils sajoutent, comme vous venez de le rappeler Monsieur le Ministre, aux notes, aux rapports, aux états de service qui retracent pierre par pierre la carrière de ce grand serviteur de la République. Celui qui fut sous-chef de cabinet auprès du préfet de lHérault en 1917 avant de devenir en 1937 préfet de lAveyron. Il est alors, je crois, lun des plus jeunes préfets de France.
Ces documents illustrent un peu mieux encore les actes de courage et le sens du devoir dun homme qui allait unir laction de la Résistance. Un homme qui allait se sacrifier pour rendre la parole au peuple français et rétablir les libertés républicaines.
Ces documents soulignent, sil le fallait encore, son dévouement et sa bravoure. Son héroïsme à la préfecture dEure-et-Loir alors que la ville de Chartres est sous le feu du bombardement ennemi. Parmi ces documents enfin, des recommandations délus, des feuilles de notation, des lettres de soutien qui contribuent à lédification dune mémoire vivante.
Aujourdhui, à travers lhommage rendu à Jean Moulin, cest la continuité républicaine que lon célèbre. La carrière, consignée dans ce précieux dossier, dun homme qui fait la gloire du corps préfectoral. La transmission dun idéal, des valeurs de notre République, que nos Archives nationales contribuent à faire vivre.
Aujourdhui, le nouveau site des archives de Pierrefitte-sur-Seine devient dépositaire dune page de notre Histoire. Pour accueillir les historiens, faciliter et accompagner leurs recherches. Mais surtout pour accueillir et accompagner un large public. Car si ce dossier est une source précieuse pour les chercheurs, il a désormais vocation à être communiqué au plus grand nombre.
François Hollande rappelait en février dernier, lors de linauguration du site de Pierrefitte, que « la mémoire est un fonds commun qui se transmet de génération en génération et permet à un pays la conscience de lui-même. » La transmission est au cur des missions des Archives nationales, qui doivent permettre à tous les publics, et surtout aux plus jeunes, de découvrir et de sapproprier la mémoire collective.
Aujourdhui, 70 ans jour pour jour après son arrestation, il nous incombe de transmettre lidéal de Jean Moulin, flambeau tendu aux générations futures.
Il est de notre devoir et cest la mission de nos archives de lentretenir et de le partager avec le plus grand nombre. Pour que nous puissions, tous, nous inspirer de ce combat mené au nom de la liberté. Pour que nous puissions, tous, nous imprégner des valeurs républicaines qui lanimèrent. Pour que ce Chant des partisans que nous venons dentendre, résonne à nos oreilles aussi intensément qualors. Pour que nous gardions vivante la mémoire de celui que Malraux appela le chef du peuple de la nuit dont les cendres reposent depuis décembre 1964 avec leur long cortège dombres défigurées dans le temple des Grands Hommes.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 25 juin 2013