Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils étaient tous les deux porte-paroles des deux candidats. Bernard CAZENEUVE, cest le 6 mai, date initiale, pour Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, date fatale. Comment vous lavez vécu ce 6 mai 2012 ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Oh ben, ce nest pas le meilleur jour de ma vie, mais ce qui est important, cest surtout ce quil en reste un an après. On parle beaucoup en ce moment du bilan de François HOLLANDE. Moi, je trouve que ceux qui le font le mieux le bilan de François HOLLANDE, ce sont les Français, il ny a pas beaucoup malheureusement besoin dargumenter beaucoup, voilà, cest un échec, et la question, cest combien de temps on va continuer la même politiquer avec les mêmes, alors que tout le monde comprend que cest un échec
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il ny a pas un moyen de les balayer ou sen débarrasser, il y a une légitimité que vous reconnaissez ce matin ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Ecoutez, les institutions sont solides, je crois quon en a pour encore quatre ans de cette présidence. Mais léchec de la présidence, si cétait seulement léchec dun homme, ce ne serait pas grave, mais derrière, il y a la France, léchec de la présidence aujourdhui, ça peut devenir léchec de la France, on ne peut pas en rester là, avec la même politique et avec les mêmes personnes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bernard CAZENEUVE, vous êtes ministre, mais à lépoque, dun coup, comment vous voyez cette soirée que vous avez vécue le 6 mai 2012, Pierre MOSCOVICI hier disait que, pour lui, cétait un mélange de joie et de crainte, et vous ?
BERNARD CAZENEUVE
Cétait un moment démotion, et puis aussi, un moment de responsabilités, jai toujours pensé pendant la campagne présidentielle que la situation que nous trouverions était difficile, que lépreuve serait dure, elle la été, et en même temps, on ne redresse pas un pays qui a dérivé pendant dix ans en un an, donc nous sommes dans une situation de combat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle va vous répondre sur le fait de lhéritage et en même temps de la dérive
BERNARD CAZENEUVE
Euh, moi, je nai pas envie de faire un débat avec Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET sur lhéritage
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, non, non, dautant plus que vous vous connaissez bien
BERNARD CAZENEUVE
Et sur la dérive
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais ce que je veux vous demander
BERNARD CAZENEUVE
Jai envie davoir un débat chez vous de qualité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous nenvisagez pas
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Enfin, un débat avec moi peut être un débat de qualité
BERNARD CAZENEUVE
Oui, mais un bon débat
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous nenvisagez pas, Bernard CAZENEUVE, dêtre un an après la cible de tant de flèches.
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais si vous voulez, jentendais Nathalie à linstant évoquer un an déchec, mais elle a simplement oublié de dire la situation que nous avons trouvée, la situation que nous avons trouvée, cest une dette qui a doublé en lespace de cinq ans, cest en dix ans des déficits qui nont cessé de se creuser, le déficit structurel a augmenté de deux points sous le quinquennat de Nicolas SARKOZY, cest une compétitivité en berne avec un déficit du commerce extérieur de 75 milliards, tout cela, bien entendu, sexplique, pour partie, par la crise, pour partie, par des choix politiques. Aujourdhui, nous sommes dans une situation où il nous faut redresser tout cela. Et je pense que Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET reconnaîtra que, on ne peut pas en un an redresser une situation qui sest dégradée pendant dix ans. On peut contester des choix politiques que nous avons faits, mais la situation est ce que je viens de dire.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous savez, cest le jeu de tous les gouvernements que de dire que ce qui ne va pas, cest de la faute des prédécesseurs, et cest un jeu auquel tous les gouvernements ont pu jouer. Aujourdhui, ce nest pas ça la réalité. La réalité, cest que depuis un an, ce qui allait bien va moins bien, ce qui allait mal va plus mal, et les Français, encore une fois, ils en font le bilan tous les jours. Alors
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors en voyant ce qui va arriver, la Commission de Bruxelles, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, accorde un délai de deux ans ou un sursis de deux ans
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Voilà, justement, vous avez le bon mot
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que cest une victoire de François HOLLANDE et des chefs de gouvernement européens qui sont en difficulté, et est-ce que vous pensez, comme Pierre MOSCOVICI, hier, au « Grand rendez-vous », que cest la fin du dogme de laustérité ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Moi, jai été frappée dentendre Pierre MOSCOVICI présenter ça comme une victoire, cest vous qui avez eu le bon mot, cest un sursis, et la question, cest : quest-ce quon en fait ? On a un peu plus de temps pour essayer dêtre utile, ce gouvernement a un peu plus de temps pour essayer dêtre utile, et là-dessus, je voudrais introduire la notion, la différence entre les efforts et les sacrifices, voilà. On a quelques mois de plus pour inverser la tendance, le gouvernement fait à peu près le contraire de ce quil faut faire, sur les déficits, sur lemploi, sur la croissance, il est au rendez-vous daucune de ses promesses, est-ce quil va continuer à aller dans le mur, cest-à-dire, à terme, à nous demander des sacrifices ou est-ce quon va faire des efforts ? La différence, la différence très notoire, quand vous avez des enfants, vous leur demandez des efforts, ils travaillent pour un jour pouvoir sen sortir et voir le bout du tunnel, cest les réformes structurelles, les efforts, les sacrifices, cest ce quon fait quand on na plus le choix, on na plus le choix, donc il faut augmenter les impôts, cest la catastrophe pour tout le monde, et ça va très mal, et malheureusement, aujourdhui, nous sommes sur la voie des sacrifices, moi, je demande à François HOLLANDE de se ressaisir et de nous mettre sur la voie de leffort
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors que vont faire les socialistes que Jean-Marc AYRAULT définissait hier comme des jardiniers, ils sèment, ils sèment semer, le verbe semer
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous avez raison de préciser
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils vont récolter les fruits, Bernard CAZENEUVE.
BERNARD CAZENEUVE
Oui, je voudrais
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quest-ce que vous allez faire à partir de maintenant, puisquil y a un séminaire tout à lheure ?
BERNARD CAZENEUVE
Je voudrais que léchange que nous avons avec Nathalie à linstant soit un échange qui se fonde sur des éléments réels, des éléments statistiques incontestables. Elle parlait à linstant des déficits, le déficit du pays, notamment le déficit structurel, a augmenté de 2 points au cours des cinq dernières années, nous lavons diminué de 1,2 point en 2012, après avoir trouvé une Loi de Finances dont les conditions dexécution ont été sévèrement jugées par la Cour des comptes, nous allons le diminuer de 1,8% en 2013, et dans lélaboration de la Loi de Finances pour 2014, je me propose de le diminuer de 1%...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous croyez quon mobilise un peuple en lui disant : 1,2, 1,8
BERNARD CAZENEUVE
Je ne dis pas cela, non, mais, là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donnez-lui une perspective
BERNARD CAZENEUVE
Je ne dis pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quest-ce que vous allez faire à partir de maintenant ?
BERNARD CAZENEUVE
Jean-Pierre ELKABBACH, je ne dis pas cela, vous mautorisez quand même de dire à Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, qui a indiqué que nous étions en échec sur les déficits, quils diminuent, et que ma stratégie du ministre du Budget, puisque je suis ministre du Budget, cest de continuer à diminuer les déficits, et de le faire par les économies et non pas par limpôt
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lesquelles économies ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons engager des économies
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lesquelles ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons engager des économies au terme de réformes structurelles, je vais vous donner quelques exemples concrets, nous avons engagé un travail très important de réformes des aides aux entreprises qui devrait permettre de dégager pour lannée 2014-2015 à peu près 1,6 milliard deuro déconomies, Nathalie parlait à linstant des réformes structurelles, mais nous avons une branche famille qui est en déficit de deux milliards. Nous voulons rétablir le déficit de la branche famille, et quand nous le faisons, nous essuyons les tirs de lopposition. Si nous ne le faisons pas, nous ne serons pas en situation
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis, et puis ?
BERNARD CAZENEUVE
Et puis, il y a la situation des retraites, où on nous avait expliqué que la réforme des retraites réglait définitivement la question de la pérennité du système de retraite, ce nest pas le cas. Nous allons donc engager ces réformes, et nous en avons déjà engagé un certain nombre, la réforme du marché du travail, à travers la sécurisation des parcours professionnels
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que je peux vous poser la question que pose
BERNARD CAZENEUVE
La réforme de la compétitivité à travers le crédit impôt compétitivité, voilà ce que nous avons fait pendant un an, voilà ce que lon continue à faire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà, les jardiniers, est-ce que
BERNARD CAZENEUVE
Non, ce que je dis simplement, cest que lorsquon est dans une situation aussi grave que celle que nous connaissons avec une crise aussi profonde, où les responsabilités sont autant partagées, nous avons le droit, lorsque que nous appartenons à la génération à laquelle nous appartenons, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET et moi, davoir un débat honnête. Cest ce que je souhaite
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce qui est en train de se passer. Mais je vous pose la question que le président HOLLANDE pose paraît-il à la plupart de ses ministres : sur quoi économiser plus, sur quoi économiser plus ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais dabord, il faut que le budget 2014 soit un budget qui sajuste par les économies et non par limpôt. Cest vingt milliards deffort, dont quatorze milliards porteront sur les économies. Sur quoi porteront ces économies ? Dabord, un effort demandé aux collectivités locales, lopposition considère que trois milliards deuros demandés aux collectivités locales, cest trop. Ils proposaient den faire dix. Nous allons faire des économies dans le fonctionnement de lEtat, diminution du train de vie de lEtat, je tiens à dire que lan dernier, pour la première fois, quasiment depuis le début de la 5ème République, les dépenses de lEtat diminuent de 300 millions, je veux les faire diminuer de 1,5 milliard en 2014, voilà ce que nous faisons.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attention de ne pas multiplier les promesses.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous savez, après la boîte à outils, on a le jardinage, tout ça, cest des jolies images, mais derrière, les réalités ne sont pas au rendez-vous
BERNARD CAZENEUVE
Ce nest pas des images, cest des réalités, Nathalie
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous regardez le déficit
BERNARD CAZENEUVE
Les 300 millions déconomies en 2012, cest une réalité
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Je ne vous ai pas interrompu, Bernard. Vous regardez le déficit, nous tenions nos objectifs en matière de déficit, ce nest pas facile, bon, ce gouvernement ne les tient pas. Mais moi, je nai pas envie dassommer nos auditeurs avec des chiffres, parlons plutôt de concret, depuis un an, on est revenu en arrière sur la réforme des retraites, qui est une réforme difficile, on a annoncé quon allait embaucher 60.000 profs en plus dans lEducation nationale
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on ne va pas refaire le bilan
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Attendez, on est revenu en arrière
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce quon le fait toute la journée avec Bruce TOUSSAINT et tous les journalistes dEUROPE 1
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Jean-Pierre ELKABBACH, on est revenu en arrière
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais dites-nous, là, cette année, à partir de ce que vient de dire Bernard CAZENEUVE
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Jean-Pierre ELKABBACH, on a fait depuis un an exactement le contraire de ce que Bernard CAZENEUVE est en train de dire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous ne croyez pas à ces promesses et ces engagements
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE est en train de dire : eh bien, on va économiser de largent dans les collectivités territoriales, mais enfin, depuis un an, on est revenu en arrière sur la réforme des collectivités territoriales, qui organisait 2.500 mandats en moins et la convergence progressive du Conseil général et du Conseil régional, cétait une réforme difficile, cest une réforme difficile à mettre en oeuvre, vous savez. La droite a perdu le Sénat à cause de cette réforme, parce que ce nest pas facile de supprimer des mandats, et ce nest pas facile en fait de faire maigrir les collectivités territoriales, mais alors le gouvernement revient dessus, et puis maintenant, il nous dit : ben, finalement, il va falloir les réformer. En fait, cest un gouvernement qui ne sait pas où il va, et qui sait à peine comment il y va, et dailleurs, Bernard CAZENEUVE, qui appartient à la grande citadelle de Bercy, pourrait peut-être nous expliquer un peu ce matin comment ça fonctionne entre eux et comment ça marche parce que moi, jai suivi avec attention le feuilleton DAILYMOTION ce week-end
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais peut-être quon est à Bercy, il est des sept ministres, qui ne sait pas ce qui sest passé à Bercy
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais tout ça
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Oui, mais dans ce cas-là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour DAILYMOTION
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Dans ce cas-là, cest un problème, écoutez, soit, il sait et on veut des explications, soit, il ne sait pas, et cest un problème
BERNARD CAZENEUVE
Mais Jean-Pierre ELKABBACH, quel est ce débat, cest un débat entre vous et Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET contre moi ou cest un débat équilibré
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est équilibré
BERNARD CAZENEUVE
Ah, merci, vous me rassurez !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est équilibré.
BERNARD CAZENEUVE
Alors, je voudrais quand même dire
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Je ne vois pas à quel niveau, je nai pas limpression que Jean-Pierre ELKABBACH me donne plus souvent la parole, je pense quau temps, cest même le contraire
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais je voudrais dire quelques mots à Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET sur ce quelle vient de dire concernant la situation du pays des déficits, et en donnant des choses extrêmement précises, dabord, la dépense de lEtat, est-ce que vous pouvez me donner une année où elle a diminué pendant les dix ans où vous avez exercé la responsabilité du pouvoir, une année, la dépense de lEtat ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Eh bien, moi, je pense, la réforme
BERNARD CAZENEUVE
La dépense de lEtat, donnez-moi une année où elle a diminué pendant les dix ans où vous avez exercé la responsabilité
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Cest difficile pour vous de mentendre, vous regardez le déficit qui était prévu, Bernard CAZENEUVE
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais je vous pose une question précise : la dépense de lEtat
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE, tout à lheure, vous avez dit
BERNARD CAZENEUVE
Elle a diminué
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Tout à lheure, vous avez dit
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais répondez-moi précisément, donnez-moi une année et un chiffre
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE, tout à lheure, vous avez dit : nous tenons nos déficits
BERNARD CAZENEUVE
Une année, un chiffre
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous ne les teniez pas. Cest le contraire qui sest passé.
BERNARD CAZENEUVE
Mais les déficits ont explosé
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Sur lannée passée, la dernière année à laquelle nous avons été, la dernière année à laquelle nous avons été au pouvoir
BERNARD CAZENEUVE
Sous votre mandature
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Cétait 4,7 qui était prévu, on a fait 4,2, cest-à-dire mieux que ce qui était prévu.
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, non
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous, cette année, rappelez-moi combien était prévu, et combien vous avez fait ?
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, non, non, ce nest pas du tout ce qui sest passé
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous faites le contraire de ce que vous annoncez
BERNARD CAZENEUVE
Ce qui sest passé en 2012 lorsque non, non
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voyez quil vaut mieux que je ne vous laisse pas parler tous les deux, on ne sentend pas
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, Jean-Pierre ELKABBACH, deux minutes, en 2012, lorsque nous sommes arrivés en situation de responsabilité, nous avons demandé un rapport à la Cour des comptes, qua dit ce rapport de la Cour des comptes, il a dit quil y avait deux milliards dimpasses budgétaires parce que des dépenses navaient pas été budgétées, et quil y avait une surestimation manifeste de vos recettes fiscales. Si nous navions pas pris les mesures que nous avons prises en 2012, le déficit budgétaire, il aurait été de 5,5%...
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE, contrairement à vous, nous ne sommes pas sectaires, et nous avons confié la présidence de la Cour des comptes à un socialiste, mais les chiffres sont têtus
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Nous, nous avons fait mieux en matière de déficits
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être, vous navez fait
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Que ce qui était annoncé
BERNARD CAZENEUVE
Quavez-vous fait en matière de déficits de positif ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous, vous avez fait moins bien, cest ça la réalité
BERNARD CAZENEUVE
Lorsque vous êtes arrivé en situation de responsabilité en 2007, le déficit
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Pourtant, vous les connaissez les chiffres
BERNARD CAZENEUVE
Le déficit structurel était de 3, lorsque vous êtes parti, il était de 4,9
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
A mon avis, notre débat, là, est inaudible pour nos auditeurs, et vous connaissez les chiffres
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chut ! Bernard CAZENEUVE, laissez-la répondre !
BERNARD CAZENEUVE
Les déficits nont cessé de saccroître
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Non, mais il na pas envie !
BERNARD CAZENEUVE
Mais si, jai envie
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laissez-la répondre, si vous savez répondre, répondez-lui
BERNARD CAZENEUVE
Jai envie de lentendre répondre précisément
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Il na pas envie parce que les chiffres sont têtus. Je vais vous dire un truc
BERNARD CAZENEUVE
Donnez-moi une année où le déficit de lEtat a été diminué, une année où les dépenses de lEtat ont diminué, une seule
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Nous avons fait mieux que nos objectifs en matière de déficit public
BERNARD CAZENEUVE
Mais répondez à ma question !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
4,7, nous avons 4,2
BERNARD CAZENEUVE
Mais, répondez à ma question !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous, vous aviez prévu combien, et vous avez fait combien ?
BERNARD CAZENEUVE
Quelle est lannée où les dépenses de lEtat ont diminué
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous avez fait moins bien que ce qui était prévu
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bon, alors, comme vous ne répondez pas
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Il a du mal à entendre !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, alors
BERNARD CAZENEUVE
Oui, mais javais posé une question précise !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour terminer, je vais poser
BERNARD CAZENEUVE
Jattends une réponse précise
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une question, Bernard CAZENEUVE, Jean-Marc AYRAULT confirme que lEtat va vendre certains de ses participations dans des entreprises, lesquelles ?
BERNARD CAZENEUVE
Il a déjà procédé à des ventes de participations
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lesquelles ?
BERNARD CAZENEUVE
Il la fait pour SAFRAN, il la fait pour EADS
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui iront au budget de la Défense
BERNARD CAZENEUVE
Il sagit
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour le consolider, ce budget
BERNARD CAZENEUVE
Que, à travers ces ventes de participations, nous puissions procéder à des investissements.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Oui, on dépense trop, on ne réforme pas, du coup, de lautre côté, on augmente les impôts, et on vend les bijoux de famille pour couvrir
JEAN-PIERRE ELKABBACH
LAllemagne est inquiète, Bernard CAZENEUVE, comment la rassurer et rassurer la chancelière MERKEL et son ministre SCHAUBLE ce matin ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous avons deux objectifs, le premier objectif, cest de poursuivre la réduction des déficits structurels, ce que nous avons réussi à faire là où nos prédécesseurs ne lavaient pas fait puisquils avaient augmenté. Nous poursuivrons la diminution des dépenses de lEtat. 300 millions en 2012, ça ne sétait jamais produit au cours des dix dernières années, je veux faire un milliard cinq en 2014. Et nous allons poursuivre les réformes structurelles, nous les avons engagées à travers la compétitivité, nous les avons engagées à travers la sécurisation des parcours professionnels, nous allons poursuivre ces réformes avec la réforme des aides aux entreprises, la réforme de la politique familiale et pérenniser notre système de retraite. Donc des réformes structurelles et la réduction des déficits, cest nous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, cest lan 2 aussi pour lopposition UMP, elle est encore émiettée, est-ce quelle va savoir cette année avoir un programme et un chef reconnu et entendu ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Ecoutez, dabord, le programme, cest les réformes, le programme, cest proposer une alternative aux Français. On avait engagé des réformes structurelles
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour dans quatre ans ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Je le redis, la réforme des retraites, la TVA anti-délocalisation, la réforme des collectivités, cette gauche
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce quils vont faire
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Non, cest ce quils ont défait, Jean-Pierre ELKABBACH, cest ce quils ont défait, et maintenant, ils nous disent quils vont le faire, jai eu loccasion de le dire, François HOLLANDE, cest ça, cest deux pas en arrière, un pas en avant ; moi, ce que je dis, cest que les institutions, elles sont solides, le président de la République, on ne le changera pas, en revanche, il a une responsabilité aujourdhui, cest dentendre les Français et de changer de politique, mais sans attendre, en 2014, il y a des élections municipales, et on peut y faire lalternance, par exemple, on peut faire lalternance à Paris. Pour ça, il faut voter à la primaire.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 mai 2013
Ils étaient tous les deux porte-paroles des deux candidats. Bernard CAZENEUVE, cest le 6 mai, date initiale, pour Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, date fatale. Comment vous lavez vécu ce 6 mai 2012 ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Oh ben, ce nest pas le meilleur jour de ma vie, mais ce qui est important, cest surtout ce quil en reste un an après. On parle beaucoup en ce moment du bilan de François HOLLANDE. Moi, je trouve que ceux qui le font le mieux le bilan de François HOLLANDE, ce sont les Français, il ny a pas beaucoup malheureusement besoin dargumenter beaucoup, voilà, cest un échec, et la question, cest combien de temps on va continuer la même politiquer avec les mêmes, alors que tout le monde comprend que cest un échec
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il ny a pas un moyen de les balayer ou sen débarrasser, il y a une légitimité que vous reconnaissez ce matin ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Ecoutez, les institutions sont solides, je crois quon en a pour encore quatre ans de cette présidence. Mais léchec de la présidence, si cétait seulement léchec dun homme, ce ne serait pas grave, mais derrière, il y a la France, léchec de la présidence aujourdhui, ça peut devenir léchec de la France, on ne peut pas en rester là, avec la même politique et avec les mêmes personnes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bernard CAZENEUVE, vous êtes ministre, mais à lépoque, dun coup, comment vous voyez cette soirée que vous avez vécue le 6 mai 2012, Pierre MOSCOVICI hier disait que, pour lui, cétait un mélange de joie et de crainte, et vous ?
BERNARD CAZENEUVE
Cétait un moment démotion, et puis aussi, un moment de responsabilités, jai toujours pensé pendant la campagne présidentielle que la situation que nous trouverions était difficile, que lépreuve serait dure, elle la été, et en même temps, on ne redresse pas un pays qui a dérivé pendant dix ans en un an, donc nous sommes dans une situation de combat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle va vous répondre sur le fait de lhéritage et en même temps de la dérive
BERNARD CAZENEUVE
Euh, moi, je nai pas envie de faire un débat avec Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET sur lhéritage
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, non, non, dautant plus que vous vous connaissez bien
BERNARD CAZENEUVE
Et sur la dérive
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais ce que je veux vous demander
BERNARD CAZENEUVE
Jai envie davoir un débat chez vous de qualité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous nenvisagez pas
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Enfin, un débat avec moi peut être un débat de qualité
BERNARD CAZENEUVE
Oui, mais un bon débat
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous nenvisagez pas, Bernard CAZENEUVE, dêtre un an après la cible de tant de flèches.
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais si vous voulez, jentendais Nathalie à linstant évoquer un an déchec, mais elle a simplement oublié de dire la situation que nous avons trouvée, la situation que nous avons trouvée, cest une dette qui a doublé en lespace de cinq ans, cest en dix ans des déficits qui nont cessé de se creuser, le déficit structurel a augmenté de deux points sous le quinquennat de Nicolas SARKOZY, cest une compétitivité en berne avec un déficit du commerce extérieur de 75 milliards, tout cela, bien entendu, sexplique, pour partie, par la crise, pour partie, par des choix politiques. Aujourdhui, nous sommes dans une situation où il nous faut redresser tout cela. Et je pense que Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET reconnaîtra que, on ne peut pas en un an redresser une situation qui sest dégradée pendant dix ans. On peut contester des choix politiques que nous avons faits, mais la situation est ce que je viens de dire.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous savez, cest le jeu de tous les gouvernements que de dire que ce qui ne va pas, cest de la faute des prédécesseurs, et cest un jeu auquel tous les gouvernements ont pu jouer. Aujourdhui, ce nest pas ça la réalité. La réalité, cest que depuis un an, ce qui allait bien va moins bien, ce qui allait mal va plus mal, et les Français, encore une fois, ils en font le bilan tous les jours. Alors
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors en voyant ce qui va arriver, la Commission de Bruxelles, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, accorde un délai de deux ans ou un sursis de deux ans
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Voilà, justement, vous avez le bon mot
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que cest une victoire de François HOLLANDE et des chefs de gouvernement européens qui sont en difficulté, et est-ce que vous pensez, comme Pierre MOSCOVICI, hier, au « Grand rendez-vous », que cest la fin du dogme de laustérité ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Moi, jai été frappée dentendre Pierre MOSCOVICI présenter ça comme une victoire, cest vous qui avez eu le bon mot, cest un sursis, et la question, cest : quest-ce quon en fait ? On a un peu plus de temps pour essayer dêtre utile, ce gouvernement a un peu plus de temps pour essayer dêtre utile, et là-dessus, je voudrais introduire la notion, la différence entre les efforts et les sacrifices, voilà. On a quelques mois de plus pour inverser la tendance, le gouvernement fait à peu près le contraire de ce quil faut faire, sur les déficits, sur lemploi, sur la croissance, il est au rendez-vous daucune de ses promesses, est-ce quil va continuer à aller dans le mur, cest-à-dire, à terme, à nous demander des sacrifices ou est-ce quon va faire des efforts ? La différence, la différence très notoire, quand vous avez des enfants, vous leur demandez des efforts, ils travaillent pour un jour pouvoir sen sortir et voir le bout du tunnel, cest les réformes structurelles, les efforts, les sacrifices, cest ce quon fait quand on na plus le choix, on na plus le choix, donc il faut augmenter les impôts, cest la catastrophe pour tout le monde, et ça va très mal, et malheureusement, aujourdhui, nous sommes sur la voie des sacrifices, moi, je demande à François HOLLANDE de se ressaisir et de nous mettre sur la voie de leffort
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors que vont faire les socialistes que Jean-Marc AYRAULT définissait hier comme des jardiniers, ils sèment, ils sèment semer, le verbe semer
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous avez raison de préciser
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils vont récolter les fruits, Bernard CAZENEUVE.
BERNARD CAZENEUVE
Oui, je voudrais
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quest-ce que vous allez faire à partir de maintenant, puisquil y a un séminaire tout à lheure ?
BERNARD CAZENEUVE
Je voudrais que léchange que nous avons avec Nathalie à linstant soit un échange qui se fonde sur des éléments réels, des éléments statistiques incontestables. Elle parlait à linstant des déficits, le déficit du pays, notamment le déficit structurel, a augmenté de 2 points au cours des cinq dernières années, nous lavons diminué de 1,2 point en 2012, après avoir trouvé une Loi de Finances dont les conditions dexécution ont été sévèrement jugées par la Cour des comptes, nous allons le diminuer de 1,8% en 2013, et dans lélaboration de la Loi de Finances pour 2014, je me propose de le diminuer de 1%...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous croyez quon mobilise un peuple en lui disant : 1,2, 1,8
BERNARD CAZENEUVE
Je ne dis pas cela, non, mais, là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donnez-lui une perspective
BERNARD CAZENEUVE
Je ne dis pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quest-ce que vous allez faire à partir de maintenant ?
BERNARD CAZENEUVE
Jean-Pierre ELKABBACH, je ne dis pas cela, vous mautorisez quand même de dire à Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, qui a indiqué que nous étions en échec sur les déficits, quils diminuent, et que ma stratégie du ministre du Budget, puisque je suis ministre du Budget, cest de continuer à diminuer les déficits, et de le faire par les économies et non pas par limpôt
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lesquelles économies ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons engager des économies
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lesquelles ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons engager des économies au terme de réformes structurelles, je vais vous donner quelques exemples concrets, nous avons engagé un travail très important de réformes des aides aux entreprises qui devrait permettre de dégager pour lannée 2014-2015 à peu près 1,6 milliard deuro déconomies, Nathalie parlait à linstant des réformes structurelles, mais nous avons une branche famille qui est en déficit de deux milliards. Nous voulons rétablir le déficit de la branche famille, et quand nous le faisons, nous essuyons les tirs de lopposition. Si nous ne le faisons pas, nous ne serons pas en situation
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis, et puis ?
BERNARD CAZENEUVE
Et puis, il y a la situation des retraites, où on nous avait expliqué que la réforme des retraites réglait définitivement la question de la pérennité du système de retraite, ce nest pas le cas. Nous allons donc engager ces réformes, et nous en avons déjà engagé un certain nombre, la réforme du marché du travail, à travers la sécurisation des parcours professionnels
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que je peux vous poser la question que pose
BERNARD CAZENEUVE
La réforme de la compétitivité à travers le crédit impôt compétitivité, voilà ce que nous avons fait pendant un an, voilà ce que lon continue à faire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà, les jardiniers, est-ce que
BERNARD CAZENEUVE
Non, ce que je dis simplement, cest que lorsquon est dans une situation aussi grave que celle que nous connaissons avec une crise aussi profonde, où les responsabilités sont autant partagées, nous avons le droit, lorsque que nous appartenons à la génération à laquelle nous appartenons, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET et moi, davoir un débat honnête. Cest ce que je souhaite
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce qui est en train de se passer. Mais je vous pose la question que le président HOLLANDE pose paraît-il à la plupart de ses ministres : sur quoi économiser plus, sur quoi économiser plus ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais dabord, il faut que le budget 2014 soit un budget qui sajuste par les économies et non par limpôt. Cest vingt milliards deffort, dont quatorze milliards porteront sur les économies. Sur quoi porteront ces économies ? Dabord, un effort demandé aux collectivités locales, lopposition considère que trois milliards deuros demandés aux collectivités locales, cest trop. Ils proposaient den faire dix. Nous allons faire des économies dans le fonctionnement de lEtat, diminution du train de vie de lEtat, je tiens à dire que lan dernier, pour la première fois, quasiment depuis le début de la 5ème République, les dépenses de lEtat diminuent de 300 millions, je veux les faire diminuer de 1,5 milliard en 2014, voilà ce que nous faisons.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attention de ne pas multiplier les promesses.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous savez, après la boîte à outils, on a le jardinage, tout ça, cest des jolies images, mais derrière, les réalités ne sont pas au rendez-vous
BERNARD CAZENEUVE
Ce nest pas des images, cest des réalités, Nathalie
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous regardez le déficit
BERNARD CAZENEUVE
Les 300 millions déconomies en 2012, cest une réalité
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Je ne vous ai pas interrompu, Bernard. Vous regardez le déficit, nous tenions nos objectifs en matière de déficit, ce nest pas facile, bon, ce gouvernement ne les tient pas. Mais moi, je nai pas envie dassommer nos auditeurs avec des chiffres, parlons plutôt de concret, depuis un an, on est revenu en arrière sur la réforme des retraites, qui est une réforme difficile, on a annoncé quon allait embaucher 60.000 profs en plus dans lEducation nationale
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on ne va pas refaire le bilan
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Attendez, on est revenu en arrière
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce quon le fait toute la journée avec Bruce TOUSSAINT et tous les journalistes dEUROPE 1
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Jean-Pierre ELKABBACH, on est revenu en arrière
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais dites-nous, là, cette année, à partir de ce que vient de dire Bernard CAZENEUVE
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Jean-Pierre ELKABBACH, on a fait depuis un an exactement le contraire de ce que Bernard CAZENEUVE est en train de dire
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous ne croyez pas à ces promesses et ces engagements
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE est en train de dire : eh bien, on va économiser de largent dans les collectivités territoriales, mais enfin, depuis un an, on est revenu en arrière sur la réforme des collectivités territoriales, qui organisait 2.500 mandats en moins et la convergence progressive du Conseil général et du Conseil régional, cétait une réforme difficile, cest une réforme difficile à mettre en oeuvre, vous savez. La droite a perdu le Sénat à cause de cette réforme, parce que ce nest pas facile de supprimer des mandats, et ce nest pas facile en fait de faire maigrir les collectivités territoriales, mais alors le gouvernement revient dessus, et puis maintenant, il nous dit : ben, finalement, il va falloir les réformer. En fait, cest un gouvernement qui ne sait pas où il va, et qui sait à peine comment il y va, et dailleurs, Bernard CAZENEUVE, qui appartient à la grande citadelle de Bercy, pourrait peut-être nous expliquer un peu ce matin comment ça fonctionne entre eux et comment ça marche parce que moi, jai suivi avec attention le feuilleton DAILYMOTION ce week-end
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais peut-être quon est à Bercy, il est des sept ministres, qui ne sait pas ce qui sest passé à Bercy
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais tout ça
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Oui, mais dans ce cas-là
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour DAILYMOTION
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Dans ce cas-là, cest un problème, écoutez, soit, il sait et on veut des explications, soit, il ne sait pas, et cest un problème
BERNARD CAZENEUVE
Mais Jean-Pierre ELKABBACH, quel est ce débat, cest un débat entre vous et Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET contre moi ou cest un débat équilibré
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est équilibré
BERNARD CAZENEUVE
Ah, merci, vous me rassurez !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est équilibré.
BERNARD CAZENEUVE
Alors, je voudrais quand même dire
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Je ne vois pas à quel niveau, je nai pas limpression que Jean-Pierre ELKABBACH me donne plus souvent la parole, je pense quau temps, cest même le contraire
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais je voudrais dire quelques mots à Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET sur ce quelle vient de dire concernant la situation du pays des déficits, et en donnant des choses extrêmement précises, dabord, la dépense de lEtat, est-ce que vous pouvez me donner une année où elle a diminué pendant les dix ans où vous avez exercé la responsabilité du pouvoir, une année, la dépense de lEtat ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Eh bien, moi, je pense, la réforme
BERNARD CAZENEUVE
La dépense de lEtat, donnez-moi une année où elle a diminué pendant les dix ans où vous avez exercé la responsabilité
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Cest difficile pour vous de mentendre, vous regardez le déficit qui était prévu, Bernard CAZENEUVE
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais je vous pose une question précise : la dépense de lEtat
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE, tout à lheure, vous avez dit
BERNARD CAZENEUVE
Elle a diminué
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Tout à lheure, vous avez dit
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais répondez-moi précisément, donnez-moi une année et un chiffre
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE, tout à lheure, vous avez dit : nous tenons nos déficits
BERNARD CAZENEUVE
Une année, un chiffre
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous ne les teniez pas. Cest le contraire qui sest passé.
BERNARD CAZENEUVE
Mais les déficits ont explosé
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Sur lannée passée, la dernière année à laquelle nous avons été, la dernière année à laquelle nous avons été au pouvoir
BERNARD CAZENEUVE
Sous votre mandature
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Cétait 4,7 qui était prévu, on a fait 4,2, cest-à-dire mieux que ce qui était prévu.
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, non
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous, cette année, rappelez-moi combien était prévu, et combien vous avez fait ?
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, non, non, ce nest pas du tout ce qui sest passé
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous faites le contraire de ce que vous annoncez
BERNARD CAZENEUVE
Ce qui sest passé en 2012 lorsque non, non
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voyez quil vaut mieux que je ne vous laisse pas parler tous les deux, on ne sentend pas
BERNARD CAZENEUVE
Non, non, Jean-Pierre ELKABBACH, deux minutes, en 2012, lorsque nous sommes arrivés en situation de responsabilité, nous avons demandé un rapport à la Cour des comptes, qua dit ce rapport de la Cour des comptes, il a dit quil y avait deux milliards dimpasses budgétaires parce que des dépenses navaient pas été budgétées, et quil y avait une surestimation manifeste de vos recettes fiscales. Si nous navions pas pris les mesures que nous avons prises en 2012, le déficit budgétaire, il aurait été de 5,5%...
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Bernard CAZENEUVE, contrairement à vous, nous ne sommes pas sectaires, et nous avons confié la présidence de la Cour des comptes à un socialiste, mais les chiffres sont têtus
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Nous, nous avons fait mieux en matière de déficits
BERNARD CAZENEUVE
Peut-être, vous navez fait
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Que ce qui était annoncé
BERNARD CAZENEUVE
Quavez-vous fait en matière de déficits de positif ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous, vous avez fait moins bien, cest ça la réalité
BERNARD CAZENEUVE
Lorsque vous êtes arrivé en situation de responsabilité en 2007, le déficit
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Pourtant, vous les connaissez les chiffres
BERNARD CAZENEUVE
Le déficit structurel était de 3, lorsque vous êtes parti, il était de 4,9
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
A mon avis, notre débat, là, est inaudible pour nos auditeurs, et vous connaissez les chiffres
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chut ! Bernard CAZENEUVE, laissez-la répondre !
BERNARD CAZENEUVE
Les déficits nont cessé de saccroître
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Non, mais il na pas envie !
BERNARD CAZENEUVE
Mais si, jai envie
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laissez-la répondre, si vous savez répondre, répondez-lui
BERNARD CAZENEUVE
Jai envie de lentendre répondre précisément
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Il na pas envie parce que les chiffres sont têtus. Je vais vous dire un truc
BERNARD CAZENEUVE
Donnez-moi une année où le déficit de lEtat a été diminué, une année où les dépenses de lEtat ont diminué, une seule
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Nous avons fait mieux que nos objectifs en matière de déficit public
BERNARD CAZENEUVE
Mais répondez à ma question !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
4,7, nous avons 4,2
BERNARD CAZENEUVE
Mais, répondez à ma question !
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous, vous aviez prévu combien, et vous avez fait combien ?
BERNARD CAZENEUVE
Quelle est lannée où les dépenses de lEtat ont diminué
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Vous avez fait moins bien que ce qui était prévu
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bon, alors, comme vous ne répondez pas
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Il a du mal à entendre !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, alors
BERNARD CAZENEUVE
Oui, mais javais posé une question précise !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour terminer, je vais poser
BERNARD CAZENEUVE
Jattends une réponse précise
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une question, Bernard CAZENEUVE, Jean-Marc AYRAULT confirme que lEtat va vendre certains de ses participations dans des entreprises, lesquelles ?
BERNARD CAZENEUVE
Il a déjà procédé à des ventes de participations
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lesquelles ?
BERNARD CAZENEUVE
Il la fait pour SAFRAN, il la fait pour EADS
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui iront au budget de la Défense
BERNARD CAZENEUVE
Il sagit
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour le consolider, ce budget
BERNARD CAZENEUVE
Que, à travers ces ventes de participations, nous puissions procéder à des investissements.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Oui, on dépense trop, on ne réforme pas, du coup, de lautre côté, on augmente les impôts, et on vend les bijoux de famille pour couvrir
JEAN-PIERRE ELKABBACH
LAllemagne est inquiète, Bernard CAZENEUVE, comment la rassurer et rassurer la chancelière MERKEL et son ministre SCHAUBLE ce matin ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous avons deux objectifs, le premier objectif, cest de poursuivre la réduction des déficits structurels, ce que nous avons réussi à faire là où nos prédécesseurs ne lavaient pas fait puisquils avaient augmenté. Nous poursuivrons la diminution des dépenses de lEtat. 300 millions en 2012, ça ne sétait jamais produit au cours des dix dernières années, je veux faire un milliard cinq en 2014. Et nous allons poursuivre les réformes structurelles, nous les avons engagées à travers la compétitivité, nous les avons engagées à travers la sécurisation des parcours professionnels, nous allons poursuivre ces réformes avec la réforme des aides aux entreprises, la réforme de la politique familiale et pérenniser notre système de retraite. Donc des réformes structurelles et la réduction des déficits, cest nous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, cest lan 2 aussi pour lopposition UMP, elle est encore émiettée, est-ce quelle va savoir cette année avoir un programme et un chef reconnu et entendu ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Ecoutez, dabord, le programme, cest les réformes, le programme, cest proposer une alternative aux Français. On avait engagé des réformes structurelles
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour dans quatre ans ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Je le redis, la réforme des retraites, la TVA anti-délocalisation, la réforme des collectivités, cette gauche
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce quils vont faire
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
Non, cest ce quils ont défait, Jean-Pierre ELKABBACH, cest ce quils ont défait, et maintenant, ils nous disent quils vont le faire, jai eu loccasion de le dire, François HOLLANDE, cest ça, cest deux pas en arrière, un pas en avant ; moi, ce que je dis, cest que les institutions, elles sont solides, le président de la République, on ne le changera pas, en revanche, il a une responsabilité aujourdhui, cest dentendre les Français et de changer de politique, mais sans attendre, en 2014, il y a des élections municipales, et on peut y faire lalternance, par exemple, on peut faire lalternance à Paris. Pour ça, il faut voter à la primaire.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 mai 2013