Texte intégral
MAXIME SWITEK
Cest à suivre en direct et en vidéo sur europe1.fr, ce matin Alexandre KARA vous recevez donc le ministre de lEconomie Pierre MOSCOVICI.
ALEXANDRE KARA
Pierre MOSCOVICI, bonjour.
PIERRE MOSCOVICI
Bonjour.
ALEXANDRE KARA
Alors 17 h 15 aujourdhui, on prend les mêmes et on recommence, Jérôme CAHUZAC sera de nouveau entendu par la commission denquête parlementaire sur son affaire de fraude fiscale, selon vous cette commission fait-elle bien son travail ?
PIERRE MOSCOVICI
Je nai aucun commentaire à faire sur le travail de la commission denquête où jy ai déposé, jai donc apporte ma vérité, je lai fait sous serment. Ce que je crois très important cest que, à partir de ce moment-là, la commission denquête collectivement parce quelle na pas quun président, elle a une trentaine de membres puisse tirer les leçons de tout cela et je crois quil faut se garder de toute partialité, quil faut aussi eh bien tenir compte du fait que ceux qui sont là, qui sont auditionnés, le font sous serment, ils disent leur vérité.
ALEXANDRE KARA
Oui ! Mais justement cest son président qui fait beaucoup parler de lui, Charles DE COURSON vous met en cause justement pour cette fameuse réunion du 16 janvier, en clair il vous reproche davoir trop associé Jérôme CAHUZAC aux investigations que vous avez lancées pour connaître la réalité de son compte en Suisse.
PIERRE MOSCOVICI
Je nai aucune intention de polémiquer avec le président de la commission denquête, je crois simplement quil serait prudent, quil serait aussi convenable quil attende tout simplement que cette commission ait achevé ses travaux et quil tienne compte aussi du jugement de ses pairs, cest mieux. Vous savez que dans une commission denquête moi jai présidé une commission denquête, le président préside - et il doit le faire de façon impartiale et puis cest le rapporteur, qui est en loccurrence un député Socialiste qui sappelle Alain CLAYES, qui doit tirer les leçons et puis ensemble on vote et je crois quil faut garder encore une fois à cette commission son caractère collectif et objectif.
ALEXANDRE KARA
Enfin vendredi dernier, quand même, vous avez choisi de répondre par écrit à Charles DE COURSON, vous avez écrit : « votre comportement tente de donner chair à une thèse politique plutôt que détablir une vérité de façon impartiale ». Alors est-ce que ce matin vous êtes toujours en colère, Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne suis plus en colère puisque je me suis exprimé ! Je pense simplement si vous voulez étrange quil est étrange que des propos qui ont été tenus le 5 avril, donc avant la commission denquête, soient inchangés au bout de 3 mois denquête et quon ne tienne aucun compte des déclarations que tel ou tel peut faire, en loccurrence moi-même, point.
ALEXANDRE KARA
Le 14 juillet dernier, François HOLLANDE a dit : « dans lidéal, il naugmenterait pas les impôts lan prochain » pourtant il semble que le ministre du Budget Bernard CAZENEUVE cherche 4 à 6 milliards de recettes nouvelles pour redresser les comptes de la France en 2014. Alors on sera donc très loin de lidéal, non ?
PIERRE MOSCOVICI
Ce quavait expliqué François HOLLANDE cest quil fallait dans lidéal ne pas augmenter les impôts pour les ménages au-delà de ce qui était déjà prévu et je rappelle que le Parlement - cétait à la fin de lannée 2012 a déjà voté une refonte des taux de TVA avec une simplification 5 pour le taux inférieur, 10 pour les biens intermédiaires et puis 20 pour le taux supérieur, cela ça déjà été voté par le Parlement et ça signifie cest vrai
ALEXANDRE KARA
Oui ! Et il manque
PIERRE MOSCOVICI
Une hausse de TVA. Alors de quoi sagit-il ? Nous avons un budget à faire, nous avons des efforts à consentir pour réduire nos déficits, pour réduire notre endettement - et cest très important de réduire son endettement parce que cest une question de crédibilité si la France peut continuer à avoir des taux dintérêts peu chers cest parce quelle a une gestion crédible, si la France est appréciée quand il sagit démettre de la dette publique cest parce que nous avons une gestion crédible. Alors comment ferons-nous ? En 2013, nous avons consenti un effort dit structurel, c'est-à-dire de réduction de notre déficit hors aléa de la croissance de 1,9 point de PIB, nous lavons fait avec 2/3 de prélèvements et 1/3 déconomies ; en 2014, nous allons inverser la proportion, ce sera 2/3 déconomies et cest fondamental et 1/3 de prélèvements, donc nous lavons déjà annoncé, il ny a pas de surprise, pas de mystère, quil y aurait 0,3 point de PIB probablement de prélèvements - et la plupart sont déjà connus - cest donc cette hausse de la TVA dont jai parlée
ALEXANDRE KARA
Mais cest
PIERRE MOSCOVICI
Cest la lutte contre la fraude
ALEXANDRE KARA
Les prélèvements quon ne connait pas
PIERRE MOSCOVICI
Et cest la réduction dun certain nombre de
ALEXANDRE KARA
Et les prélèvements quon ne connait pas.
PIERRE MOSCOVICI
Un certain nombre de niches fiscales. Voilà ! Je viens de dire tout
ALEXANDRE KARA
Mais il y aura des hausses dimpôts à la rentrée qui seront annoncées ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais ne soyons pas comme ça dans sans arrêt des annonces anxiogènes, les arbitrages fiscaux se feront fin août, donc encore une fois cest la priorité aux économies et ce sont des hausses de prélèvements très modérées dont la plupart sont déjà connues.
ALEXANDRE KARA
Les chiffres vont de 4 à 6 milliards ?
PIERRE MOSCOVICI
Quatre à 6 milliards, cest un chiffre sans doute exact.
ALEXANDRE KARA
Daccord ! Les mises en garde sur les dérives du crédit dimpôt compétitivité multiplient, votre collègue Arnaud MONTEBOURG a dénoncé un racket des grands groupes et cest désormais le MEDEF qui sinquiète déventuelles fraudes, est-ce quil nest pas temps de revoir la copie du crédit dimpôt ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors Non ! Il ne sagit pas de ça, il sagit de fraudes qui sont extrêmement limitées. On na pas signé, euh signalé, plus de quelques dizaines de cas, qui se passent de la façon suivante : ce sont souvent des grandes entreprises qui créent des rapports avec leurs fournisseurs qui font que ceux-ci, à travers des baisses de prix imposées, font en réalité payer le crédit dimpôt pour lesdites grandes entreprises, évidemment ce sont des comportements quArnaud MONTEBOURG a traité de racket, que moi jappelle fraude, nous avons lui et moi une attitude totalement partagée : ce nest pas tolérable, et donc ce que je fais aujourdhui cest que je demande aux agents de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes de vérifier de façon beaucoup plus précise, de lancer une opération sur ces fraudes possibles au crédit dimpôt ; jindique aussi aux entreprises, puisquil y a un site sur le crédit compétitivité emploi quelles peuvent signaler de tels dérèglements et jécris justement aux fédérations professionnelles, notamment au MEDEF et ce que je dis là cest que, cest très sérieux, si des fraudes sont découvertes, nous avons tout à fait les moyens légaux, notamment à travers la Loi de modernisation de léconomie, il y a des arrêts récents qui le montrent, pour imposer à travers la loi des amendes très importantes. Le crédit dimpôt ne doit pas être détourné de son objet, le crédit dimpôt cest une baisse du coût du travail, le crédit dimpôt ce nest pas une baisse des prix imposée par des grandes entreprises ou des distributeurs à leurs fournisseurs, il faut conserver à léconomie sa respiration
ALEXANDRE KARA
Pierre MOSCOVICI !
PIERRE MOSCOVICI
Pourquoi faire ? Parce que, encore une fois, lobjectif cest de baisse le coût du travail pour pouvoir créer des emplois, ce nest pas de déformer les relations économiques.
ALEXANDRE KARA
Ca veut dire que, sil y a des abus, il y aura des sanctions, des sanctions de quel ordre ?
PIERRE MOSCOVICI
Eh bien il y aura saisine de la justice à ce moment-là et la justice peut décider damendes qui peuvent être éventuellement très importantes. Donc, la façon la plus simple en réalité déviter ça et cest le message que je lance à tous ce nest pas de fraude, pas de racket, respectons à la fois la lettre du crédit dimpôt compétitivité emploi : baisse des prix et son esprit.
ALEXANDRE KARA
Là vous faites une mise en garde mais est-ce quil ne faut pas très vite faire un exemple justement pour que le message soit entendu ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais, encore une fois, si nous lançons aussi une opération avec les équipes de la Répression des Fraudes, cest parce que nous voulons savoir ce qui se passe, et dailleurs si on nous le signale je vous assure quil y aura très vite des visites et puis ensuite des sanctions.
ALEXANDRE KARA
Le démarrage de ce crédit dimpôt justement a été un peu laborieux, on sest rendu compte que cétait un peu complexe, que les entreprises avaient du mal à sen servir, est-ce que désormais ça va un peu mieux, est-ce que ça saméliore ?
PIERRE MOSCOVICI
Il y a eu une campagne, qui a été menée dailleurs par la droite, contre le crédit dimpôt compétitivité emploi, avec des mots : cest complexe, ça ne marche pas, ça ne démarre pas, je me souviens dune interview de François FILLON dans Les Echos dans lequel il disait que ça ferait 430 millions deuros pour lannée 2013 alors quen réalité ça faisait déjà 430 millions deuros au moment où il sexprimait. Je vais vous donner un chiffre qui a lui seul dit à quel 2 chiffres, à quel point cette démarche est aujourdhui une démarche comprise : il y a eu 830 millions deuros de préfinancement, toutes les entreprises nont pas besoin de préfinancement
ALEXANDRE KARA
Cest le chiffre aujourdhui !
PIERRE MOSCOVICI
Huit cent trente millions de préfinancement fait par la seule Banque Publique dInvestissement, alors que de surcroit les banques commerciales se sont aussi lancées dans lopération. Quand javais dit : « il y aura 2 milliards deuros de préfinancement, cest pour les petites entreprises qui ont des besoins de trésorerie », on avait dit : « ça ne tient pas », si ça tient, nous sommes en avance sur la feuille de route : et jajoute une deuxième chose, cest que le crédit dimpôt cest une mesure récente, elle monte en charge, il y a aujourdhui 160 dossiers de crédit dimpôt qui sont déposés par jour en terme de préfinancement, donc le crédit dimpôt
ALEXANDRE KARA
Vous atteindrez les objectifs prévus ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Le crédit dimpôt est une mesure qui fonctionne, elle est au contraire extrêmement simple. Et je vais vous citer Jean-François ROUBAUD, le patron de la CGPME, qui disait quen 45 ans de vie professionnelle il navait jamais connu une mesure aussi simple, et ça fonctionne imaginez-vous, et ça a même des résultats puisquon a déjà constaté que le coût du travail français sétait réduit depuis le début de lannée 2013 et que lécart avec lAllemagne lui aussi se réduisait, lAllemagne a tendance à augmenter ses salaires il faut dire quils ont été contenus pendant longtemps la France a baissé son coût du travail et cest ainsi
ALEXANDRE KARA
Et, pourtant, le MEDEF réclame encore un aménagement du coût du travail ?
PIERRE MOSCOVICI
Cest ainsi et je termine ma phrase que nous allons redevenir une économie plus compétitive, et donc ce crédit dimpôt il est en train à la fois de séduire et de remplir son objectif économique et il va conforter dabord la sortie de la récession puisque vous savez quau deuxième trimestre 2013 la France devrait connaître une croissance positive de 0,2 points puis, ensuite, la reprise dune croissance plus forte qui est de nature à consolider lemploi. Cest ça la stratégie du gouvernement et du Président de la République.
ALEXANDRE KARA
Le 14 juillet François HOLLANDE a affirmé la reprise est là, est-ce que vous pouvez nous confirmer quelle est bien là, est-ce que la croissance sera de 0,2% au deuxième trimestre ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui ! Je viens de le dire, si vous voulez on a connu 2 trimestres de récession. Comment est-ce quon définit la récession ? Techniquement, cest 2 trimestres de croissance négative consécutifs, nous les avons eus, même sils ont été moins marqués quen Espagne, quen Italie et même en Allemagne, à la fin 2012 et au début 2013 et le deuxième trimestre 2013 devrait être un trimestre de croissance positive cest ce que dit la Banque de France, cest ce qui dit lINSEE, attendons les chiffres, mais leurs prévisions sont très solides et donc nous sommes
ALEXANDRE KARA
Pour vous, ce sera 0,2 ?
PIERRE MOSCOVICI
Nous sommes en sortie de récession avec 0,2% prévu par la Banque de France et par lINSEE, qui encore une fois ont des indicateurs solides, et après ce quil faut faire cest travailler à transformer cette sortie de récession en véritable reprise de la croissance, et cest pour ça que nous avons en effet pris la semaine dernière notamment toute une série de mesures pour aider au financement des entreprises, je pense au taux du LIVRET A, je pense à des mesures pour le logement social, je pense à des mesures pour les collectivités locales ; et je pense aussi à ce qui a été annoncé en fin de semaine, 30 milliards deuros, qui sont prélevés sur les fonds dépargne
ALEXANDRE KARA
Prélevés sur
PIERRE MOSCOVICI
De la CAISSE DES DEPOTS & CONSIGNATIONS, pour être prêtés aux banques afin que celles-ci puissent elles-mêmes prêter aux PME. Les entreprises doivent savoir aujourdhui, le crédit nest pas cher, le crédit est disponible, il y a de la liquidité, pour des projets dinvestissement on peut faire confiance à léconomie française.
ALEXANDRE KARA
Bon ! Là vous positivez, mais est-ce que les banques vont jouer le jeu ?
PIERRE MOSCOVICI
Eh bien oui ! Dautant plus que si vous voulez il y aura ce quon appelle un reporting, c'est-à-dire quil faudra quon soit capables de montrer que cet argent est bien utilisé pour du financement de PME, moi je pense que les banques émettaient un besoin, elles disaient : « nous navons pas assez pas de liquidité à distribuer à léconomie », maintenant, grâce à cette décentralisation du fonds dépargne vers les banques, il y a 30 milliards deuros de liquidité, ils doivent, ils seront utilisés pour le financement des PME et, encore une fois, tout est fait pour que léconomie française puisse maintenant investir et concrétiser ses projets.
ALEXANDRE KARA
Pierre MOSCOVICI, merci, bonne journée, bonne journée à tous.
PIERRE MOSCOVICI
Merci à vous.
MAXIME SWITEK
Merci Alexandre KARA.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 août 2013