Déclaration de Mme Marie-Arlette Carlotti, ministre des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, sur l'accessibilité universelle des handicapés et la création du Conseil interministèriel du handicap, Paris le 27 juin 2013.

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Circonstance : 37ème congrès de la Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés (APAJH)à Paris le 27 juin 2013

Texte intégral


Un congrès est un rendez-vous important dans la vie d’une organisation. C’est l’occasion de faire le point sur le travail accompli. Celui de la fédération des APAJH est considérable. C’est aussi l’occasion de se poser, de réfléchir avant d’engager une nouvelle séquence.
Pour ce 37ème congrès, vous avez fait le choix de vous pencher sur la notion d’accessibilité universelle, et je ne peux qu’approuver ce choix, car l’accessibilité universelle est l’objectif principal de mon action au service des personnes handicapées.
Je précise que je ne change pas de priorité à chaque fois que l’on m’invite dans un congrès… Je n’attends pas de recevoir le programme pour déterminer mon propre agenda !
J’en veux pour preuve le compte-rendu que j’ai publié pour ma première année de mandat, et dans lequel j’écris : « pour la politique du handicap, l’objectif principal est l’accessibilité universelle.
L’idée que tout le monde doit avoir accès à tout : chacun doit pouvoir se déplacer, s’instruire, communiquer, travailler, exercer son rôle de citoyen… sans jamais être empêché par un environnement hostile. Il s’agit donc de permettre aux personnes handicapées de vivre tant que possible une vie ordinaire tout en tenant compte de leur situation particulière à laquelle il faut apporter des réponses adéquates. »
Voilà la manière dont j’envisage l’accessibilité universelle et qui, je crois, n’est pas trop éloignée de celle de l’APAJH.
Ma conviction est que l’accessibilité universelle est l’autre nom de l’égalité. Elle est le refus catégorique que des personnes soient privées, discriminées, reléguées en raison de leur handicap. L’accessibilité universelle est une version exigeante de l’égalité. Elle n’est pas une égalité formelle, une égalité abstraite, mais une égalité concrète, une égalité en situation. Et ce dans tous les domaines de l’existence.
En cela, l’accessibilité universelle est aussi une certaine conception de la vie. De la vie bonne, en tout cas. Elle part du présupposé que cette vie bonne, cette vie épanouissante est une vie de culture, une vie de travail, une vie d’amour, une vie de citoyen et plus encore, car une vie épanouie doit être tout cela à la fois.
L’immensité de la tâche n’est pas décourageante, au contraire ! Elle nous oblige. Et elle m’oblige au premier chef.
Alors, je m’engage sur tous les fronts.
Sur celui de la scolarisation.
Nous avons créé 1500 postes d’auxiliaires de vie scolaire à la rentrée dernière et nous créerons 8000 postes d’accompagnants l’an prochain. Le travail que nous menons sur ce point est un effort sans précédent qui atteste de la volonté du Gouvernement de faire de la jeunesse sa priorité. De toute la jeunesse. Et les enfants handicapés en font partie. Et comme tout autre enfant, ils sont la jeunesse de notre pays, son avenir, son espoir. Et un enfant qui ne peut pas suivre convenablement sa scolarité, un enfant qui ne peut pas s’épanouir à travers des activités sportives, culturelles, ou ludiques, c’est une tragédie personnelle autant qu’un gâchis collectif.
Dans le 3ème plan autisme aussi, j’ai porté une attention particulière à l’inclusion des enfants à l’école, en finançant 700 places d’unités d’enseignement en maternelle, et en proposant un nouveau module de formation au handicap pour les enseignants et les personnels de l’équipe éducative.
Je m’engage sur le front de l’accès aux soins.
Les personnes handicapées sont trop souvent les oubliées des actions de prévention et de santé publique.
Parce que l’expression de leur douleur n’est pas habituelle, elle n’est pas entendue. Ou mal entendue, mal interprétée.
Parce que la spécificité de leur situation n’est pas prise en compte, ces personnes passent largement au travers des campagnes de prévention.
Parce qu’elles sont écartées du marché de l’emploi, elles le sont aussi de la médecine du travail, subissant une sorte de double peine. Les difficultés à mener une vie ordinaire, dans l’école, dans l’entreprise, dans la cité, se traduisent par une prise en charge sanitaire qui n’est pas non plus ordinaire, qui n’est pas celle de tout un chacun.
Les personnes handicapées ont également plus de difficultés que les autres à bénéficier de soins courants : soins bucco-dentaires, gynécologie, ophtalmologie, orthodontie, etc…
Bien souvent, c’est à l’hôpital que ces soins, pourtant simples, doivent être réalisés. Et parfois en urgence, avec toutes les difficultés que cela engendre, pour les personnes handicapées, leur entourage et aussi le personnel soignant.
Au final, les personnes handicapées sont plus exposées que la population générale, non seulement du fait de leur handicap qui les prédispose à un risque plus élevé, mais également du fait d’une prise en charge insuffisante ou inadéquate.
Je m’engage sur le front de l’emploi.
Nous avons pris des dispositions spécifiques aux personnes handicapées pour les emplois d’avenir et les contrats de génération, notamment concernant les limites d’âge.
J’ai aussi tenu à soutenir le secteur adapté et protégé qui n’est pas reconnu à sa juste valeur.
Sans rentrer dans des considérations trop techniques, nous avons considérablement amélioré la gouvernance de nos politiques d’emploi.
Je mène en ce moment même des discussions avec l’ensemble des partenaires sociaux dont je souhaite qu’elles débouchent sur une négociation interprofessionnelle. Quelle que soit l’issue donnée par les partenaires sociaux, je prendrai cette année des décisions pour lutter contre le chômage des travailleurs handicapés, concernant notamment l’accès à la formation professionnelle, l’obligation d’emploi, la mobilité entre milieu ordinaire et milieu adapté et protégé.
Je m’engage sur le front de la culture.
J’ai par exemple signé récemment une Charte d’Accessibilité avec les organisateurs du Festival des Eurockéennes. Je tiens à soutenir tant que possible les associations culturelles à travers des subventions, des parrainages ou d’autres forme de collaboration.
Je m’engage sur le front de la citoyenneté.
Et la citoyenneté c’est aussi l’accès à l’information.
J’aimerais faire plus dans ce domaine. J’ai voulu transcrire en facile à lire et à comprendre les discours importants, notamment celui de politique générale du Premier Ministre. Certains que j’ai prononcés également.
Je souhaiterais par ailleurs que la téléphonie devienne accessible aux personnes sourdes. Elle a pris tellement de place dans nos existences. J’ai donc sollicité des entreprises pour développer des services adaptés.
Et parce que l’accessibilité universelle concerne tous les champs, j’ai souhaité, avec l’accord du Premier Ministre, réactivé le « Conseil Interministériel du Handicap » qui n’a jamais été réuni depuis sa création. Il se tiendra ces prochaines semaines et réunira la plupart des Ministres pour couvrir tous les champs de la vie. Le handicap n’est pas un monde « à part ».
Ce rendez-vous traduit l’engagement du Gouvernement pour faire du handicap une préoccupation majeure de nos politiques de solidarité. La solidarité qui est la raison d’être de notre action. Une action définitivement tournée vers la justice et la cohésion de notre pays. Ce qui implique que personne ne restera sur le bas-côté.
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 23 juillet 2013