Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur les résultats du commerce extérieur au premier semestre 2001 : ralentissement du commerce international, flux commerciaux français stables et repli des importations, Paris, le 22 août 2001.

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Circonstance : Présentation des chiffres du commerce extérieur au 1er semestre 2001 à Paris, le 22 août 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je vous présente ce matin les résultats de notre commerce extérieur au premier semestre 2001.
Premier constat : après leur progression record de l'année 2000, les échanges commerciaux de la France se sont contractés au premier semestre 2001 par rapport au semestre précédent.
Nos exportations sont en léger repli, de - 0,3%, et nos importations se réduisent plus fortement, de - 3,5%.
Après le déficit observé au second semestre 2000, le solde commercial FAB-FAB redevient positif: il s'établit à 2,491 milliards d'euros, soit 16,3 milliards de francs, au premier semestre 2001, dont 1,122 milliard d'euros imputable au seul mois de juin.
Voici comment j'interprète ces premiers résultats.
1. Le contexte économique international est évidemment le facteur déterminant. Le commerce mondial de marchandises, c'est-à-dire l'ensemble des importations mondiales, a connu un recul très marqué à la fin de l'année dernière et au début de cette année. Il y a d'abord eu le très net repli des importations asiatiques fin 2000, celui des importations américaines et puis la contraction, plus modérée, de la zone euro au début 2001.
Si vous vous souvenez de la conférence de presse de février dernier, nous avions anticipé ce ralentissement du commerce mondial. Nous pensions que le commerce mondial allait retrouver un rythme de progression plus proche de sa moyenne tendancielle, soit 6% par an.
Je crois que tout le monde a été surpris par la rudesse de l'atterrissage américain. Nous nous attendions à un ralentissement: il a été plus marqué que prévu et s'est rapidement diffusé aux économies émergentes. Celles-ci, et notamment les pays asiatiques, ont été fortement touchées par le retournement du cycle de l'électronique.
La zone euro n'a bien sûr pas échappé au ralentissement mondial, mais elle est parvenue à en limiter les conséquences car elle bénéficie, de façon inégale certes, d'un marché du travail dynamique et d'allègements fiscaux.
Je veux donc insister sur trois points :
Tout d'abord, cette contraction des échanges mondiaux, succède à deux années exceptionnelles par leur dynamisme: l'an passé, le commerce mondial a progressé de 12,5% en volume, ce qui constitue un record historique.
Le commerce mondial devrait retrouver au second semestre 2001 un rythme de progression plus soutenu, proche de sa moyenne de long terme, au fur et à mesure que la demande intérieure des différents pays se raffermit. Compte tenu des effets d'acquis de la fin d'année 2000 et du début d'année 2001, le commerce mondial progresserait en moyenne annuelle de seulement 2% en volume en 2001.
Troisième remarque : je crois donc qu'il faut avoir conscience de la brutalité et de la rudesse du choc que nous avons subi fin 2000/début 2001. Le commerce mondial a bel et bien connu un très fort ralentissement, même si la France y a, incontestablement, mieux résisté que beaucoup d'autres pays. Certains indices me laissent penser que nous sommes en train de sortir du "gros temps". J'y reviendrai.
2. S'agissant des flux commerciaux français, après une progression de 14% l'an dernier, dont on mesure maintenant combien elle était exceptionnelle, nos ventes à l'étranger, dans le contexte que je viens de décrire, n'ont globalement fléchi ce semestre que de 0,3 % par rapport au semestre précédent.
Nos ventes à certains pays d'Asie et d'Amérique latine, zones particulièrement touchées par le ralentissement mondial, ont fortement diminué, après des progressions encore très soutenues au second semestre de l'année 2000. Nos ventes vers la Corée du sud ont ainsi diminué de près d'un tiers et celles vers l'ASEAN et le Mexique de 10%.
Nos ventes vers les Etats-Unis ont elles aussi diminué, de 4%, après avoir fortement progressé en 2000. Cette contraction reste néanmoins concentrée sur quelques secteurs, tels les boissons ou l'aéronautique, alors que nos ventes de produits pharmaceutiques ont fortement progressé par exemple.
Sur la zone euro, le repli de nos exportations est plus modéré, de l'ordre de 1,3%.
En revanche, nos exportations vers les pays d'Europe centrale et orientale restent dynamiques, supérieures à 9 %. Exportations vigoureuses également vers le Proche et moyen-Orient (+ 17%), soutenues notamment par les ventes d'Airbus. Stabilité enfin de nos ventes vers l'Afrique.
3. Le repli de nos importations, en valeur, est plus marqué : -3,5% par rapport au semestre précédent. A cet égard, je tiens à souligner la rapidité avec laquelle notre économie s'est ajustée, notamment en déstockant dès le premier trimestre. Un ralentissement de notre demande intérieure, quoique plus modéré que chez nos partenaires commerciaux, explique une partie de cette contraction, mais d'autres facteurs sont intervenus: après une augmentation de 60% en 2000, le prix du baril de pétrole s'est replié, ceux des métaux importés (cuivre, nickel, aluminium) se sont aussi retournés, enfin un retournement des importations de NTIC.
4. Si nous regardons d'un peu plus près, secteur par secteur, quels sont les traits saillants? Les résultats sont contrastés.
Les exportations agro-alimentaires, traditionnellement un de nos points forts, ont souffert des crises successives - ESB puis fièvre aphteuse. Elles ont néanmoins rebondi depuis le mois de mars et retrouvent leur niveau de la fin de l'année 2000.
Permettez moi de souligner le dynamisme des échanges de biens de consommation: nos ventes à l'étranger progressent de plus de 4%, notamment celles de produits pharmaceutiques, et nos achats progressent aussi.
Les échanges d'automobiles restent aussi soutenus. Les achats progressent fortement, reflétant la bonne tenue du marché automobile français, et nos ventes se maintiennent plutôt bien dans un marché européen peu brillant. Je note d'ailleurs que dans ce contexte difficile, PSA gagne des parts de marché en Europe.
Les échanges de biens intermédiaires et de biens d'équipement sont en repli: pour les biens intermédiaires, la baisse atteint 4% à l'exportation et 8% à l'importation ; pour les biens d'équipement, le repli est à peine perceptible à l'exportation mais plus marqué à l'importation (- 4%). Ces évolutions tiennent à la fois à l'ajustement rapide de nos entreprises qui ont déstocké, à la baisse des prix des matières premières importées observée depuis le début de l'année, et au retournement brutal du commerce de produits liés aux nouvelles technologies, notamment les composants électroniques (qui sont des biens intermédiaires) et la téléphonie mobile (classée en biens d'équipement). Ces diminutions corrigent les exceptionnelles progressions de ces branches en 2000.
Les constructions aéronautique et navale connaissent en revanche de nouveaux records: 96 avions ont été vendus pour 7 milliards d'euros - c'est le meilleur bilan jamais enregistré par Airbus. 4 paquebots ont déjà été vendus, autant ce semestre que pour la seule année 2000.
Comme je l'ai souligné, nous bénéficions du fléchissement des cours pétroliers depuis l'automne dernier: le prix du pétrole est passé à 26,5 dollars le baril en moyenne au premier semestre 2001. Nos achats énergétiques ont diminué de seulement 6,3% au premier semestre 2001, car un certain restockage a été nécessaire.
5. La conséquence de ces évolutions, c'est que le solde commercial redevient positif au premier semestre 2001, de 2,5 milliards d'euros, après un déficit de 2,8 milliards d'euros au semestre précédent. J'ai dit et répété que je n'avais pas le fétichisme du solde commercial quand celui-ci s'effritait. Je ne vais donc pas plastronner quand le solde commercial se regonfle sous le double effet d'un léger allègement de notre facture énergétique et du redressement du solde industriel.
6. En revanche, il est une question sur laquelle je veux revenir car elle me paraît importante, c'est celle de notre compétitivité.
Les résultats du commerce extérieur français apporte bien la preuve de notre compétitivité et des bonnes performances de nos entreprises.
Tout d'abord, rappelons-le, la France est le 4ème exportateur mondial de marchandises et le 3ème exportateur de services.
La compétitivité de nos produits est excellente. La compétitivité-prix des produits français par rapport aux principaux pays industrialisés se situe à un très haut niveau au premier semestre 2001: de 11% supérieure à sa moyenne de long terme, même si elle s'est très légèrement infléchie au 1er semestre 2001, principalement sous l'effet de l'appréciation du taux de change de l'euro. L'inflation française, à 2,1% en glissement annuel en juillet, reste la plus faible inflation de la zone euro. De plus, la compétitivité globale des produits français, c'est-à-dire non seulement la compétitivité-prix, mais aussi la qualité des produits, l'étendue des gammes de produits proposés, est très bonne, en regard de nos partenaires européens comme en témoignent les enquêtes du Centre d'observation économique.
Notre part de marché relative de produits manufacturés par rapport aux pays industrialisés, c'est à dire nos exportations de produits manufacturés rapportées à celles de nos partenaires industrialisés, est favorablement orientée depuis le deuxième semestre 2000 en volume, alors que celles du Royaume-uni, du Japon et des Etats-unis se tassent sensiblement, et progressent même légèrement en valeur. C'est bien le résultat de nos performances dans l'automobile et les constructions aéronautique et navale que je viens de vous citer.
Enfin, les grands contrats d'exportation de biens d'équipement ont progressé de près de 20% en 2000 et encore de près de 10% au premier semestre 2001.
7. Quelles perspectives peut-on tracer pour l'année 2001 ?
Une hypothèse raisonnable est celle d'un baril autour de 25 dollars en moyenne sur l'année 2001, soit le milieu de la fourchette que se sont fixés les pays producteurs. Cela correspondrait à une certaine baisse du prix du pétrole au second semestre. Dans ces conditions, la facture pétrolière pourrait s'alléger d'environ un milliard d'euros sur l'année 2001. Par ailleurs, les commandes de biens d'équipement restent à un haut niveau et devraient jouer un rôle d'amortisseur, comme lors de la crise asiatique, et nos échanges devraient se raffermir au cours du second semestre 2001. Ils progresseraient en moyenne annuelle de l'ordre de 4 à 5% en valeur.
Mesdames et Messieurs, je crois que le creux de la vague est derrière nous. Je suis confiant et tout à fait serein sur les perspectives de notre commerce extérieur. Les derniers chiffres de nos exportations de mai et ceux de juin publiés aujourd'hui me confortent dans ce sentiment.

(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 27 août 2001)