Déclaration de Mme Valérie Fourneyron, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative, sur la réglementation propre au football français, Paris le 25 septembre 2013.

Mesdames et Messieurs les Ministres, Messieurs les Parlementaires, Monsieur le Maire, Messieurs les Présidents, Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Chef de l’Unité sport, Messieurs les Directeurs généraux, Messieurs les Directeurs, Messieurs les Inspecteurs généraux, Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
C’est un grand plaisir d’installer aujourd’hui le groupe de travail « pour un modèle durable du football français » et d’en confier la Présidence à Jean Glavany.
Député des Hautes Pyrénées, ancien ministre et délégué interministériel aux Jeux Olympiques de 1992, passionné de ballon rond comme de ballon ovale, son parcours, son expérience, sa personnalité, ses convictions profondes de l’impact sociétal du football lui ont déjà permis de passer le premier obstacle de la mission.
La confiance n’est donc pas seulement la mienne, et tu sais toute l’importance que j’accorde à ce groupe auquel je vous remercie toutes et tous d’avoir accepté de participer avec enthousiasme.
Le football français entretient une relation unique avec la société du fait de l’importance de sa pratique amateur, du maillage de ses clubs dans le moindre village, du rayonnement des équipes nationales ou professionnelles et de son écho médiatique et émotionnel.
Il constitue, en outre, un secteur d’activité économique à part entière, créateur d’emploi et participant à l’attractivité des territoires et à la compétitivité de la Nation.
Son impact est sans équivalent.
Pour autant, le football français est aujourd’hui confronté à des difficultés qu’il n’est plus possible d’ignorer.
Alors à l’installation de ce groupe pour un modèle durable du football français, je veux venir sur les raisons de sa création, les objectifs poursuivis, la méthode choisie, enfin les attentes et perspectives.
* Les raisons
J’ai souhaité la mise en place de ce groupe de travail car le football est un bien commun que nous partageons tous et qui doit évoluer pour continuer à se développer sur des fondements solides.
Le football français à de superbes atouts :
- 2 millions de licenciés
- Un système de formation performant
- Un contrôle de gestion précurseur en Europe
- Une filière économique de 25000 emplois directs et indirects
- Il contribue au rayonnement des territoires et à la cohésion sociale du pays
- La France va accueillir l’Euro 2016 – occasion de nouveaux équipements
Mais le Football français a aussi des faiblesses :
- la 6ème place à l’indice UEFA derrière le Portugal ;
- la situation de déficit d’un nombre croissant de clubs ;
- l’insécurité des investissements réalisés par les collectivités territoriales ;
- le manque de visibilité et les difficultés pour les actionnaires à investir dans les clubs professionnels ;
- le manque de diversification des recettes trop dépendantes des droits audiovisuels, l’audiovisuel devenant un élément décisif de l’organisation même des compétitions ;
- la part de la masse salariale dans le budget des clubs et l’inflation du montant des transferts internationaux ;
- une image parfois altéré par des faits de violence, de discrimination, par la remise en cause de l’éthique, du respect des règles et des valeurs dans et en dehors des stades.
On voit des clubs français en passe de disparaître, chaque cas est spécifique, mais la situation est fragile pour beaucoup.
Des réponses nouvelles doivent être apportées, une réaction est nécessaire.
* Les objectifs
Ce groupe de travail a dans mon esprit 7 objectifs à remplir :
- permettre à l’ensemble de clubs de mener des projets sportifs et économiques à moyen et long terme, avec pour certains une perspective européenne, et de réunir les conditions permettant aux équipes nationales de briller dans les futurs grands rendez-vous ;
- assurer le maintien de l’équilibre compétitif, renforcer les mécanismes évitant de creuser un fossé irrémédiable entre les clubs ;
- résister à la dérégulation qui voit se développer des logiques spéculatives que la plupart des clubs ne peuvent plus suivre avec une inflation des salaires, des transferts ;
- faire évoluer la relation entre les collectivités territoriales et les clubs en matière de financement et d’exploitation des stades notamment ;
- sécuriser le déroulement des championnats et la situation des clubs, des joueurs, des collectivités par une évolution du contentieux sportif (simplifier la procédure, réduire les délais) ;
- garantir des principes éthiques dans le traitement des sportifs, assurer la transparence et le contrôle sur les intermédiaires travaillant pour les clubs, les joueurs, les entraineurs ; sur l’origine et la circulation de l’argent, garantir la protection des mineurs ;
- améliorer l’image du football en renforçant sa relation avec les territoires et ses publics.
* La méthode
Pour apporter des réponses à ces différents défis j’ai voulu ce groupe de travail avec la conviction que pour réussir il fallait remplir les conditions suivantes :
- réunir l’ensemble des institutions du football et politiques ayant un rôle à jouer dans la définition des « règles du jeu » encadrant le fonctionnement du football et leur respect. Je remercie vivement de leur présence le Président Le GRAËT, le Président THIRIEZ, et le secrétaire général de l’UEFA, M. INFANTINO ;
- intégrer fortement la dimension européenne, beaucoup des enjeux dépassant le cadre national
- mélanger les points de vus et les expertises (institution sportive, parlementaire, élu de collectivité, ministère du travail et de l’économie, président de club, syndicats de joueur, d’entraineur, de club, experts…) en tentant de sortir des postures et regards clivant et réducteurs, d’appréhender le football dans sa globalité avec tous ses acteurs, à commencer par les joueurs, ne pas se limiter à un intérêt particulier ou à l’une de ses facettes bonnes ou mauvaises, faire le pari de l’intelligence collective, pas les uns contre les autres.
* Les attentes
- Une plate forme opérationnelle
- Une responsabilisation de tous, l’Etat n’a pas vocation à s’occuper de tout mais les institutions sportives doivent prendre les mesures qui s’imposent.
- Un fléchage de la mise en œuvre des préconisations (qui est responsable de quoi – Etat, mouvement sportif, dialogue social, Europe sportive et Europe institutionnelle)
* Les perspectives
Les travaux de ce groupe de travail s’inscrivent :
- dans l’élaboration à venir d’une loi sport qui pourrait reprendre certaines de vos préconisations
- l’ambition de la France de contribuer à renforcer le modèle sportif européen.
Pour cette raison vos propositions devront être analysées à l’aune également de leur applicabilité à d’autres disciplines sportives au-delà du seul football.
Je ne doute pas que vos débats seront riches et intenses. Ce groupe de travail suscite une grande attente, avec le Président Jean GLAVANY nous avons du refuser du monde, beaucoup voulait en être, mais je sais que vous saurez être le relais de l’ensemble des enjeux et des défis qui se posent aujourd’hui à nous.
Je vous remercie chacune et chacun d’entre vous d’avoir accepté de donner de votre temps pour l’avenir du football français, notre passion commune.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 26 septembre 2013