Texte intégral
J.-P. Elkabbach J.-M. Le Pen revient dans la bataille politique, mais comme un personnage - si vous permettez - un peu fictif et sans influence aujourd'hui, non ?
- "Vous croyez ! Ce n'est pas ce que disent les sondages, bien qu'ils ne me soient pas généralement favorables. Le CSA qui ne m'aime guère - dans tous les cas de manière "sondagique" - m'a donné un passage de 5 à 9 en un mois."
L'institut de sondage CSA. Il ne faut pas confondre avec l'autre.
- "Tous les autres, c'est 9 - 10."
Pour ces élections municipales, vous paraissez faire à peine campagne et ne pas croire vous-même à ce que vous faites ou vous dites pour soutenir vos candidats survivants ?
- "Je suis tous les jours en campagne. Je vais terminer en fanfare, puisque je suis le 6 à Marseille et le 7 à Paris. Je dois vous dire que je fais une campagne très active, au contraire."
Mais rien ne revient. C'est comme si personne n'attendait désormais les réponses du FN et de J.-M. Le Pen. C'est comme s'il n'y avait ni crédit ni espace pour votre Front National ?
- "Ni crédit, vous avez raison : les banques ont refusé de nous prêter de l'argent pour faire la campagne électorale, ce qui fait que nous faisons une campagne très pauvre. Ni crédit médiatique non plus puisque nous ne passons pratiquement pas sur les médias - à quelques exceptions près -, alors que normalement les médias doivent jouer un rôle d'intermédiaires entre l'opinion et les hommes politiques et réciproquement, entre les hommes politiques et l'opinion. Nous sommes complètement isolés et en quelque sorte, nos droits sont bafoués."
On peut dire que c'est à la mesure du poids politique électoral du FN. Deuxièmement, vous reconnaissez, même a posteriori, que le FN est un produit de circonstance fabriqué par les médias alors ?
- "Non, pas du tout, mais les médias jouent un rôle en politique, on le sait bien. Quant à notre poids politique, il est démontré, encore une fois, dans toutes les élections qui se sont passées. Nous avons fait 15 % ; j'ai fait deux fois 4,5 millions de voix aux présidentielles. Ce n'est pas rien."
Autrefois.
- "Autrefois, bien sûr. Le passé est derrière nous, forcément, mais je vais vous démontrer que l'avenir est aussi devant nous."
Là aussi, vous pensez que l'an prochain, si le destin vous prête vie et éligibilité, vous serez candidat aux présidentielles ?
- "Sûrement, absolument, je serai candidat. Je pense que ceci constituera peut-être une grande surprise dans une élection qu'on préjuge aujourd'hui et qu'on prétend devoir se jouer entre Jospin et Chirac. Personne ne peut jurer aujourd'hui que Jospin ou Chirac seront candidats à ce moment-là, ou au deuxième tour."
Et cet ultime tour de piste, ce sera pour embêter qui ?
- "Ce sera pour défendre les idées que je défends depuis bien longtemps avec fidélité, courage et persévérance."
On prend les sujets de l'actualité : les Anglais avaient envoyé sur le continent les premières vaches folles. Cette fois-ci, ils exportent le mouton atteint de fièvre aphteuse, les vaches et peut-être les porcs aussi. Peut-être l'épidémie. Qu'est-ce qu'il faut faire ?
- "Il faut faire ce qu'on aurait dû faire il y a dix ans, quand le FN, au Parlement européen, par la bouche de M. Martinez, avait annoncé que l'épidémie de vache folle était liée aux nourritures à base de viande d'animaux, et d'autre part, qu'elle pouvait se transmettre à l'homme. On n'en a pas tenu compte, et maintenant, nous sommes dans une situation que d'ailleurs les mesures gouvernementales aggravent, car ce sont les gouvernements qui poussent à la panique. Je trouve assez scandaleux, pour ma part, qu'on massacre en quelque sorte les troupeaux, alors qu'il y a d'autres solutions pour venir en aide."
Vous dites qu'il y a des risques de contagion et d'épidémie mais on a tort de le dire et il ne faut pas tuer les troupeaux ?
- "Pas du tout. J'ai dit qu'à partir de 90, on aurait dû interdire les farines animales. On ne l'a pas fait."
Nous sommes en 2001, qu'est-ce qu'on fait ? Par exemple, hier, F. Hollande disait : "si l'Europe refuse de faire l'effort financier pour aider directement les éleveurs malheureux, la France doit aller jusqu'à la crise avec les Européens ?"
- "Oui, tout à fait, je suis de cet avis. La France doit défendre les Français, c'est ce que malheureusement d'habitude elle ne fait pas."
Ce soir, il y a la signature officielle du Traité européen de Nice.
- "C'est un non-événement. Il n'y a rien dans ce traité."
Le député européen Le Pen dit : "c'est un non-événement de faire avancer l'Europe !"
- "Absolument. D'ailleurs, je suis contre cette Europe fédérale à vocation universelle. Je suis pour une Europe des nations, mais pour l'instant, ce n'est pas la politique qui est menée, en particulier ni par Chirac ni par Jospin."
La droite est en difficulté aux élections municipales à Paris. Qu'est-ce que cela vous fait ?
- "Cela me crée un certain souci. Je dois dire que je compte sur le fait que mon candidat - enfin le candidat que je soutiens, C. de Gaulle et ses colistiers, puisqu'il y a vingt listes du FN à Paris - recevront le soutien des électeurs qui sont en désaccord avec la bande des quatre, que ce soit le RPR-UDF, ou le PC-PS. C'est d'ailleurs vrai pour toute la France."
Mais avec ce qui reste de vos moyens, vous n'avez pas envie d'aider soit J. Tiberi soit P. Séguin à gagner ?
- "On ne pourrait aider que les gens qui veulent s'aider eux-mêmes. Je vous rappelle qu'aux dernières élections on a repoussé d'un pied méprisant les voix du FN."
Ils avaient beaucoup de courage là-dessus P. Séguin, J. Chirac et d'autres à gauche.
- "C'est un courage suicidaire, parce qu'il faut bien comprendre une chose, ce que ne semblent pas avoir compris les gens qui gouvernent la droite. Il n'y a pas de majorité sans le FN contre la gauche marxiste, c'est clair. Le FN est le seul mouvement qui ait pris des voix à la gauche et qui ait changé en quelque sorte l'équilibre des forces politiques en France. Se priver des 15 % de voix du FN, c'est se condamner à être battu à vie."
Donc, vous allez continuez à combattre P. Séguin même si Paris a un maire de gauche ?
- "Non, c'est à monsieur P. Séguin de parler, ce n'est pas à moi. J'ai la même position. Je rappelle que, bien que j'en avais le coeur au bord des lèvres, j'avais fait voter pour la droite en 1988, aux élections législatives, pour éviter que le PS n'ait une majorité absolue au Parlement. Nous avons été payés par le mépris, les insultes et la haine."
Cela va continuer ?
- "Cela va continuer peut-être, je ne sais pas. C'est à monsieur Séguin qu'il faut poser la question."
Mais lui a déjà répondu et sa réponse est définitive à votre égard.
- "Il n'avait pas besoin de cela pour perdre les élections à Paris."
Ce serait une catastrophe d'avoir un maire de gauche à Paris ?
- "Si les palinodies de la droite conduisent, comme c'est probable, à la victoire de monsieur Delanoë, il ne restera plus à espérer que monsieur Delanoë soit plutôt plus honnête et moins socialiste que ses prédécesseurs."
Les Français ont été émus par le sort des Kurdes. Et vous ?
- "Non. J'ai été ému comme homme, je ne l'ai pas du tout été comme homme politique, parce que mon devoir d'Etat c'est de protéger l'intérêt national des Français."
Faut-il leur donner l'asile politique ?
- "Non, je ne le crois pas, puisqu'il s'agit d'une violation délibérée et criminelle dans son exécution de notre législation. On aurait dû les soigner, les réconforter, les réchauffer, tout ce que vous voulez."
Et puis ?
- "Et puis les reconduire dans le port d'où ils venaient. C'est ce qui aurait dû être fait. Si on ne fait pas cela, on va ne faire qu'aggraver le problème de l'immigration. Mais je reconnais à cet événement le mérite d'avoir replacé le problème de l'immigration, complètement occulté depuis des mois dans notre pays, en plein centre de la campagne électorale. Les Français doivent savoir que ce n'est que le début des moyens qui pourraient être employés demain pour continuer cette invasion."
Donc, vous ne donneriez pas le statut de réfugié politique aux Kurdes ? D'ailleurs, ils choisissent la clandestinité. Ils s'en vont.
- "Ils s'en vont, ils repoussent du pied toutes les aides qui leur sont proposées. Je note quand même au passage que c'est une immigration de peuplement, puisqu'il y a une majorité d'enfants, 15 % de vieillards et d'handicapés, et que de surcroît, leur statut de réfugiés politiques leur interdit de travailler en France."
Vous vous attendez à de nouvelles vagues - soyons sérieux - de clandestins sur les côtes et les rivages européens ?
- "Bien sûr. Je crois que ce qu'avait décrit dans "Le camp des saints" Jean Raspail est esquissé en quelque sorte par cette manoeuvre. Ce bateau pourrait aussi être un pétrolier terroriste venant sur nos côtes. Quand on a vu l'absence totale des capacités de défense de la marine... J'ai vu que l'amiral se proposait de remettre en état les sémaphores. Moi, je lui propose d'ailleurs d'ajouter à cela les télégraphes Chape de façon à ce que les sémaphores puissent communiquer entre eux. Je croyais que cela nous coûtait très cher d'avoir des satellites ; cela n'a servi strictement à rien."
Est-ce que le moment est venu d'une immigration sélective - même le Medef le réclame d'ailleurs - par pays, par secteur économique ?
- "L'immigration, c'est comme le mariage, cela suppose un double consentement : celui de l'immigrant, bien sûr, sans lequel il n'y aurait pas d'immigration, et celui du pays dans lequel il émigre. Autrement, c'est un viol. Et cela, nous ne pouvons pas l'accepter. C'est le cas en l'occurrence, c'est une entrée forcée qui a été faite à Fréjus. Ceci est peut être pratiqué de manière courante en Italie du Sud. Nous ne sommes pas du tout à l'abri de la multiplication de ce genre de procédés contre lesquels notre administration a démontré qu'elle était parfaitement impuissante."
Là, vous êtes fidèle à vous-même.
- "Oui, fidèle à moi-même. Je vous rappelle ce nous avons annoncé à de nombreuses reprises. On dit que nous sommes ceux qui apportent de mauvaises nouvelles mais en 1990, nous avions averti pour la vache folle. Je vous rappelle qu'en 86, quand j'avais lancé l'affaire du Sida, Mme Barzach de son banc m'avait dit : "Monsieur Le Pen, ce n'est pas le Sida que nous craignons, c'est vous." Mais le Sida a fait depuis 25 millions de morts, moi pas encore un seul."
Vous avez l'air de le regretter ?
- "Non, je ne le regrette pas, mais je regrette qu'il y a eu 25 millions de morts qu'on aurait pu sans doute limiter si notre avertissement avait été entendu, comme notre avertissement à Paris, pour les trafics de lycées. En 90. monsieur Henneberger avait annoncé la corruption. Il n'a pas été écouté."
Il est possible que vos thèmes progressent ...
- "C'est la "lepénisation" des esprits ?"
Non, justement, la France est "délepenisée."
- "C'est ce qu'on va voir aux prochaines élections."
Attention aux rodomontades parce que chaque fois, 20 %, 20 % ... La France est délepenisée.
"C'est ce que vous croyez. Ne prenez pas vos désirs pour des réalités."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 26 février 2001)
- "Vous croyez ! Ce n'est pas ce que disent les sondages, bien qu'ils ne me soient pas généralement favorables. Le CSA qui ne m'aime guère - dans tous les cas de manière "sondagique" - m'a donné un passage de 5 à 9 en un mois."
L'institut de sondage CSA. Il ne faut pas confondre avec l'autre.
- "Tous les autres, c'est 9 - 10."
Pour ces élections municipales, vous paraissez faire à peine campagne et ne pas croire vous-même à ce que vous faites ou vous dites pour soutenir vos candidats survivants ?
- "Je suis tous les jours en campagne. Je vais terminer en fanfare, puisque je suis le 6 à Marseille et le 7 à Paris. Je dois vous dire que je fais une campagne très active, au contraire."
Mais rien ne revient. C'est comme si personne n'attendait désormais les réponses du FN et de J.-M. Le Pen. C'est comme s'il n'y avait ni crédit ni espace pour votre Front National ?
- "Ni crédit, vous avez raison : les banques ont refusé de nous prêter de l'argent pour faire la campagne électorale, ce qui fait que nous faisons une campagne très pauvre. Ni crédit médiatique non plus puisque nous ne passons pratiquement pas sur les médias - à quelques exceptions près -, alors que normalement les médias doivent jouer un rôle d'intermédiaires entre l'opinion et les hommes politiques et réciproquement, entre les hommes politiques et l'opinion. Nous sommes complètement isolés et en quelque sorte, nos droits sont bafoués."
On peut dire que c'est à la mesure du poids politique électoral du FN. Deuxièmement, vous reconnaissez, même a posteriori, que le FN est un produit de circonstance fabriqué par les médias alors ?
- "Non, pas du tout, mais les médias jouent un rôle en politique, on le sait bien. Quant à notre poids politique, il est démontré, encore une fois, dans toutes les élections qui se sont passées. Nous avons fait 15 % ; j'ai fait deux fois 4,5 millions de voix aux présidentielles. Ce n'est pas rien."
Autrefois.
- "Autrefois, bien sûr. Le passé est derrière nous, forcément, mais je vais vous démontrer que l'avenir est aussi devant nous."
Là aussi, vous pensez que l'an prochain, si le destin vous prête vie et éligibilité, vous serez candidat aux présidentielles ?
- "Sûrement, absolument, je serai candidat. Je pense que ceci constituera peut-être une grande surprise dans une élection qu'on préjuge aujourd'hui et qu'on prétend devoir se jouer entre Jospin et Chirac. Personne ne peut jurer aujourd'hui que Jospin ou Chirac seront candidats à ce moment-là, ou au deuxième tour."
Et cet ultime tour de piste, ce sera pour embêter qui ?
- "Ce sera pour défendre les idées que je défends depuis bien longtemps avec fidélité, courage et persévérance."
On prend les sujets de l'actualité : les Anglais avaient envoyé sur le continent les premières vaches folles. Cette fois-ci, ils exportent le mouton atteint de fièvre aphteuse, les vaches et peut-être les porcs aussi. Peut-être l'épidémie. Qu'est-ce qu'il faut faire ?
- "Il faut faire ce qu'on aurait dû faire il y a dix ans, quand le FN, au Parlement européen, par la bouche de M. Martinez, avait annoncé que l'épidémie de vache folle était liée aux nourritures à base de viande d'animaux, et d'autre part, qu'elle pouvait se transmettre à l'homme. On n'en a pas tenu compte, et maintenant, nous sommes dans une situation que d'ailleurs les mesures gouvernementales aggravent, car ce sont les gouvernements qui poussent à la panique. Je trouve assez scandaleux, pour ma part, qu'on massacre en quelque sorte les troupeaux, alors qu'il y a d'autres solutions pour venir en aide."
Vous dites qu'il y a des risques de contagion et d'épidémie mais on a tort de le dire et il ne faut pas tuer les troupeaux ?
- "Pas du tout. J'ai dit qu'à partir de 90, on aurait dû interdire les farines animales. On ne l'a pas fait."
Nous sommes en 2001, qu'est-ce qu'on fait ? Par exemple, hier, F. Hollande disait : "si l'Europe refuse de faire l'effort financier pour aider directement les éleveurs malheureux, la France doit aller jusqu'à la crise avec les Européens ?"
- "Oui, tout à fait, je suis de cet avis. La France doit défendre les Français, c'est ce que malheureusement d'habitude elle ne fait pas."
Ce soir, il y a la signature officielle du Traité européen de Nice.
- "C'est un non-événement. Il n'y a rien dans ce traité."
Le député européen Le Pen dit : "c'est un non-événement de faire avancer l'Europe !"
- "Absolument. D'ailleurs, je suis contre cette Europe fédérale à vocation universelle. Je suis pour une Europe des nations, mais pour l'instant, ce n'est pas la politique qui est menée, en particulier ni par Chirac ni par Jospin."
La droite est en difficulté aux élections municipales à Paris. Qu'est-ce que cela vous fait ?
- "Cela me crée un certain souci. Je dois dire que je compte sur le fait que mon candidat - enfin le candidat que je soutiens, C. de Gaulle et ses colistiers, puisqu'il y a vingt listes du FN à Paris - recevront le soutien des électeurs qui sont en désaccord avec la bande des quatre, que ce soit le RPR-UDF, ou le PC-PS. C'est d'ailleurs vrai pour toute la France."
Mais avec ce qui reste de vos moyens, vous n'avez pas envie d'aider soit J. Tiberi soit P. Séguin à gagner ?
- "On ne pourrait aider que les gens qui veulent s'aider eux-mêmes. Je vous rappelle qu'aux dernières élections on a repoussé d'un pied méprisant les voix du FN."
Ils avaient beaucoup de courage là-dessus P. Séguin, J. Chirac et d'autres à gauche.
- "C'est un courage suicidaire, parce qu'il faut bien comprendre une chose, ce que ne semblent pas avoir compris les gens qui gouvernent la droite. Il n'y a pas de majorité sans le FN contre la gauche marxiste, c'est clair. Le FN est le seul mouvement qui ait pris des voix à la gauche et qui ait changé en quelque sorte l'équilibre des forces politiques en France. Se priver des 15 % de voix du FN, c'est se condamner à être battu à vie."
Donc, vous allez continuez à combattre P. Séguin même si Paris a un maire de gauche ?
- "Non, c'est à monsieur P. Séguin de parler, ce n'est pas à moi. J'ai la même position. Je rappelle que, bien que j'en avais le coeur au bord des lèvres, j'avais fait voter pour la droite en 1988, aux élections législatives, pour éviter que le PS n'ait une majorité absolue au Parlement. Nous avons été payés par le mépris, les insultes et la haine."
Cela va continuer ?
- "Cela va continuer peut-être, je ne sais pas. C'est à monsieur Séguin qu'il faut poser la question."
Mais lui a déjà répondu et sa réponse est définitive à votre égard.
- "Il n'avait pas besoin de cela pour perdre les élections à Paris."
Ce serait une catastrophe d'avoir un maire de gauche à Paris ?
- "Si les palinodies de la droite conduisent, comme c'est probable, à la victoire de monsieur Delanoë, il ne restera plus à espérer que monsieur Delanoë soit plutôt plus honnête et moins socialiste que ses prédécesseurs."
Les Français ont été émus par le sort des Kurdes. Et vous ?
- "Non. J'ai été ému comme homme, je ne l'ai pas du tout été comme homme politique, parce que mon devoir d'Etat c'est de protéger l'intérêt national des Français."
Faut-il leur donner l'asile politique ?
- "Non, je ne le crois pas, puisqu'il s'agit d'une violation délibérée et criminelle dans son exécution de notre législation. On aurait dû les soigner, les réconforter, les réchauffer, tout ce que vous voulez."
Et puis ?
- "Et puis les reconduire dans le port d'où ils venaient. C'est ce qui aurait dû être fait. Si on ne fait pas cela, on va ne faire qu'aggraver le problème de l'immigration. Mais je reconnais à cet événement le mérite d'avoir replacé le problème de l'immigration, complètement occulté depuis des mois dans notre pays, en plein centre de la campagne électorale. Les Français doivent savoir que ce n'est que le début des moyens qui pourraient être employés demain pour continuer cette invasion."
Donc, vous ne donneriez pas le statut de réfugié politique aux Kurdes ? D'ailleurs, ils choisissent la clandestinité. Ils s'en vont.
- "Ils s'en vont, ils repoussent du pied toutes les aides qui leur sont proposées. Je note quand même au passage que c'est une immigration de peuplement, puisqu'il y a une majorité d'enfants, 15 % de vieillards et d'handicapés, et que de surcroît, leur statut de réfugiés politiques leur interdit de travailler en France."
Vous vous attendez à de nouvelles vagues - soyons sérieux - de clandestins sur les côtes et les rivages européens ?
- "Bien sûr. Je crois que ce qu'avait décrit dans "Le camp des saints" Jean Raspail est esquissé en quelque sorte par cette manoeuvre. Ce bateau pourrait aussi être un pétrolier terroriste venant sur nos côtes. Quand on a vu l'absence totale des capacités de défense de la marine... J'ai vu que l'amiral se proposait de remettre en état les sémaphores. Moi, je lui propose d'ailleurs d'ajouter à cela les télégraphes Chape de façon à ce que les sémaphores puissent communiquer entre eux. Je croyais que cela nous coûtait très cher d'avoir des satellites ; cela n'a servi strictement à rien."
Est-ce que le moment est venu d'une immigration sélective - même le Medef le réclame d'ailleurs - par pays, par secteur économique ?
- "L'immigration, c'est comme le mariage, cela suppose un double consentement : celui de l'immigrant, bien sûr, sans lequel il n'y aurait pas d'immigration, et celui du pays dans lequel il émigre. Autrement, c'est un viol. Et cela, nous ne pouvons pas l'accepter. C'est le cas en l'occurrence, c'est une entrée forcée qui a été faite à Fréjus. Ceci est peut être pratiqué de manière courante en Italie du Sud. Nous ne sommes pas du tout à l'abri de la multiplication de ce genre de procédés contre lesquels notre administration a démontré qu'elle était parfaitement impuissante."
Là, vous êtes fidèle à vous-même.
- "Oui, fidèle à moi-même. Je vous rappelle ce nous avons annoncé à de nombreuses reprises. On dit que nous sommes ceux qui apportent de mauvaises nouvelles mais en 1990, nous avions averti pour la vache folle. Je vous rappelle qu'en 86, quand j'avais lancé l'affaire du Sida, Mme Barzach de son banc m'avait dit : "Monsieur Le Pen, ce n'est pas le Sida que nous craignons, c'est vous." Mais le Sida a fait depuis 25 millions de morts, moi pas encore un seul."
Vous avez l'air de le regretter ?
- "Non, je ne le regrette pas, mais je regrette qu'il y a eu 25 millions de morts qu'on aurait pu sans doute limiter si notre avertissement avait été entendu, comme notre avertissement à Paris, pour les trafics de lycées. En 90. monsieur Henneberger avait annoncé la corruption. Il n'a pas été écouté."
Il est possible que vos thèmes progressent ...
- "C'est la "lepénisation" des esprits ?"
Non, justement, la France est "délepenisée."
- "C'est ce qu'on va voir aux prochaines élections."
Attention aux rodomontades parce que chaque fois, 20 %, 20 % ... La France est délepenisée.
"C'est ce que vous croyez. Ne prenez pas vos désirs pour des réalités."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 26 février 2001)