Texte intégral
Q - Alors, c'est un serpent de mer, une nouvelle fois le siège du Parlement européen est attaqué à Strasbourg, c'est une attaque plus sérieuse que les autres ?
R - Vous l'avez dit vous-même, c'est un serpent de mer. C'est donc quelque chose qui revient régulièrement sous l'effet de l'instrumentalisation d'un certain nombre de députés eurosceptiques, conservateurs du Parlement européen. Ce sont les mêmes d'ailleurs, je le note, qui s'interrogent pour savoir si le Royaume-Uni doit rester dans l'Union européenne.
Ce que je veux dire très clairement, c'est que le siège du Parlement européen à Strasbourg est garanti par les traités de l'Union européenne. Pour changer ces traités, il faut une unanimité des États membres de l'Union européenne. Et, évidemment, la France ne bougera pas sur ce point. Il n'y aura donc pas de remise en cause du siège du Parlement dans la capitale démocratique qu'est et restera Strasbourg
Q - Alors, vous allez recevoir le maire de Strasbourg, Roland Ries dans quelques minutes. C'est ce que vous allez lui réaffirmer, on n'est pas déjà à la recherche d'alternatives qui pourraient satisfaire tout le monde dans ce dossier ?
R - Non, absolument pas. Je vais même lui confirmer que l'État tiendra totalement ses engagements triennaux pour conforter l'attractivité de Strasbourg, sa desserte, et lui confirmer que les financements de 13 millions d'euros pour les obligations de service public qui faciliteront les liaisons aériennes avec des capitales, ont été versés. Et, ce soir, je serai à ses côtés, aux côtés de Catherine Trautmann et des élus alsaciens pour voir comment, ensemble, collectivités locales, territoriales et État, nous pouvons finalement mieux répondre aux attentes d'un certain nombre de députés sur leurs conditions d'accueil à Strasbourg - c'est l'intérêt à la fois du Parlement mais aussi de Strasbourg et de sa région
Q - Alors vous venez de parler des différents arguments. L'un des principaux, c'est donc que le siège du Parlement est fixé dans les traités et que, pour les modifier, vous l'avez dit, il faut l'accord de la France. L'argument n'est pas dépassé. Est-ce qu'on peut retenir indéfiniment les députés européens à Strasbourg ?
R - Je ne crois pas que, contrairement à ce que laissent penser ces parlementaires, il y ait une volonté massive de quitter Strasbourg, d'autant plus que le rapport a été adopté sur la base d'évaluations qui sont contestées. Elles sont contestées entre autres par le secrétaire général du Parlement européen qui indique que le coût estimé par ces députés a été largement surévalué par rapport à la réalité.
Si je considère légitime qu'un certain nombre de parlementaires se disent : «comment pouvons-nous être mieux accueillis pour que notre travail soit plus confortable et plus efficient ?», je crois que, dans l'état difficile dans lequel se trouvent l'Europe et la France, l'énergie des députés européens doit d'abord servir à répondre aux attentes de la population et des États, plutôt qu'à pinailler sur la meilleure localisation du siège du Parlement européen.
Q - Vous parliez du rapport qui a été voté par la commission sur le siège ou non à Strasbourg. Est-ce que vous contestez ce chiffre de 169 à 204 millions d'euros ? On demande tout de même à tout le monde de faire des économies. Ces dépenses supplémentaires pour le transfert des eurodéputés ce sont des dépenses qui sont justifiées ? Qu'il est important de maintenir ?
R - Le chiffre réel n'est pas à la hauteur de celui qui est annoncé par le rapport. Les experts, qui ont travaillé sérieusement sur le dossier, l'estiment entre 50 et 60 millions d'euros. Chiffre qu'il faudrait mettre en rapport avec les travaux qu'il serait nécessaire de faire à Bruxelles, dans un hémicycle qui n'est d'ailleurs plus opérationnel aujourd'hui pour accueillir toutes les sessions. Vous voyez donc que les choses ne sont pas aussi simples que cela. Par ailleurs je crois qu'il ne faut pas rouvrir ce débat.
Ce qui m'intéresse, c'est que la Task Force se réunisse ce soir, qu'elle soit unanime, qu'aucune voix dissonante ne surgisse de ces débats car elle serait évidemment exploitée par celles et ceux qui, je vous le rappelle, sont des eurosceptiques et qui manipulent aussi ce dossier. Strasbourg est la capitale démocratique de l'Europe, elle le restera.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2013