Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur les relations franco-américaines notamment économiques, à Atlanta le 29 octobre 2013.

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Circonstance : Déplacement aux Etats-Unis, du 28 octobre au 1er novembre- discours devant la communauté française, à Atlanta le 29 octobre 2013

Texte intégral


Monsieur le Consul général,
Mesdames et Messieurs les Conseillers des Français de l'étranger,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Les échanges avec les Français de l'étranger sont toujours des moments privilégiés, a fortiori lorsque nous nous rencontrons pour la première fois. C'est le cas ce soir, et je m'en réjouis.
Atlanta est la première étape d'un déplacement qui me conduira demain à Greenville, puis à Miami.
Ma venue aux États-Unis illustre la volonté du gouvernement français d'affermir le socle d'amitié et de partenariat sur lequel nos deux pays ont bâti leur destin commun.
L'heure est propice, car les relations franco-américaines sont empreintes d'estime mutuelle. La relation personnelle que le président de la République, François Hollande, a nouée avec le président Barak Obama y contribue pour beaucoup. Au même titre que la proximité du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, avec le secrétaire d'État, John Kerry.
Cette entente trouve son illustration dans de multiples domaines : politique, culturel, sécuritaire.
Je songe à la lutte contre le terrorisme international, mais aussi à nos efforts conjoints en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive. Je songe aussi à la lutte contre la barbarie, telle qu'elle se manifeste en Syrie.
L'étroitesse de nos liens se manifeste aussi au plan économique. Et c'est sur cet aspect particulier que je veux m'exprimer aujourd'hui devant vous.
Hors Union européenne, les États-Unis sont la première destination pour nos investissements à l'étranger. Nous sommes le 7ème investisseur du pays.
En retour, les États-Unis sont les premiers investisseurs extra-européens en France, une réalité qui pondère les récents sondages sur l'état d'esprit des chefs d'entreprises et des investisseurs américains...
L'intensité de nos échanges est particulièrement tangible en Géorgie. La France y est le 3ème investisseur avec 2,5 milliards de dollars cumulés. Près de 300 entreprises sont installées ici, dont une bonne partie à Atlanta. La France est également le 9ème partenaire économique de l'État, avec un commerce bilatéral qui a dépassé les 2 milliards de dollars en 2012.
Pourquoi rappeler ces chiffres ? Tout simplement pour vous convaincre que la France dispose d'atouts pour réussir dans notre monde globalisé.
Ces atouts sont ceux de la formation, de la productivité, de la créativité. Ils sont aussi ceux de la culture et de la langue, à l'heure où nombre des élites des pays émergents ont suivi un cursus en France ou dans le réseau d'enseignement français.
Et enfin ceux de nos réseaux : d'UBIFRANCE aux missions économiques, des chambres de commerce aux agences d'investissement, en passant par les conseillers du commerce extérieur, nombreux sont les acteurs qui oeuvrent à l'exportation des produits et des savoir-faire français. Nos régions sont, elles aussi, pleinement mobilisées ; j'ai pu le constater aujourd'hui. Je tiens d'ailleurs à saluer l'action de l'agence de développement économique de Toulouse, particulièrement active en Géorgie.
Cela ne suffisait pas pour autant. Il fallait que le sommet de l'État prenne toute la mesure des transformations du monde, et intègre mieux l'intérêt économique de la France dans la conduite de son action extérieure.
C'est chose faite avec le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. La diplomatie économique est aujourd'hui une priorité. Sous l'impulsion du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, la diplomatie économique est une ambition affichée et revendiquée, servie par des outils concrets.
L'ambition ? Elle est simple et exigeante à la fois :
- retrouver l'équilibre de notre balance commerciale - hors énergie en 2017 ;
- conquérir les marchés internationaux ;
- attirer les investisseurs et les entreprises.
Les outils ? Ils sont dictés par le bon sens et les acquis de l'expérience :
- soutenir l'internationalisation de nos entreprises ;
- promouvoir l'innovation française et l'attractivité de notre pays ;
- défendre nos intérêts dans toutes les négociations internationales.
Beaucoup a été fait en un temps record. Je citerai la création d'une direction des entreprises et de l'économie internationale au Quai d'Orsay ; la nomination de représentants spéciaux dans les pays à fort potentiel ; la désignation d'ambassadeurs aidant les Régions à trouver leur place dans l'économie mondiale ; le lancement du Plan export.
Nombre de chefs d'entreprises que je rencontre témoignent déjà de l'utilité de ces premières mesures.
Je n'oublie pas non plus la réduction des déficits publics et les réformes structurelles engagées en faveur de la compétitivité et de l'attractivité de la France. Je pense au Pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, au Plan pour les investissements d'avenir, à la création de la Banque publique d'investissement, qui a déjà versé plus de 500 millions d'euros de crédits de trésorerie aux PME, mais aussi à l'impôt compétitivité-emploi.
À mon initiative, afin de faciliter la mobilité des personnes, la modernisation du réseau consulaire a été engagée par la simplification de nombreuses procédures administratives. Elle a conduit à la création d'un passeport Grand voyageur, très utile aux hommes et femmes d'affaires. Les outils d'information dédiés aux expatriés comme le site Monconsulat.fr sont actualisés en permanence. Un consulat mobile a été lancé : c'est le dispositif Itinéra, qui permet d'aller à la rencontre des personnes éloignées de leur consulat.
Mon intention n'est pas de dresser un inventaire à la Prévert. Je souhaite surtout vous transmettre un message, vous qui avez la France au coeur et la passion de l'Amérique.
Ici, sur cette terre de conquête et de défi, soyez les ambassadeurs d'une France qui vit, qui crée, qui se projette. Et les premiers résultats sont au rendez-vous avec, par exemple, la révision à la hausse par le FMI des prévisions de croissance pour la France.
Pour preuve : le FMI a révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour la France.
L'enjeu à présent est de créer des conditions d'une reprise économique pérenne. Les relations transatlantiques constituent l'épine dorsale de l'économie mondiale. L'aboutissement des négociations commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne est stratégique. D'après les dernières estimations, un accord pourrait apporter d'ici 2027 des gains annuels de 0,5 % de PIB pour l'Europe, et de 0,4 % pour les États-Unis ; soit 65 milliards d'euros de gains annuels pour l'Europe et 86 milliards pour les États-Unis.
Le redressement économique appelle des réformes courageuses, trop longtemps différées, et désormais mises en oeuvre.
Je n'ignore pas les critiques portant sur la fiscalité et le niveau des prélèvements obligatoires. Les décisions prises par le gouvernement sont pourtant nécessaires - impératives même - pour redresser le pays.
Martin Luther King, si cher à Atlanta, écrit dans La force d'aimer : «La véritable grandeur d'un homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise, mais lorsqu'il traverse une période de controverse et de défis».
On pourrait en dire autant d'une nation. C'est à ce moment charnière que se situe la France.
Car oui, la puissance et le rayonnement de la France s'appuient sur des attributs pérennes : les Alliances françaises, nos établissements scolaires, culturels, scientifiques à l'étranger, notre réseau diplomatique et consulaire, sans oublier le rôle essentiel des associations, notamment FLAM ici à Atlanta.
Oui, la France est capable de conquérir de nouveaux marchés. Chaque jour nous en apporte la preuve.
Oui, la France attirera durablement les investisseurs, par sa démographie, par la qualité de sa main d'oeuvre et de ses infrastructures, par sa situation géographique, par son art de vivre, par sa stabilité institutionnelle et politique.
Je participais ce matin à la table ronde consacrée aux investissements croisés entre la France et l'État de Géorgie, dans le cadre de France-Atlanta 2013. Cette manifestation est l'exemple même des initiatives permettant d'infléchir le regard porté sur notre pays.
J'ai d'ailleurs rencontré des hommes et des femmes d'affaires convaincus de nos atouts, et déterminés à les promouvoir, dans le domaine de l'aérospatiale, de la santé, mais aussi des nanotechnologies, des sciences du vivant ou encore du tourisme, dont le potentiel est immense.
Les entreprises françaises sont saluées pour leurs performances en matière d'innovation : 12 groupes français figurent dans le classement des 100 organisations les plus innovantes dans le monde, publié par le groupe d'informations Thomson Reuters le 7 octobre dernier.
Soyez, vous aussi, les ambassadeurs de la France qui réussit. Vous êtes d'autant plus légitimes que vous délimitez les nouvelles frontières de la France.
Je profite de l'occasion pour rappeler que 2014 sera une année riche en scrutins. Les élections européennes bien sûr, mais aussi l'élection des conseillers consulaires au nombre de 3 pour Atlanta. Cette élection se tiendra le 24 mai prochain. Assurez-vous que vous êtes bien inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre, et surtout exercez votre devoir citoyen.
Mesdames et Messieurs, Chers Amis, les Français de l'étranger, vous l'aurez compris, sont au coeur de notre diplomatie économique. Notre rôle est de mieux vous accompagner et de servir, par votre biais, les intérêts de la France.
À cet égard, comme le dit justement Laurent Fabius, si le Quai d'Orsay doit adopter «le réflexe économique», il vous revient d'adopter «le réflexe diplomatique». Alors, sollicitez-nous, contactez vos représentants et faites connaître vos initiatives !
Chaque fois que je rencontre des Français expatriés, je repense aux mots que John Fitzgerald Kennedy a prononcés lors de sa venue à Dublin, le 28 juin 1963 : «Nous avons besoin d'hommes (et de femmes) qui sachent rêver à des choses inédites».
Ces propos s'appliquent bien à celles et ceux qui ont choisi de vivre provisoirement ou durablement hors de France. Je l'ai moi-même été un temps...
Alors, avec notre soutien, vous saurez, j'en suis sûre, mettre ces qualités à profit pour «ré-enchanter» la France.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2013